Découvert en 2018 avec
Souvenirs de la mer assoupie, le style et l'ambiance des histoires de Shin'ya Komatsu ont de suite été un coup de coeur pour moi. Cet artiste singulier, qui travaille principalement au sein de la revue indépendante AX, est né à Koshi, au sud de l'île de Shikoku et cette influence insulaire très forte se retrouve aussi bien dans les
Souvenirs de la mer assoupie que dans son nouvel opus :
Un été à Tsurumaki.
Artiste qui évolue dans un style empruntant aussi bien aux univers surréalistes qu'aux livres pour enfants, il a écrit
Un été à Tsurumaki en 2015 pour le Comic @ Bunch (magazine qui fait suite au Comic Bunch) de Shinchôsha où on a publié des titres comme Area 51, le berceau des mers, Gansta ou Sangsues. Ces titres tout comme
Un été à Tsurumaki avaient eux aussi un univers graphique fort et une ambiance singulière.
Un été à Tsurumaki se présente comme un album pour enfants dès la couverture, où on voit évoluer un tout jeune garçon au milieu d'une forêt de végétaux des plus étranges, qui m'ont rappelé ceux des histoires folkloriques-fantastiques à l'image de Blue Seed. L'auteur nous invite de suite au dépaysement et à l'aventure pour un récit qui mélangera tranche de vie et fantastique avec beaucoup d'habileté.
Les premiers chapitres, qui se présentent sous un format épisodique, nous font faire la découverte de Mitsuru, un petit garçon banal qui n'aime pas beaucoup l'école et préfère jouer, comme bien des enfants de son âge. A la vieille des vacances d'été, il a oublié son sac à l'école et repart le chercher. Il fait alors une rencontre extraordinaire qui va transformer ses vacances : il découvre qu'il est capable de parler et comprendre les plantes.
Les chapitres suivants vont ainsi nous faire découvrir avec émerveillement et tendresse la petite vie tranquille d'un enfant alors que la chaleur de l'été et son indolence rattrapent les habitants. On le suit partir à la recherche d'un oiseau légendaire avec un ami, découvrir un passage secret vers un monde onirique (à la Alice au pays des merveilles), amener un repas à son père qui travaille au Jardin Botanique de la ville ou encore aller voir une séance de cinéma en plein air. Ça fleure bon l'été et c'est bon enfant.
L'auteur est vraiment très doué pour poser ses ambiances. le décor de cette petite ville campagnarde aux allures de ville côtière comme dans
Souvenirs de la mer assoupie ressemble beaucoup à ce qu'on peut trouver dans le cinéma de Miyazaki par exemple. On y ressent l'indolence de l'été, cette envie de voir ses amis et de ne rien faire pour l'école, etc. L'auteur confère même une atmosphère gentiment rétro et désuette par un graphisme très doux et plein de rondeur mais bourré d'imagination.
Cette imagination va nous cueillir dans la deuxième partie pour ne plus nous lâcher jusqu'à la fin, nous entraînant dans une aventure enfantine digne des plus grands classiques de la littérature pour enfants aussi bien orientale qu'occidentale. En effet, Mitsuru se retrouve embarqué dans une quête pour sauver sa ville, où les plantes ont été déréglées et poussent partout très vite, parce qu'il a volé une fleur "magique". C'est un joli mystère au début puis une belle course contre la montre qui s'engage à partir du moment où il a saisi de quoi il était question.
L'histoire, elle, est insérée dans un texte porteur de plein de belles valeurs : amour filial, amitié, entraide, protection et compréhension de la nature. C'est une jolie histoire pour les plus jeunes mais pas que. le héros vit des aventures qui peuvent plaire aux grands comme aux petits tant c'est universel.
Ainsi, j'ai passé un très bon moment avec cette charmante aventure un brin désuette qui m'a rappelé des textes et des films de mon enfance. Il y a des faux airs d'Alice parfois, mais aussi de
Père Castor, de Goomies et de bien d'autres classiques de la littérature pour la jeunesse. On se sent vraiment enrobé dans cette belle atmosphère enfantine pleine d'aventure où les valeurs nous touchent et où le dessin nous fait voyager. Ce fut à nouveau un très belle découverte. Cet auteur, définitivement, me touche énormément.
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