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EAN : 9782070782406
120 pages
Gallimard (11/01/2007)
4.6/5   5 notes
Résumé :

C'est après la remise des nouveaux uniformes, après le serment bras levé, au Reich, au Führer, qu'on leur tatoue sous le bras, en bleu, le groupe sanguin comme c'est de rigueur dans la Waffen SS, puis on leur distribue des armes, quelques jours plus tard ils sont sur le front de l'Est. Voilà l'histoire. Mais dans cette foule d'hommes bras levés je n'arrive jamais à te reconnaître, voir ton visage, savoir si tu fais ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Si elle est toute petite et bien cachée, ses conséquences, elles, sont immenses.
Enfant, cette marque fascinait l'auteur. Et c'est encore sur elle que son regard s'arrêtera, lorsqu'au seuil de la mort, il prendra dans ses bras le corps de son père.

Cette marque indélébile, c'est la lettre O, donneur universel. Tous les soldats de la Waffen SS avaient leur groupe sanguin ainsi tatoué sous le bras. Et il en allait de même pour les hommes de la division Charlemagne, qui accueillit nombre de miliciens français qui s'enrôlèrent pour combattre sur le front de l'Est au côté de l'ennemi, afin d'éviter le peloton d'exécution français.

Ce texte n'est pas un roman mais un récit autobiographique. L'auteur part à la rencontre de son père milicien et analyse comment cette filiation a façonné sa vie, ses relations et son itinéraire littéraire.
Il dit la fascination, l'incompréhension, la provocation, la dissimulation, le silence, la résignation puis enfin l'engagement et la sublimation, toute la palette d'émotions que traverse ce fils, de l'enfance à l'âge adulte.

Le hasard n'existant pas, rien d'étonnant à ce que l'auteur soit devenu un compagnon de route d'Armand GATTI, activiste culturel libertaire.

Michel Séonnet apporte la preuve qu'accepter ses origines est une condition indispensable pour vivre pleinement. La rupture ou la fuite peuvent être tentantes, surtout si la parole, qu'elle soit conflit ou partage, est absente. Mais quand de tels héritages se transforment en poison virulant, quand les dettes de nos ascendants plombent notre présent, la prise de conscience n'est que l'étape primordiale menant à l'acceptation. Acceptation qui, d'ailleurs, ne signifie pas forcément pardon. Il va sans dire que ce long travail ne se fait pas sans douleur.


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Quelle image de son père, Michel Séonnet peut-il bien conserver après sa mort ? Quels souvenirs, profondément ancrés dans son esprit, peuvent ressurgir à la faveur d'un 60ème Anniversaire de la Libération, lui qui refuse de le fêter sereinement dans la paix retrouvée ? Quelle marque son père lui a-t-il laissée, imprimée à jamais dans sa mémoire d'homme, dans sa vie, dans sa chair, comme un signe de différenciation, de honte, d'opprobre, d'humiliation irréversible face aux autres ? Ce père, donneur de sang universel et si fier de pouvoir sauver une existence, porte en lui, sur lui, la marque d'une infamie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce mort, c'était mon père, une fois encore, mon père que je ne peux poser nulle part, mon père dont je ne peux me débarrasser, mon père qui n'a pas sa place parmi les morts que l'on commémore, et qui m'empêche d'avoir la mienne parmi ceux qui fraternisent dans la mémoire douloureuseuse de ce qui a eu lieu.
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Le silence entre nous vient sans doute de plus loin, quand j'étais tout petit, un jour où j'aurais été dans tes bras, ou bien couché sur toi, dans l'herbe, tu profitais de l'été, tu avais pris une herbe et tu me taquinais. J'avais voulu t'imiter. Pas dans l'œil !, tu m'avais dit. Tout le monde savait bien que tu étais chatouilleux. Alors : Guili-guili, sous ton bras, guili-guili, et l'herbe qui chatouille autour de ce petit rond bleu comme si c'était le point marqué, là qu'il fallait chatouiller pour que ça produise le plus d'effet. Arrête ! C'était un cri très fort. Très sec. Une voix de colère sans doute inconnue. J'ai pleuré. C'est rien, a dit maman qui m'a pris dans ses bras. Toi tu t'es relevé, et tu es parti. Colère du père pour un guili-guili ? Je n'ai rien compris. Ou plutôt, j'ai compris qu'il ne faudrait jamais plus, que ce que j'avais touché là c'était la marque même du silence dont personne ne devait jamais parler.
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La première fois où je suis venu seul à Marseille – mais aujourd'hui encore je ne suis pas sûr d'y avoir complètement échappé – ma hantise était de croiser quelqu'un qui m'aurait arrêté en pleine rue (un des anciens camarades de mon père, ou pire : une de ses victimes), croyant me reconnaître, ou me trouvant au moins un air de ressemblance : J'ai connu un Séonnet, pendant la guerre. Vous ne seriez pas son … Il m'est arrivé à plusieurs reprises, d'hésiter à donner mon nom – notre nom – devant des personnes de sa génération.
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