Un petit livre sans prétention qui rentre facilement dans un sac .Il se lit dans les embouteillages ,dans les salles d'attente.Et comme c'est si bien dit: a thing of beauty is a thing for ever.
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Depuis plusieurs mois, je cherchais à rencontrer la poésie. Plusieurs fois effleurée, presque tout le temps par hasard et donc sans idée générale de ce qu'elle est, mon but était de trouver une anthologie assez variée pour découvrir ce qui pourrait me toucher et entrevoir les premiers pas que j'allais faire dans cet univers nouveau. Après moultes recherches sur internet et en bouquinerie, c'est dans un magasin de déstockage que j'ai eu le plaisir de tomber sur cette première pépite. Quelques découvertes intéressantes mais pas de coups de coeur. Je pense être assez imperméable à la chose. Rien de bien triste pour autant : j'aurais essayé. Cela dit, petit bémol : aucune de mes recherches ne m'a conduit à une anthologie internationale de la poésie. C'est toujours du FRAN-CAIS... Chauvinisme mal placé ? Ignorance des autres cultures ? etc. ? Bref, peut être un autre monde à découvrir ? J'attends que le hasard ne me remette sur une piste...
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On a des bons avis sur cette énième petite anthologie de vieux poèmes français destinés aux jeunes, mais ce n'est pas moi qui vais me mettre à dire le contraire. Certains sont déjà connus, d'autres nagent dans l'anonymat, mais la plupart donnent envie de s'y mettre. Évidemment, le langage soutenu est en quantité importante, mais cette forte dose de vocabulaire ne fait que renforcer cette variété des techniques employées. On peut dire que l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur la poésie française se trouve là-dedans.
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Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère , et l'amour est amer,
L'on s'abîme en amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage,
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Recueil des vers de Pierre de Marbeuf, Rouen ,1628
Green
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous,
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve de chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Verlaine Romance sans paroles, "Aquarelles", 1866
Ô Bouteille,
Pleine toute
De mystères,
D'une oreille
Je t'écoule:
Ne diffère,
Et le mot profére
Auquel pend mon cœur
En la tant divine liqueur,
Qui est dedans tes flancs recluse,
Bac chaud, qui fut d'Inde vainqueur,
Tient toute vérité enclose.
François Rabelais (vers 1494-1553) Cinquième livre un des premiers calligrammes français
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud, Poésies, mars 1870.
Longtemps! Toujours! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde!
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir?
Les fleurs du mal, Spleen et Idéal 1857