Sans savoir qu'ils sont à peine à 10 jours de l'Armistice, des soldats des premières tranchées, néanmoins dans l'attente de la fin de la guerre dont la rumeur devient de plus en plus réelle, attendent patiemment que ça se termine. Sauf que ça ne plaît pas au lieutenant Pradelle, qui veut ses médailles et fait ainsi tuer deux éclaireurs de son camp pour inciter ses troupes à lancer une dernière attaque vangeresque et ô combien sanglante. Mais le soldat Albert Maillard tombe sur les corps des deux victimes dans l'assaut et s'aperçoit de cette trahison. Pradelle fonce vers lui et le condamne à une mort certaine. Il ne faut pas de témoin gênant pour monter en grade...
Les prix littéraires, ça me fait généralement fuir. Je déteste me fondre dans la masse consumériste et être manipulée par ces récompenses assez politisées. Mais à force de fuir, je n'arrive plus à me justifier. Et quand je tombe dessus par pur hasard à la bibliothèque, ma raison me dit qu'une fois que je l'aurai lu, je pourrai enfin cracher dans une soupe dont je connais le goût.
Il faut reconnaître à cet ouvrage un bouquet de qualités :
1. c'est bien écrit, un style fluide et agréable ;
2. ce même style fluide et agréable reste grand public, pas besoin d'avoir fait l'ENA pour le suivre ;
3. l'intrigue est bonne, donne l'eau à la bouche, les 100 premières pages coup-de-poing sont à tomber par terre et vous promettent du 100% satisfait ;
4. l'aspect historique et le cadre du roman sont attrayants, forts, symboliques (on glorifie les morts mais on insulte les survivants, le commerce sur la mort...) ;
5. les personnages sont bien dessinés, intenses en émotions, pas du tout caricaturaux.
Alors quand coriandre, romarin, thym, ciboulette et Cie s'accordent dans la même tambouille, je comprends qu'on puisse s'emballer et crier au "meilleur livre de l'année'. Quand un seul livre offre tout ça à la fois, c'est déjà pas mal.
Sauf que voilà : passée cette première partie plus qu'appétissante et addictive, tout ralentit. Mais à un point tel, qu'on cherche encore cette petite saveur qui nous avait tant plu au départ mais qui a disparu, au profit de digressions et parfois même de répétitions lassantes et traînantes. le sujet reste alors intéressant, mais dès lors que nous quittons l'hôpital, le récit prend une tournure moins plaisante, avec beaucoup moins de suspense haletant.
Du coup que me reste-t-il de ce Goncourt ? Un bilan doux-amer, avec un livre au sujet puissant mais que la lenteur détruit assez vite, et ce 100% satisfait espéré qui s'envole en volutes de fumée par la fenêtre ouverte. Sans doute le parfum en attirera d'autres, mais j'ai pour ma part un sentiment toujours mitigé sur le système d'attribution des prix.
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