Nicole Malinconi évoque sa mère avec une simplicité de style qui, paradoxalement peut-être, donne à son texte une force émotionnelle d'une efficacité remarquable. Une fois encore, je suis ravi de mettre en évidence un écrivain belge et de vous recommander ce petit livre avec un grand enthousiasme.
«
Nous deux » a valu le prix Rossel à son auteure en 1993. En Belgique, cette récompense est à coup sûr la reconnaissance d'un talent, une incitation à ajouter un livre sur sa pile que l'on ne doit pas négliger, même si la pile est haute. En recevant son prix,
Nicole Malinconi a déclaré: « Il ne me reste qu'à rentrer chez moi et continuer à écrire ». La simplicité de cette petite phrase est en parfaite harmonie avec son texte.
En effet, c'est la simplicité qui donne toute sa force à ce texte.
Nicole Malinconi y rend hommage à sa mère en évoquant la fin de sa vie, où l'esprit de la vieille dame s'éloignait inéluctablement de la réalité, mais aussi en brossant une collection de petits tableaux dépeignant des gestes de la vie de tous les jours, des réflexions, des habitudes. Je dirais qu'elle décrit sa mère avec les mots de sa mère. Les mots d'une personne de son temps, qui a vécu une vie pleine, probablement sans avoir eu l'occasion de passer beaucoup de temps sur les bancs de l'école. Les phrases sont courtes. Pas de pathos, pas de débordement, pas d'effet manche, juste les gens comme ils sont, naturels, sans fard.
On lit «
Nous deux » avec le même plaisir que celui de regarder des petites photos noir et blanc à bords cannelés entassées dans une vieille boîte à biscuits. On en tire plus d'émotion qu'à contempler un beau portrait d'artiste.
Nicole Malinconi rapporte qu'elle doit son goût pour l'écriture à
Marguerite Duras qui en retour n'a pas manqué de saluer son travail.
Découvrez donc ce splendide morceau de littérature belge. Quant à moi, j'ajoute sur ma pile «
Da solo », que
Nicole Malinconi consacre cette fois au père.