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EAN : 9782919285358
100 pages
Editions Antidata (17/11/2023)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Fabien Assemans, jeune chercheur bruxellois, débarque
à Paris plein d’enthousiasme pour intégrer un prestigieux centre de recherche universitaire dans le domaine des sciences sociales. Mais ce à quoi il va se trouver confronté, avec ses deux camarades recrutés au sein du même projet institutionnel, n’a que peu à voir avec les difficultés du travail de recherche en sciences sociales.
C’est un autre combat qui l’attend. Il a pour noms lutte
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un livre qui mérite que chaque phrases soit correctement lue et comprise. L'utilisation de chaque mot est étudiée, pensée pour alerter, éveiller le lecteur. Et pourquoi pas le faire réagir.

Le temps est nécessaire pour bien assimiler cette étonnante lecture.

Fabien, quitte sa Belgique pour la belle, douce et scientifique France dans le but d'exercer un nouvel emploi de chercheur au sein d'un centre de recherche universitaire axé sur les sciences sociales. Un métier de rêve.
Il découvre la merveilleuse machination du monde moderne du travail : se bercer de faux espoirs, d'illusions.

Direction à l'ego surdimensionné qui pressent les jeunes générations sur des tâches ingrates et ridicules mais surtout attention : ne faites pas la même chose que ce qu'ils font !

Surtout, travaillez mais n'espérez rien en retour.

Un roman noir court mais condensé et pertinent avec des personnages au comportement contradictoire.
Des chutes étonnantes et percutantes en fin de chapitre.
Et un dénouement auquel je ne m'attendais pas du tout !

Un discours faisant tristement écho à notre société.

Quel est l'objectif ? Celui que le lecteur souhaitera y voir.
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Fabien, jeune chercheur bruxellois débarque avec plein d'envies et d'enthousiasme à Paris pour integrer un centre de recherches universitaire.

Il va vite se rendre compte du panier de crabes dans lequel il est tombé et ca ne va pas forcément être la partie de plaisir à laquelle il s'attendait... Sa fin non plus ne sera pas celle qu'il s'imaginait (moi non plus je dois bien l'avouer... je ne m'attendais pas du tout à cette fin. Mais cest aussi ca la magie d'un livre... jusque la dernière ligne il peut vous surprendre... 😉)

Avec ce livre, Fabrice Schrumans nous plonge dans l'envers du décor. Et même si on sait tous que derrière une idée se cache plusieurs personnes qui y réfléchissent, on est toujours sidéré (en tout cas moi je le suis, ca doit être mon côté bisounours 😉) par la facilité qu'on certaines personnes à s'approprier le travail des autres et si on écrase quelques pieds au passage, c'est pas grave. 

Jusqu'au jour où quand les "petites mains" se rebiffent c'est toute la tour qui vacille... 

C'est un livre plein de surprises. Il se lit vite, mais il doit aussi se digérer. Prenez le temps d'assimiler et laissez les informations recues décanter légérement, votre idée finale sur ce livre n'en sera que plus belle 😉

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Une plongée acérée, impertinente et lucide, au coeur de certaines impostures et faux-semblants de la recherche internationale en sciences sociales, et des dégâts collatéraux de toute nature qui y sont engendrés.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/05/14/note-de-lecture-moloch-academik-fabrice-schurmans/

Chercheur belge en littérature comparée installé au Portugal depuis 1994, Fabrice Schurmans est aussi l'auteur de nombreuses nouvelles, dont certaines ont été rassemblées en 2023 dans le recueil « Les délaissés » chez L'Oiseau Parleur, et d'autres (marquées du sceau science-fictif et post-apocalyptique) en 2024 dans le recueil « Paris perdus » chez Flatland. Il y avait donc une forte logique à ce que « Moloch Academik », novella alerte et acérée, soit publiée chez Antidata, notre spécialiste préféré de la forme courte, en ce mois de novembre 2023.

L'expérience vécue par Fabien Assemans, jeune chercheur bruxellois, enthousiaste à l'idée de rejoindre un centre de recherche parisien parmi les plus cotés dans son domaine des sciences sociales – les arts et littératures comparées – devient ici une fable terrible, celle de la gabegie et de l'effondrement d'une recherche scientifique ayant cédé si largement aux méthodes les plus désastreuses (et non pas les plus vertueuses, évidemment – car il y en a) de l'entreprise privée et de la communication tous azimuts à la place du contenu authentique. Confronté aux premières loges à la médiocrité, à la veulerie, à l'abus de pouvoir et aux connivences les plus délétères, le héros désespéré de cette immersion dans la farce tranquille – qui n'est pourtant pas nécessairement inoffensive, loin de là – nous propose avec un humour noir rejoignant par moments celui du désastre de partager jusqu'au bout ce traumatisme éclairant, désespérant et emblématique de tant d'échecs et de résignations actuelles – même si une petite lueur d'espoir résistant peut être entrevue dans cette lutte inégale face à une redoutable machine à broyer les cerveaux, les honnêtetés, les réputations, et parfois les existences. Toute une culture de la paillette faussement intellectuelle, de l'imposture partagée et de l'impunité personnelle est ainsi placée sous le feu du projecteur implacable de Fabrice Schurmans.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ce livre est un véritable pamphlet sur le monde de la recherche universitaire. Vous pensiez que le but principal d'un centre de recherche était de faire avancer la science, vous aviez tout faux et derrière la façade de la bien-pensance la réalité n'est pas belle à voir.

J'ai bien aimé ce livre avec son style sans concessions et j'y ai trouvé beaucoup de similarités avec le monde de l'entreprise où les buzzwords sont rois et où l'objectif principal est de grimper l'échelle.


"L'excellence consistait à saisir que l'intérêt individuel passait avant le reste"

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J'ai été surpris par la taille de ce livre, qui tient facilement dans une poche de pantalon et peut -être sorti n'importe quand pour continuer à lire. L'autre surprise a été le sujet, que je ne m'attendais pas à découvrir ainsi.

C'est une histoire simple et rapide, dans un style assez percutant que j'ai beaucoup aimé. Plutôt que de longues phrases ampoulée, l'auteur fait dans le vif et percutant, et surtout dans un style qui privilégie le sous-texte. C'est une lecture chargée, à ne pas se prendre dans les dents lorsqu'on veut se reposer le cerveau.

Pour ce qui est du récit, je ne sais pas quel traumatisme l'auteur exorcise, mais pour avoir une copine qui fait une thèse, la description du milieu universitaire et académique est glaçante. C'est cruel, dur et pathétique à la fois : les chercheurs déconnecté de leurs recherches, la course à la citation et l'article plutôt qu'à la qualité, la mise en concurrence des chercheurs, le favoritisme et les pratiques managériales proches du harcèlement ... Tout est présenté comme la dure réalité, et surtout le résultat d'années de néo-libéralisme adapté à l'université et à la recherche. La conclusion est sans appel : les personnes évoluant là-dedans ne sont plus humaines à la fin.

C'est un petit livre vite lu, prenant et avec un ressenti coup de poing dans son final. La tristesse domine au sortir, triste pour ce monde universitaire gangréné par les idées néo-libérale, triste pour ces protagonistes qui découvrent l'envers du décor, triste pour le monde qui se sabote ses propres têtes pensantes. Rapide, efficace, précis, c'est une lecture que je recommande !

Merci au édition Antidata pour cette lecture dans le cadre du Challenge Masse Critique !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le café est froid, la pièce blafarde et la feuille blanche. L’avocat m’a dit de prendre mon temps. De tout raconter. Les illusions, les coups, la chute. Ecrire me convient même si, jusqu’à présent, je n’ai publié que des articles et des essais. Marquants pour quelques-uns, qui m’ont valu une certaine reconnaissance. Parler de moi, des autres, des monstres, me paraît un exercice plus complexe. En principe, l’histoire devrait couler de source, mais s’improvise-t-on écrivain ? Il faudrait peut-être que je sorte de mes gonds. Que je déborde. Me trouve un style, classique ou flamboyant, voire un mélange des deux, au risque de me prendre les pieds dans la syntaxe. Dans la vie, je fais partie de ceux qui trébuchent, s’étalent, se redressent. Et repartent pour un tour. C’est pour cela que j’ai pris le train de l’espoir à Bruxelles-Nord. Ce jour-là, je n’ai pas vu les pauvres types tendant la main. J’avais des circonstances atténuantes : Paris n’attendait que son petit Belge.
Quand j’ai débarqué au Centre de recherches pluridisciplinaires en sciences sociales, je me suis dit que l’Olympe s’ouvrait à moi. On y travaillait un peu pour soi et beaucoup pour le monde. En théorie, pour le Sud. Contre le Nord capitaliste, colonial, patriarcal. Le couplet est connu. En pratique, on rabat de la matière pour le sommet de la pyramide. C’est-à-dire que si vous lisez une histoire de l’Afrique en plusieurs volumes, vos résumés ne vous appartiennent plus. Même chose pour le charbon : les entretiens et les archives que les Sans-grades débroussaillent au profit des gradés. La noblesse vampirise la matière brute, pompe jusqu’à plus soif, siphonne les disques durs et les clés USB. Le prolétaire de la recherche s’échine sans posséder son outil et le capital de la caste dominante gonfle à mesure que s’épuise le premier. Les embauches à durée très limitée, six mois, un an maximum, autorisent la ponction en continu. Les gueux partent, leurs notes restent.
Le statut aurait dû m’alerter. Boursier. Pas de contrat. Pas de sécu. La patronne a dit « c’est mieux pour toi. Ça te fera plus à la fin du mois ». Cela permet surtout au Centre d’équilibrer les comptes. Les cotisations en moins dans une colonne entraînent un solde positif dans l’autre. Dans ce monde-là, le langage signifie autrement que dans la vie de tous les jours. Le directeur adjoint a dit « les charges sociales et patronales sont élevées dans ce pays ». Je comprenais, n’est-ce pas ? Dans un monde idéal, si un type parlait de « charges » au lieu de « cotisations », une alarme s’enclencherait qui avertirait le candidat d’un risque potentiel. Dans un Centre de recherche en sciences sociales, où les monstres critiquent le capitalisme et le libéralisme à pleines pages académiques, on se berce d’illusions, les mots glissent et le néophyte signe ce que l’on appelle à tort un contrat. C’est à ce moment-là que tu glisses aussi, dérapes, mets un stylo-bille dans l’engrenage.
J’étais cuit. Chercheur en postdoctorat. Boursier postdoctoral. Postdoctoral Researcher. Au bas de l’échelle. J’allais entreprendre un long voyage, grimper en compagnie des meilleurs. Atteindre les sommets de la chaîne académique. Sauf que dans ladite chaîne, les sherpas se coltinent le matériel tandis que les alpinistes plantent leur drapeau au terme d’une ascension à la fois complexe et linéaire. L’histoire se souvient des seconds au détriment des premiers. Or, sans les petites mains, la cordée des sous-fifres, les porteurs de serviettes, il y aurait beaucoup moins de monde sur les cimes maculées de la recherche.
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Pearl avait décroché un financement européen pour un projet portant sur les représentations artistiques et littéraires de la colonisation. Decolonisation Identity Arts and Memories. DIAM’S. Un acronyme aguichant. Un truc qui scintille, appâte les costumes deux pièces de Bruxelles. La recherche tente de se vendre, donc elle se farde avec les moyens du board. Une proposition en béton, trois ou quatre concepts-clés scandant le texte. Un soundbite qui s’ancrera dans l’inconscient du jury. Des paragraphes courts, des mots en bold, des références à la pelle. Pas lues, mal lues, ou lues à travers les recensions d’autrui ? Aucune importance. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ramasse le pognon.
Une Consolidator Grant en l’occurrence. Une sacrée bourse, en effet. Plus de deux millions de boules afin d’étudier la façon dont romans, récit, films, bandes dessinées transmettent la mémoire du colonial selon une perspective comparée. Sur le papier, une trentaine de pages A4 en anglais de Brussels Senior Official, le truc possède une certaine gueule. Au terme d’un lustre, on saurait comment et pourquoi à partir de la Belgique, de la France et du Portugal, des hommes et des femmes transforment en oeuvres une histoire de larmes et de sang. Vous imaginez la hauteur de la barre avec un machin pareil. Margaux Pearl glatissait à tout va.
– Un projet d’excellence ! L’European Research Council nous confie deux millions, c’est une responsabilité qui nous honore et dont nous rendrons compte…
Pas de doute là-dessus. Quand une institution publique vous confie deux briques, elle attend un retour sur investissement. Dans le milieu, ça s’appelle des Outputs. Vous y fourrez les ingrédients habituels – articles scientifiques, chapitres, recensions, communications, entretiens à la radio et à la télé -, vous ficelez le tout dans des rapports intermédiaires et un rapport final, avec le nom de la chercheuse responsable cité trois fois par page et vous atteignez l’immortalité académique. La voie royale vers un nouveau projet à presque trois millions. La colonisation reste un « putain de filon ! » – j’emprunte l’expression à un professeur reconnu. Un beau boulot de marketing. Pas d’arêtes ni d’aspérités. Que du positif, de l’excellence, des retombées pour la société. Faut que l’ensemble ait de l’allure. Donc ça maquille à tour de bras. À l’instar de la Camorra tripotant la comptabilité des entreprises-écrans. Les services habilités n’y verront que du feu. Un truc parmi d’autres : vous vous rendez compte que le nombre d’articles scientifiques n’atteint pas le niveau annoncé au préalable. Eh bien, il suffit de créer une Lettre d’information, que vous prendrez soin de dénommer News Letter, d’inviter des spécialistes et des collègues à pondre six mille signes à la quinzaine et de transformer ceux-ci en articles. Ça marche d’autant mieux que parmi les évaluateurs des rapports, il est probable de retrouver l’un ou l’autre des contributeurs invités. De la verroterie fourguée au prix de l’émeraude. L’important, c’est que ça chatoie. Irradie. Éblouisse. Le serpent se mord la queue.
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L’ivresse des débuts m’a saisi dès les colonnes de l’entrée, les murs dégoulinant d’Histoire et de grands noms, l’odeur des boiseries et des vieux vernis. Originaire de Bruxelles, Paris-sur-Mythes pourrissait mes rêveries. Rispa, Pantruche, la ville-monde où s’encraient bien des destinées. Aujourd’hui le mirage s’est dissipé, aussi évanescent qu’une volute. Les fumeurs ont de la chance. Une image violente les avertit du danger encouru. Dommage que le billet de train ne comporte pas une annonce similaire. «Prenez garde ! Paris peut vous consommer. La ville-monstre engloutit les ingénus. » On débarquerait Gare du Nord un flingue à la main, mieux disposé à négocier la transition du rêve à la réalité.
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J'ai pas envie de laisser ma peau dans un programme qui ne servira que la réputation et la bourse de la daronne.
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La littérature rend bien des services. Sauver son homme n'est pas le moindre.
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