J'ai découvert l'existence de la BD de
Julie Maroh lorsque le film d'
Abdellatif Kechiche est sorti. Bien qu'imparfait, j'avais été touchée par le film et je me suis enfin décidée à lire l'histoire originale.
Je sors de ma lecture quelque peu décontenancée. Pas parce que les deux histoires sont sensiblement différentes - je savais que l'adaptation était très libre - mais parce que je m'attendais à une histoire beaucoup plus accomplie.
Ou du moins, pas aussi sucrée. de nombreuses critiques (presses, blogs et sur Babelio) disaient qu'il n'y avait pas de pathos dans cette BD. J'ai l'impression que je n'ai pas lu le même bouquin.
Parce que tout, mais absolument tout, est fait pour nous faire chialer. Dès le départ, on sait que Clémentine est morte. Comme ça tous ses déboires nous touchent quinze fois plus.
L'annonce de sa prochaine mort est un tire-larmes terrible, sa mort est un tire-larmes terrible, son chagrin est un tire-larmes terrible, toutes les déclarations d'amour sont des tire-larmes terribles. Cette BD est un tire-larmes terrible.
Tout ceci, je trouve, manque de subtilité. C'est beaucoup trop cucul à mon goût. J'aime les élans, les embrasements mais pas la guimauve.
Et je n'ai pas totalement adhéré parce que les dialogues sont trop mal écrits. Ils sont rédigés dans un français approximatifs et ils sont bourrés de fautes d'orthographe, de syntaxe et de conjugaison. Comme dans toutes bonnes maisons d'édition qui se respectent de nos jours, il n'y a probablement pas de relecteur chez Glénat.
On peut me taxer de «grammar nazi» mais je vous assure que ça m'a empêchée d'entrer totalement dans l'histoire.
Cependant, j'ai tout de même apprécié plusieurs choses. À commencer par le graphisme, sobre mais efficace.
Ensuite, ce bouquin est un grand cri d'amour à la liberté. Liberté de vivre sa vie comme on l'entend, liberté d'aimer qui l'on veut, liberté d'être soi.
J'ai également aimé la sensualité des scènes d'amour - scènes beaucoup plus belles que celles du film (en même temps, peut-on faire pire ?).
Et puis, malgré ses petits défauts, cette BD a réussi à me toucher. J'ai envie de prendre une pancarte et d'assommer les gens de la Manif pour Tous. Je n'arrive pas à croire qu'il y ait encore des gens qui jugent les autres en fonction de leur sexualité ou de leur croyance.
Ce retour de lecture est terriblement embrouillé, j'en ai conscience. C'est une espèce de «je n'aime pas mais j'aime quand même».
Une chose est sûre, ce bouquin ne m'a pas laissée indifférente et je m'en souviendrai longtemps.