Argent noir

Parmi tous les personnages récurrents du polar, j'ai un faible pour Lew Archer, le privé de Ross MacDonald. Et dans Argent noir, le dernier opus de la série republié par Gallmeister et traduit par Jacques Mailhos, c'est probablement lui l'intérêt principal du livre.

Car côté histoire, c'est plutôt alambiqué et convenu cette enquête dans les faubourgs de L.A. sur les traces d'un escroc français de haut vol, séducteur de jeune fille en manque d'amour et d'aventure, qui secoue le microcosme bourgeois local au point de réveiller les vieux dossiers patiemment enfouis dans un oubli qui arrange – presque – tout le monde.

Ça se laisse lire sans souci et c'est même plutôt plaisant, mais ça ne révolutionne pas le genre et on aura connu MacDonald plus inspiré, comme dans La Côte barbare ou L'Affaire Galton.

Archer s'y montre en revanche plus touchant que jamais. Délaissant la castagne et les méthodes habituelles du genre, c'est par ses réelles qualités empathiques envers les différents protagonistes et dans sa finesse d'approche qu'il détricote patiemment la belle histoire que l'on veut lui raconter.

Il apparaît ainsi sous un jour différent, capable de s'adapter à cette moyenne bourgeoisie californienne qu'il faut faussement câliner plus que violenter. Et ça change. Et ça séduit. Et ça donne envie de se replonger dans le prochain.

Selon Descartes, quelle glande était le siège de l'âme humaine ? Voici une des cinq questions "auxquelles seul un français cultivé pourrait répondre..." que le professeur Tappinger a préparé pour Lew Archer, afin que ce dernier puisse confondre Francis Martel, cible de l'enquête lui ayant été confiée (en passant, j'ai échoué à ce test, je ne serais donc pas un français cultivé... quelle déception !). Ce Francis Marcel, qui a séduit la jeune et jolie Ginny Fablon, est-il ce qu'il prétend être ou juste un imposteur et un escroc ?

Les ingrédients habituels des enquêtes d'Archer sont à nouveau réunis ici, citons notamment : des familles plutôt aisées d'apparence honorable, mais cachant de lourds secrets ; de l'argent ; des personnages ambivalents, oeuvrant aux limites de la légalité ; quelques tragiques décès ; le chaud soleil californien. Ce récit parfaitement mené date de 1965, mais demeure d'une grande modernité. Un régal, comme toujours avec Ross MacDonald.

Un jeune homme éconduit fait appel à Lew Archer. Il lui demande d'enquêter sur un mystérieux Francis Martel. Ce Francis Martel fréquente l'ex-fiancée du jeune homme et celui-ci s'inquiète pour elle.
En effet, Francis Martel se présente comme un réfugié politique, mais son histoire semble douteuse et il serait peut-être un imposteur, voire un homme dangereux.
Lew Archer mène son enquête, mais elle s'annonce plus corsée que prévu avec des décès et des agressions.

Une fois de plus, Ross Macdonald nous entraîne dans une belle enquête. Direction Montevista, petite ville huppée de Californie.
L'enquête est bien menée, dans une atmosphère vintage (écrite en 1965), bourgeoise et feutrée. L'intrigue est assez complexe, les personnages intéressants avec le côté psychologique bien mis en valeur.
Ce n'est peut-être pas l'enquête de Lew Archer la plus dynamique, mais elle est tout de même bien agréable à lire.

Nouvelle traduction de Black Money, déjà paru en 1972 sous le titre Mon semblable mon frère. Ce qui est embêtant avec ces nouvelles éditions, c'est quand on se surprend à acheter un livre qu'on a déjà. Surtout que Gallmeister se garde bien de mentionner la précédente traduction.
Bref. On retrouve avec plaisir Lew Archer, son flegme et ses réparties. Macdonald s'est plongé dans la culture et la politique françaises pour bâtir un personnage d'imposteur crédible. L'action est très ramassée, il y a beaucoup de personnages et ils parlent d'abondance à notre détective. Mais finalement on s'étonne de n'accorder que peu d'intérêt à un dénouement qui suit une intrigue un peu paresseuse. Il faut dire que Lew Archer passe beaucoup de temps à recueillir les confidences de femmes au foyer désespérées et insatisfaites. Une hôtesse d'accueil deux fois divorcée. Une veuve fauchée et alcoolique. Une mère de famille mal mariée à un homme qu'elle appelle papa. Une manipulatrice cupide. Une femme de médecin vieillissante et jalouse. Une jeune beauté manipulée. Archer réussit à ne pas s'y perdre et parvient de justesse à préserver sa vertu. Quant au lecteur, il est un peu déçu, malgré tout, en refermant ce roman.