Plus d'une trentaine de nouvelles dans ce Tome 1. J'ai traversé une vallée de larmes et pourtant il y a eu un réel plaisir car
Chester Himes sait rendre la crise d'un homme brisé avec une tension qui fait basculer le lecteur dans l'esprit du personnage avec une minutie incroyable. Il démontre que la folie est un excellent ressort dans l'écriture de nouvelles, courtes par essence (à l'exception d'
Une messe en prison), parce qu'elle permet à l'auteur d'aller à l'essentiel de ce qui motive le personnage en laissant le lecteur prendre connaissance de ses pensées les plus secrètes. Ce qui pousse à agir le personnage ? des réflexes culturels, une éducation, un milieu social mais aussi des névroses. Tous les personnages sont finalement emprisonnés.
Il y a un souci du détail et parfois des envolées très imagées, presque poétiques dans la description de situations, le clair de lune entre les barreaux qui laisse une flaque sur le sol de la cellule la nuit, la pluie souvent grise, lourde, étouffante comme le future, qu'il soit dedans ou dehors. Les personnages masculins sont souvent noirs, des individus qui se la jouent, qui aiment le jeu, qui tuent. Mais seuls dans leur trou froid, ils sont d'une tristesse que l'auteur décrit avec sensibilité, intelligence et qui touche indéniablement. Seule la solitude est leur compagne, c'est essentiellement ce que je retiens de ces nouvelles, une solitude de tous les instants. Alors parfois, la bravade, la camaraderie, le souvenir d'une mère souffle un peu de chaleur. Juste un instant et la chute tombe.