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Critique de gruz


C'est l'histoire d'un monde d'après, un possible. Inspiré de ce qui est arrivé récemment, imaginé autour d'un monde d'après pandémie. Avec L'Heure du retour, Christopher M. Hood raconte la suite, en se focalisant sur les personnages, sur une famille en particulier.

2040, c'est demain, sauf que le monde n'est plus le même, un virus venu des glaces fondues a réduit la population mondiale de 70 %. La vie est différente, inévitablement, et pourtant on est loin de la plupart des récits postapocalyptiques.

Bill et Penelope vivent sur la côte est des États-Unis, comme tous les autres ils sont plutôt reclus, mais intégrant un semblant de société où chaque survivant se côtoie, se respecte ou au pire s'ignore. Pour preuve, Bill prodigue encore ses séances de psy pour aider ses voisins à surmonter le stress de la situation. Seul le mode de paiement a changé, objets, vivres… Lui-même cultive son jardin et en fait profiter quelques riverains.

Une existence compliquée, mais qui se remet en place. Jusqu'au message par radio de leur fille Hannah, depuis la côte ouest où elle passait ses études avant les événements, annonçant rejoindre une secte inquiétante, Les Revivalistes.

Mère et père vont décider de lâcher leur précaire confort pour se lancer sur les routes et traverser le pays. Dans un monde chaotique et sans grandes ressources disponibles (plus d'électricité, plus de commerce, plus de société en tant que telle), c'est une aventure plus qu'incertaine…

Le roman est écrit à la première personne, c'est un élément clé. C'est Bill qui raconte les épisodes de ce road trip, mais c'est surtout lui qui fait part de ses états d'âme. Parce qu'il ne faut pas s'y tromper, le roman est aussi (surtout ?) un récit psychologique et une histoire de rencontres.

Dans un monde où il faut survivre autant que se reconstruire, les rencontres peuvent virer aux heurts, à des collisions. Il y en aura durant ce périple, tout comme des accidents et des mauvaises expériences. Les gens ne se comportent plus de la même manière qu'avant, et certains territoires sont sous le joug de gangs.

Mais les circonstances vont également faire naître de beaux et étonnants contacts, des connexions ponctuelles qui vont marquer le trajet et les esprits.

On est loin du récit nerveux ; pas de chapitres courts mais de longs passages de vingt à cinquante pages ; mais il réserve de nombreuses péripéties et surprises au cours des relations en chemin.

Relation, c'est bien le mot qui convient, autant interpersonnelles que de couple. Ce que vivent Bill et Penelope met leur duo à l'épreuve. le livre questionne longuement l'amour, marital et parental, à travers cet univers en décalage avec notre présent.

C'est l'essence même du récit, au-delà des péripéties de voyage. Bill n'est pas psy pour rien, il se pose de nombreuses questions, fait part de ses sentiments, ses déceptions, ses ressentiments, ses émotions. Ses réflexions intérieures sont riches et particulièrement creusées par l'auteur.

Un couple d'autant plus intéressant qu'il est mixte, avec la femme noire qui a mieux réussi socialement que l'homme blanc, mais cette réussite ne vaut plus grand-chose dans le monde d'après. L'occasion de parler de nombreux sujets, dont celui des gens de couleur aux USA (avec un passage incroyable autour de gangs).

L'histoire démarre lentement, le temps de bien présenter le couple, que Bill parle d'eux. Les rencontres qui suivent réservent par contre de sacrés coups de théâtre, tous très différents les uns des autres. Une richesse du récit par les rencontres, pour un texte qui a encore foi en l'humanité, malgré tout.

Malgré les violences et les déchirements, c'est cette humanité vacillante mais vibrante qui m'a beaucoup touché. C'est aussi parce que les relations familiales qui se jouent ici sonnent particulièrement juste.

Christopher M. Hood propose un road trip d'une profonde humanité, dans un monde déconstruit. L'Heure du retour pour des retrouvailles en famille ? le voyage mérite d'être vécu.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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