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EAN : 9782072887970
Gallimard (04/02/2021)
3.64/5   11 notes
Résumé :
Un père et sa fille de six ans, Khanh et Tiên, fuient leur pays sur un bateau de pêche, dans l'espoir de rejoindre les Etats-Unis. Les voix du père et de la fillette alternent, mêlant souvenirs de la vie au pays et récit de la traversée, pour reconstituer l'histoire, petite et grande, qui les a menés là. Contrairement à Khanh, la petite Tiên n'a pas conscience de la gravité des événements qui les condamnent à l'exil. Sa candeur et son espièglerie apportent une note ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une déception que cette lecture. Pourtant la plume est belle mais trop complexe pour embarquer dans l'histoire.
Un père fuit son pays avec sa fille de 8 ans sur un bateau. Les deux voix alternent, leur histoire nous est racontée et un secret va venir bouleverser le voyage.
Je suis passée à côté.
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La mémoire, nous dit-on fréquemment, est essentielle : pour la transmission, la cohésion d'une communauté, le maintien de valeurs morales indispensables au bon fonctionnement d'une société équilibrée. Dans les pays de tradition bouddhiste, où le culte des ancêtres joue un rôle dans la mémoire de chacun, les mécanismes de la mémoire peuvent faire appel à d'étranges associations.

Anna Moï a beaucoup traité dans ses précédents romans le thème de l'exil des Vietnamiens comme par exemple La nostalgie de la rizière. Dans Douze palais de mémoire, Anna Moï décrit la fuite, à bord d'une embarcation de fortune, d'un groupe de Boat People, ces réfugiés qui ont décidé de quitter le Vietnam après la victoire des communistes et la chute de Saïgon an avril 1975.

L'auteure s'attache plus particulièrement à Khanh, et à sa fille Tiên, âgée de six ans. Khanh, dont le père a exercé les talents d'astrologue, a reçu de ce dernier les grandes lignes directrices de son thème astral : la configuration de ses douze palais, le palais désignant un domaine précis : » les Finances, l'Immobilier, la Carrière, les Amis, les Parents, les Voyages, la Destinée, la Santé, la Fratrie, le Mariage, les Enfants, les Mathématiques. »
A ces palais, Anna Moï associe la méthode des loci, des lieux, mise au point par un philosophe de l'Antiquité, Céos ; celle-ci permettant de reconstituer un souvenir à partir d'un fait concret, par exemple la position à table de participants à un repas permettant de retrouver leur identité.
Ce qui intéresse le narrateur dans l'étude des mécanismes de la mémoire, c'est le choix des territoires abstraits, la méthode des analogies ; pourtant, il reconnaît être « assidu du palais de l'Amour » mais que « certains événements ne s'effacent pas malgré mes efforts pour les négliger, il est difficile de lutter contre le choc d'une émotion forte. »
Ce qui suscite l'intérêt du lecteur, c'est la distance prise aussi bien par Khanh, le père que Tiên, sa fille. Celle-ci , dont on demande si elle a conscience de la gravité de l'événement reste espiègle, moqueuse vis-à-vis des membres de l'équipage du rafiot, et garde de l'ironie et de la distance face à la situation .Khanh, à l'inverse, plonge dans ses souvenirs , ravive la mémoire de son épouse disparue Moa , décrit les conditions de la conquête du Vietnam par le régime communiste , et révèle peu à peu que les causes profondes de son départ du Vietnam ne sont peut-être pas exclusivement politiques … Khanh conclut ainsi ,éloquemment, à propos de l'émigration : « de fait, nous avons tous été lésés de quelque chose, à commencer par la vie telle que nous la connaissions. Il ne nous a pas manqué un oeil, mais une vision. Nous n'avons pas été amputés d'un bras, mais du geste de le tendre vers autrui. » Parfait constat des séquelles d'une odyssée involontaire, douloureuse, mais qui a laissé entrevoir pour ces boat people un avenir discernable.



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Je me suis lancée dans ce bouquin plutôt sceptique.
C'est vrai quoi, je n'y connaissais rien du tout au Vietnam, et encore moins à l'histoire de ce pays. J'avais peur de m'ennuyer ou de ne rien comprendre (ce fut le cas à certains moments...), autant vous dire que je ne regrette ABSOLUMENT pas d'avoir lu ce bouquin.

On suit Khanh et Tiên (un père et sa fille) dans leur voyage sur un bateau de pêche, avec pour espoir d'atteindre les Etats-Unis.
Durant leur voyage, il nous conte, chacun à leur manière, leur histoire, leurs souvenirs, ou encore leur vision de ce voyage.

Khanh, le père, a connu le Vietnam dans ses pires moments, et on verra qu'il a contribué à la chute de son pays vers on ne sait (plus) quel régime. Il nous explique sa technique pour entretenir ou préserver sa mémoire : Douze Palais. Chaque palais - par exemple celui de la Fratrie ou encore de la Finance en passant par celui des Amis - est associé à des évènements, des souvenirs, des images précises de sa vie. Et c'est à travers ces palais, qu'il nous raconte son histoire.

A côté de lui, il y a Tiên, sa petite-fille de 6 ans, qui voit le monde de la manière la plus innocente possible, et par cette vision du monde enfantine, cette petite-fille va nous toucher.
Son récit à elle permet d'alléger la lourdeur d'une histoire pas forcément simple, et cela fait du bien.

En conclusion, c'est une histoire étonnement touchante qui va nous tenir en haleine du début à la fin. Bien qu'il n'y ai pas beaucoup de "péripéties" sur ce bateau, on s'attache très facilement aux personnages, que ce soit le père et sa fille, ou encore à Quan, Tai, et Lao Si, ou plus surprenant encore, aux personnes que l'on ne rencontre qu'à travers le récit des deux protagonistes.

BREFFFFF, C'est vraiment un super bouquin, émouvant et touchant, que je conseille à 100%.
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Ce roman est une très belle découverte.

Khanh, mathématicien, fuit le Vietnam avec sa fille Tiên, âgée de six ans. Ils prennent la mer sur un bateau de pêche après avoir monnayé leur traversée.

Khanh a une mémoire prodigieuse, il a configuré sa mémoire en douze palais : finances, fratrie, amour, enfants, carrière et ainsi de suite.

Ce roman est une magnifique ode à l'amour entre Khanh et sa femme mais aussi entre un père et sa fille. Il est prêt à tout pour elle. Sur fond de guerre civile et d'un pays qui connaîtra de nombreuses mutations économiques et sociales, Anna Moï nous narre le destin d'une famille et ce qui a pu les pousser à fuir.

La narration alterne les points de vue de Tiên et de Khanh. L'auteure joue avec le français. La petite fille se trompe dans l'utilisation de certains mots, les écorchent...Elle crée des images saisissantes. de nombreux flashbacks nous aident à reconstituer leur histoire familiale.

On va de révélations en révélations, il y a de nombreux rebondissements, ce qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin incroyable et inimaginable.
Lien : https://labullederealita.wor..
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A une date incertaine (même si l'on devine aisément l'avènement de la dictature rouge), dans un lieu incertain (fictif, ou indéterminé), Khanh et sa fille Tiën, fuient leur pays sur un petit bateau de pêche avec pour seuls compagnie un père et son fils, et un chien.
« Partir pour renaître ailleurs » Il faut que la vie soit devenue trop difficile, trop douloureuse, trop périlleuse pour tout laisser derrière soi : une terre, la mémoire d'une épouse adorée disparue trop tôt dans des circonstances tragiques dévoilées dans les dernières pages du livre, une situation professionnelle (quoique de plus en plus compromise), un certain statut social qui va lui échapper et qui sera sa perte d'une certaine façon….
Dans ce dialogue à deux voix qui se succèdent, il est question de souvenirs du point de vue du père, et de la situation présente du point de vue de la fillette.
Khanh, qui est mathématicien, et également astrologue, utilise la symbolique des palais de mémoire pour se souvenir, mais surtout pour emmagasiner au maximum lorsque l'on laisse tout derrière soi. Son propos est grave, dur, violent parfois, sans concession. Et pourtant, l'espoir pointe au milieu d'un champ de ruines.
« Je pense sans mélancolie au pays que j'ai quitté. Quand le régime en place aura fini d'affamer son peuple, un jour nouveau se lèvera, et je pourrai revenir. »
Un espoir douché par un triste constat. « Il n'y a aucun espoir de retour dans le pays magnifique de l'amour. »
A contrario, Tiên s'en tient au ressenti du moment, à l'évocation enjolivée de l'aventure maritime qu'elle vit avec son père et les quelques passagers du bateau. Elle y met une forme de poésie, et de candeur qui tranche radicalement avec l'objectivité sans filtre de son père.
J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre, et surtout la relecture de certains passages qui se révèlent tardivement.
J'ai aimé la dualité du propos, l'antagonisme de de deux personnages confrontés à une même réalité, mais ne l'appréhendant pas de la même manière.
Je relirai volontiers cette auteure.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Avant j'avais une mouche de compagnie qui sert à rien non plus. Tai (le Tai d'avant) m'a demandé :
- C'est quoi une mouche de compagnie ?
- C'est un animal de compagnie comme n'importe quel animal de compagnie.
Après il a plus tiqué. Il m'a même aidée à faire à ma mouche de compagnie une maison dans un bocal avec des feuilles mortes comme matelas puis il a collé au fond deux capsules qui sont des bols à soupe pour mouche. On a mis la mouche dedans avec un couvercle avec des trous pour les pailles et tous les jours je met un peu d'eau sucrée dans une seringue sans aiguille. C'est pas cher à nourrir comme animal de compagnie même quand je lui donne un grain de raisin sec parfois pour qu'elle ait du fer comme dit Nôi, Tout le monde a besoin de fer sans ça ta mouche sera anémiée. Je l'ai appelée Musica la mouche qui fait des bzzzzz sauf la nuit quand elle est sur son lit de feuilles. Je la trimbalais partout dans son bocal pas comme le chien de Mme Hiên et pas comme un chien qu'on peut caresser mais je l'aimais beaucoup ma mouche.
Elle me manque.

(citation originale du livre, elle était tel quelle)
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"Les portes de mon palais de la fratrie sont si rarement ouvertes qu'elles en sont rouillés. Dans ma vision ce palais est une succession de géoles des deux côtés d'un couloir équipé de portes métalliques. Je les entrebaille pour répondre à une question de Quan, mais ensuite je les condamnerai à perpétuité, ce qui n'est pas très difficile car leur accès a toujours été restreint. En me débarrassant de ce palais sterile, je libérerai de la place pour mes nouveaux souvenirs."
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"La colère me fracasse le corps tout entier. Le lance-flamme du soleil m'amène à l'ébullition et fait éclater quelque chose qui me perce le crâne. Des tessons me lassèrent, le sang vrombit sous mes tempes."
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"Les mouettes se sont toutes envolées. La masse compacte et happée en trois minutes par quelque aspirateur géant caché dans les nuages. Nous, nous sommes aspirés ma fille et moi. De fait il n'y a pas de vent ni aucun souffle divin. Au contraire, après le départ des mouettes, le paysage se fige dans une inertie totale. Le silence est absolu. Un silence de pré-apocalypse. "
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"Dans une autre vie j'aurais pu aimer cette mer indigo cette aube du nuages écartelés et d'orange fondues que d'autres qualifient de paradisiaques mais dans mon état d'esprit actuel tout est escroquerie le paysage y compris. Une heure plus tard il ne restera rien de ce mirage toutes les couleurs seront atomisées et fondues dans un gris d'aluminium."
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