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Sophie Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782869304123
405 pages
Payot et Rivages (01/11/1990)
3.82/5   317 notes
Résumé :
"Véritable chronique de mœurs, roman policier, comédie baroque, La Vérité sur Lorin Jones est un miroir tendu à toute une génération de femmes qui jonglent avec le féminisme, le militantisme, les grands principes et les grands sentiments."
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Qui est donc cette Lorin Jones au sujet de laquelle Polly Alter veut écrire une biographie et rétablir la vérité ?
Polly est une femme divorcée, mère d'un adolescent de 14 ans, qui navigue dans le milieu des féministes sans trop savoir où se situer.
Ancienne peintre ayant renoncé à ses ambitions artistiques lorsqu'elle a découvert les toiles de Lorin Jones, elle vient d'obtenir une bourse lui permettant d'écrire la biographie de cette fameuse Lorin Jones, une peintre décédée, dont on sait finalement peu de choses.
Parcourant les Etats-Unis afin de recueillir les témoignages de divers proches de Lorin, des connaissances, d'anciens amis et des professionnels du monde artistique, elle va peu à peu découvrir que la vérité n'existe pas de façon absolue et qu'une personne peut dévoiler de nombreuses facettes contradictoires.
Doit-elle s'accrocher de toutes ses forces à l'idée qu'elle se faisait de cette peintre talentueuse ou accepter que la personnalité de cette femme qui était aussi une fille, une soeur, une amante et une artiste puisse ne pas correspondre du tout à ce qu'elle s'imaginait ?
Une jolie réflexion sur ce qu'est un artiste, sur son travail, sa personnalité, sur la façon dont on regarde une oeuvre en l'associant ou non à la vie menée par la personne.
Une oeuvre est-elle encore plus belle si l'artiste semble avoir eu une personnalité attachante, douce, généreuse ou l'oeuvre n'existe t'elle que pour elle-même ?
Le travail du biographe consiste-il à simplement compiler les données assemblées ou à mettre en avant une partie de la vie d'une personne ?
Le travail de recherche et de collecte de témoignages de Polly Alter se lit comme une enquête policière, avec des indices qui surgissent de façon inattendue, des révélations soudaines, des fausses pistes à explorer.
J'ai beaucoup aimé relire ce roman une quinzaine d'années après ma première lecture, l'écriture d'Alison Lurie étant toujours aussi incisive et sarcastique.
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C'est au départ armée contre les hommes (séparée de son mari et déçue par ses aventures amoureuses) que Polly Alter entreprend d'écrire la biographie de Lorin Jones, artiste peintre reconnue tardivement et disparue depuis. Cette artiste, selon elle, c'est sûr, a été la proie du sexe mâle. Cette recherche la passionne d'autant que la vie de cette dernière résonne de façon bien personnelle avec la sienne. Mais au fur et à mesure que son enquête et ses interviews avancent, elle s'aperçoit que le portrait qu'elle dresse n'est pas aussi net qu'elle le croyait au départ. Des zones d'ombre aux contours flous lui posent moult questions sur l'artiste et sur elle-même.

A travers ce roman, l'auteure dessine le portrait d'une génération de femmes revendiquant leur choix de vie, travail, famille et sexualité mais surtout sans hommes. Choix qu'elles revendiquent ou acceptent tant bien que mal selon les circonstances. C'est aussi un roman qui parle de New-York et de ses galeries d'art, du monde interlope qui le dirige. Et enfin, c'est surtout une satire sur les enquêteurs biographes, influencés par leurs propres regards.

Ce n'est pas un roman qui m'a plu dans sa globalité. Je l'ai trouvé plutôt verbeux et très versé dans l'esprit anti-mâle. Non pas que ce parti pris de l'histoire ne soit inintéressant mais il est très pesant et en devient lourd. Chaque face à face entre un homme et une femme est marqué instantanément par la défiance féminine et ce sur le même schéma. de plus, l'amitié entre Polly et son amie lesbienne est caricaturale au possible.
Par contre, j'ai apprécié la construction du roman en deux parties qui s'alternent tout au long de l'histoire et qui met en corrélation l'avancée de la biographie de Lorin Jones et la réflexion sur la propre vie de Polly Alter.

La vérité sur Lorin Jones ? Un titre bien trompeur !
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J'avais lu Liaisons étrangères il y a quelques années et j'ai retrouvé avec plaisir cette auteure américaine récemment décédée.

Polly Alter travaille dans un musée, elle voulait devenir peintre dans sa jeunesse, mais lors de son voyage de noces, en 1970, elle voit un tableau de Lorin Jones dans la pension où ils séjournent et elle comprend que Lorin a déjà peint tout ce qu'elle aimerait peindre elle-même, ce qui la fait renoncer à son rêve. Quinze ans plus tard, elle organise des expositions et désire écrire une biographie de Lorin, elle vient de se séparer de Jim, un scientifique qui a reçu une offre très intéressante d'un laboratoire de Denver. Elle aime trop New York et le milieu artistique pour aller s'enterrer dans le Colorado, son mari peut tout accepter d'elle mais pas de refuser ce poste passionnant, ce qui les mène à divorcer. Son fils Stevie vit pour le moment avec elle et elle veille à lui donner une éducation féministe. Elle pensait que Jim était un homme parfait et non machiste, mais il a refusé de lui sacrifier sa carrière de chercheur, il ne vaut donc pas mieux que les autres. Il faut dire que Polly est féministe jusqu'à la caricature. le musée accepte de lui offrir une bourse pour son projet. Elle va enfin pouvoir faire éclater la vérité sur Lorin, une artiste formidable, victime des hommes cruels et manipulateurs de son entourage qui l'ont empêchée de développer tout son potentiel. C'est du moins son point de vue de départ, encouragé par son amie Jeanne, encore plus féministe si c'est possible et lesbienne, qui vient squatter son appartement, puis son lit alors que Polly envoie son fils dans le Colorado pour l'été.

Polly est obsédée par Lorin, elle se sent hantée, elle a l'impression que leurs deux vies sont étroitement imbriquées, elles ont tant de points communs, mais heureusement elle va lui rendre justice. Elle connaît déjà les coupables, il y a Jacky, le marchand d'art, Lennie son demi-frère, Garrett son premier mari et puissant critique, sans oublier Hugh son amant qui l'a abandonnée et laissée mourir de manière misérable en Floride. Elle est bien décidée à dévoiler leur côté immonde et les violences symboliques qu'ils ont fait subir à cette femme. Jeanne la conforte dans sa vision, alors que Polly rencontre les différentes personnes qui ont connu Lorin pour les interroger. La vie privée de Polly est aussi extrêmement compliquée, car Betsy, l'amante de Jeanne quitte son mari et vient les rejoindre à son grand déplaisir.

Au fur et à mesure de son enquête, Polly découvrira une autre vérité, y a t'il d'ailleurs UNE vérité ? Qui a raison et qui a tort ? Comment rendre compte de la vie de Lorin ? Au cours de sa quête c'est surtout elle-même qu'elle retrouvera. Elle n'est pas Lorin et elle doit tracer sa propre voie et surtout retrouver la vraie liberté, car finalement elle laisse les autres décider pour elle, malgré sa croyance d'être une femme forte.

Ce roman est très bien écrit, plusieurs personnes le comparent à un thriller psychologique, mais je ne trouve pas qu'il s'apparente aux mauvais genres, même si Polly y mène une enquête. C'est plutôt un roman existentiel qui montre comment une personne peut être victime avant tout de ses préjugés et du chemin qui lui permettra de retrouver la liberté et le bonheur. Il y a beaucoup d'humour. Les milieux féministes et artistiques de New York, dans les années soixante ou quatre-vingts sont dépeints sans aménité, mais finalement les hommes ne sont pas toujours les bourreaux que Polly veut voir.

Un magnifique roman sur l'être et le paraître, les préjugés et le chemin vers une vraie liberté, loin des carcans idéologiques du moment.

Lien : https://patpolar48361071.wor..
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The Truth about Lorin Jones
Traduction : Sophie Mayoux

Si vous ne deviez lire qu'un seul Lurie, c'est celui-ci, je crois, que je vous recommanderais.
La romancière y prend pour héroïne Polly Alter (les latinistes apprécieront son nom qui annonce d'ores et déjà la couleur), mère divorcée qui redoute de voir son fils, Stevie, décider, à l'adolescence, d'emménager définitivement chez son père. C'est que, en ce début des années soixante-dix qui voient s'affirmer outre-Atlantique une revendication féministe un peu trop virulente, Polly, en dépit de ce qu'elle affirme en public, notamment auprès de ses relations lesbiennes et à sa meilleure amie, Jeanne, lesbienne elle aussi, Polly n'est absolument pas sûre d'elle-même et encore moins du bien-fondé de l'existence qu'elle a choisie.
Au départ, Polly voulait peindre. Malheureusement, le lendemain même de son mariage, elle tomba, à l'hôtel, sur une toile merveilleuse, signée Lorin Jones, et qui la découragea définitivement. C'est qu'elle voyait là, sur cette toile, tout ce qu'elle-même rêvait de produire, un mélange d'abstrait et de pré-raphaélite tout à fait hors du commun. du coup, Polly abandonna et devint chroniqueuse et agent pour les galeries d'art.
Après toutes ses années, on vient justement de lui demander de rédiger la biographie de cette Lorin Jones, décédée à la fin des sixties. Emballée - elle se sent tant d'affinités avec Lorin - Polly accepte, persuadée, tant par son expérience personnelle que par l'atmosphère ambiante, que Lorin est morte victime des hommes. Polly tient d'ailleurs prête sa liste de coupables potentiels à interviewer :
1) le marchand de Lorin, Paolo Carducci ;
2) le demi-frère de Lorin, Leonard Zimmern ;
3) l'ex-mari de Lorin, le critique d'art Garrett Jones
4) et enfin l'amant de Lorin, qui l'enleva à son mari : Hugh Cameron.
Elle se met donc en quête ...
Vous raconter le reste serait dévoiler l'intrigue - et ce serait surtout vous priver d'une grande source de plaisir. Car "La Vérité sur Lorin Jones" est un petit chef-d'oeuvre d'acidité, de tendresse et d'humour qui nous donne en outre une leçon de sagesse : rien n'est jamais si beau, si bon ... ni si laid, si pourri qu'on le croit. Tout cela doublé d'une réflexion féroce sur les excès du féminisme.
A emporter cet été, sur la plage, par exemple. Vous devriez passer un sacré bon moment. ;o)
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Dans les six premiers d'Alison Lurie, les femmes, fidèles ou infidèles, aiment les hommes. Dans le septième, " liaisons étrangères", l'héroïne de 54 ans ne se fait plus aucune illusion sur eux mais en attend encore un peu de plaisir, de la tendresse et une compagnie agréable pour contrarier sa solitude.
Dans ce huitième roman le féminisme fait passer les hommes à la trappe. L'héroïne de 39 ans, déçue par son père, par son mari, se tourne vers les femmes et cohabite avec une lesbienne qui affiche son hostilité à la gente masculine et la convertit presque à ses idées. Amusant de voir l'évolution de la place des hommes au fil des romans.
Heureusement, l'éclaircie se dessine à la fin, on sent le retour en grâce de l'hétérosexualité. le sectarisme n'a pas sa place chez Alison Lurie.

Polly Alter, 39 ans, divorcée, un fils de 12 ans, prépare une biographie sur la célèbre peintre Lorin Jones décédée à 43 ans. Pour cela elle rencontre ceux qui l'ont connue et fréquentée : son ancien conjoint, son dernier petit ami, son ancien professeur, le directeur de galerie, ses amies, les membres de sa famille, etc. Au fil des témoignages complémentaires et parfois contradictoires la vérité se précise sur la personnalité de Lorin Jones et les responsabilités de chacun dans son destin tragique. le lecteur suit l'enquête avec intérêt, le suspense est entretenu jusqu'à la fin, toute la construction est une réussite.

Parallèlement à l'enquête on accompagne Polly Alter dans ses soucis existentiels. Sur ce volet du roman je suis beaucoup plus réservé.

Toute l'intrigue du roman repose sur la colère de Polly ressentie à l'égard des hommes en général qui justifie sa nouvelle orientation vers les femmes.

D'abord je n'ai pas trop compris l'énorme colère ressentie par Polly à l'égard de son père qui n'est pas un si mauvais bougre que ça. Je trouve que c'est mal expliqué.
J'ai trouvé également insuffisant le motif de divorce entre Polly et son mari. le mari refuse de renoncer à une opportunité de carrière, elle refuse de le suivre pour préserver également sa vie professionnelle et ses projets, donc ils se séparent. C'est un peu court pour justifier une rupture, sauf à y ajouter d'autres motifs.
Ce point de départ bancal justifie donc que Polly se détourne des hommes , se rapproche de Jeanne, lesbienne. Elle l'héberge dans son appartement, finit par héberger le couple lesbien formé par Jeanne et Betsy. Polly se déclare bientôt lesbienne, alors qu'on n'y croit pas une seconde. Tout au plus Jeanne est-elle une amie intime qui la réconforte dans une période de doutes. Elle sait qu'elle n'est pas lesbienne, on le sait.

Ensuite, le couple Jeanne-Betsy est particulièrement agaçant. Elle squattent l'appartement de Polly et deviennent grossièrement envahissantes. La cohabitation donne lieu à des dialogues infantiles parfois proches de la caricature. Il faudra attendre la fin du roman pour que tout se clarifie mais cela aura été bien long.
Au final, je pense que le féminisme proposé par Alison Lurie relève plus de la dénonciation et de la caricature que du plébiscite.

Autre motif d'agacement, la tendance de Poly à se lamenter sur son sort, à se projeter dans un futur forcément négatif pour elle, à extrapoler à outrance selon des scénarios plus ou moins improbables. Alors qu'elle a réussi professionnellement, est talentueuse, intelligente, belle, courtisée des hommes et des femmes, etc.

Heureusement, Polly retrouve ses esprits et son bon sens à la fin du roman et permet de préserver l'idée que tous les hommes ne sont pas à jeter.

Donc, pour moi un excellent roman pour la partie enquête, des faiblesses sur le volet affectif et la construction psychologique du personnage principal. Cela reste un bon roman agréable à lire.


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critiques presse (1)
SudOuestPresse
31 mai 2021
« La Vérité sur Lorin Jones » date de 1988 et n’a pas pris une ride.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
S’il fallait à tout prix être amoureuse, avec tous les problèmes, toute la déraison que cela impliquait, peut-être valait-il mieux être amoureuse d’un mort ou d’une morte. En aimant une personne morte, on ne risquait pas de subir de blessures sentimentales ; quelqu’un de mort n’allait pas vous critiquer, vous trahir, vous quitter. Et on ne risquait pas non plus de lui faire du mal ; il n’y avait donc pas de culpabilité.
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Polly Alter aimait bien les hommes mais elle avait cessé de leur accorder la moindre confiance et n'avait plus guère affaire à eux. Le mois passé, à l'occasion de son trente-neuvième anniversaire, elle s'était aperçue brusquement que sans jamais avoir cherché ce résultat de façon délibérée, elle ne voyait plus que des femmes. Médecin, dentiste, comptable, thérapeute, "banquière" : dans sa vie, toutes ces professions se mettaient désormais au féminin. Et c'était aussi à des femmes que l'unissaient les liens d'amitié les plus étroits. Elle faisait ses courses dans des magasins tenus par des femmes, où elle était servie par des femmes, et lorsque que sa doctoresse lui prescrivait des médicaments, elle allait les chercher au coin de Broadway et de la 87ᵉ Rue, chez une pharmacienne, malgré le détour que cela lui imposait. Il lui arrivait de ne pas parler à un homme adulte pendant plusieurs jours d'affilée.
Quand son mari était parti, dix-huit mois plus tôt, Polly n'avait pas imaginé que sa vie prendrait cette tournure.
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Par un après-midi nuageux, encrassé de neige, une semaine avant Thanksgiving, Polly Alter entra dans son salon, les pieds mouillés, les cheveux humides, emmêlés par le vent, portant un lourd paquet plat enveloppé de papier kraft qu'elle posa délicatement sur le divan. Elle se débarrassa de ses bottes et de son manteau trempé, qu'elle jeta dans le placard de l'entrée. Puis elle déballa le paquet, d'où elle tira la gouache de Lorin Jones, l'étang de Truro, maintenant marouflée et encadrée par un professionnel. Elle dégagea le dessus de la cheminée, d'où elle e,leva quelques bougeoirs de cuivre cabossés et les bégonias rampants de Jeanne pour y poser la peinture. Elle recula et se plaça en plein devant, espérant une sorte de miracle.
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Polly avait lu peu de temps auparavant qu’après un divorce, le niveau de vie de l’homme s’élevait en moyenne de soixante dix pour cent, tandis que celui de la femme baissait de moitié.
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"Malheureusement, rien ne prouvait que ceux qui se mordraient les doigts ne sortiraient pas aussi leurs griffes."
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