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EAN : 9782330161743
96 pages
Actes Sud (09/02/2022)
4/5   24 notes
Résumé :
Trois textes qui évoquent l'amour sous toutes ses formes : naissant, en fuite, déclinant.

Trois monologues qui, dans une langue joyeusement chahutée, interrogent et célèbrent la jouissance procurée par les mensonges que les hommes se racontent pour se plaire, pour plaire à l'autre et pour embrasser la vie que leur imaginaire projette sur le réel. un triptyque qui tente également de cicatriser les blessures provoquées par des générations d'amours mal d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce recueil est du « grand » Laurent Gaudé, comme je l'aime. Comme j'aime retrouver cet auteur, avec sa romance, avec sa constante et belle sensibilité, avec sa grande poésie.
Un Laurent Gaudé avec le verbe haut et cette abondance de mots, qui sonnent, qui résonnent, qui s'envolent, qui tintent, qui trébuchent, qui roulent, qui grondent, qui crissent.

Ce sont trois monologues écrits avec une magnifique éloquence.
Des textes théâtraux que nous aurions envie de déclamer nous aussi seuls sur scène, devant des spectateurs silencieux, les yeux tous ronds de questionnements.
S'adresser à la foule, en gesticulant, en parlant, en criant, en riant, en soupirant comme pour combler tout l'espace.
Comme pour combler les énormes vides que nous a refilé en douce, notre propre vie.
Comme pour se délivrer de tous les mots que nous avions trop longtemps gardés, au plus profond de nous.
Comme pour conjurer le temps qui passe et ne pas s'apitoyer sur nos petites douleurs.
Comme pour faire vibrer à grands éclats de voix, à le fissurer, le monde entier qui nous écoute.
Pour leur crier ce que fut parfois notre solitude et notre silence intérieur.
Mais aussi pour gueuler aux êtres qui nous sont si précieux, que nous les aimons, que nous les chérissons, qu'ils sont nos diamants, qu'ils sont de magnifiques étoiles dans nos nuits éternelles.
*

« le grand menteur » est aussi un questionnement sur l'existence de chacun.
Que nous devrions toujours dire les mots à l'instant où nous éprouvons de besoin de les dire.
Et surtout ne pas intercaler du temps, ni d'instant.
Se laisser envahir par les sentiments, les émotions, les mots et puis les dire, les susurrer, les murmurer.
Ou les écrire si on ne peut pas en parler.
Remplir des livres, des cahiers, des feuilles.
Des feuilles blanches qui attendent tremblantes, l'encre de l'avenir.
Mais ce n'est pas demain !
Ni hier !
c'est là, tout de suite !
Là, maintenant !
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Ecouté en audio, justement pour me rapprocher de ce que pourrait être un ressenti sur scène.
Très déçu. Je ne suis jamais entré dans les textes. La phrase qui s'est imprimé dans mon esprit a été : "Le mieux est l'ennemi du bien".
Peut être la lecture simple n'aurait-elle pas provoqué le même rejet de ma part.
Pour toucher, il faut parfois de la retenue, ici on verse dans le pathos avec une surabondance de larmnoyade...
La descente aux enfers version identité sexuelle.
Je ne doute pas de l'omniprésence nécessaire de ce registre pour un auteur contemporain à succès commercial souhaité, mais il y a la manière de le faire. Ici c'est trop tonytruand pour servir.
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Roman, poésie, théâtre. Trois mots qui ne suffisent pas à parler de ce petit triptyque basé sur un même pivot pour ces 3 récits qui peuvent etre considerés comme individuels ou comme liés.
Grand menteur dans un sens qui n'est pas celui du mensonge basique mais comme un rattrapage d'un manque. Celui d'une vie que l'on n'a pas vécu mais que l'on veut embellir. Menteur pour enfin libérer la parole que l'on a toujours gardée en soi parce que l'on ne s'est pas senti légitime. Menteur pour dire ce que l'on est et pourquoi et comment on est, pourquoi on est là.
Très poétique ce texte comme sait si bien en écrire M. Gaudé. Très théâtral parce qu'il s'articule en 3 monologues qui sont fait pour la scène, indépendamment ou à la suite.
Une seul mot : Parole.
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Et si la soif d'exister passait par l'ivresse des mots ? Avec cette trilogie qu'on peut lire-entendre-jouer-voir aussi en séparé, Gaudé nous plonge dans le mystére de l'existence. Qui est-on tant qu'on n'a pas aimé ? Qui est-on tant qu'on n'est pas aimé ? Qui est-on tant qu'on n'a pas rencontré l'autre ? Et tant qu'on ne s'est pas trouvé ? Les mots valsent, les images fusent, le vocabulaire et la grammaire fluctuent, la vie enfle et monte, glisse, coule et se casse, comme la mer des plages du Nord ou le rhum des Trois Rivières. Celui-celle qu'on a aimé et qu'on a perdu, qu'on oublie et qui vous hante à jamais. Même s'il n'a pas existé.
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Il a fallu beaucoup d'audace à l'auteur pour écrire et reproduire sur scène un fantasque et dramatique imaginaire débridé, ou l'exagération dans la vérité que l'on s'accorde fait bon ménage avec le mensonge que chacun de nous voudrait dissimuler en vain. La poésie fort réussie de ce monologue en trois parties prouve à tel point la solitude est grande et en reconnaît la nécessité, le soliloque est dans la nature des gens pour trouver un exutoire pour parler tout haut et seul sans rencontrer la contradiction: Je me dis, je suis à ma place et je vois jouer ma pièce, et que je suis l'invité.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tu veux-tu que j'raconte?
Tu veux-tu vraiment?
Ça veut dire couper les tuyaux,
Éteindre les machines qui surveillent le souffle, le sang et le reste,
Arrêter de me regarder avec des yeux de désolée,
Mine sérieuse pour le trépassé à qui on n'ose pas dire.
Ça veut dire accepter que ça dégouline un peu
Et que les forces se perdent.
Qu'est ce que ça fait?
Tu es-tu prête à ça?
Laisser ton regard de blouse blanche,
Et dire à tes mains de plus chercher le pouls?
Arrête l'inquiétude,
Le regard fixé sur le teint livide, les pulsations que tu prends et reprends,
Arrête tout ça.
Laisse au contraire...
Coupe la sirène toute trombe,
Silence revenu,
Grand silence de vie,
Et déjà c'est un peu comme si la mort s'en allait,
Ou en tout cas la menace, l'urgence, la panique,
Tous ces trucs qui vont avec et qui nous tuent plus vite,
Laisse,
Ouvre la porte,
Foutue porte,
Vous voulez toujours fermer les macchabées,
Je veux voir, moi, jusqu'au bout,
Même si y a rien.
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Tellement je les avais mis cois.
J'étais l'empereur
Et quand j'suis parti,
J'ai laissé la ville comme une fille que l'on a troussée toute la nuit,
Jambes ouvertes,
Heureuse,
Avec le sourire béat
Et, au fond des yeux, la tristesse de celle qui sait qu'elle jouira plus jamais comme ça.
Possible qu'ils m'aient rayé de leur mémoire,
Comme on fait quand on a honte,
Possible qu'ils aient brûlé les registres et n'en parle même plus entre-eux,
Mais moi, je dis que ça été vrai.
Je les ai mis petits à Scrobeck-de-Floers.
J'aime pas les petits menteurs de rien,
Ceux qui se poussent du coude,
Les enjoliveurs de belles façons,
Ceux qui gloussent eux-mêmes de leur propre irrévérence,
Maudits affabulateurs.
Je sais les reconnaître,
Les menteurs de mère,
Qui glissent leurs petites faussetés du bout des lèvres,
Et les menteurs de père,
Qui baratinent tout haut, se prennent le pied parfois mais continuent,
Et plus c'est gros, plus ça faconde à tue-tête.
Moi j'avais un don,
Un vrai,
Depuis tout petit dans ma vie de morveux.
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Le monde sera beau.
Je suis la vague, moi.
Après les années où la mer a fait que on-
fler,
Avancer et refluer,
dans des mouvements toujours plus hauts,
Mais jamais suffisants,
Je suis la vague,
Qui va déferler,
Pour s'écraser sur tes lèvres.
Je t'embrasserai au nom des miens,
Lignée de rien,
Aux vies bancales,
Qui seraient fiers qu'un d'entre nous,
Enfin,
Arrache le goût de vivre à la dureté des jours.
Je t'enlacerai et te ravirai au nom des miens,
Qui attendent depuis si lontemps
Et n'en reviennent pas.
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Ne t'inquiètes que ça coule à nouveau.
T'es reprise par la tentation de regarder les moniteurs
Qui font des courbes de lumière verte pour dire la vie qui bat ou qui s'épuise.
Etiens ça.
Si tu veux savoir si ça coule, je te dis : ça coule,
Mais il y a encore la force en veine.
Je regrette rien.
La musique,
La nuit,
Les bousculades,
Bagarres de castagne parfois,
Lèvres qui pissent ou phalanges qui saignent,
Si je pouvais, j'y retournerais.

Page 20
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Allez, les gens qui vivez,
allez, les besogneux,
Les tristes qui allez courir le long de trottoirs quand j'y serai plus,
Allez, la vie, quoi,
Qui gicle, bouge, se tord, laissez-la dire,
La bataille, le ventre et la biture,
Allez,
Ceux qui vivrez, de la fête, nom de Dieu
de rien.
Que ça dure un peu, gai, qui,
C'est pas long, la vie :
On s'enterre à peine né.
Allez, ceux qui vivrez,
Tournez chapeau, retroussez jupe,
Et lâchez les mots qui brulent, ceux que
vous avez jamais dits,
Pas raisonnables, pas corrects,
Lâchez
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Vidéo de Laurent Gaudé
Au Grand Théâtre de la Colline se joue du 24 mai au 16 juin 2024 "Terrasses", un texte de Laurent Gaudé mis en scène par Denis Marleau. Un récit choral qui nous plonge au coeur des événements qui ont bouleversé Paris et la France entière le 13 novembre 2015.
À cette occasion, il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye.
Visuel de la vignette : THOMAS COEX / AFP et JOEL SAGET / AFP
#theatre #litterature #paris ______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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