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Anne-Sylvie Homassel (Traducteur)
EAN : 9791037111715
368 pages
La Table ronde (04/04/2024)
3.5/5   13 notes
Résumé :
Au lendemain d'un violent orage, la petite ville de Summersdown, sur le canal de Bristol, semble avoir dévié de son axe. À commencer par la banale chaise de jardin qui, frappée par la foudre et disloquée au point de ressembler à un monstre échevelé, se retrouve par hasard dans l'appentis de Conrad Swann, artiste bohème à la famille recomposée et aux moeurs dissolues. De Conrad, nulle trace depuis la catastrophe. Cet étrange totem serait-il son dernier chef-d'oeuvre,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Après le Festin, j'avais été tellement déçue par Divorce à l'anglaise que je ne vous en avais même pas parlé. Ce n'est pas que le thème soit particulièrement sujet à exposer les gens sous un jour favorable, pas non plus que Margaret Kennedy soit estimée pour sa mansuétude à l'endroit de ses personnages, mais tout de même, j'avais été déçue de trouver, non pas une critique acerbe, je m'y attendais, mais le fondement de celle-ci reposer sur une mesquinerie un peu misogyne et assez datée. Ce qui m'avait navrée. Mais passons outre Divorce à l'anglaise, comédie grinçante pas vraiment amusante mais tout à fait dépassée pour nous concentrer sur les Oracles qui, eux, valent vraiment le détour.

Comme souvent avec cette autrice, la scène a tout d'un décor de théâtre. Summersdown est une petite ville de la province anglaise après la Seconde guerre mondiale. Elle comprend ses coteries, ses églises et ses lieux culturels. Ses bonnes gens, ses commères et ses loyaux maris selon des constellations qui semblent tout à la fois révéler l'éternité de la condition humaine et n'appartenir qu'au tout petit monde dépeint, délicieusement enfermé dans des moeurs d'un autre temps.

Las pour la morale et la pudeur, il semblerait que la guerre ait amené son lot de détraqués, à moins que ce soit le nouveau monde, ou encore les Muses dont la fréquentation n'est jamais exempte de certains dangers. Mais au diable les causes, seul compte le résultat et il est troublant : dans une maison retirée du centre bourg s'est installé depuis quelques mois Conrad, un sculpteur étranger apparemment réputé avec une femme qu'on dit ne pas être son épouse et une ribambelle de gosses tous plus dépenaillés les uns que les autres.

Scandale ! ou aubaine ? Chacun a son opinion sur la question, ainsi les plus éclairés amateurs d'art telle l'insupportable Martha Rawson, bien décidée à mettre le grappin, de gré ou de force, sur le pauvre Conrad afin d'asseoir sa réputation de mécène au nez fin, ou les plus provinciaux des habitants pour lesquels ces sales gamins auraient bien besoin que quelqu'un les mouche et leur passe un gant de toilette sur le museau de temps à autre, surtout avant d'aller à l'office.

Dick Pattison lui ne sait pas trop quoi en dire. Ca tombe bien, personne ne lui demande. Revenu indemne de son engagement dans la RAF mais trop vieux pour accepter la bourse qu'on lui offrait pour étudier à Oxford, il a obéi à son veuf de père, épousé Christina, un adorable petit bout de femme très décidé et renoncé toutes ses ambitions en s'enterrant notaire. Conrad, le sculpteur, il ne le connait que pour avoir passé une journée en bateau avec lui, une fois et avoir beaucoup apprécié ce moment.

Voilà, le décor est planté, l'orage peut tonner. Un orage invraisemblable, de plusieurs jours de suite après lequel plus rien ne sera plus jamais pareil. Ni le grand arbre dans lequel se réfugiait la ribambelle d'enfants ensauvagés de l'artiste, ni aucun des habitants convié à découvrir la dernière sculpture de Conrad, un Apollon destiné à un salon. Ni Conrad qui a d'ailleurs mystérieusement disparu.

Ce roman a tout de la satire malicieuse mais il est trop fin pour nous laisser juste nous moquer de la bêtise des personnages. Un quiproquo est prétexte pour explorer l'indicible sottise de certains snobs en matière d'art contemporain mais aussi, plus subtilement, pour observer, voire creuser les fissures devenues failles entre Dick et Christina. Les enfants sont croqués dans toute la cruauté de leur dénuement, de leur innocence et de leurs savoirs déjà redoutables sur la manière dont fonctionne le monde. Serafina, l'ainée, est à ce titre désarmante de courage, de candeur et d'amoralité foncière.

C'est sur Dick finalement que l'on revient le plus longuement. Cet homme triste, anéanti de voir sa vie déjà si platement écrite à Summerdown quand son esprit, vif et avide de connaissances, brûlerait encore d'absorber d'autres nourritures plus intellectuelles que sa modeste pâture quotidienne. Cet homme intègre peut-être à des conventions, loyal à son père, aux engagements pris mais pas suffisamment fort et inventif pour sublimer ces derniers et s'aménager une existence à la hauteur d'ambitions dont il porte peut-être un peu trop facilement le deuil aigri. A moins qu'il soit exemplaire d'accepter vivre avec celle qu'il considère désormais comme une sotte mais à qui il a promis fidélité ?

C'est souvent comme cela avec Margaret Kennedy, les personnages ne vous laissent pas les cataloguer dans une seule case, n'admettent pas que vous riiez simplement de leurs travers faciles à exhiber. Derrière ces derniers planent des ombres existentielles, des doutes et des renoncements qui sont, selon d'où on les regarde, des sacrifices ou des autels à leur propre gloire. Peut-être que les gourdes ne sont pas celles que l'on croit. Peut-être que les oeuvres d'art ne sont pas celles que l'on expose non plus. Et peut-être que les rêves ne sont pas si inaccessibles que cela. Seule une lecture attentive des Oracles vous permettra d'en avoir le coeur net et l'esprit réjoui.
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J'avais adoré "Le festin", je m'étais un peu ennuyée avec "Divorce à l'anglaise" et là, je n'ai pas compris du tout l'intérêt de ce roman.
J'ai failli abandonner à plusieurs reprises, mais je me suis obligée à aller jusqu'au bout, en vain.
Cette critique du monde de l'art moderne se voulait peut-être drôle, mais j'ai déjà lu plein d'autres romans sur ce thème beaucoup plus originaux et vraiment caustiques.
Des gens imbus d'eux-mêmes ou qui croient tout savoir mieux que tout le monde et sont de vrais donneurs de leçons, on en connaît tous et ceux qui sont dans ce roman n'ont rien de particulier.
Les passages avec les enfants sont les seuls qui rattrapent un peu le roman.
J'ai trouvé l'intrigue très faible, et je me suis énormément ennuyée tout au long de l'histoire.
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Troisième lecture de Margaret Kennedy et je suis toujours aussi fan. La mise en route a été un peu plus longue dans ce roman mais j'y ai retrouvé avec plaisir l'humour et la satire sociale, marque de fabrique de cette autrice. Ici c'est le monde de l'art et la vie villageoise qui sont épinglés, avec beaucoup de finesse. Ou comment une chaise devient l'oeuvre ultime d'un artiste disparu 😂
C'est raconté avec beaucoup de mordant et révélateur d'une époque.
Je ne m'en lasse pas !
A quand la prochaine traduction ?
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Depuis le temps que j'entends parler des rééditions des romans de Margaret Kennedy (1896-1967), le moment est enfin venu de me frotter à sa plume caustique (tout ce que j'aime) passée maîtresse dans l'art de croquer les travers de la bourgeoisie anglaise (tout ce que j'aime, bis).

Me voilà donc transportée dans les années 50 dans la petite ville de Summersdown, sur le canal de Bristol au moment où un gigantesque orage pétrifie ses habitants et illumine les rues de ses éclairs. La foudre choisit le jardin de Conrad Swann, un artiste dont la petite renommée fait la fierté de la ville, pour s'abattre sur une vieille chaise en ferraille que les enfants utilisaient pour grimper dans leur arbre-refuge. Il se trouve que Swann était sur le point de dévoiler au public un Apollon qu'il devait présenter à un concours ; mais après l'orage, l'artiste est introuvable et par un jeu de circonstances que chaque lecteur appréciera, la chaise foudroyée est prise pour l'oeuvre en question. Je vous vois déjà sourire, surtout si comme moi vous avez souvent une expression perplexe (pour rester polie) en visitant les salles d'un musée d'art contemporain. Margaret Kennedy, elle, s'en donne à coeur joie.

Cet orage et ses conséquences lui permettent de plonger avec ironie et une certaine férocité dans l'exploration de la petite société qui gravite autour de l'artiste, depuis les proclamés experts en arts, jusqu'aux amateurs éclairés dont le scepticisme paraîtrait trop louche pour être exprimé.Comme souvent, les apparences sont trompeuses et l'autrice n'hésite pas à démasquer ceux qui se disent de la bonne société et montrent par leur comportement un visage assez hideux. La radiographie est complète et sans pitié, le lecteur est invité dans les coulisses et les conversations les plus privées qui donnent un aperçu de la réalité des relations de couple, du sentiment maternel de certaines ou des priorités des uns et des autres. Sans oublier d'interroger sur la célébrité et ses implications, pour l'artiste et celles et ceux qui veulent profiter de sa lumière.

Promesses tenues, cette comédie grinçante et parfaitement menée n'épargne personne et ne peut que ravir les amateurs de piquant britannique. Quant aux sceptiques de l'art contemporain, ils trouveront ici de quoi jubiler.

http://www.motspourmots.fr/2024/04/les-oracles-margaret-kennedy.html
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Cette satire se moque du besoin de se conformer à la société, de taire ses impressions par peur de passer pour ridicule. C'est justement en suivant le mouvement que les héros deviennent risibles, le noeud du livre provoquant également des tensions maritales savoureuses. Publié en 1955, Les Oracles peut aussi se lire aujourd'hui comme une critique mordante de l'art contemporain (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/04/04/les-oracles-margaret-kennedy/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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critiques presse (1)
LeFigaro
09 avril 2024
Le roman est cousu main, à l'ancienne, avec une attention particulière pour les intérieurs, un sens aigu de la météo et des conventions.
Lire la critique sur le site : LeFigaro

Videos de Margaret Kennedy (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Margaret Kennedy
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