Que de noirceur ! du noir dans les dessins, de grands aplats sombres, des nuages et des cendres, nulle couleur à l'horizon. du noir dans l'histoire, celle d'un père et son fils marchant obstinément dans un monde en ruines où seules semblent survivre des sectes cannibales.
Je ne connaissais ni le roman ni le film du même nom. Cette bédé m'a mise mal à l'aise à cause de la brutalité de ce qu'elle montre (c'était peut-être l'objectif, en cela c'est une réussite). A cause du peu d'histoire aussi : le scénario semble réduit au strict minimum. Deux marcheurs dans des paysages répétitifs. Des rencontres glauques. Aucun espoir – même la mer, qu'on espère un temps verte et bleu, se révèle être un cimetière grisâtre de poissons flottant à la surface.
Alors quoi ? Il y aurait pu avoir le lien entre le père et le fils, une tentative d'amour et de « prendre soin » dans ce monde de brutes. Mais cela m'a semblé peu traité, c'est-à-dire avec des dialogues succincts, et finalement une seule question qui obsède le père : serais je capable de tuer mon fils pour lui éviter le pire si l'on devait être capturé par les cannibales ? le thème du lien, là encore, s'efface devant le glauque et le sombre.
J'ai adoré les travaux précédents de
Larcenet, même les plus sombres, comme le Rapport de Brodeck. Cette fois, le charme n'a pas pris. L'attrait pour le vide m'a semblé avoir pris trop de place.