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Albert Kohn (Traducteur)Jean-Claude Schneider (Traducteur)
EAN : 9782070327195
238 pages
Gallimard (10/11/1992)
4.05/5   21 notes
Résumé :
"Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) est un Rimbaud qui recommence - ou continue - à écrire après avoir constaté la faillite de la parole. La Lettre de Lord Chandos est un manifeste de la dissolution de la parole et du naufrage du moi dans le flux désordonné et indistinct des choses que le langage ne peut plus nommer ni dominer. Le protagoniste abandonne sa vocation et sa profession d'écrivain parce que aucun mot ne lui semble exprimer la réalité objective ; le flux s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) est surtout connu pour son oeuvre de dramaturge et de librettiste – et encore plus particulièrement peut-être pour cette dernière, résultat d'une très longue et fructueuse collaboration avec le compositeur Richard Strauss («Elektra», «Le Chevalier de la Rose», «Ariane à Naxos», «Arabella»...).

Jeune poète exceptionnellement doué, adulé par la critique de son temps, Hofmannsthal serait surnommé le "Rimbaud autrichien", non seulement du fait de sa précocité (ses poésies sont publiées dans des revues viennoises dès l'âge de 16 ans), mais aussi de son renoncement définitif à tout exercice de composition poétique, une dizaine d'années après le succès retentissant remporté par son premier recueil de poèmes publié à 17 ans.

L'écrivain se consacrerait alors essentiellement au théâtre et à la musique. À côté de pièces de théâtre, drames lyriques et livrets d'opéra, Hofmannsthal est également auteur de textes courts en prose : contes, méditations personnelles, essais sur la poésie ou sur l'art en général. Son unique roman, «Andréas», restera inachevé.

Le plus célèbre reste sans aucun doute cette brève et inclassable «Lettre de Lord Chandos» qui donne le titre au recueil de textes en prose publié dans la collection Poésie /Gallimard, et autour duquel, outre la «Lettre du Voyageur à son Retour» - sorte de pendant et de variation à la première, explorant une autre forme d'impasse psychologique et d'exil intérieur-, ont été rassemblés d'autres écrits épars, réflexions, parfois sous forme de «conférences», à propos de la fonction de la poésie et le rôle des poètes, ou encore des méditations autour de la création artistique et du sens esthétique, mêlés quelquefois à des souvenirs et à des expériences personnelles de l'auteur.

Qu'il s'agisse de fiction ou de non-fiction, le véritable fil rouge tendu entre eux repose sur l'élégance classique et la musicalité enivrante de la langue pratiquée par l'auteur, socles sur lesquels Hofmannsthal s'appuye pour transmettre une vision originale de l'Art, à contre-courant de ses contemporains et des avant-gardes artistiques du début de XXe.

Cherchant à s'affranchir à la fois de certaines catégorisations qu'il considère comme trop rationalistes (le sens esthétique reposant en grande partie, dit-il, pour chacun de nous, «sur un mélange chaotique d'expériences intérieures confuses, complexes et incommensurables»...), ou à se départir de cette «flatterie» qui selon lui permet «d'entrer dans les bonnes grâces de la génération à laquelle on appartient», enfin et surtout, à outrepasser les barrières qui sont d'habitude dressées entre tradition et innovation, ces textes constitueront en quelque sorte, le testament littéraire d'un écrivain de génie qui aura refusé de se laisser emporter dans le mouvement des ruptures esthétiques radicales se profilant à son époque, préférant renoncer aux sirènes de la nouveauté et, probablement, à une place plus importante, en tant que poète et écrivain, que celle qu'il occuperait effectivement dans la postérité (plutôt comme dramaturge et auteur mélomane de livrets d'opéra pas forcément accessibles à un public plus large).

Hofmannsthal a choisi de rester dans ce vestibule de la modernité que tant de ses contemporains, tel son ami Rilke par exemple, au départ proche de lui, n'hésiteront pas à franchir... (Mais, par contre, qu'il est beau ce petit réduit où il s'est réfugié et, en tant que lecteur, que l'on s'y sentira toujours bien accueilli un siècle après!!)

Dans ces textes, plutôt que faire de la "théorie sur l'art poétique", on dirait qu'Hofmannsthal cherche avant tout à "poétiser la théorie". Ainsi, plutôt que de vouloir soumettre sa prose à des canons rigides, figés (comme l'on pourrait l'interpréter d'emblée, à tort, me semble-t-il ), ou d'accepter de la livrer totalement aux ruptures esthétiques à la mode chez ses contemporains, l'auteur, pourtant incorrigible assoiffé d'absolu, aspirerait davantage à faire vibrer simultanément sentiments et pensée, rêveries et méditations, passé et présent, veillant à marier harmonieusement le personnel et l'intime, l'ineffable et l'indicible, aux thèmes, aux cadences et aux tonalités issus d'une communion avec le patrimoine culturel, avec une tradition littéraire intemporelle et universelle.

Tout en rythmant les battements sublimés d'un discours qui refuse de tourner complètement le dos à son héritage, le poussant toutefois jusqu'à ses derniers retranchements - jusqu'à parfois le faire plier à l'irréalisme et à l'onirisme, cette langue convoque le lecteur d'emblée par les sens, avant même que son contenu prenne complètement forme dans son esprit, cannetille tissant une fine broderie sophistiquée aux couleurs d'ivresse et de métamorphose, d'extase alternant avec l'inévitable chute qui s'en suit, et dont la beauté n'est pas qu'un ornement, pas un but en soi, loin de là, mais un véritable vecteur de connaissance directe de soi et du monde.

«ll faut avoir des ailes, quand on aime l'abîme... », chantait Zarathoustra!

La Lettre de Lord Chandos annonce-t-elle la fièvre et le sentiment de perte de sens qui allait s'emparer progressivement des poètes et écrivains du XXe?
Dès 1896, paraphrasant Nietzche dans l'article «Poésie et Vie» qui ouvre ce recueil, publié à l'époque dans un journal de Vienne, Hofmannsthal évoque ironiquement la vacuité de ceux qui, selon lui, se mettaient à «écrire à l'encre rouge pour faire croire qu'on écrit avec du sang».
La Lettre est d'une certaine manière un texte visionnaire, emblématique de la rupture radicale opérée par certains des principaux courants littéraires de la modernité, consistant à vouloir se passer des conventions de la langue, certes aléatoires au fond , mais reliant solidement néanmoins signifiants et signifiés, mots et choses, à refuser toute forme d'agencement entre leurs représentations susceptibles de créer ce que Hofmannsthal, lui, appellerait au contraire de tous ses voeux, à savoir des «états d'âme fugitifs» mais « exactement circonscrits », sans faux-semblants. Modernité s'appliquant méthodiquement a brouiller sujet et objet de narration, à vouloir rendre compte d'une subjectivité tournant en boucle autour d'elle-même, que l'auteur refusera donc de rejoindre.

«La Lettre», ou «Lettre de Lord Chandos» est une missive datant du XVIIe, fictive naturellement, bien que non seulement le destinataire, qui n'est autre que l'éminent Francis Bacon, mais aussi son expéditeur - un contemporain du philosophe, probablement le cinquième Lord Chandos- soient tous les deux inspirés de personnages «attestables». Elle décrit les raisons qui auraient conduit son auteur à abandonner définitivement sa vocation d'écrivain. Les mots, dit ce dernier, ont perdu toute signification pour lui, ne semblent plus en mesure de nommer les objets ou de décrire la nature, ni même les mouvements de son esprit. La réalité des choses y afflue désormais à l'état brut, le ravissant et l'emportant dans un tourbillon d'émotions indistinctes, ce qui le prive de toute possibilité de discernement, de «méditer ou de parler sur n'importe quoi avec cohérence» et de porter un jugement sur les choses.
«Je ne parvenais plus à les saisir avec le regard simplificateur de l'habitude. Tout se décomposait en fragments, et ces fragments à leur tour se décomposaient ; rien ne se laissait plus enfermer dans un concept. Les mots flottaient, isolés, autour de moi».

Une rose est une rose, est une rose..? Qu'en penser..? Et après ce constat, qu'aurait-on d'autre à rajouter...?
Et de quoi pourrait-on au juste se vanter, après-coup, cent vingt ans après la déferlante avant-gardiste et les expérimentations langagières radicales auxquelles le XXe siècle donnait naissance, entre autres sous la double égide, freudienne et nietzschéenne, de la fragmentation du Moi, de sa pluralité désormais revendiquée, ainsi que de l'affirmation définitive de sa sidérale solitude ontologique?
La déréliction du Moi et la perte d'identité transformées en nouveaux défis auquel devront faire face les héros de l'Odyssée moderne, au risque de se transformer définitivement en «Personne», de se métamorphoser en cafards, ou en rhinocéros, ou de se voir reflétés en exquis cadavres?

Hofmannsthal, quant à lui, semble avoir voulu inviter chez lui en même temps Sophocle et Goethe, Nietzche et Freud (il avait été paraît-il très bouleversé par la lecture des deux derniers). Ils se sont retrouvés autour de sa table d'écriture, et de toute évidence Hofmannsthal ne souhaitait qu'aucun d'eux quitte les locaux... Un pari impossible à tenir?

Quoi qu'on en pense, la prose, mélange savant de classicisme intemporel et de modernité ambiguë, reste un pur régal!

Des textes la plupart du temps courts, quelques contes aussi (le plus connu étant «La Femme sans Ombre»), un livre d'aphorismes, un roman inachevé... (Je ne suis pas, par contre,un grand lecteur de pièces de théâtre, que je préfère découvrir d'abord sur scène, lire ensuite éventuellement; quant aux livrets d'opéra, alors là...). Si l'héritage d'une oeuvre marquée autant par sa quête d'absolu que par les renoncements que son auteur se serait imposé, resulte en définitive assez "maigre", l'essentiel s'y trouve néanmoins concentré. Des moments de grande beauté, d'introspection poétique et de grâce pour ses lecteurs:

«Oui, tandis qu'il s'abandonne à la vision et possède le pouvoir de croire à ce qu'un poète lui fait contempler (...) tandis qu'il possède le pouvoir d'intégrer à sa vie sous forme de symbole la créature la plus mystérieuse enfantée par le temps (...) tandis qu'il intègre à sa vie le poème, création sismographique, oeuvre secrète de celui qui est esclave de toutes les choses vivantes et jouet de toute pression atmosphérique – tandis qu'il éprouve dans cette création du temps la félicité de sentir son Moi égal à lui-même et de flotter en sécurité dans la chute de l'existence, alors la notion du temps disparaît pour lui et l'avenir arrive vers lui comme le passé en un présent unique.»

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Il est sûr que sur nos chemins en lacet nous ne sommes pas poussés vers l'avant par nos seuls actes, mais toujours attirés par quelque chose qui, semble-t-il, toujours nous attend quelque part et toujours reste voilé. Il y a comme un désir amoureux, une curiosité d'amour, dans notre progression, lors même que nous cherchons la solitude de la forêt ou la quiétude des hautes montagnes ou bien un rivage vide au long duquel la mer, comme une frange argentée, se défait dans un faible murmure. À chaque rencontre solitaire se mêle une grande douceur, ne fût-ce que la rencontre d'un arbre isolé ou celle d'un animal de la forêt qui s'immobilise en silence et dont les yeux nous fixent dans l'obscurité.(...) À nul instant, comme lors de la rencontre, la sensualité n'est aussi baignée d'âme, l'âme aussi baignée de sensualité. Ici, l'élan vers l'autre est encore libre de désir, naïf mélange de confiance et de crainte.
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Le noyau mystérieux, le cœur des expériences, des actes obscurs, des douleurs obscures, n'est-ce point lorsque tu as commis ce que tu n'aurais pas dû, mais devais commettre, lorsque tu as éprouvé ce que toujours tu pressentais sans jamais le croire, lorsque tout est en ruines autour de toi et que nulle part le terrible ne pouvait être laissé inaccompli - la vague de l'étreinte ne s'enroulait-elle pas alors, issue du plus profond de l'événement, t'attirant à elle, et tu te trouvais solitaire et inadmissible, grand et comme délivré dans tous tes sens, dénué de nom, souriant de bonheur.
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La jeunesse et l'araignée

La jeunesse
avant lui avec une ivresse croissante

Elle m'aime! Comment je possède maintenant le monde
est au-dessus de tous les mots, de tous les rêves : C'est mon but
que de chaque point sombre
Les nuages ​​silencieux dessinent des chambres plus éclairées,
saisis par un rêve formidable :
Alors il me porte - que je ne me manque pas !
La belle vie, la mer et la terre sont des invités.
Non! comme un rêve du matin tombe du dormeur
Et s'est évanoui dans la réalité,
la vérité ne s'est éclaircie pour moi que maintenant :
je ne dérive pas en tant qu'invité, j'ai démoniaquement fait mon
maître
Les coïncidences du destin : les jeunes garçons
Il y a ceux qui ont appris de moi le sérieux et les jeux,
je vois comme certains ont mes expressions, ça
me saisit mystérieusement
de les voir moissonner ; et sur les berges, sur les collines,
je
sens mon intimité se déverrouiller dans une image de rêve merveilleusement lointaine
A la vue de leurs actes me donne.
Je lève les yeux vers le ciel, y réfléchis les royaumes des nuages,
réfléchis dans le planant
ce que j'ai désiré, ce qui est donné, moi, le tout !
Je suis
encadré par une si belle vie , avec le grand éclat des
belles étoiles j'ai une
ivresse si intimement liée -
Pour quel avenir est-ce que j'attrape Trunkner ?
Mais il flotte, je peux déjà le toucher :
car ce qui est arrivé depuis longtemps monte aux étoiles
, et d'autres, d'autres courants conduisent ce qui ne s'est pas passé
, la terre le
laisse sortir par des portes invisibles,
conquise par le geste suppliant !

Il se dirige donc vers la fenêtre ouverte, qui est remplie de clair de lune brillante et encadrée par les ombres des feuilles de vigne sauvages. Pendant ce temps, sous ses yeux, une grosse araignée surgit à pas de course de l'obscurité d'une feuille et serre le corps d'un petit animal. Dans le silence de la nuit, il y a un son extrêmement doux mais pitoyable et vous pensez pouvoir entendre les mouvements des membres qui s'agrippent fortement.

La jeunesse
doit prendre du recul

Quelle peur, quel besoin.
Il faut que mon sang reflue pour que je te voie là,
vilaine violence, bête, mort !
La merveilleuse proximité des grands rêves
s'estompe, comme le roulement lointain d'
une cascade, que j'ai entendu auparavant
, cela semblait audacieux et gonflé,
Maintenant le bruit s'atténue, et la haute distance
devient vide et désolée d'un pressentiment :
Le monde se possède , oh j'apprends !
Je ne retiens pas la forme maléfique, pas plus
que le parcours des belles étoiles.
La violence se passe devant mes yeux,
ça me fait mal au cœur à l'intérieur,
Il a une emprise sur chacune de mes fibres,
je peux - et je ne veux pas y échapper :
Comme s'il y avait des chemins qui mènent à la maison, Il
m'entraîne de tous mes sens
Dans l'inconnu, et je sens déjà
une satisfaction incompréhensiblement immense
en prévision : je gagnerai ceci :
subir la douleur, infliger la douleur.
Maintenant je sens quelque chose frémir autour de moi,
Il s'entasse jusqu'aux hautes étoiles,
Et maintenant je connais son nom : la vie.

(1897)
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La jeunesse et l'araignée

La jeunesse
avant lui avec une ivresse croissante

Elle m'aime! Comment je possède maintenant le monde
est au-dessus de tous les mots, de tous les rêves : C'est mon but
que de chaque point sombre
Les nuages ​​silencieux dessinent des chambres plus éclairées,
saisis par un rêve formidable :
Alors il me porte - que je ne me manque pas !
La belle vie, la mer et la terre sont des invités.
Non! comme un rêve du matin tombe du dormeur
Et s'est évanoui dans la réalité,
La vérité ne s'est éclaircie pour moi que maintenant :
je ne dérive pas en tant qu'invité, j'ai démoniaquement fait mon
maître
Les coïncidences du destin : Jeunes garçons
Il y a ceux qui ont appris de moi le sérieux et les jeux,
je vois comme certains ont mes expressions, ça
me saisit mystérieusement
de les voir moissonner ; et sur les rives, sur les collines
je
sens mon intimité se déverrouiller dans une image de rêve merveilleusement lointaine
A la vue de leurs actes me donne.
Je lève les yeux vers le ciel, y réfléchis les royaumes des nuages,
réfléchis dans le planant
ce que j'ai désiré, ce qui m'a été donné, moi, le tout !
Je suis
encadré par une si belle vie , avec le grand éclat des
belles étoiles j'ai une
ivresse si intimement liée -
Pour quel avenir est-ce que j'attrape Trunkner ?
Mais il flotte, je peux déjà le toucher :
car ce qui est arrivé depuis longtemps monte aux étoiles
, et d'autres, d'autres courants conduisent ce qui ne s'est pas passé
, la terre le
laisse sortir par des portes invisibles,
conquise par le geste suppliant !

Il se dirige donc vers la fenêtre ouverte, qui est remplie de clair de lune brillante et encadrée par les ombres des feuilles de vigne sauvages. Pendant ce temps, sous ses yeux, une grosse araignée surgit à pas de course de l'obscurité d'une feuille et serre le corps d'un petit animal. Dans le silence de la nuit, il y a un son extrêmement doux mais pitoyable et vous pensez pouvoir entendre les mouvements des membres qui s'agrippent fortement.

La jeunesse
doit prendre du recul

Quelle peur, quel besoin.
Il faut que mon sang reflue pour que je te voie là,
vilaine violence, bête, mort !
La merveilleuse proximité des grands rêves
s'estompe, comme le roulement lointain d'
une cascade, que j'ai entendu auparavant
, il semblait audacieux et gonflé,
Maintenant le bruit s'atténue, et la haute distance
devient vide et désolée d'un pressentiment :
Le monde vous possède , oh j'apprends !
Je ne retiens pas la forme maléfique, pas plus
que le parcours des belles étoiles.
La violence se passe devant mes yeux,
ça me fait mal au cœur à l'intérieur,
Il a une emprise sur chacune de mes fibres,
je peux - et je ne veux pas y échapper :
Comme s'il y avait des chemins qui mènent à la maison, Il
m'entraîne de tous mes sens
Dans l'inconnu, et je sens déjà
une satisfaction incompréhensiblement immense
en prévision : je gagnerai ceci :
subir la douleur, infliger la douleur.
Maintenant je sens quelque chose frémir autour de moi,
Il s'entasse jusqu'aux hautes étoiles,
Et maintenant je connais son nom : la vie.

(1897)
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L'empereur de Chine parle :

Moi, le Fils du Ciel, J'habite au milieu de toutes choses .
Mes femmes, mes arbres,
mes animaux, mes étangs
Clôturent le premier mur.
Ci-dessous sont mes ancêtres :
Alignés avec leurs armes,
leurs couronnes sur la tête,
Comme il sied à tout le monde,
ils vivent dans les caveaux.
Jusqu'au coeur du monde
mon altesse rugit.
Muet de mes bancs de pelouse,
tabourets verts sur mes pieds,
ruisseaux également divisés
est, ouest, sud et nord, pour
arroser mon jardin,
C'est la vaste terre.
Les yeux noirs se reflètent ici.
Ailes colorées de mes animaux, l'
extérieur reflète les villes colorées,
les murs sombres, les forêts denses
et les visages de nombreux peuples.
Mes nobles, comme les étoiles,
vivent autour de moi, ils ont des
noms que je leur ai donnés, des
noms après l'heure.
Quand quelqu'un s'est approché de moi, les
femmes que je leur ai données,
Et les multitudes de leurs enfants ;
Pour tous les nobles de cette terre,
j'ai créé les yeux, la croissance et les lèvres.
Comme le jardinier avec les fleurs.
Mais entre les murs extérieurs
Les peuples vivent mes guerriers, les
peuples mes agriculteurs.
De nouveaux murs et puis
ces peuples à nouveau assujettis,
peuples au sang toujours terne,
Jusqu'à la mer, le dernier mur qui
entoure mon royaume et moi.

(1897 ?)
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Videos de Hugo Von Hofmannsthal (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hugo Von Hofmannsthal
HOFMANNSTHAL – Pensées d'Yves Bonnefoy sur la question poétique dans ses lettres (Conférence, 2011) Une conférence d’Yves Bonnefoy, intitulée « Hofmannsthal et la question de la poésie », donnée le 12 mars 2011 à l’Université de Strasbourg.
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