« -Tu sais ce que je crois ? -Non... -Je pense que le monde ne nous mérite pas ! A nous deux, c'est bien simple, on fait trembler les puissants, et on relance l'économie ! Et encore, on n'est pas chauds, il est même pas onze heures ! -Et Mimile n'est même pas là ! » Quel plaisir de retrouver nos trois seniors pour de nouvelles aventures ! Après Pierrot et Antoine, c'est au tour d'Émile de se voir consacrer quelques flash-back nous en dévoilant un peu plus sur son passé, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le retraité aura eu une vie bien mouvementée ! Au programme : l'océan Pacifique, une chasse au trésor, une histoire d'amour et d'amitié, une rencontre avec un requin et d'émouvantes retrouvailles. Pierrot poursuit pour sa part ses actions auprès du collectif « Ni yeux ni maîtres » qui se mobilise cette fois au sujet de la disparition alarmante des abeilles. Après les « attentats gériatriques » et autre « terrorisme situationnel », je vous laisse imaginer le genre d'interventions élaborées par les papys rebelles : du grand art ! Antoine se retrouve quand à lui confronté à une ancienne connaissance, la vieille Berthe, qu'il ne peut de toute évidence pas blairer et qui, pour une raison inconnue, a été ostracisée par le reste de la communauté il y a des années. Mais la situation n'est pas du tout du goût de Sophie et quand la jeune femme se met en colère, ça décoiffe !
Wilfrid Lupano fait encore une fois des merveilles, nous offrant une sacrée dose de bonne humeur et, par les temps qui courent, ça fait du bien ! Bien que sans doute moins subversif que les deux précédents albums, ce troisième tome comporte malgré tout son lot de répliques cinglantes et autres petites piques à destination de notre société capitalisme, de certains politiques ou encore de la police... et c'est toujours aussi hilarant (« Pfffiou ! Dis donc, parler à des flics, ça reste quand même le dernier grand vertige intellectuel. À nos âges on devrait être dispensés. »). L'album baigne une fois encore dans une ambiance chaleureuse : on s'est tellement attaché aux personnages au fil des tomes qu'on a presque l'impression de retrouver de vieux amis. Des amis bougons, têtus, rancuniers et tête-en-l'air mais des amis quand même. Les dialogues sont pour leur part toujours aussi savoureux et provoqueront certainement un paquet de fou-rire. L'humour est en effet omniprésent, qu'il soit lié au décalage de génération (« Notre vidéo a fait "la buse", sur Internet. C'est comme ça qu'on dit quand ça marche. ») ou plus généralement à la mauvaise foi ou la résignation des personnages (« Politiquement, ton grand-père, il dit que des âneries du matin au soir ! Alors l'hiver, encore, ça va, les journées sont courtes... »).
Un troisième tome dans la droite lignée des précédents : c'est bien écrit, bien illustré et surtout qu'est ce que c'est drôle ! La suite n'est sans doute pas pour tout de suite mais je l'attends avec impatience. A consommer sans aucune modération !