Pétronille et ses 120 petits

Qu'elle est courageuse cette Pétronille! Non seulement elle a 120 petits dont elle doit s'occuper, mais en plus elle est seule, le papa étant parti en voyage, dans un monde plutôt étrange et dangereux!
Laissant aux petits la responsabilité d'envoyer leurs lettres quotidiennes à leur cher papa, Pétronille s'en va faire les courses. Au retour, toujours le sourire au lèvres, elle traverse la Forêt Touffue et rencontre Cafouillon, un troupeau de roches endormies, un Sagoinfre et encore plein d'autres créatures.

Ce livre est un chef d'oeuvre de poésie fantastique, une mine d'imagination, à ce jour celui que je préfère largement de Claude Ponti. On y retrouve les comptines préférées des enfants - une souris verte, une poule sur un mur - et toute une végétation qui s'anime, vit, parfois monstrueusement, mais Pétronille est bien sûr la plus forte et gentille des mamans. A lire à tous les jeunes enfants pour les surprendre et les émerveiller.

Les albums de Ponti, ça marche … ou pas, que ce soit avec les adultes ou avec les enfants. Perso, je suis fan. Et je pense qu'au minimum les dessins marchent avec tout le monde sauf avec les réfractaires à toute fantaisie. L'univers graphique est résolument fantastique, et en même temps tout en douceur, tant par les couleurs que par les formes. Chaque planche regorge de détails. Et le texte rend cet univers foisonnant qui part dans tous les sens à cent à l'heure encore plus fou, avec une multitude de jeux de mots qui s'enchaînent et s'emmêlent : avec Ponti un rideau de pluie peut s'ouvrir et se tirer, les madeleines peuvent pleurer, .... Difficile à résumer autrement qu'en disant que Pétronille part faire ses courses en laissant ses petits à la maison, qu'ils se font enlever (oui, les 120 !) et qu'à la fin, bien sûr, elle les retrouvera après bien des rencontres extravagantes et des péripéties à travers des paysages surprenants. le seul défaut des albums de Ponti selon moi est qu'ils sont difficilement lisibles en classe (ou alors il faudrait projeter les illustrations sur un écran). Et pourtant Ponti est une extraordinaire porte d'entrée dans l'univers des mots, des textes, bref, de la littérature, que ce soit vers la poésie ou vers le fantastique. A connaître absolument !

- « Dis Mamoune, c'est combien 120 ? »
Quand elle part faire ses courses, Pétronille pense si fort à ses petits, que ses pensées se transforment en pétales-prénoms et déploient une fleur. Zéphirin, Turlupin, Ambroisine, Trifouilline. Des rimes en « in », des rimes en « ine » quel bonheur, lorsqu'on devient lectrice, de déchiffrer tous ces prénoms ! surtout les plus bizarres…
- « On les lit tous ! »
- « Les 120 ??? »
Continuons l'histoire et quelle histoire … Abracadabrantine !
La maman souris va se perdre dans la forêt touffue et y faire des rencontres incroyables : Cafouillon qui la prend pour la souris verte de la comptine, le poussin Blaise et ses frères, Adèle, (référence aux précédents albums de Ponti), elle croise même la poule sur son mur… Pendant ce temps, les petits sont kidnappés par Sagoinfre le monstre qui mangeraient bien les souriceaux tartinés de chocolat. En fera-t-il une indigestion ?
Quelle créativité débordante dans les albums de Claude Ponti ! Les enfants adorent. Les illustrations luxuriantes, précises, colorées attisent la curiosité. A chaque lecture, de nouveaux détails attirent l'oeil des petits curieux. Les jeux de mots, les situations invraisemblables questionnent, amusent. On ne s'ennuie pas !
Et quand la dernière page se tourne, il faut recommencer ou compter tous les petits qui font la fête ! Ce n'est pas une lecture de tout repos mais elle libère l'imagination, ouvre la porte de tous les possibles et rend complice lectrice et auditrice. Un vrai délice!

J'ai découvert Claude Ponti adulte, grâce à mes enfants, mais c'est en train de devenir un de mes auteurs incontournables. Je n'en finis pas de m'émerveiller devant tant de créativité, de finesse, de poésie et d'originalité.

Pour cet album une fois de plus les superlatifs sont de rigueur. On y suit une mère de famille fantastique de 120 enfants, comme l'indique le titre. Les garçons portent des prénoms en "in" (Antonin, Marcelin, Edulcorin...) et les filles en "ine" (Apollinarine, Robertine...), une sublime fleur les énumère tous En en page 11.
En plus de son quotidien bien chargé, Pétronille déjoue les pièges et écarte les dangers avec beaucoup de courage. Et beaucoup de douceur aussi.
Car pour moi c'est vraiment une infinie douceur qui émane de ce livre. Il s'ouvre dans la sérénité ("C'est le matin. Pétronille boit son thé au gruyère devant sa maison. [...] Il va faire beau.") Et s'achève dans la joie ("maintenant, c'est le soir et c'est la fête. [...] La nuit sera douce ".)
Il y a certes deux monstres, Cafouillon et le Sagoinfre, mais Pétronille trouve toujours une solution, redonne le sourire aux dolmens grâce à un jeu de mistigri et console une madeleine par un bisou anti-chagrin.
Une belle référence aux chansons enfantines "une souris verte" et "une poule sur un mur" donne le sourire, ainsi que le visuel, comme toujours si époustouflant qu'on ne sait où donner de la tête et découvre des détails à chaque lecture. Comment ne pas s'extasier devant le sublime rideau de pluie ou la fascinante forêt-bibliothèque...?
Un régal à tous points de vue.
Un classique.

Un album complètement délirant.
Pétronille laisse ses tout-petits pour aller faire des courses. Mais sur le chemin du retour en passant dans la forêt, l'intervention de Cafouillon lui fait perdre son chemin. Comptines (souris verte, poule sur un mur), dolmen, menhir, jeux (mistigri), expressions (rideau de pluie, pleurer comme une madeleine)...toute sorte de références, de clins d'oeil se percutent dans cette histoire tendrement et drôlement absurde.
C'est foisonnant, tordu, surprenant, étonnant tout comme les histoires soties tout droit de l'imaginaire des enfants.