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Margot Nguyen Béraud (Traducteur)
EAN : 9782207161814
480 pages
Denoël (18/08/2021)
3.57/5   7 notes
Résumé :
« Publier signifie mettre un livre dans les librairies. Et le vendre pour que les autres le lisent. Alors je serai écrivaine et vous serez mes lecteurs. C'est fou. C'est le plus fou qui m'est arrivé dans ma prostituée de vie ».

Marga, Nati, Patricia et Angels vivent ensemble dans un appartement d'un quartier populaire de Barcelone. Pour ces cousines "en déficience intellectuelle", comme l'administration les qualifie, chaque jour apporte son lot de co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Livre reçu dans le cadre de la dernière opération masse critique. Tout d'abord, un grand merci à Babelio d'une part et aux éditions Denoël d'autre part pour cette opportunité.

Comme à chaque fois que je dois chroniquer dans le cadre d'une masse critique, j'aime décortiquer mes impressions au fur et à mesure pour ne rien oublier.

L'ayant démarré ce matin en chemin vers le travail, je me suis retrouvée ce midi à avoir déjà dévoré 100 pages, je ne vais donc pas vous surprendre en vous avouant que ça me plait.

Concrètement nous sommes dans un roman à 4 voix, soeurs et cousines ayant des "déficiences" et vivant, dans le cadre de ces handicaps, avec un carcan très important de la société. Les unes après les autres, elles nous parlent de leur quotidien, de leur ressenti, de leur perception. C'est un peu déconcertant de prime abord, les personnalités diffèrent énormément et les styles d'écriture aussi (chapeau à l'autrice). Pour l'instant ma voix préférée est celle de Nati, très agressive, très éclairée sur leur situation, la maternisation subit par l'administration et l'Etat de façon générale.

Et en tant que lecteur le malaise est perceptible, à trop vouloir les "aider", à trop vouloir les "insérer", personne ne les écoute vraiment, l'infantilisation est même révoltante.

Malgré tout, on garde un sourire en coin durant la lecture parce que le style incisif est tout bonnement jouissif sans que je puisse l'expliquer. Elles sont drôles, chacune à leur manière, chacune avec leur trouble.

Bien évidemment, ça pose la question de la "normalité" et je soupçonne que d'autres questions vont se soulever au fur et à mesure. Il me tarde d'y retourner.
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Il ne me reste plus que 150 pages, je refais donc un point : je reste sur les mêmes impressions que précédemment, l'accusation de l'idéologie de la démocratie avec tout ce qu'elle renferme s'accentue, l'autrice se sert de Nati pour transformer le livre en un véritable pamphlet contre les institutions établies, le néolibéralisme, le capitalisme et tout ce qui régit notre monde moderner.

C'est puissant, agressif et j'adore. Elle soulève la question de la sexualité normée que nous subissons tous, de la vision du handicap (pourquoi devraient-ils se conformer à notre mode de vie, à se peiner pour nous ressembler à nous, les dominants ?) Les institutions s'échinent à les faire rentrer dans un moule qui ne leur correspond pas sur le précieux principe de la communauté, de l'unicité. Au nom d'une autonomie normée, on leur retire toute liberté, par exemple la cigarette, c'est mauvais pour la santé, on prend la décision pour eux. de quel droit ? L'infantilisation est écoeurante.

L'autrice, par le biais de Nati, reproches aux dominants (politiciens, bureaucrates, flics et n'importe qui ayant un pouvoir de domination sur une tiers personne) de dévoyer des concepts pour mieux asservir. Notamment la précieuse liberté d'expression et, n'est-ce pas, en fin de compte, que quand on nous sert un discours sur la liberté d'expression ça vient souvent de quelqu'un qui (se) défend un discours racistes, homophobes ou sexiste ?
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Le voilà donc achevé. Cristina Morales a un talent certain, elle met en perspective des questions qu'on se pose peu et elle laisse ouvert les débats, tout le long du livre. On en ressort tout de même avec une révolte profonde, les yeux un peu plus ouvert encore sur la société dans laquelle on vit, et ces questions en nous : n'est-il pas de notre responsabilité de faire s'effondrer tout le système ? Pourquoi est-ce que j'obéis ? Pourquoi est-ce que j'ai autant confiance en l'autorité, aux informations véhiculées ? Jusqu'où je suis prêt.e à aller (et perdre) pour ces convictions ?

Attention, spoiler alerte : l'histoire de nos quatre cousines s'achève tout de même assez tragiquement sur une répression violente, inhumaine et même sanglante dans le cas de Marga qu'une juge a décidé de stériliser. Histoire qu'elle ne fasse pas d'enfants "attardés" qui se retrouvaient, eux aussi, hors des rails de notre merveilleuse société sans doute ?
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Malheureusement je n'arrive pas à aller au bout de ce livre... le résumé avait tout pour me plaire, mais le langage utilisé, l'absence de structure bien définie ne me plaisent pas et je ne parviens pas à m'attacher aux filles. Je reconnais que ce livre est très singulier, l'écrivaine est talentueuse, je suis juste passée à côté. C'est certain qu'il plaira à d'autres ! Merci aux éditions Denoël et à Babelio.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération masse critique de Babelio.
Le résumé de la quatrième de couverture m'a intrigué et j'avais hâte de découvrir ces 4 femmes que je pressentait hautes en couleurs.

Après 100 pages, n'ayant pas réussi à plonger dans l'univers fantasque que nous propose l'autrice j'ai décidé d'abandonner ce livre.

Je pense que ce livre à des qualités mais que ce n'est tout simplement pas mon genre de lecture
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comme tant d'autres fois, j'étais aspirée par la spirale du silence ; spirale qui ne consiste pas seulement à se taire. Ça consiste, à partir d'une situation de parole immédiate antérieure, à cesser de parler parce que tu te sens la seule concernée. Aussitôt, tu complexes d'avoir trop parlé, même si ce n'est pas le cas et que ce qui s'est passé, c'est que personne ne répondait, ni pour te soutenir ni pour te contredire. Ce n'est pas non plus que tu parlais toute seule, non, il y avait des gens et des gens-là t'écoutaient, peut-être même qu'ils étaient d'accord avec toi, mais tu étais quand même la seule à parler. On voudrait te faire avaler la soupelette bondieusarde qui prétend que ton silence n'est ni de la claudication ni de la soumission, mais de l'élévation, de la distinction et du respect, alors que ce que dit ce silence, en vérité, c'est que tu es bien plus jolie quand tu la fermes.
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Elle est belle pourtant, qu’est-ce qu’elle a à cracher son venin ? Quand on sait comme ça enlaidit les femmes, la méchanceté. D’où elle m’envoie bouler, alors que je la complimente et que je la siffle ? D’où, vu que je suis justement en train de la flatter, cette grosse pute ! ? Une autre manifestation de la censure envers la radicalité des belles meufs ressemble précisément à ce que tu viens d’énoncer : elles critiquent parce qu’elles sont belles, elles osent parce qu’elles sont belles, et c’est également parce qu’elles sont belles, bien emballées dans leur joli papier cadeau contestataire, que leurs critiques passent et qu’on les écoute.
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Nati, on te pardonne d’être réactionnaire parce que tu es à moitié belle (sachant que c’était plutôt : « Tu te conduis comme une gamine et personne te dit jamais rien parce que t’es mignonne »). Si tu étais à moitié moche, ou moche tout court, on te traiterait de frustrée et tu serais une pestiférée (à savoir : « Si t’étais moche ou vieille ou grosse, tu leur ferais pitié et ils te calculeraient même pas »). Tu te trompes, j’ai répondu. Tu te trompes complètement. Une semi-belle gosse, et je ne te parle même pas d’une belle gosse ou d’une bombasse, n’a pas droit à la radicalité.
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Petite, je ne comprenais rien aux paroles de chansons parce qu’elles étaient truffées d’euphémismes, de métaphores, d’ellipses, bref, de rhétorique dégoûtante, de cadres répugnants aux significations prédéterminées où « une femme avec une femme » ne veut pas dire deux femmes qui se baladent mais deux femmes qui baisent. Ce que ça peut être tordu, subliminal et rance… Si au moins ça disait « une femme collée à une autre femme ». Mais non, évitons de reconnaître que deux meufs sont en train de se lécher la chatte.
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Le métissage est la semi-vérité d’un monde social brutalement conflictuel, terriblement irrésolu, ardemment illégitime et interdit des centaines de fois. Par conséquent, c’est un acte libérateur que de l’appeler par son juste nom et d’affirmer qu’il n’y a ici pas de métisses mais des bâtardes. La condition de blanche comme celle d’indigène est une forme de refuge fictif servant à dissimuler une chose plus angoissante : la question irrésolue de l’origine.
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