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Critique de fanfanouche24


Acquis à la S. F. L. Odéon-en août 1988 - Relectures en 2014 et mai 2024

Une relecture très prenante..comme si j'avais tout oublié de cet ouvrage de Marguerite Duras, qu'elle qualifie de très différent de ce qu' elle "propose" habituellement à " ses lecteurs"...

Les relectures sont parfois de vrais coups de poker : déception par rapport à la première lecture ou au contraire , nouvelle révélation, avec des éléments essentiels à côté desquels on est resté insensible!

C'est ce qui s'est un peu passé avec cette relecture, comme si je lisais cet ouvrage pour la première fois. Cette observation, en constatant combien je ne soulignais pas aujourd'hui les mêmes extraits...que dans le passé !

Ce livre aborde tous les thèmes récurrents de l'oeuvre et du parcours de l'auteure d' " Un Barrage contre le Pacifique "...
Des multiples sujets: de l'anodin au plus sombre...

Parmi ceux-ci : l'enfance, la douleur de vivre et la douleur d'écrire , la sexualité, les rapports aux hommes, l'alcool, les cures de désintoxication, ses amours, et aussi son exaspération vis à vis de l'envahissement des autres par rapport à sa notoriété..son oeil acéré sur l'actualité, le monde, sur le sens de la vie, lorsqu'on la dépense dans un travail peu gratifiant...etc.

"Perdre le temps

Chaque existence est un problème insoluble.
Les voisins de palier rangés verticalement dans les immeubles, on se demande comment c'est possible et on fait partie des rangées.
Ce qui remplit le temps c'est vraiment de le perdre.
Tous ces jeunes qui sont plantés devant les églises, les places publiques, Darty, le Forum des Halles, et qui attendent, finalement ça fait moins de mal à voir que les rangements des travailleurs dans les H.L.M.des portes de Paris, que les sonneries des réveille- matin dans la nuit de l'hiver afin d'aller travailler pour continuer à être vivant."


Dans cet ouvrage pouvant paraître trop éclaté, éparpillé, les sujets qui m'ont le plus interpellée sont ses rapports complexes, douloureux parfois et mystérieux avec ce besoin de l' ÉCRITURE , sa relation torturée avec une Mère omnisciente aussi admirée que redoutée, et puis de très belles pages sur l'importance vitale d'une " Maison à soi", une maison- refuge, qui réunit et protège ceux qu'on aime ...

"La maison, c'est la maison de famille, c'est pour y mettre les enfants et les hommes, pour les retenir dans un endroit fait pour eux, pour y contenir leur égarement, les distraire de cette humeur d'aventure, de fuite qui est la leur depuis les commencements des âges. (...) Cette entreprise démente que représente une maison. Celle de la recherche du point de ralliement commun aux enfants et aux hommes. "

Je dois avouer que certains passages me sont restés hermétiques, mais je ne m'en formalise plus, Marguerite Duras exprimant elle-même la difficulté de ses écrits, reconnaissant qu'elle est, par périodes dépassée par ce qui ressort de mystérieux et douloureux, de sa quête à travers l'écriture !

Je pense que chaque relecture de ce texte foisonnant, peut apporter autant de grilles de lecture ,chaque fois différentes, élargies ou non !

Un sujet que j'ai omis : Marguerite Duras parle aussi de ses complexes, de son manque de confiance dès sa toute jeunesse, de son sentiment d'étrangeté par rapport aux autres...

Un femme qui sera ensuite, très vite en quête, par l'écriture, d'un sens existentiel. À elle seule, le talent, le parcours exigeant d'un écrivain, et aussi cette douleur de vivre, perdurante , la tenaillant toute son existence durant..!

"J'étais trop petite pour aller dans des lieux où les femmes étaient grandes . J'étais habillée chaque jour pareillement. Je n'avais qu'une robe noire, noire, celle de la guerre, passe- partout.J'avais honte comme souvent les jeunes gens, de ne pas être " à la page".En somme, pour des raisons diverses la honte recouvre ma vie."

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