AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 604 notes
5
14 avis
4
23 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Cerisaie est une oeuvre symbolique. Les cerisiers en fleur (n'oublions pas la vogue japonaise qui avait frappé l'occident durant le XIXème siècle) symbolisent le raffinement, l'esthétique, l'éphémère, l'art, le faste, le tape-à-l'oeil, la frivolité, en un mot l'aristocratie.
Ceci s'oppose bien évidemment au matérialisme, au pragmatisme, à la terre, au sol, en tant que quantité de mètres carrés sur lesquels poussent ces arbres.
C'est donc tout un symbole que la cession de la cerisaie (demeure et domaine de la noblesse russe) par l'aristocratie à la bourgeoisie et c'est ce symbole que choisit Anton Tchékhov pour nous montrer la fin d'une époque, la prise de pouvoir par les financiers au tournant du XXème siècle, notamment suite à l'abolition du servage en Russie en 1861.
Cette pièce est donc tout à fait dans la droite lignée des Démons (les Possédés) de Dostoïevski. Tchékhov sent aussi parfaitement monter les ferments de ce qui sera la révolution de 1917.
Pour nous montrer cette décadence, cette perte de contrôle de l'aristocratie, ce manque de lucidité, au début de la pièce, chaque personnage est dans sa propre bulle, chacun répond à côté de la plaque, sauf l'homme d'affaire, descendant de paysan, Lopakhine, qui, lui, a bien perçu que le vent a tourné et qu'il apporte des odeurs de roussi.
Tous les autres sont dans les mirages d'un monde et d'une époque qui a disparu, révolue, qui s'est évanouie pour laisser place à une autre, mais que leurs yeux sont incapables de déceler, sauf peut-être l'étudiant utopique Trofimov, ancien précepteur d'un enfant qui est mort (encore un symbole !) et qui attend béatement l'heure du changement en s'imaginant que tout sera bonheur, liberté et égalité si une révolution survient.
En ce sens, c'est-à-dire, la poursuite des chimères, la non perception de la réalité, cette pièce se rapproche de la Mouette. C'est probablement la pièce la plus célèbre de Tchékhov, mais, définitivement, ce n'est pas ma préférée, car Oncle Vania m'a beaucoup plus séduite.
Évidemment, le ton Tchékhov, la facture Tchékhov, les ingrédients Tchékhov sont tous là, et comme ses trois soeurs (excusez-moi le calembour, il s'agit évidemment de la Mouette, Oncle Vania et Les Trois Soeurs) c'est une tragi-comédie grinçante et très typique de l'auteur.
On peut juste préciser que certaines mentions, notamment aux vacanciers, à la révolution latente, aux changements économiques annoncent ou font écho à l'oeuvre de Gorki.
Voilà, si je dois conclure, je dirais que cette pièce, très caractéristique du style Tchékhov est un trait d'union entre Dostoïevski et Gorki, le témoin d'un pan de l'histoire russe qui s'effondre et d'un autre, à créer.
Ce n'est pourtant pas celle que je porte le plus dans mon coeur, excusez-m'en, en outre rassurez-vous, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, une floraison aussi futile et éphémère que celle d'une branche de cerisier, autant dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1074
Un monde disparaît, inexorablement chassé par un autre qui prend sa place et le pouvoir...
Une oeuvre achevée au crépuscule de la vie de Tchekov, cataloguée comédie, certes, mais une définition réductrice, plutôt une comédie sociétale amère voire prémonitoire.
La classe gouvernante aristocratique russe fin 19ème siècle, décrite déliquescente, humaniste et idéaliste, est supplantée par une bourgeoisie montante, financièrement agressive et arrogante lors de sa prise de pouvoir, symbolisée par ce dernier discours de Lopakhine, représentant de cette caste montante.
La classe definissable en prolétarienne, serviteurs et étudiants, sous estimée et oubliée, restent sur le bord de ces bouleversements sociétaux ; Tchekov, alors prémonitoire, ne subodore t-il pas leur avènement, historiquement marquée par la révolution bolchevique ? C'est certes un tantinet extrapoler, mais rien au travers de l'oeuvre n'empêche de l'envisager.
Si l'écriture est légère, le sujet abordé est grave et profond.

Nous nous éloignons donc de la simple comédie de moeurs pour une subtile étude sociétale russe de cette période. Chaque personnage a une charge symbolique propre, tous représentants d'une facette de cette société, et l'ensemble peut donner une pièce de théâtre vive sur scène, à plusieurs niveaux de "lecture". Il reste à assister à une digne représentation théâtrale de l'oeuvre pour complètement l'appréhender.

Commenter  J’apprécie          690
Ainsi que le disait Milan Kundera : « L'homme, bien qu'il soit lui-même mortel, ne peut se représenter ni la fin de l'espace, ni la fin du temps, ni la fin de l'histoire, ni la fin d'un peuple, il vit toujours dans un infini illusoire. »

Et il y a un peu de cet infini illusoire dans cette pièce. L'intrigue, très épurée, gravite autour de la vente du domaine familial d'une famille issue de la noblesse, la fameuse cerisaie.

Mais elle représente surtout le douloureux passage des temps anciens aux temps nouveaux. C'est la nostalgie d'une époque en train de s'éteindre, c'est l'impuissance d'une génération à se renouveler et se détacher des valeurs ancestrales qui l'ont façonnée, modelée, formatée. Bref, c'est son incapacité à voir le monde changer sous ses yeux, à modifier son mode de vie, à s'adapter.

Si certains protagonistes ont bien compris que la société était en train de changer tel que Lopakhine, descendant d'une famille de moujik, la famille en revanche, incarnée principalement par Lioubov Andreievna, et dans une moindre mesure par son frère Gaïev, continue de vivre dans l'opulence et dans l'oisiveté, jouant aux grands seigneurs, dépensant sans compter alors même qu'ils sont au bord de la ruine. Ils s'obstinent à vivre encore et toujours dans leur infini illusoire. Jusqu'au jour où…

Cette pièce est fascinante mais également déstabilisante. La variété des décalages et des contretemps qui la rythme m'a parfois déroutée. L'auteur en use et en abuse peut-être un peu trop. A titre d'exemple, je pourrais évoquer les répliques hors propos des personnages : ils passent leur temps à bavarder (inactivité oblige) sans se parler, ni s'écouter, comme enfermés dans un monde intérieur imperméable aux autres. Ne dit-on pas qu'il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ? Je pourrais évoquer aussi le dérèglement du temps (avec les gelées du mois de mai et la douceur clémente du mois d'octobre) ou encore ces personnages à contrecourant tel que Trofimov par exemple, cet éternel étudiant si prompt à faire l'éloge du travail et condamner l'intelligentsia pour son oisiveté et l'inutilité de ses discussions. Mais lui-même, que fait-il avec ses beaux discours ? etc., etc…

Cela crée une atmosphère très particulière, un peu à l'image d'un clown triste ou d'une farce qui aurait mal tourné. le dernier acte est un summum en la matière. L'aspect dramatique semble inhibé par un tourbillon de propos et de gestes dérisoires. Il y a des oeuvres qui infusent lentement, et en ce qui me concerne, celle-ci en fait partie.
Commenter  J’apprécie          533
Théâtre. Cette grande dame russe, Lioubov est partie en France pour oublier la noyade de son fils. Mais elle est dépensière, et en revenant en Russie couverte de dettes, elle a peu de solutions pour sauver sa belle cerisaie.
Lioubov est le pilier de la famille, mais un pilier bien faible.
Le vieux Firs représente le valet respectueux de l'ancienne aristocratie.
Maintenant que l'esclavage est aboli, les jeunes employés philosophent, jouent au billard, ou se prennent pour des demoiselles. Lioubov est dépassée, et seule sa fille Varia essaye de mettre un peu d'ordre, car la gouvernante Charlotta ne pense qu'à faire la grande dame, et le frère de Lioubov ne sert à rien, une sorte de « bobo » de l'époque.
Seul Lopakhine, le marchand, propose une solution concrète pour sauver le terrain de la cerisaie
.
Personnages négatifs pour moi :
Gaev, Pichtchik, Charlotta, Epikhodov, Douniacha, Yacha.
Personnages positifs et négatifs :
Lioubov, Ania, Trofimov.
Personnages positifs :
Lopakhine, Varia, Firs.
.
Pièce agréable, où l'on peut cibler le caractère de chacun, beaucoup sont négatifs et quelques-uns, trop rares sont positifs et projettent leurs idées dans un avenir réaliste.
Commenter  J’apprécie          394
La Cerisaie d'Anton Tchekhov est une pièce de théâtre en quatre actes, écrite en 1903 et représentée pour la première fois en 1904. Elle est considérée comme l'une des oeuvres majeures du dramaturge russe, et l'une des pièces les plus importantes de la littérature mondiale.

La pièce raconte l'histoire de la famille Ranevskaïa, qui se retrouve ruinée et doit vendre sa propriété, la Cerisaie. Cette vente marque la fin d'un monde, celui de la noblesse terrienne russe, qui est en train de disparaître face à la montée de la bourgeoisie.

La pièce met en scène un large ensemble de personnages, chacun avec ses propres caractéristiques et ses propres motivations. Les personnages principaux sont :
- Lioubov Ranevskaïa : une femme aristocrate qui a vécu une vie de frivolités. Elle revient en Russie après plusieurs années d'exil, et tente de sauver la Cerisaie de la vente.
- Gaev : le frère de Lioubov. C'est un homme rêveur et insouciant, qui vit dans le passé.
- Lopakhine : un riche marchand. Il est le fils d'un serf, et représente la nouvelle classe sociale qui est en train de supplanter la noblesse.


La Cerisaie est une pièce qui explore plusieurs thèmes importants, notamment :
- La fin d'un monde : la vente de la Cerisaie symbolise la fin d'un monde, celui de la noblesse terrienne russe. Cette fin est inexorable, et les personnages de la pièce sont impuissants à l'empêcher.
- le passage du temps : la pièce est traversée par le thème du passage du temps. Les personnages sont conscients que le monde est en train de changer, et que leur mode de vie est en train de disparaître.
- L'échec : la pièce est également une réflexion sur l'échec. Les personnages de la pièce sont tous des échecs, à leur manière. Lioubov Ranevskaïa est une femme qui a gaspillé sa vie en frivolités. Gaev et Lopakhine sont des hommes qui n'ont pas su s'adapter au monde moderne.


La Cerisaie a été un succès dès sa première représentation. Elle a été jouée dans le monde entier, et a été adaptée au cinéma et à la télévision à plusieurs reprises. La pièce est considérée comme un chef-d'oeuvre de la littérature mondiale, et continue d'être jouée et étudiée aujourd'hui.

La Cerisaie est une pièce magnifique et émouvante. Elle est un chef-d'oeuvre du théâtre classique, et mérite d'être lue ou vue par tous les amateurs de théâtre.
La pièce est remarquable par sa profondeur et sa complexité. Elle explore des thèmes universels, comme la fin d'un monde, le passage du temps et l'échec. Les personnages sont tous des personnages complexes et attachants, et la pièce est traversée par une émotion palpable.
Le style de Tchekhov est également remarquable. Il utilise un langage simple et direct, mais il parvient à créer des images poétiques et évocatrices. La pièce est un mélange de réalisme et de symbolisme, qui lui donne une profondeur et une richesse uniques.

En conclusion, La Cerisaie est une pièce incontournable de la littérature mondiale. Elle est une oeuvre puissante et émouvante, qui continue de toucher les lecteurs et les spectateurs de tous âges.
Commenter  J’apprécie          352
Le XXe siècle est tout jeune, sans expérience, mais enfant rebelle. Un vent d'orage se lève et un grondement se fait entendre dans le lointain, le passage, comme tout passage se fera par un combat, entre garder encore, faiblement, et acquérir avec force, maintenant.
Tchekhov est malade et ses forces l'abandonnent, la pièce lui donne du fil à retordre, mais en bon joueur il l'appelle comédie, dans la course avec l'inévitable vaut mieux rire. Commencée en 1901, la pièce est achevée en septembre 1903.
Vrai symbole du XXe siècle, La cerisaie a souffert de la censure des officiers tsaristes, les derniers rebondissements d'une période en déclin qui s'accrochait encore à ce qui partait définitivement, génération incapable de s'adapter à une nouvelle Russie. Les tirades de Trofimov attaquent, critiquent, ironisent, s'envolent, mais il faut encore du temps, les ailes ne portent pas très loin.
Les symboles affluent, et comme de vrais personnages ils vivent le passage d'une époque à une autre, d'un passé épuisé qui ne tient plus la route vers un futur matérialiste, calculateur, pragmatique, qui va vite. Il n'y a plus de temps pour s'asseoir un peu avant de reprendre la route, plus de temps pour inspirer des sels, et le petit parasol est remplacé par la montre pour tenir le temps.
Deux mondes, deux vitesses, deux espaces, un passé et un futur qui ne peuvent pas se donner la main, l'un recule, l'autre avance.
La maison de la famille et la cerisaie seront vendues aux enchères pour payer les dettes, mais peu importe, faut organiser une fête et engager des musiciens, et l'argent diminue tout aussi vite que les dettes s'accumulent.
Lopakhine, le marchand, va vite, est pratique, les autres se prélassent, essuient des larmes, s'accrochent aux souvenirs, au passé. le passage du temps vu comme action, projets, énergie, gain, par Lopakhine, est vécu par la famille comme vieillissement, nostalgie, fatigue, souvenirs, regrets, et l'espace que Lopakhine ouvre vers le monde et le commerce, est l'espace de la maison et de la cerisaie pour Lioubov Andréevna, un environnement fermé, mais protecteur, comme un abri, un chez soi, même si le souffle commence à manquer, et l'énergie est affaiblie.
Mais le drame n'est pas une tragédie, le Russe le vit avec la musique, le chant du cygne il l'accompagne de sa guitare. Si le passage du temps se veut tragique c'est avec le rire du comédien qu'il faut le vivre. Pas d'apitoiement.
Le sourire de Tchekhov est celui d'une ironie tolérante, plutôt tendre et compréhensive, il n'accuse pas, ne défend pas non plus, regarde, observe, écoute, et comprend ce passage et plus encore ses personnages.
Commenter  J’apprécie          2814
Madame Ranievskaïa et sa fille reviennent de Paris, dans la cerisaie familiale, où ils sont accueillis à bras ouverts. La situation n'est cependant pas brillante : la famille a accumulé des dettes, madame Ranievskaïa a dilapidé ce qui restait de sa fortune pour son amant qui l'a abandonné peu après, et le revenu du verger n'est plus aussi brillant qu'avant.

La propriété va donc être mise aux enchères. Lopakhine, un petit-fils de moujik qui a accédé au statut de marchand, tente désespérément de leur ouvrir les yeux et de leur proposer des solutions modernes pour se tirer d'affaire, mais rien n'y fait : les souvenirs d'enfance, et les habitudes de l'aristocratie gèlent toute prise de décision. La famille garde le même train de vie, et attend l'inévitable, ou un miracle.

C'est la première pièce de Tchekov que je lis (après tout, quoi de plus logique que de découvrir un auteur à partir du dernier livre qu'il a écrit ?), et c'est une agréable découverte. Cette pièce illustre la fin de l'aristocratie russe, incapable d'assimiler les nouvelles règles du jeu, et destinée à être supplantée par les marchands, qui les maîtrisent parfaitement. On ressent vivement le mélange de mélancolie et d'espoir qui marquent cette transition. La pièce est courte, mais les personnages sont riches et les situations traitées avec une certaine profondeur. En peu de pages, Tchekov nous livre un petit bijou finement ciselé.
Commenter  J’apprécie          280
Abolition du servage en 1861, industrialisation en cours, développement ferroviaire, la Russie s'occidentalise. C'est dans ce contexte que prend place la pièce de Tchekhov.
Lioubov Andreevna revient dans la propriété de son enfance. Elle a passé cinq ans en France avec sa fille Ania après que son fils se soit noyé accidentellement. Totalement dénuée de sens pratique, elle y a dilapidé sa fortune pour son amant qu'elle a finalement quitté. Sa famille et ses domestiques l'accueillent, mais également Lopakhine, qui enfant faisait partie des serfs attachés à la propriété, et est devenu un riche marchand. Il essaie en vain de prévenir la vente de la Cerisaie.
En dehors de la vente de la propriété, la pièce présente les rapports entre les personnages. Varia fille adoptive de Lioubov est restée à la Cerisaie comme gouvernante, elle est amoureuse de Lopakhine mais celui-ci semble plus s'intéresser à Lioubov. Mais il reste un moujik et ne peut prétendre à une telle femme. L'ancien précepteur de l'enfant noyé est toujours là.Révolutionnaire il endoctrine Ania.
C'est la fin d'un monde mais qui ne semble pas annoncer la Révolution à venir. Un mariage entre Varia et Lopakhine est encouragé et pas sauvegarder la propriété. le vieux serviteur Firs regrette le temps du servage.

Contre toute attente, après une expérience décevante avec Oncle Vania, j'ai bien aimé cette pièce, même si au début j'ai eu un peu de mal à me retrouver entre tous les personnages (une bonne dizaine).

Challenge théâtre 2017-2018
Challenge ABC 2017-2018
Commenter  J’apprécie          220
Je ne lis plus de pièces de théâtre depuis le bac français. Cela fait donc une trentaine d'années.

Un des critères du" challenge variétés" étant de lire une pièce de théâtre an 2015, je me suis lancée dans l'aventure.

Mon choix s'est porté sur "La cerisaie" d'Anton Tchekov. C'est un auteur que j'affectionne et dont j'ai lu la plupart des nouvelles.

Mme Ranievskaïa revient dans sa demeure familiale après un long séjour à l'étranger. Elle y retrouve ses filles, sa famille et ses domestiques. Les retrouvailles avec sa famille, sa chère demeure, lieu de tant de souvenirs, sont entachées par des dettes qui vont l'obliger à vendre sa propriété.

Ce qui m'a intéressée dans cette pièce c'est le rapport entre diverses strates de la société russe de l'époque. Des riches propriétaires oisifs, prodigues qui se retrouvent contraints de vendre leurs biens pour éponger leurs dettes et qui n'ont pas su voir l'évolution du monde qui les entourait. Un moujik qui, par son pragmatisme, va s'enrichir et devenir le nouveau maître des lieux. Des jeunes femmes qui voient dans cette vente l'occasion de rebondir.

Si on arrive bien à décrypter les enjeux de cette pièce, il est parfois étonnant de constater à quel point les différents personnages parlent dans le vide, chacun étant enfermé dans sa bulle.

Cette pièce évoque avec justesse la chute d'une famille, la fin d'un monde et la naissance d'un autre.
Commenter  J’apprécie          190
Dans La Mouette, Tchekhov fait dire à Dorn que « d'après les lois de la nature, toute vie doit avoir une fin. »
Toute vie et toute chose. Même la noblesse russe et son mode de vie.

La Cerisaie est la parfaite illustration de la fin de cette noblesse qui, il faut le dire, a bien cherché sa merde. On ne peut pas plaindre une classe non laborieuse qui a vécu des siècles durant au dépend des autres sous couvert de titres de naissance.

La noblesse est morte, vive la bourgeoisie ! Ou plutôt les nouveaux bourgeois, symbolisés par Lopakhine dont les ancêtres étaient moujiks autrement dit serfs. Et lui, ce brave Lopakhine, le voilà devenu commerçant et suffisamment riche pour acheter les terres où ses ancêtres ont été exploités. Rions de cette bonne farce.

D'autant plus qu'elle se fait au détriment d'une famille d'imbéciles heureux, incapable d'assumer ses responsabilités, se voilant la face et vivant de chimères.
Lioubov, qui a conduit sa famille à la ruine en dépensant sans compter et en s'amourachant d'un vaurien, ne se reproche rien. Elle ne ressent aucune culpabilité, si ce n'est la mort de son enfant. le reste glisse sur elle comme l'eau sur un ciré.

Les autres personnages ne valent pas beaucoup mieux - même Trofimov car s'il est plus conscient des changements, il demeure ancré dans des rêves adolescents.

La Cerisaie est un drame comique très intéressant, véritable photographie d'un Empire Russe qui s'effondre.
J'ai beaucoup aimé cette pièce riche et fantasque que j'ai dévoré en deux heures.
Commenter  J’apprécie          170




Lecteurs (2508) Voir plus



Quiz Voir plus

Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
Andreï

10 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Anton TchekhovCréer un quiz sur ce livre

{* *}