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EAN : 9782070362530
192 pages
Gallimard (16/11/1972)
3.59/5   74 notes
Résumé :
La «trilogie catholique» commencée avec Le Maître de Santiago, poursuivie avec La Ville dont le prince est un enfant, s'achève avec Port-Royal, le plus authentiquement chrétien des ouvrages de Montherlant. Cet épisode de la persécution des religieuses de Port-Royal par Louis XIV suit de près l'histoire. C'est un des moments les plus pathétiques de la vie spirituelle de la France qui est ici porté à la scène, dans une oeuvre simple et puissante, où les larmes n'excl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
La lecture de cette pièce a été une très belle lecture, une bulle de lumière, d'autant plus que les trois textes à la fin de la pièce, ses "Notes sur le théâtre", sont passionnantes et riches en enseignements.

Il n'est a priori pas facile de nous projeter dans ce contexte du XVIIe siècle, et j'ai regretté de ne pas avoir mieux mémorisé ce que j'avais entendu dire du jansénisme durant mes études littéraires. Toutefois, qu'on ne s'inquiète pas : si l'on connaît un peu le contexte de la dispute, on entre facilement dans la compréhension de la situation de ces religieuses, à la veille d'être déclarées hérétiques et sanctionnées, en étant dispersées pour 12 d'entre elles, et dirigées par les religieuses d'un autre ordre pour le restant des soeurs.

Pour comprendre l'orientation qu'a donnée à sa pièce Montherlant, il est bon de savoir qu'il a eu l'idée de cette intrigue dès 1929, en découvrant l'ouvrage de Sainte-Beuve sur Port-Royal, avec cette citation :"Port-Royal ne fut qu'un retour et un redoublement de foi à la divinité de Jésus-Christ". Montherlant nous présente, en une action resserrée en un seul acte sur un seul jour, cette petite communauté où les soeurs se découvrent, se révèlent, face à l'exigence de l'Archevêque qu'elles signent le formulaire de renonciation à leur hérésie, et par-là renient les fondateurs de leur ordre (les Soeurs du Saint-Sacrement). Dans cette première partie, très habilement mise en scène, nous faisons connaissance avec plusieurs caractères bien typés, même si j'ai eu du mal à me dépêtrer dans les noms religieux, qui de plus se ressemblaient les uns avec les autres. Plusieurs d'entre elles ont attiré mon attention : la soeur Angélique bien sûr, nièce de M. Arnault, une forte tête plutôt dure au mal, mais dans l'appréhension d'une nouvelle crise de doutes ; la soeur Flavie, avec son bon sens paysan, la soeur Françoise, mystique qui veut se vouer toute entière à la méditation et à la prière... Autant de façons de vivre leur foi et de réagir à la menace qui pèse sur elles.

Dès qu'arrivent l'Archevêque et sa suite, y compris des gens de police, à midi, avec la lourde chaleur du jour d'août, les tensions explosent, les manifestations physiques de malaise s'expriment, et cependant, ces femmes font preuve d'une belle qualité de fermeté, de résistance. Pourtant, la punition est terrible : elles seront punies de l'interdiction de recevoir les sacrements si elles s'entêtent, et plusieurs des "meneuses" vont être emprisonnées. L'Archevêque lui non plus ne manque pas de caractère, mais on sent qu'il est démuni face au courage et à l'esprit de ces femmes. On retrouve des accents de Créon face à l'entêtement d'Antigone - pièce de Sophocle qu'admirait Montherlant. On se doute que nombre d'entre elles seront poussées à accepter de signer, d'autant plus que la pression de leurs familles était forte, mais on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour ces femmes qui recherchaient la pureté de la foi et ne devaient pas déranger grand-monde, sinon que peut-être elles formaient un reproche vivant sur les dérèglements du temps, une morale qui ne "passait pas", et donnaient l'idée d'un péché d'orgueil. Toujours est-il que j'ai lu sans discontinuer cette pièce à la fois simple, épurée, et profonde. J'en ai trouvé un podcast en 6 enregistrements, et je vais l'écouter à présent avec grand plaisir, toute contente de m'y replonger.
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"Port-Royal" est une pièce de théâtre d'Henry de Montherlant qui a été représentée, pour la première fois sur la scène du Théâtre-Français, le 8 décembre 1954.
Elle fait partie avec "le maître de Santiago" et "la ville dont le prince est un enfant" d'une trilogie d'inspiration religieuse et catholique.
Longtemps remise en tiroir, souvent relue et réécrite, elle a été rédigée sur les vestiges d'un premier morceau de scène imaginé entre 1940 et 1942.
Dans sa préface, l'auteur, tout en éclairant sa pièce, avoue avoir pris quelques minces libertés avec L Histoire.
La scène se passe au monastère de Port-Royal du Saint-Sacrement, en août 1664.
Les soeurs du monastère sont pressées de signer un formulaire décrété par l'assemblée des évêques par lequel elles se soumettent à toute décision du Saint-Siège.
Une fois n'est pas coutume, "Port-Royal" me semble plus être un morceau de théâtre à lire qu'à découvrir sur scène.
Le dialogue est si beau, si lent, si riche et lourd de sens et d'Histoire, qu'il ne me semble pouvoir être destiné qu'à la littérature.
Pourtant, il est sûr que je sois dans l'erreur puisqu'elle fut jouée avec succès.
Et puisque le Théâtre lorsqu'il est façonné avec les mots d'Henry de Montherlant ne fait plus qu'un avec la plus belle des littératures.
L'atmosphère est pesante. le sentiment dominant est l'angoisse.
En ce 26 août, au milieu du jour et de l'année, après l'arrivée de l'archevêque, du grand-vicaire, de l'official et de deux aumôniers, entrent dans le monastère le lieutenant-civil, le chevalier du Guet, le prévôt de l'Ile, quatre commissaires, vingt exempts de police et quelques officiers de la compagnie d'archers.
Douze soeurs, les plus rebelles, seront enlevées du monastère.
Elles seront séparées et confinées, chacune, dans un couvent différent.
Dans ses notes sur le Théâtre consacrés à "Port Royal", Montherlant dit tenir la balance égale entre les jansénistes et leurs ennemis.
Il ajoute que cela ne lui apparaît pas une bonne politique de dramaturge.
N'est-ce pas dire une chose pour en démontrer le contraire.
Adopter un parti, et l'on sait lequel, n'aurait-il pas amoindri le propos historique ?
La polémique n'aurait-elle pas encore pris à l'Église de Dieu ?
Cette pièce de théâtre est un morceau austère.
Sa lecture, un peu difficile d'accès, n'est certes pas de la dernière tendance mais réserve, aux détours des mots, de magnifiques tournures et la découverte d'une pensée puissante tournée vers le religieux et L Histoire ...
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Accusées, sous couvert de jansénisme, de porter atteinte au pouvoir catholique en place par un christianisme rigoriste attaché aux sources non séculières de la religion, les soeurs de Port-Royal sont sous le joug de graves menaces, orchestrées par l'archevêque, sous les ordres de Louis XIV. L'arrivée de celui-ci, accompagné d'importantes forces de police, pour punir et disperser les religieuses, met ces dernières face à la solidité de leur foi et la vérité de leurs âmes. Parmi elle, la sous-prieure soeur Angélique, pilier tellurique de la communauté, vacille...
Tension dramatique croissante et majesté de la langue sont au rendez-vous de cette pièce intimiste et tragique dont, étant fort loin du sujet et des valeurs de l'auteur, j'ai préféré admirer la lecture politique universelle qui peut en être faite.
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Merci à elitiatopia d'avoir placé, le temps de sa lecture (et de sa critique), sur le devant de la scène, "Port-Royal". Il y a une dizaine d'années j'avais lu "Le Maître de Santiago", première pièce de la « trilogie catholique », qui m'avait fait une forte impression. "Port-Royal" attendait dans ma bibliothèque depuis. Je l'ai enfin lu. J'ai beaucoup aimé. Dans "Le Maître de Santiago", si je puis dire, la tempérance s'oppose à l'intransigeance. Dans "Port-Royal", ce serait plutôt un face à face entre l'intransigeance et l'intransigeance ! Ces « dames » de Port-Royal fascinent. L'attitude de l'archevêque (l'Église et le Roi), ma foi, surprend moins. Il me reste à lire « La Ville dont le prince est un enfant », deuxième volet de la trilogie, et bien sûr, le "Port-Royal" de Sainte-Beuve...
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Certes nous avons là une plume d'excellence, digne des grands classiques français, mais je ne suis pas parvenu à rentrer dans cette pièce (belle image !) dont le cadre est le monastère de Port-Royal du Saint-Sacrement, en août 1664. Après l'archevêque, le grand-vicaire, de l'official et deux aumôniers, le lieutenant-civil, le chevalier du Guet, le prévôt de l'Ile, quatre commissaires, vingt exempts de police et quelques officiers de la compagnie d'archer font irruption dans le monastère pour contraindre les soeurs à signer un formulaire de l'assemblée des évêques par lequel elles se soumettent à toute décision du Saint-Siège (les Jansénistes n'aimaient pas les "demi-chrétiens"). Parmi les soeurs, l'une a dénoncé les futures proscrites, certaines vont trahir l'ordre pour se soumettre aux autorités religieuses, les plus rebelles sont enlevées du monastère.
Pièce de théâtre austère, au style un peu dépassé mais qui livre quelques belles tournures : "La nuit passera et la vérité de Dieu demeurera".
 


 


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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
L’ARCHEVÊQUE (à la sœur Agnès de Saint- Thècle) : Ma sœur, parmi ces tristesses, je vais vous apprendre une nouvelle dont sans doute vous serez bien aise. Ce jour d’hui même -ce matin,- Sa Majesté a signé en faveur de votre neveu, M. Racine, le bon d’une gratification de six cents livres, pour sa tragédie "La Thébaïde" ou "Les Frères ennemis". C’est le premier don que M. votre neveu reçoive du Roi pour une tragédie. Espérons qu’il en annonce d’autres.
LA SOEUR AGNÈS DE SAINTE-THÈCLE : Oh ! Monseigneur, qu’on ne me parle pas de Jean Racine. En voilà un dont je ne suis pas fière !
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La scène se passe au monastère de Port-Royal du Saint-Sacrement, dans un des parloirs de la Maison de Paris, faubourg Saint-Jacques, en août 1664.
Le décor est d'une extrême simplicité.
Côté droit, porte donnant sur la clôture (l'intérieur du monastère).
Côté gauche, rapprochée de la rampe, la grille du parloir. Au delà, une fenêtre.
Au delà encore, une porte assez grande donnant par un perron sue la cour extérieure.
Au fond, vers la gauche, un petit oratoire ; vers la droite, une porte assez grande donnant sur la chapelle.
Murs jaune-gris, clairs.
Ici et là des chaises aux sièges de paille.
Par le fenêtre ouverte, le soleil entre violemment dans la pièce.
La soeur Gabrielle, voilée, debout contre la grille du parloir, dont le rideau est ouvert, parle à un visiteur qui est de l'autre côté de la grille.
A côté d'elle (à sa main gauche) se tient une soeur, la tierce, que le spectateur ne voit que de dos.
Elle aussi est voilée, mais même lorsqu'elle se dévoilera, à aucun moment le spectateur ne pourra voir son visage ; elle se tiendra tantôt de dos, tantôt de biais ....
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L'ABBESSE : Monsieur le Lieutenant Civil, en 1661, vous avez fait chez nous jusqu'à sept expéditions en quatre mois. Il vous arriva de faire secouer les matelas pour voir s'il n'y avait personne caché dedans. Cette fois, vous voudrez bien prendre garde au matelas sur lequel une de nos sœurs agonise. Car il y a toujours une de nous, ici, qui est en train de mourir, pendant que la police est en bas.
LE LIEUTENANT CIVIL : Ma Mère, si j'ai fait secouer des matelas, c'est que mon office était de le faire. et je ferai, cette fois aussi, tout ce que je jugerai bon de faire. Et vous m'y forcerez d'autant si vous le prenez sur ce ton avec moi.
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LA SŒUR ANGÉLIQUE

Nous devons nous opposer à l’injustice, autant que les lois le permettent, parce que ce nous est une obligation de maintenir les droits de notre communauté, et que ce serait en quelque sorte consentir à l’injustice, que ne s’y opposer pas. En deux mots, voici notre règle : quand nos droits ne sont pas en cause, souffrir de bon cœur ; quand la justice et nos droits sont en cause, nous défendre. Et j’ajoute que nos oppositions et notre désir de souffrir se concilient fort bien, puisque ces oppositions n’ont jamais servi qu’à nous faire traiter plus et mal et souffrir davantage.

LA SŒUR FRANÇOISE

Ah ! Ma Sœur, laissez-moi être franche : on croirait que vous aimez tout cela ! Vous et ceux de Port-Royal. On les cherche au Ciel, et dans ce moment-là ils sont sur la terre. On les cherche sur la terre, et dans ce moment-là ils sont remontés au Ciel. Si j’osais, ma Sœur, une façon si vulgaire, je dirais qu’avec Port-Royal on ne sait jamais tout à fait sur quel pied danser.

LA SŒUR ANGÉLIQUE

Est-ce vous qui parlez ainsi ? Nos ennemis ne parleraient pas mieux.

LA SŒUR FRANÇOISE

Je songe à une autre règle, que nous répétait notre Mère Angélique : « Allons droit à la source, qui est Dieu. » Moi, je suis une petite goutte qui sèche si elle est détachée de la source. (pp. 52-53)
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Qu'y a-t-il ? Que s'est-il passé ? Que quelqu'un, à votre nom, a accolé le mot: janséniste. On ne sait pas vraiment si vous êtes janséniste, et d'ailleurs on ne sait pas très bien ce que c'est de l'être. Mais il suffit, le mot a été dit: vous voici parmi les galeux; ayant tout juste droit à la toute petite place, et aux os qu'on jette sous la table; à l'écart, au rebut, courbant le dos, rasant le mur, comme un vaincu dans son pays occupé..."p.25

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Vidéo de Henry de Montherlant
Narcisse Slam a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:17 Que pensez-vous de cette citation? «C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup.» Marguerite Duras 1:19 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire? 3:06 Quelle qualité préférez-vous chez l'Homme? 4:22 Quel est pour vous le pire des défauts? 5:38 Avec quel écrivain décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 8:33 Comment imaginez-vous les années 2050? 11:18 Quel mot vous évoque le plus de douceur? 12:48 Comment commence-t-on un roman? Par exemple L'Épouse? 16:23 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 20:18 Que pensez-vous de cette citation? «Les écrivains sont des monstres.» Henry de Montherlant 23:19 Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte? 25:09 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 28:36 Comment construit-on un personnage? 32:04 Remerciements
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