Ce petit ouvrage mérite mieux qu'un billet d'humeur de deux lignes, qui ne dit rien de lui, mais tout de l'agacement et de la "subjectivité" de son auteur sur Babelio. Ce n'est pas ainsi qu'on rend service aux curieux et aux lecteurs potentiels qui circulent ici.
L'égotisme est à l'origine un défaut de style relevé par Pascal et les Messieurs de Port-Royal : c'est l'abus de la première personne dans un texte que l'on écrit. Pascal va même jusqu'à dire qu'un honnête homme ne devrait jamais écrire "je" ni "moi". Ce défaut de style, Stendhal est bien conscient d'y céder, puisqu'il parle de lui, des années de sa vie pendant lesquelles il a tenté de se guérir à Paris de l'amour malheureux pour Mathilde Dembowski, cette dame milanaise qui ne l'aimait pas.
Pourtant, s'il abuse du "je" et du "moi", ce n'est pas pour se plaindre à longueur de page de cet amour non réciproque, ni pour se le remémorer à des années de là. Il raconte comment il a élaboré, un peu sans le vouloir, une stratégie pour survivre à ce désespoir (peu éloigné du suicide) : voyager, lire, rencontrer des gens, fréquenter des salons, bref s'étourdir et chasser, autant que possible, les mauvais souvenirs.
Cela donne au livre des allures de carnet mondain, mais un carnet mondain de Stendhal, ce sera un regard drôle, incisif, cruel parfois, sur ce Paris de la Restauration dont il se souvient. Ce ne sera pas très "addictif", on s'en doute, pour beaucoup de lecteurs plus portés sur les page-turners, mais cette lecture n'est pas réservée non plus aux "fanatiques" de Stendhal : elle fera plaisir à ceux qui aiment la littérature.
J'ajoute que l'édition Garnier-Flammarion, brillamment introduite et annotée, est un guide précieux pour ne pas s'égarer, ou s'ennuyer, dans le Paris de 1824.
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Pour les fanatiques de l'époque et de cet auteur.
Les autres, tous les autres, vont s'ennuyer et être content de le refermer.
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Quoique attaché à la Cour (napoléonienne, en 1811) je fus profondément dégoûté : "nous allons tomber dans la barbarie militaire, nous allons devenir des général Grosse", me disais-je. Ce Général, que je voyais chez Mme la comtesse Daru, était un des sabreurs les plus stupides de la garde impériale. C'est beaucoup dire. Il avait l'accent provençal* et brûlait surtout de sabrer les Français ennemis de l'homme qui lui donnait la pâture. Ce Caractère est devenu ma bête noire, tellement que le soir de la bataille de la Moskowa, voyant à quelques pas les restes de 2 ou 3 Généraux de la Garde, il m'échappa de dire : Ce sont des insolents de moins ! propos qui faillit me perdre et d'ailleurs inhumain.
* Stendhal se moque de l'accent de Gros, méridional, qui prononçait son nom "Grosse".
pp. 59-60
Avez-vous jamais vu, lecteur bénévole, un Ver à soie qui a mangé assez de feuille de Mûrier ? La comparaison n'est pas noble, mais elle est si juste ! Cette laide bête ne veut plus manger, elle a besoin de grimper et de faire sa prison de soie.
Tel est l'animal nommé écrivain. Pour qui a goûté de la profonde occupation d'écrire, lire n'est plus qu'un plaisir secondaire. Tant de fois je croyais être à 2 heures, je regardais ma Pendule, il était 6 heures et demie. Voilà ma seule excuse pour avoir noirci tant de papier.
p. 139
L'extrême bienveillance de cette jeune femme m'a consolé de bien des irréussites. Je n'ai jamais été son amant tout à fait. ... Si j'eusse eu la prudence de lui faire comprendre que je l'aimais elle en eût probablement été bien aise. Le fait est que je ne l'aimais pas assez pour oublier que je ne suis pas beau. Elle l'avait oublié. A l'un de mes départs de Paris, elle me dit au milieu de son salon : "J'ai un mot à vous dire", et, dans un passage qui conduisait à une antichambre où heureusement il n'y avait personne, elle me donna un baiser sur la bouche, je le lui rendis avec ardeur. Je partis le lendemain et tout finit là. ... Elle me racontait fidèlement, à ma demande, tout le mal qu'on disait de moi.
p. 79
Mais j’étais fou, mon horreur pour le vil allait jusqu’à la passion au lieu de m’en amuser, comme je le fais aujourd’hui des actions de la cour…
Ce jeune homme avait quelque chose d’effronté et d’extrêmement déplaisant. Ses yeux petits et sans expression avaient un air toujours le même et cet air était méchant. Telle fut la première vue du meilleur de mes amis actuels. Je ne suis pas trop sûr de son cœur, mais je suis sûr de ses talents
Critique de Say, proche de Bentham, Stendhal se confronte aux théories économiques de son temps. de l'utilitarisme au malthusianisme en passant par la question de la division du travail, le célèbre écrivain était aussi économiste.
Pour comprendre l'économie à travers le regard De Stendhal, Tiphaine de Rocquigny reçoit Christophe Reffait, maître de conférences en littérature française, Université de Picardie Jules Verne.
#economie #histoire #stendhal
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