Immortelle, cette petite fille espérance, proclamait Péguy, il y a un siècle, et Ricard Ruiz Garzon, l'illustre en nous contant les parties d'échecs entre Judit et Mister Aliyat dans un ouvrage bouleversant que les éditions Alice m'ont adressé lors d'une masse critique Jeunesse.
Judit, collégienne Suisse, élève en dessin au conservatoire d'arts plastiques, espère retrouver son père, célèbre artiste qui a abandonné femme et enfant depuis des années.
Mister Aliyat, iranien exilé, vit en situation irrégulière dans la Confédération Helvétique et redoute un internement ou une expulsion. C'est un champion d'échecs réputé qui a affronté Bobby Fischer dans le temps.
Judit et son grand père vont avec audace et prudence mobiliser foules et médias autour d'un échiquier en plein air afin d'attirer l'attention sur le sort du réfugié.
Avec une détermination qui évoque la célèbre Greta, poil à gratter nos consciences téléguidées par le tam-tam médiatique, Judit met échec et mat l'administration et justice est finalement rendue ...
J'ai énormément apprécié ces 150 pages pleines d'espérance qui abordent des sujets aussi dramatiques que l'abandon d'une famille ou le totalitarisme des ayatollahs iraniens et les mettent à portée des adolescents.
L'immortelle m'a ému par une pléiade de personnages attachants : le grand père, les amis, les artistes du conservatoire, etc.
Enfin j'ai été émerveillé par l'initiation aux échecs et à l'histoire de ce jeu que nous offre l'auteur et qui rappelle « le tableau du maître flamand » de son compatriote Arturo Perez-Reverte.
Un chef d'oeuvre qui fera le bonheur des adolescentes (dès l'âge de Judit soit 12 ans) à l'occasion des fêtes de Noël.
Un hymne à la vertu d'espérance que Charles Peggy nous remémore :
« Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle »
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Un conte moderne où la bonne fée est un réfugié iranien et le combat contre le dragon une partie d'échec symbolique. Petit suspense cocasse sur qui est le narrateur.
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Judit vit à Genève avec sa maman et est très entourée par son grand-père Antoine. Il y a aussi Ferdinand, Roger et son père, le professeur de dessin. La fillette a une passion : le dessin. Elle prend pour habitude de dessiner au parc des Bastions jusqu'à ce qu'elle fasse la connaissance d'un iranien, Mister Aliyat. Elle délaisse petit à petit le dessin pour s'initier aux échecs avec ce maître qui ne parle pas sa langue mais qui réussit tout de même à communiquer un petit peu avec elle.
Sur cet échiquier, vont se dérouler d'autres enjeux, d'autres parties que celles des échecs.
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❤️❤️❤️COUP DE COeUR ❤️❤️❤️
Je n'aurais jamais cru pouvoir dire cela d'un roman jeunesse. Il s'agit d'ailleurs du premier livre de ce genre que je lis.
Non seulement l'histoire est intéressante, se lit facilement, traite de sujets sociétaux et familiaux actuels mais s'y ajoutent l'épilogue et les derniers chapitres qui closent de façon extrêmement belle l'histoire en distillant toujours quelques superbes surprises. Que dire du narrateur ! 😍😍😍
Émouvant. Juste. Humain. Beau.
Les personnages sont exquis.
Coups de maître en fin du livre !
Majestueuse fin ❤️🔥
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Très beau livre pour enfants / adolescents de 11 à 13 ans. Les personnages sont attachants, l'histoire prenante. Cette dernière fait référence à l'actualité.
Une belle manière de réunir les différentes générations autour d'une même passion, autour d'un même combat : respecter l'autre malgré ses différences.
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— Le problème, Ferdinand, c'est que Judit devient grande. Elle va avoir douze ans, continua le vieil homme. Et les e-mails ne suffisent plus. Son plus grand souhait, c'est que son père ne se contente pas de lui écrire, mais vienne la voir. Qu'il vienne la voir après tant de temps. Elle n’arrête pas de le lui demander, elle insiste sans cesse.
— Et lui, qu'est-ce qu'il dit ?
— Ses messages racontent qu’il va voir quand il peut se libérer, qu'il est très occupé, qu'il ne sait pas trop...
— Pauvre petite, déplora M. Martigny en serrant sa canne.
Le grand-père acquiesça en croisant les mains sur ses genoux.
— Nous avons eu la discussion des milliers de fois, sa mère et moi. Et il va y en avoir d'autres ! Parce que son père... confessa-t-il. Son père... ne viendra pas.
Encore plus indigné, M. Martigny se leva comme un ressort.
— Mais comment peut-il ?
Puis retrouvant son sang-froid, il se rassit et ajouta :
— Ah, si je l'avais devant moi, ce Stephan, je lui dirais ses quatre vérités !
Le grand-père baissa la tête et posa la main sur l'avant bras de son ami.
— Si tu veux, Ferdinand, tu peux me les dire à moi, ces quatre vérités.
M. Martigny sembla un instant perplexe.
— Oui, Ferdinand : les courriers que reçoit Judit.. . Ces mails que lui envoie Stephan depuis trois ans...
M. Martigny leva la main à sa bouche, devinant ce qui allait suivre.
— Eh bien, ils ne sont pas de son père, annonça Antoine. C'est moi qui les écris.
Peu savent aujourd'hui si c'est Anderssen ou Kieseritzky qui a gagné. Cela n’a pas non plus d’importance de savoir qui de Judit ou de Mister Aliyat aurait pu gagner et qu’ils aient fini ex aequo finalement. La beauté n’est pas seulement dans la victoire.
Nous jouons pour ne pas nous rendre.
Pour nous souvenir qu'il y a des pions en danger.
Nous jouons pour ne pas oublier qu'il y a beaucoup en jeu. Que cela a toujours été le cas et que cela le sera toujours.
C'est une idée qui ne peut pas mourir.
C'est pour cela que je suis ému chaque fois que j’y repense. Chaque fois que je revois Mister Aliyat au centre des Tilleuls, enfin libre, prêt à écrire sa dernière note, lettre après lettre, scellant le destin de ceux qui triomphent parce qu’ils savent échouer.
Je le revois comme s'il était juste devant moi : Mister Aliyat avec sa moustache, son turban, portant toute la sagesse des temps immémoriaux sur ses épaules, qui demande un papier à Amir, qui regarde Judit, qui prépare son crayon...
Si maintenant, alors que nous sommes à un moment crucial, je me mets à vous parler de moulinette, ce n'est pas par hasard. C'est vrai que Judith risque en ce moment même de voir ses beaux idéaux réduits en bouillie, comme passés à la moulinette, mais ce n'est pas dans cette optique que je vous en parle. J'en parle parce que la moulinette est un coup d'échecs très célèbre.