AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,19

sur 72 notes
5
9 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Beaucoup d'attentes pour ce livre, peut être est-ce la collection qui m'a renvoyé à ma lecture de Les Grandes Oubliées de Titiou Lecoq et incité à y voir un avatar que j'allais aimé. ça a été un bon moment de lecture mais qui m'a posé question de la démarche. L'objectif affiché est de faire une lecture des mythes et des légendes grecs par la femme, car bien souvent écrits, traduits par des hommes. Assez enthousiasmant ! Et de manière générale c'est ce qui est fait, on découvre et redécouvre des histoires plus ou moins connues. L'auteure a sans conteste une plume de conteuse efficace portée par la tendresse qu'elle porte à ces personnages. On est emporté par les péripéties avec efficacité.

Ce qui m'a gêné c'est la manière dont on nous vend ce livre, un essai sur la mythologie, une relecture féministe. Néanmoins l'autrice réhausse et dépeint des déesses, magiciennes et sorcières à hauteur d'une femme du XXIe siècle sans poser la question de la construction antique, de l'idéologique grecque où la femme est un homme raté, une aberration dont il faut souffrir l'existence pour pouvoir perpétuer la lignée des hommes. Toutes ces questions ne sont pas abordées, les femmes sont magnifiées et présentées comme fortes et puissantes mais c'est là occulter qu'elles sont sans cesse rabaissées, diminuées, violées et insultées et que leur rébellion se fait dans des limites bien circonscrites. Il a manqué à ce point de vue admiratif un peu de mesure et de complexité. Je vais citer l'historienne Aurélie Damet qui dans son ouvrage de la même année sur les femmes grecques écrit "L'histoire des femmes et de leur rôle dans les cités De Grèce ancienne s'écrit ainsi : il y a toujours un mais". Ici il n'y a pas de "mais". On parle des mythes grecques pour en tirer des modèles de femmes sans questionner le fait que la place que les Grecs leur ont attribuée est problématique. Peu de références également, à par les travaux de l'autrice elle-même, quand tant de spécialistes auraient pu apporter un éclairage essentiel et attendu.

Pour résumé, j'ai apprécié ce livre comme un libre d'histoires de la mythologie par les femmes mais n'y est pas trouvé la lecture féministe complexe attendue. En demi-teinte donc.
Commenter  J’apprécie          80
C'est un fait, j'adore les contes, les légendes et les mythes en tout genre. Une part de cette féroce affection est sans aucun doute imputable à mon amour de l'imaginaire, des histoires, de la magie et de la fiction (de la magie de la fiction ?) ainsi qu'à mes souvenirs d'enfance au cours de laquelle mes parents se transformaient volontiers en conteurs merveilleux et hauts en couleurs qui nous racontaient à ma soeur et moi toutes sortes d'histoires, certaines de leur cru, d'autres venant de nos livres, d'autres enfin faisant partie tout bêtement de la tradition orale qu'on possède tous un peu. Toutefois, je pense aussi qu'un autre élément à sa part dans ce béguin confinant à la fascination qui me pousse à collecter et collectionner tous les recueils possibles et imaginables et qu'il m'est venu plus tard, au gré de mes études de lettres sans doute et de mes lectures tout court. Ce que j'aime aussi dans la mythologie et consort, c'est tout ce qu'elle révèle du monde qui la conçoit, tout son versant symbolique qui n'a de cesse de me fasciner, de m'interroger. C'est aussi sa plasticité performative, sa capacité à dire le passé mais à s'adapter aussi au présent, aux préoccupations voire aux valeurs de ce dernier. Les contes et les légendes sont immortels justement parce que non contents de nous raconter le passé via le miroir tendu par l'imaginaire, ils peuvent aussi être le miroir de ce qu'on traverse aujourd'hui et je trouve ça passionnant.
Bien évidemment, autant par gout que par contexte culturel (on a tous entendu parler de ces mythes là à l'école ou au collège je crois), la mythologie grecque tient une place à part dans mon Panthéon personnel et je suis toujours heureuse de la retrouver, d'autant plus que même si je la crois bien connaître, elle me révèle toujours d'autres mythes, d'autres interprétations… Aussi quand j'ai aperçu « L'Odyssée des Femmes », j'ai été immédiatement attirée, quoiqu'un peu dubitative aussi. le bandeau proclamant qu'il s'agissait d'« une relecture féministe des mythes » m'a en effet un peu rafraîchie. Bien que je sois convaincue que la mythologie ne soit pas aussi « virile » qu'on pourrait le croire ne serait-ce que parce qu'elle regorge d'héroïnes toutes aussi épiques et badasses que leurs pendants masculins, je me méfie toujours un peu des anachronismes, des relectures durant lesquelles on « force » le texte pour lui faire dire ce qu'on voudrait. de plus, les librairies sont pleines aujourd'hui de romans dont le personnage principal est une héroïne mythologique et si certaines réécritures sont fines, intelligentes, bien menées en plus d'être belles et bien écrites, d'autres sont franchement médiocres, poussives et ne s'appuient à aucun moment sur le contexte du mythe d'origine.
Or et concernant « L'Odyssée des Femmes », j'ai décidé de passer outre ma méfiance, d'abord parce que j'ai confiance dans le travail d'édition mené par « L'Iconoclaste » et ensuite en vertu du principe qui énonce que « pour savoir ce que vaut un livre, il faut le lire ».
Je me suis donc lancée et force est de constater que l'ouvrage de Murielle Szac comporte des points forts et des points faibles qui aboutissent pour moi à une lecture certes agréable mais un poil mitigée.
Dans la liste des points forts, je convoquerai tout d'abord la plume de l'auteure, poétique, vivante, lumineuse. Murielle Szac est une conteuse, à n'en pas douter et la lire est un plaisir. La langue est belle, emprunte de poésie, fait la part belle aux émotions, à une certaine forme d'humour et de joie. J'invoquerai ensuite son érudition : la conteuse du jour maîtrise son sujet et on sent qu'elle lui a consacré du temps et es recherches. J'évoquerai enfin son engagement féministe et humain, tout simplement, qui transparaît dans les anecdotes autobiographiques qu'elle narre, relatives à ses passages dans diverses écoles primaires où elle intervenait dans le cadre de ses ouvrages mythologiques destinés à un jeune public ainsi que son postulat de base (on a tort de penser que la mythologie est avant tout et surtout un ensemble de récits mettant en avant les hommes alors qu'elle est aussi emplie de figures féminines remarquables à plus d'un titre qu'il convient de réhabiliter tout comme il convient donc de réexaminer la mythologie grecque à l'aune de ce postulat, d'autant plus que les femmes -et c'est paradoxal- y ont quand même été fortement invisibilisé) et ses analyses desdits récits. Cependant, ses dernières sont autant un point fort à mon sens qu'un point faible, mais j'y reviendrai. Pour parachever cette énumération des points forts de « L'Odyssée des Femmes », j'ai beaucoup apprécié le passage où Murielle Szac explique combien elle trouve dommage que certaines professeurs des écoles refusent aujourd'hui de faire étudier voire simplement de faire connaître la mythologie à cause de la violence de certaines histoires (Zeus, ce serial violeur… Quoiqu'Apollon n'est pas en reste non plus !) dans la mesure où c'est être anachronique et dans la méconnaissance du contexte de création… On peut en effet raconter des histoires qui apparaissent (qui sont) problématiques sans que cela signifie qu'on y souscrive pleinement. Bien au contraire. Enfin, j'ai apprécié la position de l'auteur quant à l'intelligence des enfants à qui on ne devrait/pourrait pas raconter d'histoires violentes. Je suis personnellement convaincue que les enfants sont d'une part bien plus intelligents qu'on ne le croit et que c'est leur faire injure que de vouloir toujours tout édulcorer et que par ailleurs, ils ne comprennent pas la violence de la même manière que nous en ce sens que lorsqu'il s'agit de fiction, ils l'accueillent différemment avec des yeux d'enfants. Un peu comme quand petits on nous racontait « Barbe -Bleue » : bien sûr que c'était terrifiant, mais c'était une peur délicieuse, celle de l'ogre, du « méchant » et cela résonnait. Adulte, bien sûr que cette histoire revêt une tout autre signification, qu'elle résonne différemment. Pour autant, enfant, nous l'avons prise comme elle nous venait, non ?
Du côté des points négatifs de l'ouvrage… Je commencerai par évoquer le léger malaise qui m'a saisie quand j'ai remarqué que l'auteure que citait le plus Murielle Szac pour argumenter et justifier ses propose était … elle-même… J'ai certes bien conscience que pour écrire ses « Feuilletons », elle n'a pu faire l'impasse sur les textes d'origine, les exégèses historiques et littéraires, les analyses mais j'aurai trouvé intellectuellement plus honnête qu'elle les cite plutôt que ses propres textes. Il en ressort un petit côté égotique qui m'a un peu chiffonnée. Autre faiblesse selon moi : les analyses des mythes qu'elle conte. Elles sont intéressantes, très souvent pertinentes et ne trahissent pas le récit originel. Pour autant, elles ne sont pas assez approfondies et paraissent somme toute un peu faciles, un peu superficielles à l'arrivée, comme si elles ouvraient un chemin mais n'y progressaient pas. C'est là qu'il aurait été intéressant de recourir à un appareil critique plus vaste, de faire des recoupements entre différentes versions d'un mythe et de les confronter à des travaux historiques, anthropologiques… Tout cela laisse un gout de trop peu en bouche et on arrive vite aux limites de l'analyse féministe proposée qui, du coup, apparaît un peu poussive concernant certaines figures… C'est dommage !
Il n'empêche que j'ai passé un excellent moment de lecture, un moment plein de poésie et de beauté, avec « L'Odyssée des Femmes » que je garderai comme un nouveau recueil de mythologie, une anthologie de mythes consacrée aux femmes et réunis sous la bannière d'un féminisme pertinent bien que trop peu étayé.
En un mot comme en cent, un bel ouvrage certes mais assez inégal sur le fond, intéressant voire très éclairant malgré tout et sur certains aspects. C'est un livre qui conviendrait sans doute très bien à un lectorat adolescent, peut-être plus qu'aux adultes auxquels il se destine…
Commenter  J’apprécie          70
Férue de mythologie grecque depuis mon plus jeune âge et féministe depuis peu, c'est donc avec empressement que j'ai entamé le dernier ouvrage de Murielle Szac. Je connais l'autrice grâce à ses fameux Feuilletons et à la collection Ceux qui ont dit non chez Actes Sud.

On parle bien souvent des héros, des dieux -bagarreurs, orgueilleux, machos et même parfois carrément stupides- mais il ne faut pas oublier que sans les déesses, héroïnes, ce serait un beau bordel, tant elles font tourner l'Olympe et la Terre

J'ai déjà lu pas mal d'ouvrages sur le sujet et c'est peut-être pour cela que j'ai été très déçue. le livre ne m'a apporté aucune connaissance nouvelle, mais j'avoue que pour les novices, il est assez complet et montre toute l'étendue des forces des déesses, qui sont source d'inspiration pour les "simples" mortelles (liberté sexuelle d'Aphrodite, indépendance d'Artémis, Pandore qui permet à l'humanité d'exister...). Par contre, j'ai trouvé l'écriture trop simple et l'ouvrage manque d'une certaine érudition, Murielle Szac ne citant en sources, à peu de choses près, que ses Feuilletons. Ses récits de ses expériences dans des établissements scolaires, s'ils seraient intéressants en dehors du livre, n'apportent pas grand chose.

A lire dans la même optique la trilogie Pallas de Marine Carteron, qui reprend bon nombre des aventures des déesses et mortelles du panthéon grec, est bien plus riche, tant au niveau du contenu que de l'écriture.
Commenter  J’apprécie          10



Lecteurs (322) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
860 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}