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Michel Quesnel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070407477
467 pages
Gallimard (26/05/2000)
4.05/5   273 notes
Résumé :
Un seigneur berbère, évoque les leçons que lui donna son père pour faire de lui un homme et un roi — c'est sur cette trame que Saint-Exupéry brode dès 1936 ce qu'il appelle d'abord son « poème » et qui est devenu "Citadelle", somme de réflexions sur la condition humaine et résumé de ses croyances.
Sous l'affabulation d'une éducation de prince du désert, il approfondit les thèmes abordés ici et là dans ses romans ou ses carnets.
Ses préoccupations d'hum... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Pour qui a lu Citadelle, plus de doute : le Petit Prince est un élément à part dans la création d'Antoine de Saint-Exupéry et n'est qu'un arbre magnifique que tout le monde veut avoir dans son jardin, mais qui cache la forêt d'un désarroi profond.
Il est resté inachevé, comme un recueil de réflexions et d'aphorismes qui, pleins de certitudes qui n'en sont pas, rappellent l'obsession qu'avait l'auteur de "créer des liens", preuve qu'il n'est pas si facile d'en établir, surtout quand on est soi-même en grande fragilité psychologique et sentimentale, en grande attente d'un amour qui se refuse tant est développé et transparent, chez Saint-Ex, dans son attente jamais satisfaite, un coeur en grande souffrance.
S'adresse-t-il à lui-meme des recommandations qui reflètent, en creux, les choses qu'il n'a jamais su faire ? Il cherche un être qui puisse, comme une mère, le consoler de tout ce qui lui est fardeau et lui donner à voir un horizon, une étoile.
L'âme en béance est au bord d'un gouffre, et les passages les plus lumineux, les plus porteurs d'espérance n'empêchent jamais que perce ici et là une note plus sombre qui témoigne de la grande solitude d'un homme en quête d'un amour impossible à réaliser, tant il est demandeur.
Malgré l'affection témoignée à et par Consuelo Suncin, épouse la plus attentive possible, Saint-Ex portait en lui la marque des hommes atteints dans leur être profond par la difficulté de vivre, et les prétextes trouvés, dans différentes oeuvres, pour justifier un désintérêt pour ce que feront les humains après la Seconde Guerre mondiale, des choses forcément petites, mécanisées et déshumanisées à ses yeux, laissent entrevoir chez l'auteur une envie de lâcher les commandes, et de trouver un moyen d'échapper à ces lendemains sans saveur. Une désertion en somme, qui peut s'expliquer en partie, mais pas seulement, par le fait qu'il sentait venir l'âge où l'on exigerait de lui le renoncement à piloter des avions, ce qui avait toujours été pour lui une forme d'évasion, un rêve devenu réalité et une drogue.
Citadelle est l'écrit inachevé qui dit le mieux Saint-Ex, car il nous le donne à voir dans le fil de ses pensées profondes. Il espère pour l'humanité la venue d'une ère de fraternité et d'amour. Mais y croit-il vraiment ? C'est douteux, au regard de la fin de ce parcours humain.

François Sarindar
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"Car j'ai vu trop souvent la pitié s'égarer." Ce sont les premiers mots de cet ouvrage qui se présente comme le recueil des méditations De Saint-Exupéry.

Si l'on en juge par le nombre d'occurrence de la conjonction "car" dans cet essai, on ne doute plus de l'intention de Saint-Exupéry d'accumuler, dans ce qui n'est alors qu'un fouillis de réflexions, les arguments qui viendront étayer une démonstration. Elle reste certes à structurer mais on a déjà compris qu'il s'agit de mettre en garde la plus turbulente des créatures de Dieu, contre sa propension à se perdre en futilités.

"Si tu veux comprendre les hommes, commence par ne jamais les écouter."

Saint-Exupéry ne croirait-il en l'homme que parce qu'il est créature de Dieu ? Il manifeste à l'égard de celle-ci un humanisme forcené mais exigeant. Avec ses interpellations laissées à la postérité, il n'a de cesse de la stimuler pour tenter de canaliser ses intentions vers le chemin de la raison. Une raison empreinte de foi religieuse, même si parfois le doute gagne du terrain.

"…il n'est rien qui soit tien car tu mourras." Comportement d'appropriation, d'avilissement contre lequel il ne cache pas son aversion allant jusqu'à parler de pourrissement et qu'il sent de nature à détourner son semblable de sa vocation originelle : bâtir l'humanité.

Bâtir. Une obsession chez lui. Empire, temple, cathédrale, dont on ne sait ce qu'ils embrassent, mais tout est symbole dans une cascade de métaphores en lesquelles émerge un idéal de vie. Elle est un éternel chantier et chaque jour est une naissance. Chaque pierre devrait être une preuve de l'aptitude de l'homme à faire de cette vie un édifice d'humanité dont la clé de voute serait l'amour de son prochain.

"Mélancolique j'étais car je me tourmentai à propos des hommes"

Saint-Exupéry est de ces êtres rares qui ont une distance avec leurs semblables au point d'en ressentir de la solitude. Solitude de celui qui prêche dans le désert. Aux antipodes d'un Camus qui se révolte contre l'absurdité de la vie et le silence de Dieu, il loue la vie et justifie le mystère de Dieu. "Car je n'avais point touché Dieu, mais un dieu qui se laisse toucher n'est plus un dieu."

Citadelle, c'est aussi la parole donnée à un père parti trop tôt et qui a cruellement manqué à la jeunesse du petit Antoine. Cet ouvrage restera comme le plus pur produit d'un esprit livré à la déception d'un monde trop imparfait. Foisonnement d'allégories abandonnées en désordre à un avenir qui ne s'est pas tenu. Et peut-être n'est ce pas plus mal. Car vouloir les rendre accessibles à ses semblables n'eut-il pas ôté de la spontanéité au geste de l'écrivain et fait perdre de la hauteur au philosophe.

Citadelle, c'est aussi la richesse d'une poésie affranchie de la rime. Pensées brutes, parfois confuses et difficiles à décoder tant elles comptent sur la force de l'image, sur la candeur de la parabole. Bouillonnement contenu d'une foi en l'homme chancelante mais toujours sincère, car entretenue vaille que vaille par une éducation rigoureuse, laquelle refuse de céder du terrain à la facilité.

Le fil directeur de pareil ouvrage existe. C'est l'hymne à la vie. La structure quant à elle n'existe pas encore lorsque Saint-Exupéry confie ses pensées à ses carnets. Celle qui sera inventée par ses éditeurs posthumes répondra à la préoccupation de préserver un trésor tel qu'il aura été abandonné. Ils chercheront à perpétuer ce "J'ai besoin d'être" et à mettre en valeur une pensée humaniste trop tôt engloutie dans les flots de la Méditerranée en 1944. Mais, ne sommes-nous pas "ensemble passage pour Dieu qui emprunte un instant notre génération."

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Un de mes ouvrages de références sprirituelles.

Quel écrivain, quelle recherche d'équilibre, quel bâtisseur humble malgré toutes ses prouesses.
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On pourrait commencer par cette déclaration que Saint Exupéry faisait au sujet de ce livre, son livre comme il le précisait.
- : " C'est bien entendu avec moi - même. ça paraîtra à ma mort car je n'aurai jamais fini. J'ai sept cents pages. Si je les travaillais comme un simple article, ces sept cents pages de gangue, il me faudrait déjà dix ans, rien que de mise au point."

Le résumé semble être fait par l'auteur lui - même.

Retour sur soi d'un homme aux regrets d'être passé à côté de certains de ses rêves, certaines attentes, certains espoirs.

Là où d'autres par leur détermination fascineront, le fascineront, sa quête de l'autre et de ces amitiés qui perdurent, le freineront, le perdront.

Comment faire où tant d'autres réussissent?
Recherche d'un autre soi - même celui qui peut être se terre derrière toutes ces hésitations, interrogations?

A la recherche d'un répit que la vie, qu'il sentait partir, aurait pu lui offrir, Saint Exupéry tente, au travers de ces lignes de prendre voire de reprendre une place qu'il aurait tant aimé avoir, occupé afin de rayonner comme l'étoile d'un petit prince.

Ce petit prince, qui de kilomètres en océans franchis, recherche toujours l'amitié, le regard d'un autre petit animal comme lui, en détresse et en attente d'un vrai sourire, d'une petite fleur offrant simplement ce qu'elle a.

Sa réalité d'être, celle que l'on ne sait déjà plus depuis longtemps, maintenant offrir simplement.

Si tout cela existe, dessine le, toi qui sait à quoi cela ressemble, et, ainsi le vol de terres inconnues en citadelle d'ailleurs cessera enfin …..
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Le 31 juillet 1944, un avion Lockheed P-38 Lightning disparaît au-dessus de la mer Méditerranée, quelque part entre la Corse et le continent. Antoine de Saint-Exupéry, pilote et écrivain, entre dans la légende. Dans ses papiers, on trouve un épais manuscrit intitulé Citadelle. Ce n'est pas une oeuvre achevée mais un brouillon, une succession de notes, de méditations, que l'auteur se réservait plus tard de mettre en ordre. Dans un souci d'authenticité, c'est en l'état (à peine retouché pour la publication) que l'éditeur Gallimard décide de l'offrir au public.
Citadelle est donc une oeuvre à part, ni roman, ni essai, dont l'aspect chaotique et confus, sans fil rouge apparent, peut déconcerter le lecteur. Mais ne nous y trompons pas, tout Saint-Ex est là. On a pu parler, au sujet de ce livre de "testament littéraire" de l'auteur du Petit Prince. C'est bien sûr un jugement a posteriori, Saint-Ex avait encore beaucoup de choses à dire, sur lui, sur nous, sur la guerre, sur la France, sur la vie et sans doute sur la mort. Citadelle n'est pas l'aboutissement de son oeuvre, c'en est une des composantes, écrite justement en parallèle de celle-ci.
C'est pourquoi on retrouve dans Citadelle, tous les thèmes chers à Saint-Ex : l'amitié et l'amour, la place de l'Homme dans l'univers, l'action et l'engagement, Dieu et sa Création, et plus que tout, l'idée du "lien" entre les hommes, condition absolue et nécessaire pour le vivre-ensemble sur cette terre.
Le récit en grande partie prend la forme d'un dialogue entre un père, seigneur du désert, et son fils, destiné à prendre sa succession. Tous les sujets sont abordés et traités d'un point de vue philosophique, puisque le but n'est rien moins que d'acquérir une forme de sagesse, basée justement sur cette communion entre les hommes.
Notre Saint-Ex est tout là. Surtout celui de Terre des hommes et du Petit Prince. Et pourtant, en y regardant bien, nous pouvons déceler (comme dans Pilote de guerre ou Lettre à un otage) une certaine amertume, un certain désenchantement, la guerre sans doute y est pour beaucoup, tout comme les déceptions politiques et sentimentales. Mais que voulez-vous, on n'est pas chercheur d'absolu sans se heurter à des obstacles ni sans se brûler les ailes...
"Car j'ai vu trop souvent la pitié s'égarer". le Saint-Ex qui écrit ça n'est plus le Saint-Ex de Terre des Hommes qui nous racontait avec une extrême compassion l'histoire de Bakr, l'esclave noir affranchi. Il y a aussi dans Citadelle des paroles sur l'autorité et sur la notion d'ordre, qui peuvent dérouter. C'est que Saint-Ex constate amèrement que la fonction spirituelle se perd, et qu'on s'éloigne petit à petit des valeurs éternelles, et que le pouvoir, quel qu'il soit, est une chose pas facile à gérer.
Reste que Citadelle est une somme qu'il faut avoir lue, pour la profondeur philosophique, pour la leçon d'humanisme, pour le style aussi qui, quasi biblique, se fait parfois incantatoire, avec une parfaite efficacité (cf la magnifique "Prière de la solitude" au chapitre 124).
Pour la forme, à rapprocher de Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra) et plus encore de Khalil Ghibran (Le Prophète)

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Citations et extraits (156) Voir plus Ajouter une citation
Et c'est pourquoi ce soir-là, du haut du roc noir que je gravis, je considérai les taches noires de mon campement dans l'étendue, toujours formé selon la figure triangulaire, toujours orné de sentinelles aux trois sommets, toujours doté de fusils et de poudre, et cependant près d'être soufflé et dispersé et répandu comme l'arbre mort, et je pardonnai aux hommes.Car je compris. La chenille meurt quand elle forme sa chrysalide. La plante meurt quand elle monte en graine. Quiconque mue connaît la tristesse et l'angoisse. Tout en lui se fait inutile. Quiconque mue n'est que cimetière et regrets.
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"Mais si tu veux voir apparaître le champ de forces qui te fonde et te fait ainsi te mouvoir et éprouvant et pensant et aimant et plaignant et haïssant de cette façon-ci et non d'une autre, considère son corset chez ton voisin, là où il commence d'agir, car alors il te deviendra sensible"Sinon toujours tu le méconnaîtras. Car la pierre qui tombe ne subit pas la force qui la tire vers le bas. Une pierre ne pèse qu'immobile."C'est lorsque tu résistes que tu connais ce qui te meut. Et pour la feuille livrée au vent il n'est plus de vent, de même que pour la pierre délivrée il n'est plus de pesanteur.
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"Je suis l'ombre, dit ton ombre, et je méprise la lumière." Mais elle en vit.
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Bien vaniteux les justes qui s'imaginent ne rien devoir aux tâtonnements, aux injustices, aux erreurs, aux hontes qui les transcendent. Ridicule le fruit qui méprise l'arbre !
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Car la danse est lutte contre l'ange. La danse est guerre, séduction, assassinat et repentir. Et quelle danse tirerais-tu de ton bétail trop bien nourri ?
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Rencontre avec Santiago Mendieta, Laurence Turetti, Paul Périé, Pierre Challier, Brice Torrecillas
Les auteurs du 12e et dernier numéro de la revue Gibraltar avec un dossier Cinéma: La Méditerranée comme miroir, Robert Guédiguian, Hayao Miyazaki et Saint-Exupéry, le village palestinien de Tantura, la lutte du Bourdigou et de ses paillotes, la république de Port de la Selva, une histoire du figuier… Dans son nouveau numéro, la revue annuelle Gibraltar s'intéresse au cinéma comme révélateur et miroir des mondes méditerranéens, grâce à son pouvoir d'évocation et émotionnel hors du commun. Pas d'exhaustivité tant le réservoir de cinéastes de grand talent qui documentent le réel et le quotidien des sociétés du Bassin méditerranéen est immense.
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