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Simon Baril (Traducteur)
EAN : 9782743655006
288 pages
Editions PAYOT & RIVAGES (12/01/2022)
3.82/5   37 notes
Résumé :
Lynch, petite ville de Virginie-Occidentale, est tellement sinistrée que la jeunesse locale n'a d'autre choix que de la quitter ou de finir au centre de détention pour mineurs. C'est là que travaille Jason Felts, assistant social qui tente de remettre sur le droit chemin les quelques jeunes qui peuvent encore être sauvés. Mais quand Huddles Gilbert est incarcéré pour trafic de drogue la spécialité du coin, Jason se retrouve sous la menace de Ferris, l'aîné de la fam... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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La Virginie-Occidentale, ses Appalaches, ses forêts ses paysages ravagés aux montagnes striées dépouillées de leur dernière once de charbon, la dépression économique depuis la fermeture des mines et usines, la misère urbaine, la toxicomanie généralisées chez les jeunes addicts aux opioïdes ... le territoire est familier pour les amateurs de rural noir américain ; de Ron Rash à David Joy, de Chris Offutt à Daniel Woodrell en passant par Brian Panowich, d'excellents romans ont creusé le genre.

Si le premier roman de Jordan Farmer ne renouvelle pas le genre en soi, il est extrêmement prometteur dans sa faculté à rebattre les cartes en construisant son intrigue autour d'une distribution peu orthodoxe : Jason, conseilleur dans un établissement correctionnel pour mineurs surnommé la Carcasse, marginalisé par son apparence, ne mesurant qu'1m50 ; Huddles, le membre réticent d'une famille de criminels menée par Ferris son terrible frère ainé, qui se retrouve à la Carcasse après une course poursuite nocturne dans une voiture chargée de drogues et d'armes ; et Terry, jeune toxico homosexuel rejeté par son père, arrêté pour cambriolage à la recherche de cachetons, il doit de l'argent à Ferris ...

Au début, je me suis dit que le choix de caractériser deux personnages par leur nanisme ou leur homosexualité sonnerait un peu artificiel. Et il est vrai que l'auteur n'exploite pas toutes les possibilités offertes par ces déterminants, il pouvait aller plus loin avec eux. Toutefois, plus le récit avance, plus on se rend compte que ces personnages ne sont pas de simples marionnettes sans autre caractéristique, notamment Jason. Jordan Farmer construit soigneusement chaque personnalité jusqu'à ce que leurs failles et leurs douleurs nous semblent réelles et non une simple collection de malheurs arbitrairement distribués par l'auteur.

Les jeux dangereux entre ces trois personnages périphérie sociale se déploient dans une spirale de violences qui résonne avec le décor délabré d'une petite ville pressurée par la crise, symbole d'une Amérique rurale à la dérive. Il y a peu d'échappatoire dans ce premier roman bien mené, souvent désespérant si ce n'est le petite lumière allumée par le beau personnage de Jason, le seul à croire encore en l'humanité et ne pas être totalement sali par la brutalité d'un déterminisme économico-social destructeur.
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Aprés deux " sorties " plutôt mouvementées au cercle arctique , chez les Samis et une autre en Nouvelle Zélande , vous comprendrez aisément que j'aspire à un peu de calme et j'ai décidé de profiter d'une promotion publicitaire pour quelques jours dans les Appalaches . Je suis comme vous , je constate que l'inflation galope et m'oblige à faire quelques concessions et là , franchement , le prix défie toute concurrence .Une arnaque ? Hé , je suis pas né de la dernière pluie , on ne m'a pas comme ça , j'ai du flair !!!!
Lynch .C'est ça , Lynch , une petite ville , juste ce qu'il me faut , en Virginie -Occidentale , longtemps active...
Le taxi me laisse à l'entrée de la ville et je décide donc de parcourir les rues jusqu'au premier hôtel simple mais confortable ...et au calme .
J'avoue que le premier quartier traversé n'est pas .Comment dire ? " Trés clean". Des habitations délabrées , des commerces fermés , des épaves de voitures abandonnées ça et là ,canettes et papiers gras , jeunes désoeuvrés , " tenant le mur " , fumant des " trucs "à la drôle de saveur et , surtout , me dévisageant comme si j'étais " ET "...Ah , un troquet ouvert .Le patron à la mine patibulaire me regarde de ses yeux ronds et me demande ce que je veux ...Sympa l'accueil , j'ai bien fait de venir là , ça change ! "Une chambre ? J'en ai une seule ,Pas d'eau chaude , WC sur le palier ...Et pas la peine de chercher ailleurs , ici , tout ou presque est fermé , plus de boulot , spécialité , la drogue et les flics s'en foutent , on les voit jamais .Aprés , si ça vous va pas , il reste la Carcasse ."
"La Carcasse ?
" Oui , le pénitencier , juste à cent mètres , mais je vous préviens , en ce moment , fait pas bon y pénétrer , le frère de Ferris Gilbert , Huddles, y est enfermé et Jason risque gros " .
"Jason ? "
" Oui , l'assistant social .Un nain . Bon gars mais....et puis Sharon .."
"Tenez , si vous prenez la chambre , je vous en dirai plus.."
"Ben évidemment que je la prends , c'est la seule"
" alors ,approchez et écoutez ...."
Bon , je sais , certains et certaines attendent la suite mais c'est un peu facile ça .Et puis , les amis et amies , ce livre il est vraiment bien , pour ce qui est un premier roman .Il y a de la tension , des personnages atypiques , complexes , tous plus ou moins cabossés par la vie et dont on devine qu'ils ne pourront pas s'extraire de l'univers boueux qui est le leur ou , peut être , avec beaucoup de chance .Peu de personnages mais des rapports forts et ambigüs les uns envers les autres .
La traduction me semble fidèle dans la mesure où elle nous décrit parfaitement l'ambiance poisseuse des lieux et des mentalités . Un roman à lire , un nouvel auteur du genre à découvrir .
Quant au voyage , au prix super , c'était une arnaque et me voilà bien avancé .Je rejoins le taxi .Il m'attend à la sortie de la ville : il a refusé de venir jusqu'à l'hôtel ...Alors à bientôt sans doute , peut être , enfin j'espère ...
J'ai payé pour huit jours , j'y suis resté deux .Quelqu'un est intéressé ? Je vous fais un bon prix ......Non? Vous avez ...Mince , j'y vais , y'a Ferris qui se pointe ...
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Lynch, petite ville sinistrée de Virginie-Occidentale, a vu peu à peu ses usines de charbon, qui ont fait sa richesse, péricliter. Terrain alors propice au trafic de drogue et aux jeunes, de plus en plus désoeuvrés, y succomber. Ferris Gilbert règne en maître, avec l'aide, notamment, de son petit frère, Huddles, âgé de 16 ans, et son ami, Shane, un ancien taulard. Alors que ces derniers effectuent une livraison, ils sont arrêtés par le shérif Thompson. Sans nul doute, c'est l'établissement pénitentiaire pour mineurs Shelby, surnommée La Carcasse, qui les attend. Sauf que Ferris ne l'entend pas de cette oreille. Terry Blankenship, un jeune toxico homosexuel, viré de chez son père, vivote de petits boulots en petits boulots, donnant en ce moment un petit coup de main à Henry Felts en retapant une maison. C'est d'ailleurs sur le chantier qu'il fait la connaissance du neveu d'Henry, Jason, un conseiller à La Carcasse atteint de nanisme. Afin d'honorer sa dette, Ferris demande à Terry de tuer le shérif qui doit témoigner au procès...

Lynch ressemble, à s'y méprendre, à une petite ville sinistrée où les laissés-pour-compte n'ont d'autre choix que de trafiquer pour espérer sans sortir. Aussi, son établissement pénitentiaire ne désemplit pas. Huddles Gilbert occupe dorénavant, comme tant d'autres avant et après lui, l'une des cellules. Et Terry, ce jeune homme si fragile, qui semble bien empêtré avec son frère aîné, risque lui aussi de bientôt le rejoindre. Et si Jason Felts tient à remettre sur le droit chemin ces gamins désoeuvrés et démunis, sa mission, pourtant pleine d'espoir, va s'avérer ardue, voire presque vaine. Des personnages fortement habités, marquants, écorchés par la vie que Jordan Farmer dépeint avec finesse. Des personnages résignés luttant vainement avec l'énergie du désespoir. Profondément sombre, mâtiné de noirceur, de mélancolie et d'une certaine désespérance, ce roman, s'il ne renouvelle pas le genre, se révèle toutefois saisissant et mémorable de par cette galerie de personnages, cette ambiance lourde et pesante et cette plume profonde.
Désespérément beau...
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A Lynch, une petite ville sinistrée de Virginie Occidentale, Harrison « Huddles » Gilbert, 16 ans, et son ami Shane font une livraison de drogue lorsqu'ils se font arrêter par la police. le shérif Thompson les transfère à l'établissement pénitentiaire pour mineurs Shelby, surnommé La Carcasse. le caïd local de la drogue n'est autre que le frère de Huddles, Ferris Gilbert. Terry Blankenship est un jeune homosexuel addict aux médicaments qui s'est fait virer de chez son père et vit avec son amant dans une cabane abandonnée au milieu des bois ; pour survivre, il aide Henry Felts à retaper sa maison en ruines contre une faible rémunération. Il y fait la connaissance du neveu de Henry, Jason, conseiller à Shelby, aux jambes rachitiques. Il fait aussi participer son chien Roscoe à un combat contre celui de Ferris Gilbert, et perd un pari de mille cinq cents dollars. Comme il ne peut payer, Ferris lui demande à la place de tuer le shérif Thompson. ● C'est un roman très sombre qui n'est pas déplaisant à lire. Les personnages, bien qu'assez caricaturaux, ont une véritable existence, même si le personnage de Terry offrait des possibilités scénaristiques que l'auteur n'a pas exploitées, lui préférant celui de Jason. Si le roman permet d'observer la dérive d'une partie des Etats-Unis en crise – Lynch est au centre d'un bassin minier qui n'est presque plus exploité –, j'ai trouvé qu'il y avait des longueurs, des passages qui tournaient en rond. Dans le genre roman noir américain, il y a mieux, comme par exemple le Diable tout le temps de Donald Ray Pollock.
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Quelle lecture !

Roman contemporain se déroulant dans la ville de Lynch, en Virginie Occidentale. Cette ancienne ville prospère est en déclin en raison de la fermeture des mines.

Il y a tous les atouts d'un bon roman noir américain : Ferris Gilbert qui détient le banditisme local et qui est un être impitoyable, son frère attachant sous les verrous, les rues où planent la misère et pauvreté, la délinquance, le trafic, les stupéfiants….

Toutefois, Jordan Farmer apporte de la nouveauté avec aussi des protagonistes qui changent : Jason le travailleur social nain qui prend très à coeur son métier et Terry, un délinquant gay, ils côtoient ces hommes rudes, alcoolisés qui prônent le langage des armes à celui de l'éducation et qui méprisent la différence.

Le roman est superbement écrit, fort avec des originalités au coeur des Appalaches, Jordan Farmer est un auteur à suivre !
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critiques presse (2)
Telerama
06 février 2023
Voici donc Lynch, petite ville fictive de Virginie-Occidentale. Un trou perdu dans l’un des États les plus sauvages de l’est américain. Des montagnes, des forêts qui l’encerclent et l’enclavent. Une économie en déclin quand la ressource principale, des mines de charbon bitumineux, s’amenuise comme peau de chagrin.
Lire la critique sur le site : Telerama
Telerama
15 janvier 2022
Un premier roman éminemment sensible où bruisse une Amérique rurale à la dérive.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il aurait aimé se libérer de ses secrets, mais il savait que s'en ouvrir à des divinités imaginaires ou à d'autres hommes tout aussi brisés que lui ne suffirait jamais à le soulager. D'où venait ce besoin humain universel de communion, au fait ? Espérer trouver du réconfort auprès des autres, c'était entretenir l'illusion qu'ils pouvaient vous comprendre. Les gens n'avaient pas le courage d'admettre que nous étions coincés chacun dans notre carapace, et que les mots ne nous permettaient pas d'exprimer l'indicible.
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Il lui semblait que leur histoire ne reposait que sur le désir sexuel et la familiarité. Peut-être n'étaient-ils ensemble que pour éviter d'être seuls. Et à ces moments-là, soit Terry avait envie de partir, soit il en concluait qu'il s'agissait de la nature véritable de l'amour. Que rien n'était plus vrai que deux êtres brisés s'appuyant l'un sur l'autre pour résister à l'agression constante de ce monde.
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Jamais personne n’avait proposé de lui rendre service sans attendre quelque chose en retour. C’était comme ça, pas de quoi s’offenser. Malgré tout ce qu’on vous racontait à la messe, l’instinct primordial de l’être humain consistait à exploiter son prochain.
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Peut-être que l'amour, c'était simplement la gratitude qu'on éprouve envers ce qui vous sauve.
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Terry savait ce que ça signifiait d'être différent dans une bourgade paumée comme celle-ci. Ce n'est jamais facile, mais à la campagne on en bave dix fois plus. Tout écart de la norme vous vaut d'être stigmatisé. Terry n'ignorait pas que les gens parlaient de lui, se faisant part de leurs soupçons en petits groupes, derrière son dos, mais il pouvait toujours se cacher. Dissimuler son homosexualité n'allait pas sans souffrance, mais au moins c'était possible, voire préférable dans un coin où l'on risquait sa vie rien qu'en étant soi-même. Mais ce petit homme... le pauvre. Devoir afficher sa différence en plein jour, ça c'est effrayant.
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Video de Jordan Farmer (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jordan Farmer
Dans le cadre de la rentrée littéraire de printemps, Occitanie Livre & Lecture reçoit des auteurs et autrices pour présenter leur récente parution. Cette fois-ci, c'est Simon Baril qui nous parle de sa traduction du roman "La mort sur ses épaules" de Jordan Farmer, aux éditions Rivages. Modération Janine Teisson. Merci à la librairie Sauramps pour son accueil.
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