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Margot Nguyen Béraud (Traducteur)
EAN : 9782749178264
Le Cherche midi (01/02/2024)
3.86/5   11 notes
Résumé :
Un texte tendre et mordant par l'une des voix essentielles de la narration latino-américaine actuelle.

À 5 000 kilomètres de son pays natal, la Colombie, une jeune femme qui travaille dans une agence de publicité de Buenos Aires tente d'obtenir une bourse d'écriture aux Pays-Bas. Elle échange régulièrement avec sa sœur qui lui envoie des encomiendas, des colis contenant de la nourriture, des dessins de ses neveux, et parfois une surprise, comme une vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Colombienne vivant désormais à Buenos Aires, Margarita Garcia Robayo a sans doute mis beaucoup d'elle-même dans le personnage de son dernier roman.


Cette jeune femme dont on ne connaît pas le nom habite un petit appartement de la capitale argentine, à plus de cinq mille kilomètres de sa famille restée en Colombie. Aspirant écrivain gagnant pour l'heure fort ennuyeusement sa vie comme rédactrice en agence de publicité, elle envisage de postuler à une bourse d'écriture en Hollande. Rien ni personne ne la retenant vraiment ici, malgré les années toujours vaguement intruse dans ce quartier aux voisins acrimonieux et aux vagabonds agressifs où ses maigres affinités se résument à sa seule amie Marah en tout point son contraire, à Axel le jeune homme qu'elle fréquente depuis peu sans oser s'engager, à León le petit garçon qu'elle garde quand sa nourrice fait défaut et à Ágata la chatte de gouttière dont on ne sait jamais si et quand elle reviendra, pourquoi ne pas tenter d'aller se poser ailleurs, elle qui depuis si longtemps a rompu les amarres ? Des siens en Colombie, elle n'a plus de nouvelles, si ce n'est de loin en loin les « encomiendas », ces colis contenant nourriture, dessins de ses neveux et parfois quelque vieille photo, qu'à son grand agacement sa soeur s'obstine à lui envoyer.


C'est en cette période d'indécision qu'une caisse en bois particulièrement volumineuse lui parvient de Colombie et que, presque au même moment, sa mère totalement perdue de vue se matérialise mystérieusement dans l'appartement. Avec cette présence qui, étrangement narrée comme tangible, se devine bientôt la projection d'une psyché cédant soudain aux fantômes du passé, une irrépressible marée de souvenirs envahit la routine de la narratrice, si vivides qu'ils se mêlent à la réalité sans s'en différencier. Pendant qu'odeurs de cuisine, images de l'enfance et sentiments d'autrefois viennent revendiquer leurs droits sur un présent qui les avait gommés, se recompose un paysage intime indissociable des origines, de la famille, du vécu et de ses non-dits, en un effet boomerang d'autant plus puissant que ces ingrédients identitaires profonds s'étaient vus refoulés, relégués à un autre temps, à un autre lieu.


Comment se construire sans se souvenir de soi-même et se réconcilier avec sa mémoire originelle ? Comment s'enraciner lorsque l'on n'est plus rien qu'une fleur coupée ? Notre apprentie écrivain n'aura d'autres choix que sa propre réécriture et l'acceptation des ombres au fond d'elle-même pour reprendre en main son rapport au monde et, peut-être, enfin y trouver sa place.


Audacieux dans son mélange de différents niveaux de réalités au sein d'un récit pourtant réaliste, mené d'une plume tendre capable de passages d'un mordant confondant, ce roman nous bouscule le temps d'une réflexion sur ce qui nous constitue et conditionne notre capacité à devenir. Sans racines, pas de nouvelles pousses. Sans passé, pas d'avenir.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La narratrice est une jeune Colombienne installée à Buenos Aires. Son travail, plus ou moins régulier, consiste à rédiger des textes pour une agence publicitaire. Par ailleurs, elle essaie aussi de constituer un dossier pour solliciter une bourse d'écriture aux Pays-Bas.
A 5000 km de son pays natal, elle garde le contact avec sa soeur, ou plutôt, c'est sa soeur qui fait en sorte de maintenir le lien, un peu artificiel : appels téléphoniques où des mots creux camouflent mal le fait qu'elles n'ont pas grand-chose à se dire ; colis (« encomiendas ») contenant de la nourriture et des dessins de ses neveux, qui arrivent avariée pour l'une, abîmés pour les autres.
La narratrice se laisse porter par un quotidien banal, entre les allées et venues de son petit ami, le petit garçon de l'étage du dessous qu'elle garde parfois le soir, la chatte Ágata qui erre dans l'immeuble, les voisins de palier qu'elle croise à peine et le concierge un peu intrusif. Ce train-train linéaire fait une brusque embardée lorsqu'elle reçoit un colis inhabituel et très lourd, et que par ailleurs, sa mère débarque à l'improviste.
L'air de rien, les failles de la narratrice se révèlent, ses rares certitudes sont ébranlées, ses relations avec son entourage se modifient peu à peu, des détails auparavant insignifiants se prêtent désormais à un questionnement infini...

Quel curieux roman. Je n'arrive pas à décider si ce que vit la narratrice est réel ou relève de l'onirisme. Quoi qu'il en soit, l'auteure a le sens des formules fulgurantes et un talent certain pour raconter l'intime et ses vacillements, pour exacerber le banal et le faire glisser imperceptiblement, jusqu'à toucher du doigt le réalisme magique.
Un roman tout en finesse et en introspection, sur les liens familiaux et les relations mère-fille, fait de lenteur et de mélancolie brumeuse.

En partenariat avec les Editions le Cherche Midi via Netgalley.
#LaEncomienda #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Sous le volcan éteint du quotidien survient parfois l'inattendu comme un mirage. Il suffit d'un colis bien particulier, la encomienda en espagnol, reçu par la jeune narratrice pour que les frontières d'hier perdent peu à peu leur espace contenu.
La encomienda est subtil, vaporeux, il nous échappe et pourtant nous happe comme une apparition venue des songes.

Après ma lecture choc de Eva et les bêtes sauvages de l'auteur colombien Antonio Ungar, j'avais envie de continuer mon voyage littéraire vers ce vaste continent à la géographie tourmentée. Je me suis donc intéressée au roman La encomienda de Margarita Garcia Robayo, colombienne elle aussi.
La encomienda est totalement différent.
Le roman évolue aux douces notes oniriques de l'étrange et de la mélancolie qui accompagnent la jeune narratrice installée en Argentine.
Aspirant à décrocher une bourse d'écrivain, elle cherche son chemin au présent et sur la terre des souvenirs de sa mère, de sa soeur où consument les restes d'une affection distendue.

Rêves et désirs de famille sont ainsi tissés à son envie d'écrire, de faire apparaître ce qui n'est plus ou n'existe pas encore au gré des vicissitudes de la vie.
Le charme du roman est cette bulle de magie au détour d'une réalité assez rude. Un zest de surnaturel qui charme et nous fait douter de la réalité.

Un très beau roman au final à l'écriture intime et concise.

Une lecture #NetGalleyFrance que je remercie.
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Une jeune colombienne travaille en Argentine dans la pub. Elle envisage ,sans zèle excessif, de demander une bourse afin d'intégrer un atelier d'écriture aux Pays-Bas.
Sa vie est rythmée par son voisinage et les règles à respecter dans son immeuble, ainsi qu'avec la réception de colis(encomienda) envoyés par sa soeur. de toutes tailles, ces colis arrivent avec des contenus plus ou oins collants, puants, pourris , bref ils arrivent. Un jour c'est la maman qui arrive, elle est presque devenue une inconnue.
Et là, la vie quotidienne est racontée. Axel, un jeune homme entre dans sa vie. Avec les désirs parfois contradictoires, la jeune fille avance, apprend à se connaître.
J'ai beaucoup apprécié cette introspection joliment racontée avec énormément d'intelligence, sans naïveté. Son sens de l'observation l'amène à beaucoup réfléchir sur l'âme humaine.
Un très joli roman , une traduction qui me semble être fidèle à Margarita Garcia, autrice reconnue en Amérique latine.
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Erreur d'aiguillage suite à la lecture de la quatrième de couverture 

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Quand ce livre d'une jeune autrice colombienne a atterri entre mes mains j'étais autant excitée qu'animée d'une impatience sincère à l'idée de découvrir une lecture aux antipodes de mes goûts. C'est vrai que très souvent je verse dans la facilité et reste dans ma zone de confort aussi bien en termes de styles que d'auteurs.  

La quatrième de couverture parlant de Colombie, de Buenos Aires, "d''encomiendas" (petits colis contenant de la nourriture entre autres, envoyés aux expatries) laissait présager par mon esprit très terre à terre une lecture gorgée de soleil. Remplie de rythmes endiablés, d'odeurs, de goûts, de couleurs chatoyantes, propres à l'Amérique Latine.

La lecture a été tout autre. Une mélopée douce, entre souvenirs, questionnements et introspection. Les liens sentimentaux, familiaux en particulier mère - fille sont particulièrement mis en avant.

La lecture est douce, lente, la narratrice semble évoluer dans un coton ouateux duquel peine à émerger. Se cherche. Ne se trouve plus. Remise en cause, questionnement.

La réalité et le rêve se mélangent dans l'histoire. Plusieurs fois j'ai douté de ma compréhension, perdue entre les deux. Cette frontière, aussi fine d'une feuille de papier à cigarette, n'a pas réussi à m'embarquer. J'ai peiné à démêler le vrai du faux.

Comme quoi, la lecture de la quatrième de couverture peut s'avérer être une erreur, clairement la lecture fut moins lumineuse qu'espérée.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Les très rares fois où j’ai recroisé des gens venus de mon passé – de mon enfance, de mon adolescence, de ma ville –, j’ai pu remarquer l’étonnement dans leur regard, le ton de leur voix, comme s’ils étaient face à un fantôme : « Tu as disparu », me disent-ils, bien que ce soit évidemment faux, je suis là, prisonnière de la même enveloppe. La réaction sur le visage des autres n’est jamais gratifiante, comme si le fait de me savoir loin leur donnait la certitude que j’allais bien, mais qu’en me voyant revenir ils ne pouvaient s’empêcher de penser que quelque chose avait mal tourné. Revenir, presque toujours, c’est échouer.
D’autres résolvent leurs problèmes en rapprochant les extrêmes pour tenter de réduire l’écart de l’incompréhension. Là, au milieu, ils mettent deux chaises et s’installent pour discuter. En fait, ils appellent cela « dialoguer ». Mais l’écart n’est jamais tout à fait comblé, il reste toujours du jeu, une petite fissure expansible. Chaque personne est un noyau cerné par cet écart d’incompréhension. Y compris ceux qui se sentent proches les uns des autres sont séparés par cette bordure étroite mais profonde. Personne n’est si proche que cela de qui que ce soit. Personne ne peut ignorer l’abîme qui l’isole d’autrui.
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Je suppose qu’à un moment j’ai dû effacer mes souvenirs pour faire de la place dans ma tête et pouvoir en amasser de nouveaux. Comme lorsqu’on a besoin de plus d’étagères dans son placard et qu’on jette ses vieux vêtements, bien qu’ils soient encore en bon état. Bref, il se trouve que cette femme est ma mère, mais moi je ne me rappelle pas la sensation d’être sa fille. De même que ce creux dans ma sensibilité ne ressemble pas à celui que laissent les chansons oubliées – ces dernières ressurgissent de nulle part, entières et vigoureuses, un après-midi mélancolique. Je ne sais pas bien à quoi ressemble cette sensation, mais régulièrement, pour l’expliquer, me vient un hologramme de moi-même me montrant une robe que je ne reconnais pas ; elle ne me semble ni belle ni laide, en tout cas jamais je ne l’aurais choisie. L’hologramme me dit : « Tu adorais cette robe, tu l’as payée une fortune, tu t’es sentie comme un mannequin chaque fois que tu l’as portée. » Et moi, après l’avoir observée de près et constaté son innocuité, de répondre : « Cette robe-là ? »
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Être bon et solidaire dans des circonstances normales n’a aucune valeur, Susan, c’est comme allumer une lampe en plein jour.
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(…) la plupart des gens compensent les brouilles affectives par des produits. C’est aussi cela le sens de ses colis : je ne peux t’accorder ma compréhension ni ma compagnie, alors je transforme ce que je n’ai pas en gâteau roulé, en chapeau, en étui en crochet pour ranger ton portable. Ce n’est pas non plus une révélation. C’est un savoir qui a toujours été là, et pas seulement dans ma famille : quand la raison manque et qu’on y renonce de manière consensuelle – c’est-à-dire, laborieusement – ou quand gagnent l’incapacité et la fatigue, il reste toujours la nourriture, les cadeaux, les produits délibérément non nécessaires – et laids, en général.
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Elle s’est lissé les cheveux, qui sont un peu plus clairs que la dernière fois, sans racines apparentes. C’est un miracle qu’ils repoussent encore après toutes ces années à se lisser les cheveux ; elle le faisait tellement souvent que ma tante Vicky devait lui appliquer des cataplasmes d’aloe vera pour apaiser son cuir chevelu irrité. Ma sœur est blanche comme une meringue, mais elle a les cheveux bouclés, drus et rebelles, or c’est bien là, disait ma grand-mère, le seul et véritable trait distinctif de la négritude. Ma sœur a passé une bonne partie de son adolescence à éradiquer ce trait, au point de se lacérer la tête.
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