En finir avec la culture du viol

"En finir avec la culture du viol" commence par quelques chiffres. Ce qui est toujours une bonne chose dans un livre, encore plus sur ce type de sujet.
On (re-)apprend beaucoup de chose dans cet ouvrage, l'auteure est claire, précise et s'adresse à tous. Ce n'est pas un livre à charge.
Une bonne partie du livre est consacré à la description de la situation, un état des lieux. C'est (très) bienvenue; pour prendre conscience parfois, pour se poser des questions souvent.
Une plus petite partie est sur les solutions. Cette différence est logique, car (attention spoiler) une des solutions pour lutter contre les violences sexuelles, le harcèlement c'est l'éducation. Ce livre y participe. Merci

« L'expression "culture du viol" est née dans les années 1970 aux États-Unis au sein du mouvement féministe radical. Il désigne une culture [...] dans laquelle le viol et les autres violences sexuelles sont à la fois prégnants et tolérés, avec un décalage entre l'ampleur du phénomène et l'impunité quasi totale des agresseurs – pas uniquement au sens juridique mais aussi social. »

Initialement publié en 2018, « En finir avec la culture du viol » paraît à nouveau dans une édition augmentée. Noémie Renard, chercheuse en biologie de formation et fondatrice du blog Antisexisme.net y déconstruit les mythes et mécanismes autour du viol.

Ce que j'ai particulièrement apprécié dans cet ouvrage, c'est son approche globale qui va qu'à se préoccuper de la santé physique et mentale des victimes et à donner des pistes concrètes pour sortir de la culture du viol. Car si ce livre parle d'un sujet sensible et douloureux pour beaucoup d'entre nous et remet profondément en question les fondements inégalitaires de notre société, il n'est pas fataliste.

Noémie Renard dresse l'état des lieux des clichés, des chiffres et des lois sur les violences sexuelles, analyse les mécanismes de l'impunité des violeurs, développe le lien entre violer et assouvir son désir de pouvoir et de domination (plutôt qu'une pulsion sexuelle) et analyse la contrainte à l'hétérosexualité. C'est ce chapitre qui m'a le plus plu grâce à son approfondissement de la coercition, qu'elle soit sexuelle, sociale, économique, ou graduelle au cours des interactions sexuelles (lorsque, en plein rapport consenti, un des partenaires commet une action sexuelle et/ou humiliante non consentie).

Le seul bémol que j'ai à signaler sont les passages qui évoquent la pornographie et la prostitution, qui sont brefs et semble prôner une interdiction totale (certes avec parcours de réinsertion pour les travailleuses du sexe) sans laisser la parole aux personnes concernées et à leurs nombreuses réalités.

Ce qui selon moi n'entache pas la qualité de ce livre pointu et à la pointe de l'actualité, qui a également pour mérite de se concentrer sur les pays occidentaux, et plus particulièrement la France.