Nouvelles de Petersbourg

Par où commencer? Disons qu'une très légère inclinaison à la paresse me pousse encore et toujours vers mes styles de prédilection que sont la littérature américaine, les polars et la BD ( de temps en temps un classique, histoire d'être en paix avec ma conscience, madame Michaux si vous me lisez...)
C'est que je suis bien au chaud moi, en terrain conquis. Seulement voilà , comme dirait l'autre, ça fait pas vraiment avancer le schmilblick.
Il était grand temps pour moi de combler mes lacunes ( mon ignorance?)
Au programme du jour: littérature russe et grincements de dents donc.
J'avais pourtant tout prévu: corde de chanvre, lettre d'adieu et autres dispositions d'usage. Tout prévu sauf ça: la littérature russe ça peut être drôle en fait!
Moins masochiste que les parpaings effrayants tendance tsunami-proof, ce recueil de nouvelles atypiques, empreintes d'ironie et d'absurde est une charge très virulente contre les autorités, à peine déguisée sous le masque fantastique. Un bon moment de lecture, servi en prime, par une langue accessible et moderne.
Que des bons points donc.
Génial.
Plus d'excuse.
Va vraiment falloir que je m'y mette.
Il est pour qui le pavé de 8000 pages?

@ Nastasia: merci, z'êtes fière de vous?

Nicolas Vassiliévitch Gogol (1809-1852) est un romancier, nouvelliste, dramaturge, poète et critique littéraire russe d'origine ukrainienne. Il est considéré comme l'un des écrivains classiques de la littérature russe.
Les Nouvelles Pétersbourgeoises est un recueil de cinq nouvelles : La Perspective Nevski, le Journal d'un Fou, le Nez, La Calèche et le Manteau. Textes écrits et publiés dans des revues à différentes époques, ce n'est que plus tard que l'écrivain y verra une unité, à savoir que toutes se déroulent à Saint-Pétersbourg. Une ville qu'il n'appréciait pas vraiment, où il séjourna entre 1828 et 1836, jeune étudiant sans le sou, mais où il fit la connaissance d'Alexandre Pouchkine.
Si tout est bon là-dedans, deux nouvelles se détachent du lot pour moi, le Nez et le Manteau. La première parce qu'elle est complètement absurde : un matin le barbier Yakoblévitch trouve un nez dans le pain que sa femme vient de sortir du four, c'est celui d'un de ses clients, le major Kovaliov, qui va passer son temps à le chercher partout… la chute est très drôle. La seconde, la plus classique dans sa construction et son thème, conte l'histoire d'un vieux fonctionnaire (« souffre-douleur, résigné à subir les railleries de ses collègues ») qui va laborieusement économiser durant près d'un an pour s'offrir un manteau neuf et pouvoir affronter les rigueurs du climat, à peine en profite-t-il qu'on lui vole et va en mourir… la jolie chute d'essence fantastique ajoute un peu de sel à ce texte charmant.
Toutes les nouvelles jouent sur une certaine forme d'humour par leur côté soit absurde (dans le Journal d'un Fou, le « fou » entend les chiens parler et se prend pour le roi d'Espagne), soit gentiment fantastique. A ces éléments, Gogol ajoute une critique sociale permanente, sur cette ville dont il faut se méfier car sous les lumières et les ors, la réalité n'est pas ce qu'elle semble (La Perspective Nevski) ainsi que sur la bureaucratie – un thème fréquent chez les Russes et pour cause, ou le rang social (fonctionnaires, officiers, gens du peuple).
Un bouquin extrêmement agréable à lire, pour son humour je l'ai déjà dit et parce que c'est vraiment très bien écrit comme on s'en doute.

Nouvelles de Pétersbourg est un recueil de nouvelles ayant toutes comme point commun le lieu : la ville de Saint-Pétersbourg. L'auteur y dépeint à travers cinq nouvelles une ville inintéressante à part la rue "la perspective Nevski" tout juste bonne à se promener et regarder les passants, des hauts fonctionnaires prétentieux, une ville sans patriotisme où grouille une diversité de gens de toutes cultures et tout niveau social...
Malgré cet élément commun aux nouvelles, je ne dirai pas que cela décrit ce livre dans son ensemble : ici , nous avons 5 nouvelles principalement écrites dans le style absurde, frôlant parfois le fantastique.
Des thèmes parfaitement incongrus (oui, plus invraissemblables qu'originaux... exemple : une nouvelle sur un Nez qui un beau jour décide de s'échapper de son propriétaire et se vêt d'un uniforme, parle...). Ma nouvelle préférée fut "Le portrait", la plus fantastique de toutes, qui m'a fait penser au Portrait de Dorian Gray et un peu au style des nouvelles fantastique De Maupassant.

Si les thèmes sont tous divers et variés, très originaux et inusités, si l'auteur écrit d'une belle plume, Nouvelles de Pétersbourg m'a néanmoins laissé un peu mitigée. Pas de coup de coeur. Je préfère de l'aventure, de l'action, de la passion, du suspence, de l'émotion. Ici je n'ai rien ressenti de tel. le livre est plaisant, divertissant mais ce n'est pas à mon goût une lecture indispensable et sublime.
Je dirais même que certaines nouvelles sont trop longues : si le sujet vaut le détour (comme le nez, la plus incongrue), il n'était pas utile à mon goût de s'étendre plusieurs pages où il ne se passe rien.

Je dirais donc que c'était une agréable lecture, mais sans plus.

Même si ces nouvelles constituent un jalon important de la littérature russe (style de narration, fantastique...) je trouve qu'elles ont mal vieilli. La critique sociale nous important moins que les contemporains de Gogol, certaines nouvelles farfelues perdent de leur intérêt et n'ont pas le charme des histoires fantastiques anglaises ou allemandes. le style de Gogol, dans ce recueil, n'a rien d'éblouissant. Il a fait bien mieux ailleurs. "Le manteau" demeure la plus réussie de l'ensemble à mon avis.