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EAN : 9791037723703
156 pages
Lys Bleu Editions (22/02/2021)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Ecrit pendant le premier confinement de 2020, ce texte pourrait s'intituler "souvenirs d'avant le confinement"
L'auteur a mis à profit ce temps immobile pour retravailler des souvenirs de lieux, d'impressions, de paysages, de personnages, de contrées oubliées.
Mis devant le fait accompli, le narrateur mesure la fragilité des totems de son quotidien. Des rues, des places, des boulevards, des boutiques, des bars, des animaux, des personnes, compagnons f... >Voir plus
Que lire après Ils ont abattu l'orme de la placeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Nous avons peut-être perdu l'habitude d'entendre le chant des oiseaux, mais la lecture est en mesure de supplanter la tristesse ainsi engendrée.

Je poétise avec l'auteur qu'il n'y a pas d'humain sans une émotion vive et je vous invite à découvrir ce journal de bord d'un flâneur invétéré à travers des rues ouvertes à tous, pour revivre précisément des émotions variées.

J'ai été saisie par la poésie (voire les rimes internes) de ce livre : « je suis sorti très tôt dans la ville bousculée par un petit jour clairet » (p. 9).

Des citations très intéressantes et autant d'invitations à d'autres découvertes littéraires sont placées avec délicatesse en exergue de chaque texte. Autant de « relais tangibles de [la] mémoire fragile » de l'écrivain qui oeuvre pour la pérennité et qui, plutôt que de se lamenter de la perte de l'orme, observe lucidement « le baliveau » (mot que je découvre pour la première fois) qui « le remplace ».

Je me suis laissée emporter par le « bruissement léger du vent » et par cette douce musique nostalgique qui accompagne la lecture de ces « papiers collées ». D'ailleurs, on retrouve Georges Perros à la page 135, au sujet de l'indifférence, et ce livre de « souvenirs dormants » se termine par « cette chanson des coeurs heureux » (p. 146).
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Où part-il, Denis Nunez, vers quel autre lieu à décrire lorsqu'il a réussi à photographier tout ce ciel, ces pans de nature, où s'enfuit-il quand il a arraché au paysage ces fragments de vécu - de notre vie - pour les coucher de façon si vive et fugace dans ses courts récits ?

L'auteur nous y rapporte, en peintre impressionniste de la nature et surtout la nature humaine, en quelques paragraphes, le déclic initiateur de multiples pans de vie. Tout commence et ne fait que commencer à chaque narration de ce recueil.

Comme de primesautiers débuts de romans, les récits à chaque fois nous laissent, dubitatifs, rêver à la suite, la bâtir, la formuler; l'auteur lui nous a livré l'essentiel, la lumière d'un bout de pays, le caractère vite brossé d'un personnage... Pas besoin qu'une intrigue se forme, elle est toute entière là, comme un bourgeon, recroquevillée dans les mots expressifs et les descriptions imagées du narrateur, prête à éclore dans votre imagination de lecteur créatifs.

"Il imagine des personnages et les baptise des noms lus sur les panneaux routier"

C'est aussi un monde de solitaires, emplis de vie et de sens mais sobres dans leurs gestes et leurs dialogues - aux lecteurs de développer :

" La litanie habituelle de la rue. Chacun des fidèles est absorbé par sa propre prière."

C'est enfin une suite sans cesse renouvelée d'ascensions vers une certaine lumière: celle du soir, qui termine nombre des récits ou celle d'une épiphanie où tout entier un être se révèle. Denis Nunez nous offre la vie habillée de ciel !


C'est une agréable promenade à travers le "temps qui passe" que nous offre ce livre!

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« Ils ont abattu l'orme de la place » est un recueil composé de 45 récits courts (entre 2 et 5 pages) écrits pendant le premier confinement.

Le narrateur, je - il - elle, rend compte de ses déambulations dans la ville et dans la vie. le temps qu'il fait, le ciel, le soleil, les nuages, la pluie, la neige, le silence, les bruits, les odeurs, le chant des oiseaux, la chute régulières des marrons, des personnages familiers ou de rencontre accompagnent ces errances et donnent corps à ses impressions.

En exergue de chaque récit, une citation en souligne le propos ou s'en démarque.

On y trouve pêle-mêle, « la lune large et pâle » De Maupassant ; les « roseaux aquatiques, les herbes de la berge, les petits bosquets de saule » de Dino Buzzati ; le ciel de Philippe Djian « ni rose ni honnête pour la peine », ; « Le ciel lisse comme une pierre de lavoir » de Giono et sa route qui « sait généralement ce qu'elle fait » et qu'il « n'y a qu'à suivre ».

Sur les arbres sont perchés, le chardonneret de l'Evangile selon Saint Marc de Jorge Luis Borgès ; le chardonneret qui chante de Eduardo Mendoza ; Adèle le passereau « trempé comme une soupe » de Andréa Camilleri.

Dans les villes on retrouve ces foules qu'évoquent « Les tramways lourdement chargés » de Joseph Roth ; mais aussi l'envie de fuir comme Julien Gracq « Il y a un grand charme à quitter au petit matin une ville familière pour une destination ignorée » ; et « Les cafés qui éclatent d'atmosphère » de Léon Paul Fargue.

Le narrateur a également rencontré la femme de trente ans du XXème siècle, la même que celle décrite par Balzac ; et ses propres Bouvard et Pécuchet…

La musique est un lien fort entre certains des récits, comme ces « mystérieuses résonances » empruntées à Miguel Torga ou à la voix de Joséphine la cantatrice de Kafka.

Les souvenirs permettent de conserver ces choses familières bientôt disparues, qu'il est parfois impossible de garder en mémoire, comme ces « quelques mesures très connues qu'il n'arrive pas à identifier, justement parce qu'il les a trop entendues » de Bernard Pingaud.

Ces différents récits rappellent, comme le dit Michele Mari, que nous sommes qu'on le veuille ou non, « dilapidateur » de notre enfance…et responsables de la disparition de tous les signes qui constituent notre quotidien. Ces signes dans lesquels se réfugie notre âme et dont nous mesurons la disparition sans pouvoir rien y faire.

Espoir, fuite, nostalgie, regrets…et après ?
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J'ai mis longtemps à lire ce minuscule livre (mois de 150 pages). C'est qu'il est le contraire d'un page-turner : un recueil de brèves, assez inclassables car ce ne sont pas non plus des nouvelles ; des poèmes en prose, peut-être, des « tableaux » dit la quatrième de couverture, les instantanés, impressions fugaces d'un monde qui semble d'autant plus destiné à se déliter que ce recueil a été écrit au bord d'un monde en train de basculer, pendant le premier confinement. Paysages urbains, comme dans le texte d'ouverture, cette place dont l'orme abattu donne son titre à l'ouvrage, paysage ruraux comme celui de « La chute régulière des marrons » : une promenade en automne sur un sentier givré, et les nuages. Car dans ces tableaux impressionnistes, les nuages, « les merveilleux nuages » de Baudelaire occupent une place privilégiée, emblématiques de ce que Denis Nunez s'efforce de transmettre, le fugace, l'impression, le temps qui fuit. « Un escalier irrégulier de nuages monte jusqu'au soleil. Un géant invisible l'a emprunté et déformé de ses pieds balourds. Les marches s'étalent maintenant en une masse informe et cachent la lumière vers laquelle elles formaient un chemin ». Tout passe et « le vent abuse ». Brèves de souvenir, aussi« Pourquoi sont-ils partis avant moi ?» dit une vieille dame touchante, « Il se souvient du patronage le jeudi après-midi et du curé qui levait sa soutane pour jouer au foot. La honte ! » Portraits d'hommes ou de femmes à un instant T, minuscules souvenirs, pensées d'un instant, humour léger de qui a toujours confondu Simon et Garfunkel !
Denis Nunez nous avait habitué à une écriture plus «terrestre », saga familiale de migrants en quête d'une vie meilleurs, comme « Les Golondrinas », ou saveur charnelle d'une enfance algérienne ("Le Chemin de l'oued"), il nous étonne ici d'un recueil immatériel et poétique.
Aussi ces textes se savourent-ils un par un, le livre glissé dans une poche pendant quelques instants de loisirs ou d'attente, il faut leur laisser le temps de résonner et ils sont si courts, si légers, qu'on y revient avec délice et qu'il en subsiste une sensation prégnante d'un temps trop vite disparu.
« Les silhouettes de la forêt s'estompent maintenant dans le soir »…
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Denis Nunez, avec sa sensibilité habituelle, son souci du détail, de la description, nous dépeint en 45 tableaux une nature bouleversée par l'homme, entraînant avec lui certains symboles de la cité, d'où ce titre emblématique « Ils ont abattu l'orme de la place. »
L'auteur nous décrit des paysages urbains ou campagnards, nous offre avec une grande acuité une palette de couleurs, dans un ciel évoluant en fonction des aléas climatiques ou des saisons. « le ciel est dégagé, noyé dans un soleil froid, les bruits flottent, perdus dans un mélange glacé d'air et de lumières. »
Et puis, il y a aussi les rencontres inattendues avec une jeune princesse nubienne, qui après avoir utilisé le portable de Denis lui dit : « Tu ne dois pas être complètement blanc toi ! » ou la remarque humoristique d'un voisin de stage à propos du formateur. « Les cons pètent en souliers ! »
Au fil des pages, on passe du sourire, au traumatisme de la disparition d'un être cher, la vie et ses aléas… La vie, la nature reprennent leurs « droits. » La vie est plus forte, dans une note d'optimisme telle que « La chanson des coeurs heureux. »
Le narrateur nous entraîne quelquefois dans un passé teinté de mélancolie, passé qui s'enfuit trop vite, où les souvenirs ressurgissent ou parfois s'envolent comme « le bruissement léger du vent »
Lecteurs de « belle » écriture, de mots justes, de délicatesse de style, je vous recommande « Ils ont abattu l'orme de la place. »
Moi j'ai aimé…

Jean Pierre Yvorra
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le silence n'est jamais seul, il règne en maître et décide du moment où il délivre la musique étrange du vent dans les arbres, parfois douce, parfois violente comme le bruit d'une averse naissante ; de temps en temps, il laisse passer le sifflement lugubre d'une buse invisible ou le cri éraillé d'un canard coléreux.

(p. 62)
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L’humeur à la voiture

"Il y a un grand charme à quitter au petit matin une
ville familière pour une destination ignorée."
Julien Gracq, « Le Rivage des Syrtes »
.
Je me suis levé tôt ce matin. Le jour l’était déjà. En regardant la ville baignée de cette lueur neuve, j’ai eu envie de la quitter. J’ai jeté un œil à la cuisine en désordre, au lit défait dans la chambre, j’ai pris un sac à la hâte, rempli d’affaires au hasard. La porte a claqué doucement. J’étais dans la voiture avant que le froid ne me fasse frissonner. Elle a démarré lentement.
En me doublant, les motos se rabattent dangereusement et déclenchent l’avertisseur des radars d’approche.
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Un tissage méticuleux de ciel et de nuages donne à la fin de journée une atmosphère oxydée que l’on ne peut décrire tant elle varie à mesure que le tisserand empile sur les lisses des fils dont les couleurs grises et roses changent à la lumière tombante du soleil.
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Il imagine des personnages et les baptise des noms lus sur les panneaux routiers.
Durch Hannover est un trafiquant hollandais, Zenek Kulda un scientifique tchèque spécialiste de physique nucléaire, Roman Salzgitter le brillant éditeur est allemand, Aleksandra Weldbater une patineuse médaillée olympique à Sapporo...
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Qui n'a jamais pleuré en entendant une foule chanter à l'unisson ?

(p. 116)
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Video de Denis Nuñez (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Nuñez
Présentation du roman "Les golondrinas ou les 3 soeurs d'Alméria" par son auteur Denis Nunez Réalisation Editions l'Harmattan
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