La voix de l'étranger, lorsqu'il s'exprima, donna à l'humain l'impression que l'univers lui chuchotait des secrets au creux de ses os.
Ils étaient morts, mais lui ne l'était pas, et tous regardaient désormais par-dessus son épaule, espérant qu'il résolve l'énigme dont ils n'avaient pu venir à bout.
Pourtant ,d'un autre côté ,ce souvenir lui paraissait dater de temps immémoriaux, calcifié et cassant comme du corail.
A l'extérieur,il se surprenait à regarder l'espace, surtout lorsque le soleil glacé était bas et que les étoiles du crépuscule commençaient à parsemer le ciel couleur caramel.
Pourquoi moi? Demanda-t-il à voix haute. Pourquoi est-ce à moi de subir ça ?
Manipuler les concepts de la cosmologie classique requérait de l'imagination, mais également une capacité à considérer l'espace et le temps comme les facettes d'un même objet.
Il comprit aussitôt, non sans une certaine sérénité, que ces choses étaient vivantes et qu'elles avaient conscience de lui.
Il était désormais certain d'être le dernier homme en vie, après avoir abandonné tout espoir qu'il reste des survivants sur Terre. N'était-il donc pas obligé, en définitive, de découvrir ce que signifiait être humain, de parvenir à une ultime synthèse de tous les sujets évoqués dans les livres à sa disposition?
Le pianiste avait raison. Il avait laissé l'espoir revenir dans son monde, et l'espoir allait le lui faire payer
Dans ce crépuscule, la terre n'était qu'une étoile brillante quelques degrés au dessus de l'horizon.