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Citations sur Hitchcock, édition définitive (36)

Hitchcock réaliste ? Dans les films comme les pièces, le dialogue ne fait qu’exprimer les pensées des personnages alors que nous savons qu’il en va souvent autrement dans la vie, en particulier dans la vie sociale chaque fois que nous sommes mêlés à une réunion entre personnes qui ne sont pas des intimes : cocktails, repas mondains, conseil de famille, etc.
Si nous assistons, en observateur, à une réunion de ce genre, nous sentons très bien que les paroles prononcées sont secondaires, de convenance, et que l’essentiel se joue ailleurs, dans les pensées des invités, pensées que nous pouvons identifier en observant les regards. /.../
C’est ainsi qu’Alfred Hitchcock se trouve être pratiquement le seul à filmer directement, c’est à dire sans recourir au dialogue explicatif, des sentiments tels que le soupçon, la jalousie, le désir, l’envie et cela nous amène au paradoxe : Alfred Hitchcock, le cinéaste le plus accessible à tous les publics par la simplicité et la clarté de son travail, est en même temps celui qui excelle à filmer les rapports les plus subtils entre les êtres.
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[…] tout son entourage savait qu’un cinquante-quatrième film de Hitchcock était hors de question tant son état de santé – et son moral- s’étaient délabrés.
Dans le cas d’un homme comme Hitchcock, qui n’avait vécu que par et pour son travail, un arrêt d’activité signifiait un arrêt de mort. Il le savait, tout le monde le savait, c’est pourquoi les quatre dernières années de sa vie ont été si tristes.
Le 2 mai 1980, quelques jours après sa mort, une messe a été dite dans une petite église de Santa Monica Boulevard, à Berverly Hills. L’année précédente, dans la même église, c’est à Jean Renoir qu’on disait adieu. Il y avait la famille, des amis, des voisins, des cinéphiles américains et même de simples passants. Pour Hitchcock, ce fut différent. Le cercueil était absent, il avait pris une destination inconnue. Les invités, convoqués par télégramme, étaient notés et vérifiés à l’entrée de l’église par le service d’ordre de la Société Universal. La police faisait circuler les curieux. C’était l’enterrement d’un homme timide devenu intimidant qui, pour une fois, évitait la publicité puisqu’elle ne pouvait plus servir son travail, un homme qui s’était exercé depuis l’adolescence à contrôler la situation.
L’homme était mort, mais non le cinéaste, car ses films, réalisés avec un soin extraordinaire, une passion exclusive, une émotivité extrême masquée par une maîtrise technique rare, n’en finiraient pas de circuler, diffusés à travers le monde, rivalisant avec les productions nouvelles, défiant l’usure du temps, vérifiant l’image de Jean Cocteau parlant de Proust : « Son œuvre continuait à vivre comme les montres au poignet des soldats morts. »

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Si l’on veut bien à l’époque d’Ingmar Bergman, accepter l’idée que le cinéma n’est pas inférieur à la littérature, je crois qu’il faut classer Hitchcock - mais au fait pourquoi le classer ? - dans la catégorie des artistes inquiets comme Kafka, Dostoïevski, Poe.
Ces artistes de l’anxiété ne peuvent pas nous aider à vivre, puisque vivre leur est déjà difficile, mais leur mission est de nous faire partager leurs hantises. En cela, même et éventuellement sans le vouloir, ils nous aident à mieux nous connaître, ce qui constitue un but fondamental de toute oeuvre d’art.
François Truffaut

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A. H. : Vous savez que j'avais conçu "Vertigo" pour Vera Miles, nous avions fait des essais concluants et tous les costumes étaient faits pour elle.
F. T. : Paramount n'a pas voulu d'elle ?
A.H. : Paramount était d'accord. Simplement, elle est devenue enceinte, juste avant de tourner le rôle qui allait faire d'elle une vedette. Puis j'ai perdu mon intérêt pour elle, le rythme n'y était plus.
F.T. : Je sais que, dans beaucoup d'interviews, vous vous êtes plaint de Kim Novak, mais tout de même je la trouve parfaite dans le film. Elle correspondait très bien au rôle, essentiellement à cause de son côté passif et bestial.
A.H. : Mlle Novak est arrivée sur le plateau la tête pleine d'idées que malheureusement il m'était impossible de partager. Je ne contrarie jamais un acteur au cours des prises de vues, afin de ne pas mêler les électriciens à cela. Je suis allé retrouver Mlle Novak dans sa loge et je lui ai expliqué quelles robes et quelles coiffures elle devait porter : celles que j’avais prévues depuis plusieurs mois. Je lu ai fait comprendre que l'histoire de notre film m'intéressait beaucoup moins que l'effet final, visuel, de l'acteur sur l'écran dans le film terminé.
F.T. : Toutes ces difficultés préalables vous rendent injuste pour le résultat, car je vous assure que tous les gens qui admirent "Vertigo" aiment Kim Novak dans le film.

Chapitre 12
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« Comment s’exprimer de façon purement visuelle ?
Comment susciter des émotions ? »
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F.T. : Parmi les gens qui vous admirent, certains souhaiteraient que vous entrepreniez des adaptations d’œuvres importantes et ambitieuses, "Crime et châtiment" par exemple.
A.H. : Oui, mais je ne le ferai jamais, parce que "Crime et châtiment", c'est l’œuvre de quelqu'un d'autre justement. On parle souvent des cinéastes qui, à Hollywood, déforment l’œuvre originale. Mon intention est de ne jamais faire cela. Je lis une histoire seulement une fois. Quand l'idée de base me convient, je l'adopte, j'oublie complètement le livre et je fabrique du cinéma. Je serais incapable de vous raconter "Les oiseaux" de Daphné du Maurier. Je ne l'ai lu qu'une fois, rapidement.
Ce que je ne comprends pas, c'est que l'on s'empare réellement d'une œuvre, d'un bon roman que l'auteur a mis trois ou quatre ans à écrire et qui est toute sa vie. On tripote cela, on s'entoure d'artisans et de techniciens de qualité et on se retrouve candidat aux oscars alors que l'auteur se dissout dans l'arrière-plan.

Chapitre 3
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J'ouvre une parenthèse pour définir ce que j'appelle un « grand film malade ». Ce n'est rien d'autre qu'un chef-d'œuvre avorté, une entreprise ambitieuse qui a souffert d'erreurs de parcours : un beau scénario intournable, un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l'amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de « grands films malades » ne peut que s'appliquer évidemment qu'à de très bons metteurs en scènes, à ceux qui ont démontré dans d'autres circonstances qu'ils pouvaient atteindre la perfection.

François Truffaut.
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Reprocher à Hitchcock de faire du suspense équivaudrait à l'accuser d'être le cinéaste le moins ennuyeux du monde, cela équivaudrait à blâmer un amant de donner du plaisir à sa partenaire au lieu de s'occuper du sien propre.
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Le dialogue doit être un bruit parmi les autres, un bruit qui sort de la bouche des personnages dont les actions et les regards racontent une histoire visuelle.
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Truffaut : C'est le cas de tous les romans d'Agatha Christie, par exemple... Une enquête laborieuse, des scènes d'interrogatoire les unes derrière les autres...

Hitchcock : C'est pourquoi je n'aime pas beaucoup les whodunits ; cela fait penser à un puzzle ou à une grille de mots croisés. Vous attendez tranquillement la réponse à la question : qui a tué ? Aucune émotion.
Cela me rappelle une histoire. Quand la télévision a commencé, il y avait deux chaînes rivales en compétition. La première chaîne a annoncé une émission whodunit. Et juste avant cette émission, un speaker de la chaîne rivale a annoncé : « Dans le whodunit qui sera diffusé sur la chaîne rivale, nous pouvons déjà vous dire que c'est le valet qui a fait le coup ».
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