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Une lecture mitigée.


L'humanité s'est auto détruite, seule des arches ont pu être envoyées dans l'espace à la recherche d'une nouvelle planète pour tout recommencer. L'une de ces planètes, fruit d'une expérience ratée de l'ancienne civilisation terrestre, a permis l'évolution d'une espèce arachnide. L'affrontement est inévitable ?

Pour expliquer le roman, il suffit de mélanger Destination ténèbres de Robinson, Évolution de Baxter, Les fourmis de Werber, Aux tréfonds du ciel de Vinge et Élévation de Brin (dont l'auteur se réclame ouvertement) et vous savez tout.
Autant je me suis passionné pour l'évolution des arachnides, autant je me suis profondément ennuyé avec les humains, ce qui fait que je n'ai réellement apprécié que les deux tiers du livre.
La lecture n'est pas particulièrement exigeante, mais il faut savoir apprécier la Hard science, version biologie.
J'ai trouvé parfois ma lecture un peu froide, qu'il manquait d'un petit « je ne sais quoi » pouvant générer l'exaltation du lecteur.
Sur les différents concepts abordés dans le roman, une petite mention spéciale sur la condition masculine arachnide au travers de l'évolution de l'espèce.
J'ai bien aimé les cent dernières pages qui auraient méritées d'ailleurs un développement plus complet.

A lire donc, avec peut être une suite un jour ? Les spécialistes, ils en pensent quoi ?
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Sur une lointaine planète terraformée par les Hommes, une expérience visant à augmenter l'intelligence de singes via un nanovirus a échoué. C'est une toute autre espèce animale qui va évoluer à leur place, des araignées. Au fil du temps, ces chasseuses solitaires vont peu à peu se muer en animaux sociaux et créer une véritable société. Pendant que les arachnides évoluaient, l'humanité s'est détruite. La Terre se meurt et ne subsistent que quelques Hommes qui, à bord d'arches spatiales, parcourent l'espace à la recherche d'une planète qui pourra leur permettre un second départ.

En voyant ce résumé, on pourrait facilement s'imaginer qu'on va se retrouver face à un récit bourrin qui mettra en scène la confrontation des deux espèces. Et bien pas du tout ! Avec « Dans la toile du temps », Adrian Tchaikovsky propose un roman intelligent et subtil qui m'a littéralement soufflée.
Le récit consiste en une alternance de chapitres, tantôt du point de vue des humains, tantôt du point de vue des araignées. de façon naturelle on s'attache à ces Hommes qui sont les derniers représentants de l'humanité. Mais, et c'est là un des exploits du roman, en nous immergeant dans la civilisation arachnide l'auteur créé un véritable lien entre ces créatures et le lecteur. Dans la vraie vie, les araignées me répugnent. Lors de ma lecture, je n'ai jamais ressenti cette répulsion. Tchaikovsky est parvenu à me faire aimer ses araignées. Impossible de ne pas s'attacher à Portia, Fabian et les autres. L'auteur nous fait adopter leur point de vue et ceci en recourant très peu à l'anthropomorphisme. Peu à peu le lecteur prend conscience que ces deux espèces, bien que très différentes, ont des points communs. Humains et arachnides ont le même instinct de conservation de l'espèce, problématique qui est un des enjeux principaux du roman.
Le récit est parfaitement mené, notamment grâce l'alternance des points de vue. A chaque fin de chapitre, on est triste de quitter les uns mais heureux de retrouver les autres. L'intrigue ménage de jolis rebondissements dont l'impact est renforcé par des ellipses savamment dosées. Tout est d'une fluidité remarquable et le lecteur est happé jusqu'à un dénouement bouleversant :

« Dans la toile du temps » est un grand roman de SF alliant un propos humaniste à un côté hard-SF très bien exploité (on n'est guère surpris d'apprendre que Tchaikovsky a une formation en zoologie), le tout avec un sense of wonder ébouriffant. « Dans la toile du temps » m'a passionnée du début à la fin, j'ai été transportée par un torrent d'émotions diverses et variées. Je remercie chaleureusement Babelio et Folio SF pour m'avoir permis ce beau voyage dans l'espace et plus encore.


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Incursion inhabituelle dans la SF : à bord du Gilgamesh, j'ai quitté ma zone de confort livresque pour une envoûtante balade dans les étoiles.

Alors que les humains ont bien fini par s'entretuer et détruire la planète, quelques milliers de Terriens sont parvenus malgré tout à fuir à bord de vaisseaux spatiaux, où ils ont été cryogénisés afin de recomposer l'humanité dans un autre système solaire. Les passagers du Gilgamesh errent ainsi pendant des centaines d'années dans l'univers, jusqu'à ce que le verdoyant monde de Kern leur apparaisse. Problème : il est déjà peuplé par une autre espèce, qui refuse d'accueillir les Terriens conquérants. Deux civilisations vont alors s'affronter au cours des siècles qui viennent.

J'ai beaucoup aimé cette histoire, bien plus complexe et profonde que mon résumé le laisse entendre. Car si Adrian Tchaikovsky utilise les codes de la SF en les détraquant (intelligences artificielles névrosées, portes automatiques qui coincent, écrans vidéos fêlés, équipage de anti-héros), j'ai eu davantage l'impression de lire un ouvrage philosophique qu'une oeuvre de pure fiction. L'auteur aborde en effet des sujets aussi forts que l'environnement, le temps, l'évolution, la communication, l'empathie -et j'ai particulièrement apprécié la façon dont il traite la question de la domination sexuelle. J'ai également admiré sa manière de décrire la formation d'une société (et quelle société !), et de ne pas choisir entre les deux civilisations amenées à s'affronter.

C'est donc un roman intelligent et bien nuancé, ponctué d'humour (british) et plein de suspense ; une belle découverte, qui me donne envie de lire la suite.
Et vous, vous embarquez quand sur le Gilgamesh ?
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Lu grâce à une critique qui a titillé mon cerveau reptilien (niveau 1).
Selon la théorie qui s'y rapporte, notre cerveau est composé de trois «couches» qui se seraient développées à des moments différents de notre évolution.
C'est un peu le thème du livre : peut-on contrôler l'évolution d'une espèce ?
Nous allons suivre deux trajectoires parallèles et nous impliquer émotionnellement (niveau 2) dans les aventures des deux tribus décrites dans ce roman.
Ici, il est amusant de réfléchir (niveau 3) à notre perception de leur évolution. Posez-vous la question : que souhaite-je qu'il advienne de l'une, de l'autre? Puis : pourquoi cette réaction?
Sous cet aspect, c'est un roman très intéressant, ainsi bien sûr grâce au côté space opera mâtiné de "civilisation" (le célèbre jeu).
Une entrée en science fiction très recommandable, je confirme.
Retour au cerveau : sa structure la plus ancienne correspond à un cerveau hérité d'ancêtres reptiliens, d'où le nom, siège des comportements primaires, tandis que les deux autres, développés plus récemment, seraient dédiées d'une part aux émotions et d'autre part à la cognition.
Enfin pour les derniers, les preuves d'existence sont peut être moins certaines.
C'est aussi le thème de ce livre.
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Vous pouvez passer un bon moment de lecture sans devoir vous accrocher aux premières pages…Le face à face humains et arachnides est captivant et nous fait penser aux fourmis de Bernard Werber. On ne tombe pas trop dans l'anthropomorphisme. En effet, les araignées restent des araignées, même si leur évolution les entraine sur les sujets habituels à la science-fiction : la guerre, la technologie, la religion, l'égalité des sexes. Sans jamais tomber dans les archétypes du genre, Adrian Tchaikovsky arrive à nous maintenir en haleine durant les 600 pages de son roman. Pour faciliter le premier contact entre les deux espèces, l'évolution des araignées sur leur planète pendant plusieurs millénaires, s'articule sur la chronologie du vaisseau humain dont les pérégrinations s'étalent également sur la même période. Les protagonistes peuvent ainsi se rencontrer et s'opposer violement mais aussi froidement comme deux races ignorant tout l'un de l'autre. Cette rencontre du troisième type s'appuie sur un style vivant et alerte qui caractérise l'auteur. Faute de lire l'anglais, je suis impatient d'attendre la traduction du tome 2 « Children of time»
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Écrivain hyperactif (et c'est peu de le dire), Adrian Tchaïkovsky a déjà à son actif plus d'une vingtaine d'ouvrages.
En France, c'est avec son roman Dans la Toile du Temps, couronné en 2006 par le prix Arthur C. Clarke, que commence l'histoire éditoriale de l'anglais.
Acclamé en France comme en Angleterre, Dans la Toile du Temps est un petit pavé de près de 600 pages sorti chez Denoël Lunes D'encre en 2018 et réédité en format poche chez Folio-SF en 2019.
Roman de pure science-fiction, le livre d'Adrian Tchaïkovsky nous emmène sur une autre planète alors que l'Empire terrien est sur le point de s'embraser…

Une dernière lueur d'espoir
En Orbite, une station orbitale s'apprête à lancer la dernière phase d'une terraformation expérimentale imaginée par le Dr Avrana Kern.
Son but est simple : peupler une planète préalablement aménagée avec des milliers de primates avant de saupoudrer le tout d'un nano-virus capable d'accélérer l'évolution des singes pour leur donner les clés d'une civilisation avancée en quelques générations afin de communiquer rapidement avec le reste de l'humanité.
Seulement voilà, une partie de la population terrestre s'insurge contre ces manipulations génétiques et l'expérience tourne mal. Après l'explosion de la station et l'anéantissement de la cargaison de primates, Kern se met en stase dans un satellite-sentinelle censé l'avertir de l'apparition d'une vie intelligente sur ce que la scientifique a déjà nommé la « planète de Kern ».
Seule dans l'espace alors que les humains s'autodétruisent dans le reste de l'univers, Kern sombre lentement dans la folie tandis que la vie trouve son chemin parmi les forêts du planétoïde.
Des milliers d'années plus tard, une immense Arche, le Gilgamesh, pénètre dans le système avec à son bord les derniers représentants de l'espèce humaine en quête d'une planète habitable. Holsten, linguiste émérite, et Guyen, commandant de l'expédition, vont découvrir que la planète verte qu'ils abordent n'est pas dénuée de vie, bien au contraire.
Entre les arbres et les océans, d'autres espèces ont pu bénéficier des effets du nano-virus…
Le roman d'Adrian Tchaïkovsky se divise en plusieurs parties souvent séparées par des centaines d'années. À l'intérieur de ces parties, l'action se subdivise en deux arcs narratifs : celui des humains du Gilgamesh et celle d'une espèce d'araignée modifiée par le nano-virus.
En effet, suite à l'attentat et la disparition des primates, l'évolution accélérée ne s'est pas produite sur l'espèce attendue. Ce sont les insectes qui en bénéficient et, notamment, les araignées-chasseuses répondant au doux nom de Portia.
Dès le départ, l'humanité s'écroule et l'on découvre très rapidement que la vie humaine ne tient plus qu'à un fil : celui de l'Arche et de ses occupants.
Adrian Tchaïkovsky va donc suivre l'évolution de deux espèces en simultanée et en les confrontant à des menaces qui se font écho l'une l'autre.
Ce qui donne un récit déséquilibré.
Une épopée humaine classique…
D'un côté, on trouve donc le Gilgamesh et le principal personnage de cette partie : Holsten Mason, vieux linguiste et historien par la force des choses.
Adrian Tchaïkovsky imagine les derniers instants de l'espèce humaine qui régresse dans un habitat confiné et finit par perdre les pédales en revenant sur ses vieux démons.
La confrontation entre le Gilgamesh et Kern a quelque chose de glaçant puisque cette dernière offre une horreur baroque et cybernétique complément timbrée qui fait froid dans le dos. L'avatar de Kern répondra pourtant au destin de Guyen, commandant de vaisseau auto-proclamé sur la voie de l'immortalité et qui finit par tomber dans les mêmes travers que la scientifique démente.
L'une des thématiques les plus intéressantes du roman reste d'ailleurs ce rapport à l'immortalité et au temps qui transforme les êtres humains en fous assoiffés de pouvoirs. Au centre, la création d'un Messie, autant pour les hommes que pour les araignées, réfléchit sur le besoin religieux d'une espèce vivante.
Pourtant, il faut avouer que cet aspect humain de l'intrigue n'a pas grand-chose d'original à offrir au lecteur excepté une énième course contre la montre et une succession de lutte intestines.
C'est ailleurs que Dans la Toile du Temps puise son génie.

… des arachnides fantastiques !
En effet, si le roman explose ses propres limites science-fictives, c'est grâce à sa moitié arachnéenne qui convoque xénobiologie et entomologie pour réfléchir à la fois sur les chemins de l'évolution mais aussi sur la philosophie humaine. En jetant son dévolu sur une espèce où la femelle est supérieure au mâle, le britannique construit une société en miroir de celle des hommes.
Ici, le mâle n'est rien et la femelle est tout… jusqu'au jour où l'évolution et la civilisation s'en mêlent.
À travers plusieurs hérauts (aux noms similaires comme autant d'échos du passé), l'histoire arachnide se confronte à la guerre (civile ou non), à la maladie et au changement social. Avec une plume remarquable d'efficacité, Adrian Tchaïkovsky donne vie non seulement à de terrifiantes créatures mais arrive en plus à imaginer toute une société dont les mécanismes et les aspirations divergent des préoccupations humaines.
Sur le chemin de l'évolution, les araignées aussi auront le droit à leur version du Messie avec la Messagère. Mais tandis que les humains cherchent à détruire ou vénérer, Portia, Bianca et les autres finissent toujours d'une façon ou d'une autre par incorporer. le Savoir, en décomposition sur le Gilgamesh et fleurissant sur le monde de Kern, joue un rôle fondamental. Mieux, encore, Adrian Tchaïkovsky s'interroge sur la cohabitation entre divin et science, croyances et preuves. Les deux sont-ils vraiment antinomiques ?
Mais la plus grande prouesse de Dans la Toile du Temps, c'est d'arriver à transformer l'une des créatures les plus repoussantes de l'histoire en un compagnon de lecture attachant, émouvant et terriblement « humain ».
En faisant varier les notions de paix, de guerre, d'égalité et de progrès, les araignées trouvent leur propre voix et le roman d'Adrian Tchaïkovsky également.
Passionnant de bout en bout, le peuple à huit pattes décroche tout simplement la lune sous la plume du britannique.

Communiquer avec l'autre
Enfin, élément essentiel de cette aventure : la communication !
Que ce soit entre espèces (fourmis et araignées, araignées et coléoptères, humains et…humains) ou entre les générations, Dans la Toile du Temps utilise les siècles pour réfléchir sur l'évolution de la communication et l'importance du langage. Ce n'est pas pour rien qu'Holsten, personnage humain principal, est un linguiste.
Un large pan du roman se préoccupe de la compréhension entre les individus, qu'ils soient insectoïdes ou humains. Dès lors, Adrian Tchaïkovsky s'interroge sur ce qui crée nos différents et nos oppositions les plus meurtrières.
Au-delà des apparences, c'est la capacité à comprendre l'autre, à comprendre ses motivations et son fonctionnement, à l'intégrer et à le dépasser parfois qui offre une paix véritable.
Il est d'ailleurs tout à fait remarquable que c'est l'évolution du langage commun qui ouvrira les portes d'une coopération et non d'une destruction.
Adrian Tchaïkovsky établit lentement mais surement des ponts entre les deux espèces, emploie des événements narratifs qui se ressemblent (comme la découverte du satellite de Kern par les humains alors que les araignées découvrent une colonie de fourmis colossale prête à les anéantir) avant de confronter les deux civilisations afin d'empêcher tout manichéisme. Il n'y a pas de bons et des méchants entre les araignées et les hommes, juste deux peuples qui cherchent à survivre.
Ce qui n'empêche cependant pas certains individus mal-intentionnés ou fanatiques de nuire à leur propre espèce…

Formidable roman de science-fiction, Dans la Toile du Temps arrive à imbriquer deux histoires qui se répondent pour disséquer les particularités de l'espèce humaine grâce à des araignées super-intelligentes. Passionnant et palpitant, l'histoire d'Adrian Tchaïkovsky se dévore littéralement, chélicères ou pas.
Lien : https://justaword.fr/dans-la..
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La Terre se meurt. Des scientifiques lancent une opération de terraformation : des planètes rendues habitables pour l'espère humaine. Afin de coloniser ces futures berceaux de l'humanité, des singes vont être déposés. Un nanovirus doit accélérer leur évolution jusqu'à les adapter à une pseudo intelligence et qu'ils puissent accueillir et guider les futurs ex-terriens. Tout est bien établi et réglé comme une belle partition.
Sauf que.
Lors du dépôt des singes sur les planètes terraformées, une mutinerie éclate au sein de l'équipage, reflet de l'état d'esprit qui règne sur Terre, entre les partisans d'une colonisation stellaire et ceux qui estiment que l'humanité n'est pas digne de survivre. Les capsules contenant les singes n'arriveront pas indemnes sur la planète.
Des milliers d'années plus tard, un vaisseau contenant les derniers survivants de la Terre arrive à proximité de la planète, sans se douter que celle-ci est déjà colonisée par une autre forme de vie que celle initialement prévue.

J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce récit. Je lis peu de science-fiction et je m'émerveille donc rapidement sur les idées que certains auteurs avancent sur les avancées technologiques. Dans cette histoire, ce n'est pas ce thème qui a retenu mon attention mais bien l'évolution des nouvelles formes de vie sur la planète terraformée.
Le style de l'auteur est un vrai régal et sait maintenir un bon rythme même si j'ai davantage apprécié la première partie du récit à la seconde. J'ai trouvé que celle-ci tirait un peu en longueur par moment.
L'alternance des chapitres entre les humains exilés dans l'espace à la recherche d'un endroit où se poser et ces êtres vivant sur la planète et évoluant à un rythme rapide m'a beaucoup plu.
J'ai trouvé la fin un peu bon enfant et moralisateur mais dans l'ensemble, c'est un très bon roman et une excellente lecture.
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Lu en VO.

Un Bernard Werber 2.0 rencontre Vinge, Brin et Baxter dans un chef-d'oeuvre de Hard SF anti-Starship Troopers mettant au centre de son univers la coopération, l'empathie et l'ouverture vers l'autre

Dans cet anti-Starship Trooper, une expérience d'élévation de singes vers l'intelligence-conscience (à la David Brin) sur une planète extrasolaire tourne mal, et ce sont les araignées qui se mettent à évoluer à leur place. Des arachnides qui, confrontés des milliers d'années plus tard aux descendants de l'humanité, fuyant dans leur arche spatiale une Terre empoisonnée et inhabitable, se montreront sous un jour plus humaniste que les humains !

Ce très grand roman de Hard SF mélange avec maestria de prestigieuses références, qu'elles viennent de Brin, de Vernor Vinge (il y a d'évidents parallèles à faire avec Au tréfonds du ciel), de Stephen Baxter (les échelles temporelles utilisées, qui se comptent en milliers d'années, sont tout aussi vertigineuses que celles couramment employées par cet auteur) ou de Star Trek. le worldbuilding, de très grande qualité, nous montre avec brio une société résolument autre, que ce soit dans ses voies de développement technologique, dans son univers sensoriel ou dans sa façon d'aborder les crises, y compris (et surtout) les plus graves. Dans son genre très particulier, c'est un livre qui peut aisément être comparé avec ces références que sont La paille dans l'oeil de Dieu ou Vision aveugle (sans toutefois atteindre la vertigineuse profondeur de réflexion et de précision scientifique de ce dernier).

C'est une belle réflexion, très profonde, sur l'humanisme, l'empathie, la communication. Mais c'est aussi un riche livre de Hard-SF, mélangeant uplift, upload de personnalités dans des matrices informatiques, post-apocalyptique, post-utopie, transhumanisme et vaisseaux à congélation interstellaires.

Bref, c'est le meilleur de la SF, que ce soit sur le plan de la réflexion sur les travers de notre époque et de nos sociétés ou sur celui du pur Sense of wonder. On pourra juste émettre un vague bémol sur une partie humaine souvent moins intéressante que les chapitres vus du point de vue arachnide (sauf dans le dernier quart), et sur des personnages souvent plus faibles chez les premiers que chez les seconds. Par contre, la fin est assez formidable, et vient conclure un roman passionnant de bout en bout.

Ce qui précède n'est qu'un maigre résumé : retrouvez la version (très) complète de ma critique (portant sur la VO) sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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La scientifique Avranka Kern projette d'installer sur une planète terraformée des milliers de singes et un nanovirus qui accélérera leur évolution. Mais la futaille transportant les singes est détruite, tandis que le nanovirus trouve un hôte inattendu dans les araignées et dans une moindre mesure les fourmis. Les millénaires passent, les araignées grossissent et enjambent à grands pas l'évolution. Devenues intelligentes et communautaires, elles créent au fil des générations une société, une culture et une technologie adaptée à leur physiologie.

Mais voilà : la Terre mourante a envoyé dans l'espace les derniers humains, qui espèrent bien s'installer sur cette planète accueillante… La planète est protégée par le module d'Avranka, qui s'est cryogénisée avant de donner des instructions à son IA, et les premiers membres d'équipages qui descendent malgré tout au sol sont attaqués par de très gros insectes.

Le roman exploite l'idée d'une espèce très différente de la nôtre qui crée sa propre civilisation, et on sent que l'auteur s'est longuement renseigné sur les araignées, tout en ajoutant la dimension sociale qu'elles n'ont pas chez nous. Curieusement, au fil du roman, on se prend à s'attacher à ces grosses bêtes, leurs espoirs et leurs ignorances, leur chemin vers la civilisation et l'évolution de leur mentalité. Elles restent très différentes des humains et plus collectives. Cependant, les conflits entre nids ne manquent pas. Les araignées ne sont pas décrites comme idéales ou bienveillantes, loin de là (cf. le traitement de leurs mâles), ce qui ajoute à la crédibilité de la société imaginée.

Quant aux humains, le récit est moins surprenant et reste l'histoire d'une lente décrépitude dans un huis clos. La thématique de l'humanité qui détruit son environnement et se détruit elle-même est un des fils conducteurs. On pourra peut-être reprocher à l'auteur la facilité scénaristique d'avoir un linguiste dans le vaisseau, déjà vu dans d'autres romans pour arriver à comprendre une espèce étrangère (quelle est la probabilité qu'il y ait un linguiste expert sur un vaisseau de quelques centaines de milliers de naufragés de l'espace ?). Holstein est ici la figure du héros malgré lui, du vieux sage mesuré seul à même de comprendre l'IA puis la nouvelle planète.

Évidemment, l'un des enjeux est l'impossibilité de communication et de cohabitation entre deux espèces sapientes qui veulent vivre dans le même espace. Les araignées étaient là en premier, et les humains n'ont pas la capacité de repartir car leur vaisseau n'est plus qu'une épave.

Principal défaut du roman : le début prétend que le nanovirus est lâché pour transformer les singes en serviteurs des derniers humains. Pourquoi donc ne pas avoir aussi installé les humains dès l'origine, alors que la Terre se meurt déjà ? On a l'impression d'une manoeuvre pour justifier l'idée de départ.

Il n'en reste pas moins que l'histoire est une bonne surprise, et je la lisais davantage pour connaître l'évolution des araignées que celle des humains. L'auteur a écrit une suite avec des poulpes sur une autre planète, et je suis curieuse de savoir ce qu'il a imaginé.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Merci à Lecteurs.com et aux éditions Folio SF de m'avoir permis la lecture de ce bon roman de science-fiction dans le cadre des Explorateurs de l'imaginaire.
Une expédition a pour but d'envoyer des singes infectés par un nanovirus sur une planète pour préparer l'arrivée des humains,seulement elle échoue mais le nanovirus survit et infecte des araignées qui au fil du temps vont développer leur intelligence.Mais bientôt une arche arrive en orbite remplie des derniers humains qui sont bien décidés à coloniser la planète des araignées.
Un très bon roman de science-fiction qui se lit assez vite malgré ses 700 pages .A recommander donc pour les initiés mais aussi pour les autres.
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