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EAN : 9791022613071
112 pages
Editions Métailié (02/06/2023)
3.88/5   55 notes
Résumé :
Eleazar Luna est ouvrier dans l’une des dernières mines de salpêtre du désert d’Atacama. Il suit des cours du soir et découvre la poésie avec ferveur, et avec elle l’écriture, puis l’amour. Mais la jeune femme qui le fait chavirer s’intéresse à quelqu’un d’autre, un rival exceptionnel : un jeune boxeur qui fait tourner la tête de toutes les femmes de la ville.

Le cadre martien du désert d’Atacama où les fleurs n’éclosent qu’une fois par an et ne duren... >Voir plus
Que lire après L'autodidacte, le boxeur et la reine du printempsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Le désert d'Atacama,
Sa solitude de planète abandonné, son silence assourdissant , ses mirages bleus criminels….
Ses mines de salpêtre où avec une unique gourde d'eau pour le chemin et leur propre ombre comme seul abri , des hommes y menèrent une vie de sacrifice, tout en poursuivant leurs rêves et leurs espoirs, vivant leurs joies et leurs peines…
Ses prostituées légendaires tragiques et dionysiaques sans qui la conquête de ce désert aurait été impossible ou beaucoup plus ardue…..
Letelier dont je lis le quatrième livre nous entraîne à nouveau dans son désert où lui-même a longtemps trimé . Ce livre dont le titre original se réduit à « El Autodidacta »,ne serait-ce pas par hasard sa propre histoire ? Celle d'Eleazar Luna, le poète, ouvrier dans l'une des dernières mines de salpêtre du désert d'Atacama.
Ce conteur né, dans son dernier livre qui se passe au Chili ,dans les années 60 dans un campement installé par la Compagnie qui régit une salpêtrière, ajoute au scénario un dur qui débarque un beau jour à la mine , Rosario Fierro dont la passion est la boxe, et entre le boxeur et le poète la belle Léda. Tout va se jouer à la fameuse fête du Printemps, avec élection de la Reine, combat de boxe et concours de poésie, où les trois protagonistes vont signer leur destin en brillant ou en sombrant….Un trio drôle et émouvant dans ses faiblesses et ses forces, où chacun poursuivra son rêve pour s'évader des circonstances austères du désert. S'ils y arriverons ..….je vous laisse découvrir.

Avec des clins d'oeil aux personnages de ses autres livres , beaucoup d'humour, et une ode à la Littérature ,Letelier nous signe à nouveau comme La raconteuse de films un petit livre mais « métématiquement »* 😁, un beau et grand roman.
Coup de coeur !

* “ José Benavente était analphabète et “métématiquement” était un mot mal prononcé dont il se servait comme béquille, même dans des phrases qui n'avaient rien à voir.”
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Intrigue amoureuse en pleine pampa !

Voilà une petite pépite qui nous vient tout droit du Chili, un véritable conte qui déroule son intrigue dans le désert lunaire, silencieux et hostile de l'Atacama, où le travail harassant dans les mines de salpêtre trouble à peine cette solitude (une « solitude pachydermique ») de planète abandonnée parfois brumeuse de mirages bleus lorsque la chaleur est infernale, ces étendues soudainement colorées lorsque les fleurs éclosent, une fois par an seulement, grande marée florale de 24 heures. Tel est le cadre, magnétique et magnifique, somnambulique, de la pampa dans lequel l'auteur chilien Hernan Rivera Letelier déploie son intrigue amoureuse.

« le lundi où j'ai emmené Rosario à ma pension était un jour nuageux. Des bancs de petits nuages d'un gris aluminium flottaient dans un ciel bas. C'était une de ces journées de brise légère (un jour vineux, comme aurait dit le Chinois) où les enfants de la pampa en profitent pour jouer dans la rue : les plus petits à la ronde de San Miguel et les plus grands au furet. Les adultes assis devant leur porte – le père en tricot de peau, la mère en train de tisser des sandales – les regardaient jouer en éprouvant la nostalgie du pays perdu de leur enfance ».

Une histoire classique me direz-vous, voyez plutôt : La jeune et magnifique Leda, fantasme de tous les hommes de la pampa, candidate sérieuse pour le concours de beauté lui permettant d'être Reine de printemps, hésite entre Eleazar, ouvrier dans l'une des dernières mines de salpêtre, jeune homme sensible, poli et gentil, qui prend des cours du soir, poète passionné qui passe tout son temps libre à lire et à écrire des vers (surnommé ainsi Bouffelivres) et Roseria Ferreo, jeune boxeur fougueux, audacieux, impulsif, aux manières canailles, aux yeux de jade faisant tourner la tête de toutes les femmes de la ville. Qui, de la sensibilité ou des muscles, de la passion timide ou de la gaudriole, sauront conquérir le coeur de Leda ? Sur quoi la rivalité amoureuse va-t-elle déboucher ?

Une histoire classique certes mais sertie d'une ambiance hypnotique, dans un lieu singulier où le printemps n'existe pas (d'où la célébration de la fête du printemps durant laquelle les serpentins, la musique, les rires et les feux d'artifice font office de fleurs, rares en cette contrée), et habitée par des personnages très attachants. Nous ressentons toute la tendresse de Letelier pour ces hommes et ces femmes en cet endroit rude, enfants et personnes âgées, mineurs et prostituées auxquelles il rend d'ailleurs hommage, « femmes légendaires – tragiques et dionysiaques, comme dirait Pablo de Rokha, sans leur contribution sociale, sexuelles, amoureuse, la conquête de ce désert aurait été impossible, ou beaucoup plus ardue ». Des hommes et des femmes qui rêvent d'ailleurs mais qui restent, comme englués, parfois à en devenir fous…

C'est également un hommage aux livres, à la poésie surtout. L'épilogue « indispensable » en fin de livre nous laisse à penser qu'Eleazar est le double de l'auteur. Sans doute, Letelier, comme le jeune poète, a découvert tardivement le bonheur immense que pouvait procurer un roman après avoir découvert la poésie et ne croire qu'en elle. Après avoir pensé seulement qu'à la création d'un monde dans un vers, planche de salut pour survivre à l'ennui en cet endroit du monde isolé et au travail harassant dans la mine. Il aura suffi d'un roman, un seul, pour qu'un univers s'ouvre lui donnant envie d'écrire un roman à son tour.
« Je découvris que le poème n'était pas le seul écrin de la poésie et que celle-ci pouvait parfaitement cohabiter avec la prose »…
Intéressant aussi de noter que plusieurs références dans le récit renvoient aux autres livres de l'auteur qu'il me tarde de découvrir tant sa façon de nous embarquer dans un récit très pittoresque avec beaucoup de tendresse et de générosité, et beaucoup de poésie m'a plu.

Les éditions Métailié ont le don de proposer de beaux récits qui nous ouvrent la porte de mondes lointains. Je remercie @viou1108_aka_voyagesaufildespages dont les lectures toujours éclectiques du monde entier me sont une précieuse source d'inspiration !
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Mineur comme son père avant lui dans les mines de salpêtre du Chili, Hernan Rivera Letelier a appris à lire et à écrire en suivant des cours du soir. En 1988, alors presque quadragénaire, il s'est mis à écrire des poèmes, puis des romans, qui, bientôt remarqués, en ont fait une figure de la littérature chilienne. Ses livres font apparaître son double, Eleazar Luna, que l'on retrouve ici, adolescent plein de rêves et d'espoirs d'évasion, sur l'austère fond d'une éphémère bourgade minière, perdue en plein désert d'Atacama.


En ces lieux arides et reculés, parmi les plus hostiles de la planète, la vie ne s'accroche en îlots provisoires que le temps de l'extraction du nitrate. La pampa chilienne en recèle les plus grands gisements existants. Quand un site est épuisé, la Compagnie démonte les baraquements et la petite agglomération minière part s'installer plus loin, entraînant sa population ouvrière dans une nouvelle installation temporaire. Les conditions de travail sont rudes, tout particulièrement pour les poseurs de rail, réputés de vraies bêtes indomptables, dures à la tâche, immunisées contre la peur par leur résistance à l'alcool. C'est parmi ces brutes épaisses qu'Eleazar, le narrateur, doit faire ses preuves, puis, quand tous sont anéantis de fatigue, trouver encore l'énergie nécessaire à ses cours du soir. le jeune homme inculte découvre dans les livres le plaisir de la connaissance, puis, bientôt, le pouvoir créatif des mots : une révélation pour cet humble qui n'a jusqu'ici connu qu'un monde brutal et dépourvu de beauté.


Mais Eleazar n'est pas le seul à aspirer à une vie meilleure. Son ami Rosario Fierro, désinvolte bourreau des coeurs au physique avantageux, compte sur son entraînement acharné de boxeur novice pour se faire un nom. « L'un représentant la force et l'autre la jugeote », tous deux se retrouvent rivaux dans la conquête de Leda, la fille de la patronne de leur pension, elle-même tout à ses rêves d'émancipation, fondés sur sa naïve confiance en sa beauté. A l'occasion de la Fête du Printemps et de l'organisation par la Compagnie de trois concours - poésie, boxe et beauté -, les trois jeunes gens, pour leur heur ou malheur, vont confronter leurs rêves à la réalité. Les espoirs d'une vie mènent parfois au meilleur comme au pire…


De son expérience, l'auteur a tiré un roman d'une frappante humilité, qui interroge sur les choix et les chances des uns et des autres dans la course de l'existence. Partis du même point avec chacun ses rêves et ses atouts, les trois personnages de cette sorte de fable, tantôt drôle, tantôt dramatique, ne parviendront pas tous à la destination espérée. Lui qui, au soir de sa vie, mesure le chemin parcouru, s'en souvient avec une émouvante modestie.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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« Atacama armé », de silence, de solitude, de touffeur, de mirages, d'espoir.
Pas de pitié pour la salpêtrière ! Ambiance hospitalière en plein désert…
C'est qu'il a mauvaise mine, entre El Nino et El Nina les fleurs n'éclosent pas, et ce textile qui le domine.
Pollué par les résidus de tissu, oh là oui t'y sues, qué calor !
Alors que faire dans cet enfer ? Des vers pour trouver le vert, couleur de l'espérance, au bout de l'errance…

Le titre est sans équivoque, on sent le triangle amoureux. Dommage d'en dire autant dans la version française, en chilien c'est juste « El autodidacta », on n'en sait pas plus que ça.
Hernan Rivera Letelier nous offre ici une fable autobiographique. Il a appris à lire et à écrire après vingt ans, la mine qu'il a connue avant, c'était pas celle du crayon. Il s'est fait dans la douleur, et ce n'était pas un doux leurre. Ses chimères, il les a poursuivies dans l'écriture, à la dure.

« Ce que j'aimais le plus, c'était m'enfoncer dans la solitude âpre et silencieuse des montagnes; je voulais être seul pour parler en toute liberté avec mon duende. Et maintenant, désespéré comme je l'étais, j'aurais voulu en faire autant: m'éloigner dans le désert, loin de la Compagnie, à la recherche du duende de mon enfance, et, assis sur une pierre, lui parler. Mais je ne faisais que m'enfermer pour écrire.
Écrire était peut-être une autre façon de converser avec mon duende ».

Ce n'est pas lui qui parle, c'est son personnage Eleazar, son double de papier. Et le hasard dans tout ça ? Dans les mots, les phrases, la puissance de l'écriture, simple mais alerte, qui nous fait tourner les pages, à la découverte.
Découverte de quoi ? de son duende, son génie créateur, son inspiration, instant de grâce.
De quelle façon ? Il a lu des livres, qui le délivrent.

« La première fois que je suis entré dans la bibliothèque, j'ai été comme étourdi. J'avais du mal à croire ce que je voyais: étagères, tablettes, rayonnages remplis de livres. Des livres grands, petits, minces, épais; des livres à la couverture dure ou souple, avec ou sans dos; des livres avec jaquettes de toutes les couleurs. Des livres, des livres, encore plus de livres. Et pour compléter le tableau, des chaises et des tables pour s'installer dans ce petit silence bleuté, niché dans le grand silence incolore du désert, qui invitait au plaisir inégalable de la lecture ».

C'est un roman choral, trois héros dans l'histoire. Enfin, roman, plutôt conte poétique en prose. Mais pas de Bach, le choral, il est bancal. On le suit en linéaire, à chacun son chapitre. Mais la forme est inégale, pas de contrepoint.
C'est Eleazar qui mène le bal, il se raconte à la première personne du singulier, mais ce qui est singulier, c'est la reine du printemps, qui apporte de la rupture, elle s'adresse à sa soeur, son double, sa jumelle, elle lui écrit des lettres, on apprend assez vite qu'elle est partie, sans sa vie. C'est donc un journal intime, plus qu'une dans la team. Leda est la plus jolie des nanas, présentes dans la pampa. Elle voudrait être la reine, de beauté, pour exister.

Rosario, lui, c'est le taureau. Un jeune puncheur, boxe, boxe, mais quand il a posé les gants, pas très élégant, brut de décoffrage, il n'aura pas de suffrage.
Lui, c'est il, pas je, il ne peut pas se la raconter, il ne sait que frapper. Mais les coups, c'est attirant, il n'est pas un tyran, il les tire toutes, comme il veut, elles sont hypnotisées, les poupées. Sauf une, Leda, qui croise Eleazar, non, pas de hasard, elle travaille là où il a pris pension, elle va monter, l'émotion.
Eleazar, c'est pas un bavard, il est timide, y s'prend des bides. Y a que les livres qui le délivrent, mince, j'l'ai déjà faite celle-là…

« Ma vision de la littérature avait subi un cataclysme monumental : je découvris que le poème n'était pas le seul écrin de la poésie et que celle-ci pouvait parfaitement cohabiter avec la prose (une lapalissade, mais que j'ignorais jusque-là). Et , plus encore, je compris que l'humour pouvait être de la partie et, s'il le fallait, composer une fête orgiaque avec la biographie, l'essai et le théâtre ».

Ils bossent ensemble les deux gars, et ça fait des dégâts. Ils assemblent des lignes de chemin de fer, et parfois ça déraille. le salpêtre, c'est pas champêtre, où est le bien-être ? Et Leda, parfum de réséda, elle dénote avec ces potes...

Vous d'vinez la suite ? Qui va s'la faire, la brute ou le … Bah non, truand, c'est pas approprié, plutôt vaurien ou crétin, sauf s'il...
J'vais pas tout vous dire, quand même.
C'est la fête du printemps qui va tout décider, trois concours, boxe, poésie et beauté. Vont-ils tous trois triompher ?
Point de sévices fiscaux dans les coups bas, point d'air de disco sur la piste, juste un verre de pisco pour être dans l'ambiance.

Eleazar Luna, c'est son nom, en plein désert. Pourvu que « la vale de la luna » ne se transforme pas en « vale de la muerte » ! Chienne de vie, basta !
Mais pour le savoir, il faut le lire, ce Letelier.
Décidément, les Chiliens sont doués pour les contes.

« Mes camarades d'équipe commencèrent à me regarder étrangement parce que je passais mon temps à compter discrètement sur mes doigts. Ils ne savaient pas que ce que je comptais avec tant de minutie n'était pas les jours qui restaient avant la paie, comme se moquaient certains, mais les onze syllabes exactes de chaque vers ».

Pour terminer, je m'y mets aussi.

Des âmes errantes, en quête de beauté
Trouvent dans ce sanctuaire le silence.
Le désert révèle par son évidence
Où se cache la clé de la vérité.
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Il était une fois, dans le désert d'Atacama au Chili, une mine de salpêtre parmi tant d'autres, et le village né autour d'elle.
Il était une fois, dans cet espace infini et implacable (à la « solitude pachydermique »), Eleazar, un jeune ouvrier qui travaille le jour à la mine, suit des cours le soir et entretemps lit et écrit de la poésie.
Il était une fois, dans ce village étriqué, Leda, une belle jeune femme, candidate à l'élection de la Reine du Printemps et sensible à la poésie d'Eleazar, et dont celui-ci tombe raide amoureux.
Il était une fois, au milieu de cette idylle potentielle, l'arrivée de Rosario Fierro, autre jeune ouvrier et fameux boxeur, fameux macho aussi, mais qui pourtant ne laisse aucune femme indifférente, même pas Leda.
Deux hommes, la sensibilité et la délicatesse de l'un, la force et l'arrogance de l'autre, une femme, l'amour : les ingrédients du drame sont réunis.

Quel plaisir de retrouver la fluidité de la plume et le talent de conteur d'Hernán Rivera Letelier !
Comme souvent, il situe son roman dans le désert lunaire et hostile de l'Atacama, où le travail dans les mines de salpêtre est des plus harassants et abrutissants. L'auteur n'a pas son pareil pour créer des personnages attachants et les faire évoluer ici dans une histoire un brin burlesque mais surtout dramatique.
Par ailleurs, on peut penser sans grand risque de se tromper, que ce roman est autobiographique, Eleazar étant le double littéraire de l'auteur. Il (Eleazar ou l'auteur) explique d'ailleurs dans un « épilogue dispensable », comment lui qui jusque là n'avait juré que par la poésie, a su qu'il écrirait un jour un roman sur l'Atacama et les humains y vivent. Depuis cette « révélation biblique », il en a même écrit plusieurs, et il faudrait être bien chagrin pour s'en plaindre.
Un court roman mais un petit bijou de lecture, avec en prime un hommage à la littérature et la poésie.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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critiques presse (1)
Marianne_
11 juillet 2023
C'est dans les mines de salpêtre que se déroule l'action du nouveau roman de l'écrivain chilien Hernán Rivera Letelier, « L’Autodidacte, le boxeur et la reine de printemps » (Métaillé), un éloge aux livres et à l'amour où prolifèrent des personnages plus étonnants les uns que les autres
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Dans l’unique librairie du campement il y avait de tout sauf des livres. En chemin pour la séance de cinéma de deux heures de l’après-midi – on passait un film avec Marilyn Monroe –, je jetai un coup d’œil machinal à la vitrine : parmi un fouillis de chemises, de cahiers et d’enveloppes, tel un poisson multicolore dans un aquarium de sardines, brillait la couverture d’un livre. Soit c’est un livre de cuisine, me suis-je dit, soit un recueil de chansons de la Nouvelle Vague, de ceux qui indiquent les positions des doigts pour plaquer des accords de guitare.
Moi, je ne cuisinais ni ne jouais de la guitare.
Je m’approchai de la vitrine : "Anthologie de la poésie chilienne contemporaine", d’Alfonso Calderón. C’était incroyable. À dix-neuf ans, je n’avais jamais eu un livre de poésie entre les mains. Le plus intellectuel que j’avais connu jusque-là – à part la Bible, le seul livre qu’il y avait toujours eu à la maison –, c’était de vieux numéros de Sélection du Readers’ Digest qu’un ami me prêtait.
(Incipit)
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Quelques jours plus tôt, elle avait accepté mon invitation au cinéma et, dans la pénombre de la salle, après plusieurs tentatives, j’osai enfin lui prendre la main. Ce seul contact suffit à m’exalter pendant tout le film. Durant ces cent dix minutes, je me vis passer le reste de ma vie avec cette femme magnifique : nous nous mariions, nous avions des enfants, gâtions nos petits-enfants, fêtions nos noces d’or et, à la fin de notre vie, assis sur une pierre à la porte de notre maison, heureux comme des fleurs, nous contemplions le vaste crépuscule de la pampa.
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Le mot poète m’a toujours pesé comme un halo de pierre. Enfant, je croyais que les poètes étaient tous morts. Ou qu’ils étaient des entités sublimes, quasi incorporelles. Il me paraissait impossible que quelqu’un écrivant des choses aussi belles tousse, par exemple, ou crache, ou saigne du nez. Je n’avais jamais vu un poète en chair et en os et la possibilité d’en voir un dans le désert me semblait aussi improbable que de rencontrer un ours polaire batifolant dans la réverbération des sables brûlants. Non, je n’étais pas poète, juste un païen s’efforçant de griffer le tissage de la beauté avec un crayon Faber No 2 sur les pages d’un cahier quadrillé.
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Le boxeur et moi étions aussi différents qu’une pierre du désert et une pierre de rivière, mais nous sommes devenus bons amis. Selon les copains de l’équipe, l’un représentait la force et l’autre la jugeote. Ce qu’ils justifiaient par la taille de nos mains : celles de Rosario Fierro grandes et larges comme des pelles ; les miennes longues et fines comme celles d’un pickpocket. Cependant nous sentions tous les deux que force et jugeote étaient la combinaison parfaite pour une amitié idéale.
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…. si un livre déniché sur l’étagère la plus inaccessible d’une bibliothèque perdue dans le désert était capable de bouleverser – sauver – la vie d’un homme – d’un seul –, rien que pour ça il valait la peine d’avoir été écrit.
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