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sur 10777 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
♫ Il a tourné sa vie dans tous les sens
Pour savoir si ça avait un sens, l'existence
Il a demandé leur avis à des tas de gens ravis
Ravis, ravis, de donner leur avis sur la vie
Il a traversé les vapeurs des derviches tourneurs
Des haschich fumeurs et il a dit
La vie ne vaut rien, rien, rien, la vie ne vaut rien♫
Alain Souchon - 2001 -

Une chanson qui évoque la brutalité et les difficultés dans la vie, mais malgré tout, l'importance de garder espoir dans la vie.

Ne pas tenter d'expliquer
Témoigner avec simplicité...
Ne retenir l'avis que de onze personnages
L'air ravi des visages
les ravis soeur dévisagent
les envahisseurs on l'envisage
un homme averti en vaut deux
déclencher protocole 42
Nous sommes nés de la mème mère, la même année, le même mois, le même jour et à la même heure. Pourtant nous ne sommes ni jumeaux, ni jumelles !!?
Pas de lumière collective même en additionnant nos obscurités individuelles !!
Rencontre du 2em type
Inquiétante etrangeté du double narcissique
convaincre tous ceux qui veulent bien l'être
qu'on est celui qu'on prétend être
"I am 1, U are 2, we are free"
L' improbable aux conséquences infinies
Le plus noir des scénarii , un memento mori
On obtient plus de choses en étant armé et poli
qu'en étant simplement poli !
Ça c'est Al Capone qui l'a dit.
Savoir une chose, ce n'est pas la vivre
Les vérités sont des illusions
notre vie qu'une pâle simulation...

Bien faire et laissez braire
j'en ris j'en parle je lis"braire"
Là c'est moi qui vous le dit
Qui dit "si mule à Sion", dit "Âne au Mali"
Une situation unique n'est pas vraiment dans un sens interdit
♪Là je dis Rien, rien, rien, Rien ne vaut la vie♪

stop Ou lipo, là je dis Chapeau !
Quand on a le marteau, tout ressemble à l'enclume
Heureux de vous décerner , Mr le Tellier,
ce 5* à titre anthume...💖💖💖💖💖
Merci à Masse critique
et aux Ed Gallimard pour ce pertinent hasard






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Quel roman original ! Roman policier, roman d'espionnage, roman d'amour, roman aux lisières de la science-fiction, L'anomalie est tout cela à la fois.
Hervé le Tellier nous présente tout d'abord une série de personnages, des personnages très singuliers, très typés et bien incarnés. Pour exemple, Il y a Blake, tueur à gages très méticuleux qui s'est construit deux vies, Slimboy, pop star nigérianne, homosexuel, Joanna Wasserman, avocate américaine, Sophia Kleffman une fillette inséparable de sa grenouille, Adrian Miller, probabiliste, Meredith Harper, topologiste, Lucie Bogaert, monteuse de cinéma et André Vannier, architecte ce couple français au bord de la rupture, David, atteint d'un cancer du pancréas, stade 4 et il y a aussi Victor Miesel, un traducteur, écrivain en mal de reconnaissance. À ces personnages s'en ajouteront d'autres, dont le commandant Markle, pilote du Boeing 787, d'Air France de la ligne Paris-New York, ce même avion qui s'est posé deux fois à 106 jours d'intervalle, en mars 2021 et en juin 2021 avec les mêmes passagers à bord ! Ce lien entre tous est bien sûr l'anomalie !
L'auteur a pris soin d'installer et de faire vivre chacun des personnages dans son propre univers et ainsi la différence de style permet au lecteur de reconnaître, à chaque fois qu'il passe d'un personnage à l'autre, dans quel univers il se trouve.
Il aborde avec un talent certain les questions politiques, les questions religieuses, les questions scientifiques soulevées face à une situation pareille, face à un tel évènement.
Ce livre se caractérise donc par une succession de styles, des ruptures de rythme nous permettant de passer du polar à l'intime en touchant aussi au social, à l'anticipation... et toujours de manière très rythmée, faisant penser à une série télé. La science est aussi bien présente. À aucun moment, on ne s'ennuie. C'est un thriller palpitant non dénué d'humour souvent caustique ainsi qu'un excellent roman psychologique que L'anomalie.
Cet ouvrage de légère anticipation (2021), à l'histoire incroyable est très jouissif et beaucoup plus profond qu'il ne paraît à première vue. Il nous amène à faire notre introspection, à regarder à l'intérieur de nous-même et à nous poser des questions de nature souvent philosophique et notamment celle-ci : qu'aurait pu être notre vie, si, à tel moment, nous n'avions pas choisi cette voie mais plutôt une autre.
J'ai trouvé également très intéressant le côté psychologique avec la confrontation des doubles, assez terrifiante si l'on y pense et pas si évidente que cela à mettre en scène et à analyser. et surtout c'est un bouquin, qui, en posant la question sur la réalité du monde, laisse relativement perplexe. Existons-nous vraiment ou sommes-nous des êtres virtuels ?
Un bon cru que l'anomalie, ce Prix Goncourt 2020 de Hervé le Tellier que j'ai eu le grand plaisir de rencontrer fin septembre aux Correspondances de Manosque!
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Le Vol Paris New-York, à force de tutoyer les nuages, bégaye dans un cumulonimbus à la mine scélérate. du coup, le même avion, avec son équipage et ses passagers atterrit…deux fois, à trois mois d'intervalle. Bis repetita et suicide de l'horloge parlante. Au quatrième top, il sera… j'en sais foutre rien !
La Communauté scientifique est mobilisée pour expliquer le phénomène. Chercheurs mais pas trouveurs, on siffle alors les spiritueux et les religieux à la rescousse. Prier n'est pas sauver. Cela se saurait. Les grands de ce monde naviguent à vue. Gouverner, c'est prévoir, il parait.
Faille spatio-temporelle, carrefour de dimensions, hoquet divin, complot de la CIA, virus chinois, effets secondaires de la 5G, chacun y va de sa petite hypothèse, moi y compris et seul l'auteur, Hervé le Tellier sait qu'il s'agit d'un tour de magie Oulipien.
Qui a dit qu'il n'y avait plus d'histoires originales à raconter ? Ce roman, c'est la victoire de l'imagination sur les blasés des mots. Italo Calvino et José Saramago seraient fiers du rejeton.
Parmi tous les passagers de l'avion dupliqué, le roman nous fait suivre une dizaine d'hommes et de femmes dédoublés. Cette polyphonie ne vire jamais à la cacophonie. L'auteur virtuose mène tout son petit monde à la baguette, y compris le lecteur couché dans son lit en train de grignoter de vieux Pépitos.
Au casting de ces naufragés de l'air, il y a un tueur à gages, une pop star, une avocate procédurière, un architecte en pleine crise de la soixantaine, une petite fille et sa mère violentées, un pilote condamné et le double du double de l'auteur, un peu d'attention svp, Victor Miesel, un écrivain qui vient de publier un best-seller qui s'intitule « L'Anomalie ».
Miesel sonne comme Musil, cela ne doit pas relever de la coïncidence, m'sieur le Tellier non ? Pourtant l'homme n'est pas sans qualité.
En trois mois, il peut s'en passer des choses, et ceux qui ont atterri avec un retard digne des records de la SNCF au moment des grands départs et des jamais arrivés, découvrent que le temps ne les a pas attendu et que leur vie a continué sans eux, la vilaine, pour un peu de meilleur et beaucoup de pire.
Hervé le Tellier, au fil de ses personnages et des caprices du destin, passe du polar à la romance, de la science-fiction à l'uchronie schizophrène, du drame psychologique à des réflexions sur la capacité à s'inventer une nouvelle vie et sur le temps qui trépasse.
Doutes, incompréhensions, incertitudes, autant de sensations réhabilitées par l'auteur dans une société qui exige certitudes et garanties pour les lendemains qui déchantent.
Quant au dénouement, l'écrivain ne trahit pas l'Oulipo et moi, je ne trahirai pas le secret de ce beau sac de noeuds.
Récit bien moins décousu que ma petite critique, ce roman ne volera pas le Goncourt s'il a la chance de l'obtenir d'ici peu, sauf téléportation des jurés au cinquième déconfinement, Mister Spock.
Attachez vos ceintures et appréciez ce savoureux looping romanesque.
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Tout commence comme dans un film catastrophe américain : présentation des personnages, très différents les uns des autres, avec des détails qui accrochent et initient chez le lecteur la curiosité d'en savoir plus. Alors se pose une première question : quel est le point commun qui les rassemble au coeur de cette fiction? Un simple orage, fut-il d'une violence inouïe, au cours d'un vol Paris New-York en mars 2021? Et pourquoi se font-ils cueillir les uns après les autres par différentes autorités gouvernementales? Autant de questions dont je ne dévoilerai pas la solution ici!

Mais sans cela comment parler du fond de ce roman étonnant, à mi chemin entre science et philosophie. Avec des questions fondamentales, des mises en abyme et des impasses logiques qui rendent nos méninges aussi déboussolées que ce boeing malmené? Tant pis, je me tais. Trop en dire serait un véritable divulgachage.

Par contre je peux sans arrière-pensée et avec bonheur louer la qualité de la narration, la richesse du langage et la maîtrise de différents niveaux de discours, qui fut celle des Papous dans la tête, que je regrette tant.

J'ai réellement adoré ce récit d'anticipation proche (même le COVID y est abordé - a-t-il fallu des corrections ultimes pour l'inclure ou le roman a t-il été écrit après que l'épidémie nous sidère dans un confinement que rien ne laissait attendre un an plus tôt?). Et j'ai aimé autant pour l'histoire qui suscite des réflexions passionnantes que pour l'écriture que j'admire.

A recommander sans modération.

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour ce partenariat très apprécié.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Au travers d'une fiction complètement incroyable, Hervé le Tellier que j'avais déjà apprécié dans Toutes les familles heureuses et rencontré à deux reprises lors des Correspondances de Manosque, réussit à poser les questions essentielles à notre existence tout en soulignant les travers, les impasses de notre société du XXIe siècle.
L'anomalie, roman dans le roman, avec ce Victor Miesel, écrivain qui, par moments, me fait penser à l'auteur lui-même, m'a lancé dans une histoire débutant par la présentation d'une galerie de onze personnages. Leurs destinées sont différentes, leurs occupations et leurs lieux de vie aussi. le premier, Blake, m'a beaucoup impressionné car j'ai cru être plongé dans un terrible polar. Puis, arrivent les autres, vivant en France, aux États-Unis, au Nigeria… jeunes, âgés, enfants même. Attention aux dates indiquées au début de chaque chapitre : l'auteur jongle entre mars et juin 2021.
Enfin il y a cet avion, vol Air France 006, Paris-New York, un Boeing 787 pris dans de terribles turbulences, du jamais vu, le 10 mars 2021. Retour en juin, avec la suite des présentations : une grande avocate, une pop star nigériane, un architecte français à Mumbai et on apprend que tous ces gens ont fait Paris-New York dans le même avion Air France 006 qui a bien atterri normalement à Kennedy Airport, en mars.
Ce qui m'intrigue le plus, en partageant la vie de ces personnes, c'est que toutes celles vivant au States sont embarquées par le FBI et que je n'en sais pas plus. En tout cas, le gouvernement étasunien mobilise toutes les têtes pensantes possibles, même les cadors des principales religions défendant chacun sa chapelle, becs et ongles. Il y a aussi Adrian et Meredith. L'un est probabiliste, l'autre topologiste et ils se retrouvent, comme beaucoup d'autres, à la McGuire Air Force Base, Trenton, New Jersey où, le second avion, rigoureusement identique au premier, avec exactement les mêmes personnes à bord, a été contraint d'atterrir.
Avec une virtuosité, un humour, une causticité et une réflexion très poussées, Hervé le Tellier conduit une histoire pleine de rebondissements et de surprises. Il varie les styles d'écriture, écrit même des chansons en anglais, des lettres, des courriels et pose la question essentielle sur la réalité de ce que nous vivons.
L'essor des techniques, les progrès fulgurants de certaines recherches réussissant à créer du vivant m'amènent à me demander ce qui est réel et ce qui ne l'est pas ou, en allant plus loin encore à savoir si ce que nous appelons réel, existe bien…
Lorsque, dans la troisième partie, chacun des principaux personnages est confronté à son double, l'histoire offre une diversité de réactions incroyables, des plus violentes aux plus belles. L'intégrisme religieux, avec ces baptistes prêts à tout pour applique à la lettre des textes dits sacrés qu'ils ne comprennent pas, est bien mis en scène.
Des drames familiaux sont aussi révélés. Certains en profitent pour changer de vie mais L'anomalie intrigue, questionne, fait réfléchir. Hervé le Tellier a amplement mérité un Prix Goncourt qui récompense un formidable roman non seulement sortant des sentiers battus mais posant des questions fondamentales.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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En général, je passe toujours a côté des romans primés. Mais quand j'ai vu que le Goncourt avait élu un livre mis dans la catégorie science fiction et dystopie, il ne m'en a pas fallut plus.

J'avoue avoir été un peu décontenancée au début. Déjà parce qu'il y a plethore de personnages, mais également parce que je ne m'attendais pas du tout a ce style d'écriture.

Un Goncourt accessible à tous, bien construit, sans oublier la touche d'humour.
C'est également une histoire palpitante et très intéressante.

Ah! Et puis c'est aussi les nombreux sujets traités. La réflexion que doit obligatoirement avoir le lecteur avec un tel livre.
Bref un roman dystopique avec une pointe de philosophie , un roman proche de nous. A lire absolument.

Des Goncourt comme ça, j'en veux bien tous les ans.
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Ça ne m'arrive pas souvent ! Quand un livre me surprend et m'enthousiasme, je le lis deux fois coup sur coup. Et à la deuxième lecture de L'Anomalie, j'ai découvert des détails qui m'avaient échappé et j'ai trouvé de quoi encore m'enthousiasmer. L'Anomalie est un livre dont on parle et je ne l'avais pas choisi par hasard. Sans en savoir plus, j'avais capté qu'il s'agissait d'une fiction sortant de l'ordinaire et que j'allais être secoué.

Secoué, je l'ai été, mais pas autant que les passagers d'un Boeing 787 assurant le 10 mars 2021 une liaison Paris – New York, pour le compte d'Air France.

Premier chapitre, portrait d'un tueur… Serais-je dans un polar ?... Ce ne sera pas la seule fausse piste, car l'auteur sait y faire pour promener son lecteur. Il s'agit en fait du premier tableau d'une galerie de portraits. Des personnages, tous différents, dont la complexité intime est exposée d'une manière qui éveille la curiosité. Parmi eux, un écrivain, dont on pourra penser qu'il est un double de l'auteur ; chacun, d'ailleurs, aura son double. Qu'est-ce qui peut bien les relier, ces personnages qui n'ont apparemment rien en commun ? Il est clair qu'ils étaient tous à bord de cet avion bousculé par des éléments déchaînés, dans lequel ils ont bien cru laisser leur peau…

Quel rapport avec le mystérieux protocole de sécurité nationale qui vient de se déclencher aux États-Unis ? Ce protocole portant le numéro 42 avait été élaboré vingt ans plus tôt dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, par un étudiant en mathématiques génial, facétieux et amateur de films SF, ressemblant de surcroît à un acteur hollywoodien, – mais lequel ? –. Un ensemble de dispositions administratives et militaires ayant pour finalité de réagir à une situation inattendue, je dirais même plus, inconcevable, au sens propre du terme : impossible à concevoir.

En cause, une anomalie, une divergence survenue lors du vol transatlantique du 10 mars 2021, très précisément à 16 heures, 26 minutes, 34 secondes. Un phénomène dont la compréhension et les conséquences vont nécessiter l'intervention de mathématiciens, de scientifiques, de religieux, de philosophes, de psychologues pour des débats de haut niveau… qui finiront par se diluer dans les commentaires de milliers de soi-disant experts de par le monde, comme nous avons pris l'habitude d'en voir au quotidien sur les médias et les réseaux sociaux.

Le roman est aussi captivant qu'un thriller. Au fil de la narration, très imaginative, qui fait tour à tour la part belle à l'humour, à l'émotion et à la tragédie, l'auteur a placé des indices subtils, que je n'ai parfois relevés que plus tard. La construction, précise et cohérente, impose le respect, au point que même dans les passages qui m'ont semblé confus, je me suis reproché de n'avoir pas tout compris.

Je ne connaissais pas Hervé le Tellier, un homme de lettres à l'oeuvre un peu hétéroclite : des romans, des essais, diverses sortes de chroniques et beaucoup de participations à des émissions radiophoniques. J'ai pris note de sa formation de mathématicien, ce qui lui a certainement donné le sens de l'abstraction, et du fait qu'il est l'actuel président de l'Oulipo, l'Ouvroir de la Littérature Potentielle, ce fascinant groupe littéraire inspiré du surréalisme, où la pratique de l'écriture avec contrainte que s'imposent ses membres ne peut que développer leur virtuosité d'écrivain.

Virtuosité et sens de l'abstraction, il fallait bien cela pour écrire un livre comme L'Anomalie. Ajoutons-y des références ébouriffantes puisées dans l'air du temps culturel et géopolitique des trente dernières années, sans oublier des poèmes et des chansons en anglais que l'auteur semble avoir écrits lui-même. Et quand il s'accorde des respirations, le Tellier contemple « une brise d'été qui fait vibrer l'argent des feuilles », cite des mots de l'Ecclésiaste ou évoque une blague juive.

Une lecture éblouissante et riche, qui échappe à la raison courante et qui incite cependant à la réflexion. Que ferions-nous si nous nous trouvions face à nous-mêmes ? Et si nous n'étions que les avatars d'une simulation d'une autre dimension, conçue par une intelligence supérieure du futur ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Patrice Lecomte, avant de réaliser des films, faisaient des BD. Et je me souviens de l'une d'elles où un compositeur affolé s'apercevait que toutes les manières possibles de combiner les notes avaient été imaginées et que toutes les musiques avaient désormais été écrites.
J'ignore si les auteurs s'inquiètent de la réduction des histoires possibles au fil des productions cinématographique et romanesque, mais seul un adepte de la littérature potentielle pouvait tirer aussi magistralement les leçons de ces inspirations croisées: son livre est une compilation de références, des plus érudites aux plus populaires, du Nom de la rose à Men in black, qui peut se lire à tous les niveaux, roman d'aventures palpitant et méditation métaphysique désabusée.
Hervé le Tellier nous refait le coup de Six personnages en quête d'auteur: un personnage a-t-il une vie propre? Et nous-mêmes, existons-nous vraiment ou ne sommes-nous que les avatars d'un geek asocial enfermé dans sa chambre pour mieux se consacrer à la dernière version des Sims?
Si l'apocalypse nous attend (et avec Trump aux commandes, elle risque d'arriver encore plus vite que prévu), du moins sera-t-elle infiniment poétique et nous disparaîtrons comme un livre se referme à regret, reposé par un lecteur à la fois nostalgique et pressé d'en ouvrir un nouveau dont les variations infimes seront pourtant les promesses d'un autre monde.
Il est difficile de parler de L'Anomalie car il serait dommage d'en dire trop. Mais trop ne serait pas assez tant ce roman est riche, mélancolique et malin. Et que Dieu soit ou non aux manettes, j'espère que des prix sont au programme...
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Il devrait rafler tous les prix!

Un livre étonnant, jamais là où on l'attend, incroyablement léger dans la gravité , incroyablement profond dans la plaisanterie. Écrit avec inventivité,  humour, sagacité. Bourré de connaissances mais jamais pédant,  truffé de pastiches mais jamais pesant, éblouissant dans sa construction mais toujours clair, habité par une pléiade de personnages, mais tous bien caractérisés, attachants,  nécessaires. Plein de suspense et de péripéties  mais s'ouvrant sur des abîmes de réflexion.

 Un roman d'anticipation aussi, puisque nous sommes en 2021... mais plein de personnages bien connus: un mérou à moumoute jaune aux manettes des USA, un jeune arrogant présomptueux à celles de la France. Vous reconnaîtrez au passage Julien de Normandie, notre nouveau ministre de l'interieur en 2021 (tiens, ils ne font pas long feu, ceux-là. ..), Cédric Villaney sans sa lavalliere mais avec son araignée. ..bref du vrai avec de l'imaginé, un peu de politique fiction, mais si proche, si vraisemblable qu'elle va vous filer les chocottes pour de bon...

C'est simple, L'anomalie  c'est un livre qui se définit lui- même dans cette citation    : 

"Pensez-vous avoir ressenti le moment exact que certains appellent la « divergence », ou même parfois, maintenant, l'« anomalie » ? — Bien sûr, comme tout le monde dans l'avion. Les turbulences ont cessé et le soleil est revenu dans la cabine. Cette dernière phrase est aussi la définition du Prozac."

L'Anomalie, c'est du Prozac littéraire!

En le lisant, je rêvais de physique quantique,  de temps plié, de trou de ver et de photocopieuse! J'avais des papous dans la tête ! J'aurais bien pris un abonnement sur le vol air France Paris New York sans crainte des turbulences malignes ! 

Je l'ai dévoré  en 24 heures et après,  pleine de remords devant ma voracité,  j'ai eu l'irrépressible envie de le relire en dégustant chaque bouchée.   Mais je réserve cette gourmandise pour plus tard : il est encore trop  frais dans ma mémoire et la surprise joue un si grand rôle dans la lecture...

- D'accord, mais dis -en un plus plus, quand même! C'est pas une critique, c'est un panégyrique!
- Ben non, ce serait vraiment ballot,  et pas sympa pour vous!  L'anomalie, dans mon billet, c'est qu'il ne vous en dira pas plus! Embarquez dans ce Boeing et laissez-vous bousculer!
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Un roman follement original qui flirte avec différents genres : le thriller, le fantastique, la SF et le roman psychologique avec une étude de personnages tous plus différents les uns des autres : un couple qui se délite, un homme de main, un musicien, une mère et ses deux enfants, un écrivain traducteur, une avocate , un pilote d'avion, un professeur à Princeton. Après un voyage en avion des plus turbulent, tous vont devoir accepter l'inacceptable. le texte est choral, l'histoire toujours passionnante et inattendue. le livre est bouillonnant d'idées sur la science, les religions. Moi qui n'aime pas particulièrement les mélanges de genre et les surprises de ce type, je me suis laissée embarquer par ce texte, dévoré en 2 jours. Un roman qui étonne , une écriture ciselée, tous les ingrédients d'un bon moment 😉. Même si je ne suis pas sûre que l'histoire fasse consensus ...
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