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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Guide pratique pour habiter sa vie

Avec sa verve coutumière, Lydie Salvayre s'attaque à la «valeur-travail» qu'elle dézingue avec une joyeuse et féroce ironie. Son plaidoyer pour la paresse est un essai revigorant qui nous pousse à nous poser la question essentielle du sens de la vie.

Lydie Salvayre éprouve un malin plaisir à jeter des pavés dans la mare de la bienséance. Après son Irréfutable essai de successologie, la voilà partie en guerre contre les «apologistes-du-travail-des-autres», ces employeurs qui ne jurent que par les la production, la surconsommation. Ceux qui nous font trimer pour leurs profits et nous empêchent de profiter de la vie. Alors, comme des hamsters s'échinant à tourner dans leur roue, on se tue au travail. On ne trouve même plus le moyen de réfléchir. Obnubilés par ce temps qui passe et que des sollicitations permanentes nous accaparent, il ne nous est plus possible de nous arrêter.
Mais peut-être est-il temps d'appuyer sur pause. de nous poser la seule question qui vaille: que voulons-nous faire de notre vie? Et si la réponse était tout simplement: rien!
Cette provocation a en tout cas une vertu cardinale, braquer les projecteurs sur nos instants de bonheur, sur ces moments où nous nous sommes sentis si bien. Comme quand nous traînons au lit le dimanche matin et que nous (re)découvrons les plaisirs de l'oisiveté. Oui, "la paresse est un art subtil, discret et bienfaisant. Une manière heureuse et chérie des poètes de résister aux mandements que le monde marchand nous inflige avec son ventre énorme et ses dents carnassières. Un instrument de charme et de volupté calme.
Une musique douce. Une façon légère, gourmande et infiniment libre d'habiter le monde (...) La paresse est ni plus ni moins qu'une philosophie."
L'illustration de cette philosophie passe par... un travail, mais un travail choisi, voulu, aimé. À la manière de Proust qui n'a rien fait pendant des décennies que de profiter de la vie qui lui avait été offerte avant de se lancer dans la rédaction de la Recherche, Lydie Salvayre a expérimenté sa théorie, travailler moins pour lire plus. Comme en témoigne la bibliographie qui clôt ce texte, elle a lu "immodérément, insatiablement, jouissivement, certains diraient vicieusement, certains diraient dangereusement" pour convoquer à ses côtés Sénèque et Nietzsche, Virgile et Baudelaire, Verlaine et Rabelais, Boris Vian et Saint Matthieu, sans oublier les penseurs du travail, de Fourier à Marx. L'occasion aussi de constater que cette fameuse valeur-travail est un concept tout récent dans notre histoire et qu'elle n'a rien d'intangible.
Ajoutons encore un mot sur le style, toujours aussi enlevé, et le choix du "nous" pour inclure le lecteur et la communauté des hommes dans ce plaidoyer, mais aussi pour permettre d'interpeller une inconditionnelle de la paresse, Lydie Salvayre elle-même, avec toute sa mauvaise foi et ses envolées lyriques. C'est drôle, impertinent, documenté et iconoclaste. On se régale!
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ah que la langue de Lydie Salvayre, si j'osais, est salvatrice ! Toujours au plus proche de la révolte, elle nous pousse avec son nouveau manifeste à la paresse pour nous émanciper des "apologistes-du-travail-des-autres".

Ainsi, en reprenant l'histoire du travail dans sa forme actuelle, Lydie Salvayre constate qu'il existe depuis uniquement deux cents ans. Avant, c'était une activité pour vivre alors qu'elle s'est transformée pour la poursuite du profit et la production de la société marchande au bénéfice d'un nombre restreint d'entre nous. Parallèlement à ce changement, des philosophes, des poètes et des écrivains réfléchissent à un contre-pouvoir avec la paresse.

Trois parties sont construites de façon très classique : l'identification, la dénonciation et les solutions. Ces dernières reprennent largement les travaux de Charles Fourier et évidemment Paul Lafargue avec son Droit à la paresse, Proust, Bertrand Russel, parmi tant d'autres.

Ce n'est absolument pas nouveau mais dans le climat actuel, quel bien cela fait ! En passant par Nietzche et Blaise Pascal et tant d'autres (la liste est dressée à la fin), Lydie Salvayre reprend, à travers cette satire, les réactions littéraires concernant ce changement sociologique. Son humour est du même acabit que sa culture, élevé !

Travail subi !
Malgré ce ton, Lydie Salvayre dénonce le travail non choisi qui fait mal, en citant des exemples. Ainsi, le "nous" de l'écrivaine dénonce l'asservissement actuel du travail en voulant "tayloriser" les tâches comme celles du soin, de l'aide aux personnes, bientôt de l'enseignement, etc. En fait, tous ceux, invisibles, en premières lignes pendant le Covid ! de plus, aux forces de nos gouvernants qui poussent toujours plus au travail, naît lentement une jeunesse qui ne veut plus se réaliser par le travail !

"L'un de nos slogans préférés affirmant que l'on doit : TRAVAILLER MOINS POUR LIRE PLUS."

Le bandeau reprend le slogan Ne travaillez pas, écrit sur un mur parisien, en 1953, par le théoricien du mouvement situationniste Guy Debord et repris en 68 dans les manifestations. Évidemment, rien n'est très neuf dans Depuis toujours, nous aimons les dimanches. Seulement, il semble important d'expliquer que le courant n'appartient pas uniquement à la mouvance actuelle mais fait aussi référence à des mouvements de pensées anciens.

Lydie Salvayre harangue les apologistes-du-travail-des-autres. Pas sûr, qu'ils la lisent ! Mais, qu'importe, puisque ce n'est pas son but ! Pour respirer, pour sourire, pour calmer sa colère, ce petit traité de rébellion tranquille et ironique est à découvrir !
Chronique Illustrée ici
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Un petit essai jubilatoire qui aurait pu s'appeler "pas travailler"!
Brûlot contre ce que LS appelle les "apologistes-du-travail-des-autres"...
Dénonciation du capitalisme outrancier et de l'écart de richesses abyssal entre ultra riches et pauvres...
Critique de la valeur travail qui serait mère de toutes les soumissions -utile pour contrôler les masses- oubliant de préciser que pour certains l'oisiveté est mère de tous les vices...

S'appuyant sur une bibliographie fournie avec en tête "Le droit à la paresse" de Paul Lafargue et "l'éloge de l'oisiveté" de Bertrand Russell, l'écrivaine
défend une société où l'on travaillerait 15 heures par semaine pour laisser l'individu s'épanouir ...et lire!

Il y a près d'un siècle, un nouveau modèle promettait de renverser le capitalisme industriel en choisissant une nouvelle répartition du travail. On a vu ce que cela a donné...

Au début du 20e siècle, on aurait dit aux ouvriers qu'un siècle plus tard, ils travailleraient 2 fois moins, bénéficieraient de 5 semaines de congés (min), de la sécurité sociale, du droit de grêve, d'une espérance de vie rallongée leur permettant de profiter de la retraite pendant près de 20 ans, ils auraient parler ...d'utopie!

Continuons à défendre les utopies car c'est ce qui fait avancer le monde !


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Ce livre est une réponse à tout ceux qui n'ont que la valeur travail à la bouche et qui ne consentent qu'à dormir trois heures par nuit.
"La paresse est un art subtil, discret et bienfaisant."
Lydie Salvayre a écrit cette courte (pour pouvoir aller se recoucher ?) friandise et elle fait du bien...
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