AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246863786
216 pages
Grasset (11/10/2017)
3.39/5   96 notes
Résumé :
Ce roman vrai est la pierre d’angle de la grande saga des Jardin. Après le portrait du père merveilleux (Le Zubial), du sombre grand-père (Des gens très bien), du clan bizarre et fantasque (Le roman des Jardin), voici l’histoire de la mère d’Alexandre. On y découvre une femme hors
norme, qui ose tout, et qui s’impose comme l’antidote absolu de notre siècle timoré.
Elle est dans les yeux de son fils l’héroïne-née, la tisseuse d’aventures, l’inspiratric... >Voir plus
Que lire après Ma mère avait raisonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 96 notes
5
5 avis
4
9 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
1 avis
Étonnante biographie des Jardin, exclusivement, consacrée à la mère Jardin! C'est le portrait d'une femme étonnamment libre! Véritable contraste entre le titre du livre ''Ma mère avait raison'' et la maman elle-même, celle qui conseille à son fils de ne pas avoir peur d'aimer, d'aimer passionnément, cependant, elle vit courageusement avec trois amants sous le même toit, on se demande quel sens donne-t-elle à l'amour! Le livre relate l'amour d'un fils pour sa mère qui a, en effet, l'art de tout enflammer sur son passage. Obstinée, altière, tenace, elle obtient ce qu'elle veut. Même s'il lui faudrait fuguer du toit parental avec sa valise rose, elle osera le faire cinq fois s'il le faut. Des amants, elle ne s'en prive pas...marcher dans le feu pour prouver sa ténacité, elle ne s'en prive pas non plus...les hommes, elle les façonne...les enfants, elle les veut héroïques. Face à cette femme énergique, une femme qui ose des choses impensables à son époque, mais, je n'ai pas pu accrocher à ce personnage que je trouve un peu trop dominatrice, et quelque peu ambivalente dans ses manières, malgré que le fils veuille convaincre le lecteur de ses valeurs, des valeurs de celle-là qui risque tout! N'empêche que ça a été un petit moment agréable!
Commenter  J’apprécie          270
Alexandre Jardin fait le portrait de sa mère, une femme libre et exigeante. Il dit tout l'amour qu'il a pour elle. Il ne veut pas qu'elle meurt. C'est beau. Je recommande ce récit.
Commenter  J’apprécie          333
Pour clore mes vacances en lecture je viens de lire d'une traite "Ma mère avait raison" de Alexandre Jardin, au format e-book, grâce à Net Galley et aux éditions Grasset.
Je les remercie, même si je n'ai pas réellement accroché avec ce livre très personnel.
Je l'ai demandé car le résumé me tentait bien, sans faire vraiment attention à qui l'avait écrit. Or j'ai tenté il y a bien longtemps de lire Fanfan, sans réussir à dépasser les premiers chapitres ! j'avais donc un peu peur de ne pas apprécier plus que ça ce livre ci, et malheureusement mes craintes ont rapidement été fondées.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai du mal avec l'écriture de ce romancier. Il n'écrit pas mal mais il a le don de.. m'ennuyer, et j'ai du mal à accrocher.
J'ai aimé ce livre sur sa maman, il nous parle de son enfance, de sa maman, de la façon dont elle l'a élevé...
C'est intéressant mais en fait il faut avouer que dans l'ensemble j'ai trouvé ça assez plat, je n'ai pas du tout été touché par ce livre.
Je l'ai lu d'une traite, avec parfois l'impression de passer à coté.
C'est pour ça que je mets seulement trois étoiles, pas plus.
Commenter  J’apprécie          190
Livre lu dans le cadre de mon challenge personnel de lectures 2024, item "compléter mes collections de mes écrivains préférés". Et Alexandre Jardin compte parmi ceux-là.

Chez les Jardin, c'est un peu le Jeu des 7 familles.
Après le père, le grand-père, le frère, voici le moment de vérité avec la mère Stéphane JARDIN née SAUVAGE appelée Fanou. Alexandre Jardin a entrepris l'écriture de ce livre alors qu'il savait sa maman malade et il l'a terminé après son décès. Il dit qu'il voulait qu'elle sache, de son vivant, ce qu'il pensait d'elle et voulait partager avec elle tout ce qu'il ne lui avait pas dit (et qu'il exprime ici par ses mots) et notamment son grand amour pour elle.

Dans ce court livre de 215 pages, Alexandre Jardin donne à voir non pas trop sa mère, mais bien plutôt la femme qui l'a mis certes au monde, et qui était avant toute chose, une femme originale, passionnée, anti-conventionnelle, artiste, amoureuse et adultère. Une femme qui faisait fi des conventions et qui a laissé grandir ses enfants à la va-comme-je-te-pousse, dans la plus grande liberté d'être hors des cadres rigides édictés par les normes sociétales.

Dans ce récit en trois actes (comme dans une tragédie), Alexandre Jardin expose dans l'acte I ce qui, de son point de vue, est la "façon d'être de sa mère". Quelques éléments biographiques, mais surtout un focus sur les différents aspects de sa personnalité hors normes qui, parfois, ont pu le dérouter, le déranger, l'interroger, l'interpeler, le réjouir et l'éblouir aussi, mais qui, à n'en pas douter, l'ont fait grandir plus vite qu'un autre enfant et s'assumer dans un chemin de vie tendant à soit suivre les traces de sa mère, soit au contraire tout faire pour s'en détourner.

L'acte II pose d'emblée la question : "A-t-on le droit d'être toi ?"
A travers l'évocation de certaines manières d'être, de faire, de consommer les excès en tous genres de sa mère, Alexandre Jardin s'interroge sur la finalité de ce positionnement familial jusqu'auboutisme au regard de ses potentielles responsabilités en tant que femme et mère. En fait, il décortique, il détricote, il met au jour, non pas tant pour juger sa mère, mais bien plutôt pour démontrer combien elle avait bien raison d'être ce qu'elle était et partager pour le plus grand nombre ces "enseignements" qui n'en étaient pas, ce regard particulier sur la vie et sur l'amour, et qui ne lui en déplaise l'ont quand même formaté. Mais formaté positivement à la "sauce Jardin" dans le sens où l'auteur - grâce à sa mère - a très vite pris conscience de l'emprise des normes sociétales, de l'hypocrisie de se cacher derrière des masques, de la tristesse d'une existence morne, prévisible, et rectiligne, de la difficulté de parler vrai (à soi et aux autres) en matière d'amour, de la nécessité de concrétiser ses rêves et de se démarquer des diktats de l'argent.
En cela, elle l'a guidé vers des chemins de traverse qu'il a souhaité parfois prendre (ou pas) mais des chemins qui, contrairement aux personnes lambdas, sont parfaitement conscients, assumés et jouissifs.
Bien sûr, ce n'est pas toujours évident d'assumer une maman pareille (cf. les réactions de son ami d'enfance), surtout lorsque la famille est plus exposée que d'autres. Mais, manifestement, ce n'est pas ce qui a été le plus difficile pour le jeune Alexandre ni pour l'adulte qu'il est devenu. La grande question était bien plutôt serais-je, en tant qu'individu et digne fils du Zubial (son père) et de Fanou, à la hauteur de cette pression existentielle hors cadre telle qu'elle m'a été inculquée et que je souhaite faire mienne ?
Comment puis-je être à la hauteur de cet amour (pas toujours visible, pas toujours exprimé) mais qui pourtant m'a été témoigné en me montrant la voie d'une existence dans laquelle je serais capable d'être véritablement "moi" et donc de m'épanouir ? Mais aussi, comment une fois papa, puis-je à mon tour transmettre cet état d'esprit à mes proches sans trop les perturber (comme lui a pu l'être en son temps) ?

Oui, ce type de lecture dérange. Car, nous lecteurs, sommes tellement englués dans des croyances limitées, dans des dogmes culturels, religieux ou éducatifs, qu'à première vue, nous avons le réflexe de dénoncer de tels comportements égoïstes, de juger cette femme libre et libertine et cette mère fort distante qui a fait le choix de vivre d'abord pour elle.
En fait, je crois qu'elle nous dérange parce que cette lecture nous renvoie, a contrario, à notre propre image et à notre propre positionnement dans la vie. Surtout parce que, nous lecteurs, n'avons pas eu le courage de faire de même et que nous en gardons, au tréfond de notre coeur et de notre esprit, une forte frustration. Clairement, j'aurais aimé avoir lu ce livre dans ma jeunesse, peut-être aurais-je vécu ma vie de femme différemment !

Et puis, il y a l'acte III intitulé "Après toi", cette partie écrite après le décès de Fanou Jardin. Une partie très intime et émouvante où éclate tout l'amour d'Alexandre Jardin pour sa maman. J'utilise exprès le mot "maman" car on entend bien - derrière la posture de l'adulte écrivain, la voix d'Alexandre enfant. Quelle émotion en lisant ces lignes ! Quelle émotion de partager avec nous certains détails des obsèques de celle-ci et puis, quel suspense, avec cette lettre laissée par elle - manifestement porteuse d'une vérité cachée - et qui pourtant, par décision de l'auteur, n'a pas été ouverte et a suivi là encore un chemin de traverse à la hauteur du caractère fantasque de la défunte.

Je n'ai pas boudé mon intérêt et mon plaisir à cette lecture, même si l'émotion et la réflexion étaient très présentes. Dois-je le dire ? Après avoir refermé le livre, j'ai fait des recherches sur Internet pour savoir qui était cette Fanou si "sauvage" et si libre (je n'étais pas née ou si petite lorsqu'elle était en pleine maturité), j'ai voulu trouver des images d'elle et voir ce que la postérité médiatique en a conservé. Un point supplémentaire marqué par Alexandre Jardin qui, grâce à son livre et à ses mots, a l'extrême pouvoir magique à nous la rendre vivante (ainsi que l'époque révolue dont il est question) alors même qu'elle nous a quittés depuis 2017.


Commenter  J’apprécie          00
Alexandre Jardin se livre totalement dans ce texte en nous dévoilant la vie libre et libérée de sa mère mais aussi de son père et des autres hommes de sa mère.
Parfois j'y ai vu du "En attendant Bojangles" dans la folie de cette mère qui se veut libre à tout prix. Elle veut vivre pleinement chaque minute de sa vie de façon flamboyante.
On sent que l'auteur a parfois souffert pendant son enfance de ce comportement même s'il s'en défend en disant qu'elle avait raison.
Et c'est ces moments là qui m'ont mise mal à l'aise et me conduisent à ne mettre que 3 étoiles. Certes c'est une belle vie remplie généreuse sans sentiment négatif mais même si elle dit ne jamais juger les autres, elle condamne tout de même son fils à faire comme elle, en brûlant un livre qui ne lui ressemble pas par exemple ou en l'envoyant seul à 15 ans en Irlande à la mort de son père. Alexandre se doit donc de vivre comme elle et c'est là que pour moi le jugement intervient quand même, et c'est ce qui m'a gênée.
J'ai ressenti beaucoup de tristesse pour Alexander enfant, privé de sa mère. Mais sans doute que c'est moi qui ne suis pas à la hauteur de cette vie ;)
En tout cas, pour comprendre le zèbre, c'est un roman à lire absolument !
Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
11 décembre 2017
Alexandre Jardin signe un roman jubilatoire, criant l’urgence de vivre et d’être vrai, dans lequel il rend hommage à une maman extraordinairement libre, hors normes, Ma mère avait raison.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
20 novembre 2017
De manière positive ou négative, Alexandre Jardin dérange. Depuis la publication en France de Ma mère avait raison, il provoque pour ainsi dire une petite révolution sexuelle.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
07 septembre 2017
Le romancier et ex-candidat à la présidence française continue l'exploration de son arbre généalogique hors norme avec cette fois un récit consacré à sa mère.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
(p.21 à 26) Les accords tacites de Verdelot

Peu de femmes osent être des livres ouverts.

La plupart ont le cœur chargé d'interrogations secrètes. En douce, elles barbotent des liaisons réelles ou imaginaires, esquissent ou s'interdisent des espoirs sentimentaux. Leur roman intime reste au fond de leur âme, dissimulé par peur de blesser et de saboter leur couple officiel. Toi, tu vécus ta complexité sentimentale avec une extraordinaire impudeur qui fut une élégance. Et un défi lancé à tous les peureux de la terre.

Disons-le sans fard, le tumulte des sens et les élans provisoires ne t'abusaient pas. Tu n'as jamais confondu connaissance de soi-même et abandon à soi-même. En vérité, tu es étrangère à la sottise qui consiste à mésuser de son cœur ou à le gaspiller.

Désossons ton système de vie en le peignant un peu. Il y a du fabuleux dans les arabesques de son architecture. Verdelot, district de ta haute liberté, en fut bien l'épicentre. Verdelot fut pendant vingt ans, plus qu'un lieu, la capitale de la liberté féminine. C'est cette maison qui, en te libérant, te grandit.

J'ai neuf ans, je reviens de La Ferté-Gaucher où nous avons fait des courses généreuses (cinq poulets fermiers pour le déjeuner, huit kilos de cerises) avec ton amant Pierre. Magnifique de prestance et de cœur, il gare sa vieille traction avant Berliet jaune qui vient de tourner dans un film d'époque (qu'il a produit) dans la cour de notre maison de campagne à Verdelot. Pierre était le conquérant de Bardot ; tu le lui as emprunté puis volé.

Je bondis de la voiture avec un copain de classe – Hector - pour embrasser mon père qui, dans la cour, peste pour que ton deuxième amant, Claude, qui pioche au fond d'un grand trou, creuse avec plus de vigueur:
– Allez hop ! crie papa. On va le trouver, ce trésor ! Dans la fosse, Claude sue sang et eau. Il traîne déjà derrière lui quarante ans de mauvaise humeur.

Mais papa en est certain : là où nous vivons, il ne peut y avoir que des trésors. N'y voyez pas une pitrerie. Dans sa sagesse, le Zubial ne croyait qu'au merveilleux.

Rassemblant les courses surabondantes pour les porter jusqu'à la cuisine, j'aperçois par une fenêtre qui s'ouvre ton troisième amant, Jacques, qui m'envoie un baiser. L'un des plus beaux hommes du monde qui sort d'une liaison polynésienne. Il vient de chaparder l'amante tahitienne de Marlon Brando, celle qui le séduit à l'écran dans Les Révoltés du Bounty. Jacques est encore l'acteur starifié d'une série télévisée de l'époque qui faisait frémir les foules en un temps où le nombre réduit de chaînes propulsait vite les notoriétés.

Dans la vaste cuisine, je tombe avec Pierre sur Nicolas, ton quatrième et jeune amant, un prince géorgien, ami des pinceaux, qui achève le dessin intitulé «Les accords tacites de Verdelot». Il montre ouvertement tes hommes du moment, ceux qui t'appellent Fanou, en vous représentant tous sur une scène de théâtre filmée. Attestant leur participation active à cette comédie brillante, ils ont signé dans les marges.

Normal que quarante ans plus tard je me sois marié sur une scène de comédie de boulevard, dans un décor de Feydeau, au théâtre Saint-Georges.

Mais revenons à ces « accords tacites ». Quels sont-ils ?

Ces « accords » que je mis des années à faire comprendre à Hector, issu d'une famille janséniste qui mange du poulet rôti avec belle-maman tous les dimanches.

Que tous tes hommes ont le droit d'avoir leur chambre dans ta maison. C'est comme ça. Ta licence a pignon sur rue, n'en déplaise aux peine-à-jouir et aux peu joyeux. Pour toi, l'amour a pour fonction de rendre réel, non de masquer notre être profond. C'est le tremplin délicieux qui donne accès à son authenticité, au pays merveilleux de sa complexité. Il n'est pas question pour toi de se vautrer dans l'érotisme facile, sans envergure, où les sales rêveurs se dissolvent. La lutte pour la liberté des femmes qu’ont entreprise tes semblables à Paris, c'est toi qui l'incarneras en Seine-et-Marne en y apportant de l'esprit, de la fantaisie, de la littérature et beaucoup de cinéma. À Verdelot, tu n'es plus la « voleuse de mari » qui effraie ; tu es une bénédictine de la liberté, l'inspiratrice d'artistes qui fascine les femmes. Tu aimes embellir les hommes et les combler au-delà de toute raison ? Eh bien, ta vérité sera logée dans ta maison. Il t'a toujours appartenu d'unir tes hommes. Les chambres d'hôtel et les amours furtives, pas ton style. Toi, tu aimes en grand et de manière oblative, en te plaçant au centre de la scène comme l'indique le dessin, entre papa debout et l'un de tes hommes.

Tous ont donc leur chambre à Verdelot, sauf Claude qui, le soir, rejoint en douce son épouse, une femme formidable et trop sage. Merveilleux contrepoids.

Tous ont, je le disais, signé à côté de ton nom – Stéphane Jardin - cet incroyable dessin (y compris le chien Marcel).

Il est également entendu, tacitement, que chez toi, Fanou, on a le droit de tout. À Verdelot, il est bien juste qu'aucune limite n’existe, que la vie puisse sans cesse être réagencée, étendue. On peut fabriquer des montgolfières en papier de soie léger, s'amuser à écrire un film bondissant pour de Funès ou commettre du cinéma d'auteur ennuyeux, empailler un crocodile du Nil, usiner avec les enfants des machines à applaudir (pour les soirs de générales, au théâtre), marier les maîtresses de papa afin de les établir convenablement, tenir en haute estime les prostituées qui ne laissent en repos aucune âme, bricoler une chaudière faite main avec un artisan du coin à demi fou ou faire livrer un bison en peluche. On y raisonne et déraisonne mais on ne politique pas ; on y crée.

De cette entente tacite, qui confine au sublime, naîtra un grand classique du cinéma français qui émut les cervelles des années soixante-dix : Le Vieux Fusil. Tes hommes ont enfanté ce long métrage qui rafla tous les Césars de la première session. Papa en a écrit le scénario, Claude Sautet fut consultant sur le script (c'est lui qui eut la très belle idée des flash-backs avec Romy Schneider), Jacques fut le premier assistant à la mise en scène et Pierre en fut le producteur !

Quant à Romy, à l'écran elle te ressemble, en face d'un faux papa à la voix barytonnante : Philippe Noiret.

L'actrice irradie, porte sur elle l'estampille de Paris, comme dans les films de Claude où elle incarne invariablement la même femme : toi, en vingt-quatre images-seconde. Au point que dans César et Rosalie, Claude fait même lire à Romy l'une de tes lettres en voix off.

Tes hommes produiront aussi quelque chose de tangible : la table gigantesque de notre cuisine où, durant des années, ils ont tous pris ensemble leurs repas du week-end. Superbe meuble fabriqué par les mains qui te caressaient et te célébraient. Une table pour tes hommes, une table à la taille démesurée de tes amours.
— Tu comprends, Hector ? - Heu... nnnn... nnon. - Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
- Ils ont-ont-ont vrrrraiment con-on-onstruit cette table tous ensemble sans se bbattre avec les-les-les outils ?
- Oui. - Ah... - Maman aime l'homme. Je me reprends et précise : - Elle a le sens de l'homme. - Mmmmais, ils fffont comment pour accepter ?

Comment expliquer à Hector l'alchimie euphorisante que tu sus créer entre eux ? Jamais tu ne lésas l'un de ce que tu offrais à l'autre. Avec joie, tu les mettais bien avec eux-mêmes quand tant d'autres femmes incommodent leur moitié. Comment lui faire saisir que ta seule apparition dans la cuisine pour rejoindre tes hommes attablés donnait à vos relations l'apparence d'être fluidifiées ?
Sans doute l'étaient-elles, en effet, dès lors qu'elles en avaient l'air.

Leur liberté intérieure fut ton œuvre.

Chez nous, les routines et l'ennui n'existaient pas. Tu n'établissais que des changements, déconstruisant sans cesse les bases de l'inertie, les convictions qui enterrent. Avec toi, j'ai appris à me défier de toute fixité.

Oh, que tu vas me manquer, ma libre maman.

Ne t’absente pas dans la mort ; la vie en serait décharmée.
Commenter  J’apprécie          10
"Un gamin qui jubile avec un livre est un gosse vacciné contre l'échec scolaire."

Alexandre Jardin comme co-fondateur de "Lire et faire lire".
Commenter  J’apprécie          321
Tu as vécu au milieu de gens parfois célèbres, mais tu n’as jamais été des leurs. Avec ton étrange regard, tourné vers le dedans et secrètement irrité par les petites libertés, celles qui n’engagent pas, tu as traversé les sixties et les seventies sans leur appartenir. Toute livrée à cette atmosphère confuse, à cette musique dont les rythmes divisent l’être et dissolvent le caractère, aux alcools qui tuent la conscience, tu t’es gardée intacte avec une sorte d’impatience moins faite du dégoût de la frivolité que de ce qui s’y cache d’imposture.
Commenter  J’apprécie          50
Dans le mouvement de la vie, chacun évite le mur de ses peurs. Toi, tu l’as toujours défoncé avec joie, indiscipline et délicatesse.
Ton goût immodéré de la liberté, ton acharnement à aimer, à ne jamais tricher sur tes désirs, recouvrent une sorte d’austérité morale.
Les arrangements de l’existence, jouir avec parcimonie ou s’attarder dans des liaisons sinistrées, tu ne connais pas. En amour, tu déménages avant que l’usure ait eu sa part. Tu ne sais pas laisser battre ton cœur au ralenti. Avec toi, et dans tous les domaines, l’improbable rafle tout.
Commenter  J’apprécie          30
Comme s’il était évident qu’un être humain n’a pas le droit moral de commettre un acte auquel il ne croit pas, de signer des mots qui ne le révèlent pas. Aucun contrat au monde ne devrait être supérieur à cet axiome.
Les gens pensent parfois ces choses-là, en songe ou dans les livres, tu les vis.
De toi, j’ai appris que s’élancer dans les gouffres permet à nos ailes de pousser. Sans cette absolue confiance dans la vie, tout nous retient. Et l’existence n’est plus qu’un rendez-vous raté avec soi.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Alexandre Jardin (81) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Jardin
Lire et faire lire recrute de nouveaux bénévoles et des structures d'accueil !
Créé en 1999 par l'écrivain Alexandre Jardin, Lire et faire lire est un programme national d'ouverture à la lecture et de solidarité intergénérationnelle.
L'objectif ? Partager le goût de la lecture et des livres !
Des bénévoles de plus de cinquante ans interviennent dans diverses structures dédiées à l'accueil collectif des enfants, auprès de petits groupes, de 0 à 12 ans.
Sur des temps scolaires, péri ou extra-scolaires, ces bénévoles formés interviennent une fois par semaine pour des moments de lecture-loisir.
Dans quelles structures ? Dans des écoles, crèches, bibliothèques, centres de loisirs et bien d'autres
Plus d'informations sur lireetfairelire.org !
+ Lire la suite
autres livres classés : roman biographiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (255) Voir plus



Quiz Voir plus

Alexandre Jardin

Né à Neuilly-sur-Seine en ...

1955
1965
1975
1985

12 questions
53 lecteurs ont répondu
Thème : Alexandre JardinCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..