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sur 2202 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Faut-il vraiment redire l'histoire tragique de Marguerite Gautier, fameuse demi-mondaine, amoureuse sublime et courtisane au noble coeur ? Dès le début, on sait qu'elle est morte jeune et belle. Elle doit son surnom fleuri aux bouquets de camélias qu'elle ne manquait jamais d'arborer lors de ses sorties au théâtre. Mais c'est en recueillant le long récit, la presque confession, du jeune Armand Duval que le narrateur retrace la vie et les souffrances de la belle Marguerite Gautier. Il découvre les amants richissimes de la courtisane, les amitiés intéressées qu'elle traîne dans son sillage et la maladie de poitrine qui la ronge et la terrasse, comme l'incarnation physique de sa souillure morale.

La situation de Marguerite est délicate. En tant que femme entretenue, elle ne peut compter sur les largesses de ses amants pour payer ses folies et solder ses dettes. « Nous ne nous appartenons plus. Nous ne sommes plus des êtres, mais des choses. Nous sommes les premières dans leur amour-propre, les dernières dans leur largesse. » (p. 178) Et Marguerite se veut indépendante. Tout le roman peut se lire comme un premier traité du féminisme dont George Sand, proche de l'auteur, n'aurait pas eu à rougir. C'est l'amour payé de retour pour le jeune Duval qui causera la perte de la dame aux camélias. « Quand Dieu permet l'amour à une courtisane, cet amour, qui semble d'abord un pardon, devient presque toujours pour elle un châtiment. Il n'y a pas d'absolution sans pénitence. » (p. 139) Finalement, le grain de sable qui enraye la machine, c'est la fierté d'Armand. le jeune amoureux voudrait guérir sa belle de sa vie de débauche. Pour cela, il est prêt à payer pour toutes ses folies, devenant ainsi un homme comme ceux que Marguerite aimerait fuir. Mais Armand est trop fier pour profiter des générosités d'un autre. Même si sa condition sociale est supérieure à celle de Marguerite, il est insuffisamment fortuné pour l'entretenir complètement. Et c'est pour le sauver de la banqueroute et du déshonneur que Marguerite part dans les bras d'un riche amant.

Le récit du narrateur s'ouvre sur la vente des biens de la courtisane, vente qui doit régler les dettes qu'une vie de faste et de dépenses n'a cessé d'accumuler. Cette vente publique, aux yeux du sensible narrateur, c'est une curée qui dépouille pour toujours la belle de ses précieux atours, mais qui ne saurait flétrir sa grâce. Cela fut déjà dit et ce n'est presque un secret pour personne : le narrateur est une figure de l'auteur lui-même et celui-ci s'est inspiré de sa liaison avec la belle Marie Duplessis pour écrire son chef-d'oeuvre. le narrateur révèle une empathie peu commune pour la dame aux camélias et ses consoeurs. « J'ai une indulgence inépuisable pour les courtisanes, et je ne me donne même pas la peine de discuter cette indulgence. » (p. 21) Mais il tente de dissimuler cette sensibilité derrière des arguments spécieux où seule la beauté compte. « Je regrettais la mort de cette fille comme on regrette la destruction totale d'une belle oeuvre. » (p. 25) Je ne suis pas loin de penser qu'en écrivant cette oeuvre, outre ses prétentions littéraires, l'auteur a tenté de faire quelque peu amende honorable pour l'issue tragique de sa liaison avec Marie Duplessis. Dans son roman, la belle Marguerite est dotée de qualités d'âme dont ses congénères ne disposent pas. Même si le fantôme de Manon Lescaut et son lot d'intertextualité plane sur le texte, Dumas fils a fait le portrait d'une courtisane qui, même si elle a toujours voulu être libre, est une femme qui se serait repentie par amour, mais qui se perd pour l'honneur.

Alexandre Dumas fils dresse un portrait au vitriol d'une société bourgeoise très sûre de ses avantages et de sa position, et bien prompte à stigmatiser les marginaux. le style de Dumas fils n'est pas celui de Dumas père. Il est moins ample, mais pas moins romanesque. Paradoxalement, il est également très théâtral et ce n'est pas pour rien que le roman a été adapté si rapidement et si souvent sur scène et au cinéma.

Parlons maintenant du téléfilm de Desmond Davis, étrangement intitulé Camille dans le générique liminaire. Je n'ai pas été convaincue par cette adaptation. le film s'ouvre sur le journal final de Marguerite Gautier, ce qui prive l'intrigue du ressort dramatique que constitue le secret entourant la fuite de la belle. Contrairement au roman, il n'y a pas de narrateur qui aide Armand dans ses démarches et l'accompagne dans ses souvenirs. le réalisateur a choisi de présenter le passé de Marguerite avant son arrivée à Paris. Là où Dumas fils ne faisait qu'évoquer un passé de pauvre provinciale, le téléfilm montre une jeune Marguerite dans une ferme crasseuse, puis battant le pavé parisien jusqu'à trouver son premier protecteur. C'est ainsi que le duc, si discret dans le roman, devient une sorte de Pygmalion dans cette adaptation, ce qui est erroné puisque lors de leur rencontre, la jeune femme est déjà une demi-mondaine accomplie.

Pour ce qui est de l'interprétation, j'ai trouvé Greta Scacchi très mauvaise dans le rôle de la courtisane. Elle est blonde, ce qui est bien loin de la beauté brune que Dumas décrit tout au long de son roman. J'ai trouvé son jeu maladroit, voire grossier. Ben Kingsley incarne Duval père et sa prestation ne vaut même pas un commentaire. Quant à Colin Firth, quelle déception. Colin, mon chou, je t'ai trouvé bien falot dans toute cette histoire. Tu n'incarnes pas vraiment le héros follement romantique de Dumas fils. Pour cette fois, désolée de te le dire, mais tu es trop british pour le rôle. Note bien que j'adore ta distinction d'outre-Manche, mais cette fois, ça n'a pas pris. Toutefois, te voir torse nu est toujours aussi agréable, alors mettons que ce n'est rien et oublions ce rôle sans épaisseur.
Sans hésiter, lisez l'excellent roman d'Alexandre Dumas fils et cherchez une meilleure adaptation si vous ne pouvez vous passer d'écran.
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Retour à un grand classique de la littérature ( et du théâtre... ce n'est qu'une nuance ), dont le cinéma n'a eu de cesse de le faire revivre, génération après génération, à travers le monde. Au passage, un sourire à Garbo qui, pour moi, est jusqu'à présent "l'Unique" ( comme disait Camus à propos de Casarès )...
Peu utile de revenir sur la relation de Dumas fils avec Marie Duplessis, la courtisane dont le nom se cache derrière celui de Marguerite Gautier, et dont la vie a inspiré l'illustre roman.
Peu nécessaire également de proposer le résumé de ce qui est devenu le mythe de la courtisane rachetée ( pas de mauvais jeu de mots ) par l'amour, le sacrifice, l'héroïsme et la mort.
Cette oeuvre, plus connue que son créateur ( je n'exagère pas ! ) a la saveur exquise des bonbons dont Marguerite était si friande, la beauté et l'ivresse du "parfum" des bouquets de camélias ; ces vingt-cinq bouquets blancs et ces cinq bouquets rouges qui ornaient mens(tr)uellement la loge de la belle créature lorsqu'elle se rendait au théâtre.
Sa force, son génie, c'est l'intemporalité et l'universalité de la passion qui est trop au-delà de la vie pour se survivre à elle-même sans se renier, s'altérer, se faner.
Sa force c'est d'instiller cette passion au coeur et dans le coeur de mortels qui ne sont pas faits pour affronter la noblesse de l'Olympe, mais pour se satisfaire de la terne médiocrité, de l'ordinaire tiède et du banal mou et rassurant.
Sa force enfin, c'est d'avoir permis la rencontre de l'absolu et de la grandeur avec le commun et le vulgum... et qu'une plume inspirée nous ait peint cette rencontre aux couleurs d'un romantisme soigné et d'un réalisme approprié et saisissant ( l'exhumation et la translation du corps décomposé de Marguerite, son agonie et sa mort en sont les exemples les plus frappants )
Je ne peux pas ne pas avoir un mot pour l'habileté de Dumas, scribe et ami d'Armand Duval, qui va se charger de la confession déchirante de ce dernier pour "prendre ses distances" dans la narration tout en nous permettant de pénétrer dans le coeur et l'âme des deux amants, et réussir le tour de force de structurer son roman de manière parfaite. Sentait-il déjà les appels du théâtre et les piétinements impatients du cinématographe ?
À lire et à relire cet immense chef-d'oeuvre !
Préparez vos mouchoirs... moi, j'en ai chaque fois besoin...
PS : j'aurais voulu, pour une fois, accorder cinq étoiles à une telle oeuvre... mais le petit côté "moralisant" de Dumas fils me retient de le faire.
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Cette dame aux camélias reste bien mystérieuse. Seul roman d'Alexandre Dumas fils, on pourrait se demander si ce nom porteur et providentiel n'était pas un écran de fumée pour quelqu'un d'autre. On sait que le père a utilisé les services d'un nègre durant toute sa vie littéraire et il est quand même étonnant que son fils ait écrit cet unique chef-d'oeuvre sans jamais avoir récidivé. Polémique sans doute stérile et qui s'oublie d'elle-même devant la qualité de ce roman. L'auteur fait une analogie avec «Manon Lescaut» de l'Abbé Prévost en citant ce classique dés la première page . C'est vrai qu'il y a beaucoup en commun entre ces deux personnages féminins. Elles vivent toutes les deux de leur corps et se font entretenir par des hommes prêt à sacrifier leur fortune pour elles. Les deux ont aussi un amant jeune et désargenté. Pourtant, c'est là que s'arrête la comparaison. Quand Manon Lescaut se précipite sur une bonne occasion dès que l'argent lui manque, la dame aux camélias elle est prête à sacrifier son confort pour le jeune homme qui occupe ses pensées et son coeur. Alexandre Dumas fils preuve d'humanisme en dénonçant vigoureusement l'impossibilité dans la société du 19ème siècle de changer de statut ou d'aller au-delà de sa réputation. L' obsession du bon parti avait cours dans les milieux bourgeois ou la plus grande des peurs était la mésalliance. Sous la pression de la famille et de l'entourage, au lieu d'un merveilleux bonheur cette histoire se terminera en drame. A lire obligatoirement pour ressentir la force de cet amour sacrifié sur l'hôtel de la société...
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Premier roman d'Alexandre Dumas fils, La dame aux camélias est considéré comme l'un des plus illustres exemples du romantisme en littérature. Tiré de l'histoire vraie et embellie des amours malheureuses de l'auteur avec la courtisane Marie Duplessis, ce roman très émouvant est plein de revirements, de coups de tête, des sursauts de la vie. D'un style d'une très grande subtilité, il nous immerge dans le quotidien fastueux et hérissé d'épines, de contraintes et de misères (je frôle le Balzac) de la vie des courtisanes.

Comme bien des jeunes hommes, Armand Duval est impulsif, orgueilleux, maladroit, mais c'est un coeur sincère qui aime sans réserve et veut se donner tout entier à l'objet de son amour. Il est prêt à affronter de manière inconsidérée le scandale dans lequel l'entraîne de plus en plus dangereusement sa passion. S'il n'est pas le premier à obtenir le corps de Marguerite, il est cependant le seul à avoir conquis son coeur. Et ce coeur, retranché derrière les remparts de froideur sarcastique d'une femme blasée à qui l'on n'en fait pas accroire, prédatrice des hommes hautains à la bourse bien remplie et proie des créanciers impitoyables, ce coeur se révèle le temps d'une saison d'amour et se prend à rêver à des projets pour aussi longtemps que sa santé déclinante pourra le soutenir.

L'idylle d'Armand et Marguerite fut aussi brève qu'intense. Ils auront tous deux connu cette flamme incomparable et elle aura connu la rédemption. Dans cette brève parenthèse d'un amour inconditionnel et total, où ils perdent la notion du temps et où la simplicité des sentiments est la seule nourriture qui leur importe, nos héros retrouvent l'innocence perdue qui rehausse les couleurs de la vie.

Histoire poignante, intemporelle, et au ton juste, La dame aux camélias est un chef-d'oeuvre de la littérature amoureuse sans la moindre fadeur, sans aucun artifice qui la ferait basculer dans la frivolité. Un classique à mettre entre toutes les jeunes mains, une bonne lecture pour l'âge du lycée et une relecture de temps à autre.
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" La Dame aux camélias est un roman d 'Alexandre Dumas fils .IL fut publié en
1848 .La Dame doit son surnom aux bouquets de camélias qu 'elle porte pour son embellissement durant ses sorties au théâtre .Les principaux protagonistes
de cette histoire sont le jeune Armand Duval et la courtisane Marguerite Gautier Alexandre Dumas fils a écrit cette histoire en s 'inspirant d 'un fait divers réel .
Dans ce roman du XIXe Siècle, l 'auteur brosse un tableau de la bourgeoisie à cette époque . Cette bourgeoisie arrogante, qui de part sa fortune se permet de se payer des femmes de joie, de plaisir ou des courtisanes qu 'ils entretiennent.
Ils ne cherchent que la chair humaine et le plaisir qui découle ! Cette classe de la société qui du fait de ses avantages, de sa fortune, est rapide à juger les marginaux .
Armand est plus qu ' amoureux de Marguerite .IL est sincère dans son amou pour Marguerite mais il n 'est pas riche pour rivaliser avec les gens riches qui
entretiennent Marguerite qui elle s 'est habituée à un train de vie fort coûteux .Marguerite, elle aussi, s 'est mise à aimer le jeune homme car il l 'aime pour ce qu ' elle est .Son amour est désintéressé alors elle l 'a profondément aimé le personnage de Marguerite est complexe car cette dernière mêle candeur et prostitution, gaieté et mélancolie .Les deux amants n 'ont connu que rares moment de bonheur .Marguerite meurt emportée par une maladie pulmonaire .
Un très beau roman, maintes fois relus avec le livre de son père, le Comte de Monte Cristo .
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La Traviata – Marguerite – La Dame aux Camélias – La femme qui a inspiré un opéra, des romans, des musiques, des dizaines de film. Une femme éternelle, un destin terrible, et une histoire d'amour extrêmement belle.

Camélias blancs, camélias rouges, ces fleurs sont présentes dans tout le texte, sans devenir obsédante. Evoquant juste ce qu'il faut de fragilité et de pureté contenue dans cette femme magnifique, qui s'inscrit dans la lignée de la Manon Lescaut de l‘Abbé Prévot (d'ailleurs Armand, le soupirant, en offre un exemplaire à Marguerite …).

Marguerite est une courtisane. Pas une prostituée vulgaire, mais bien une femme qui a le goût du luxe et qui se vend aux hommes, tout en sachant où aller, où s'arrêter et quel est le prix de chaque chose. Elle a vingt ans, la syphilis, et elle espère bien profiter de la vie pour les mois qui lui restent, sans se soigner : « se soigner, c'est bon pour les femmes du monde qui ont une famille et des amis; mais nous, dès que nous ne pouvons plus servir à la vanité ou au plaisir de nos amants, ils nous abandonnent, et les longues soirées succèdent aux longs jours … ». Elle préfère oublier sa maladie et vivre dans un tourbillon de fêtes, de dîners, de soirées avec ses multiples amants, et jouir de sa beauté.

Jusqu'à ce qu'arrive un événement imprévu, quelque chose qu'elle n'a jamais connu : l'amour. L'amour sous le masque d'un jeune homme qui tombe éperdument amoureux d'elle dès le premier regard, alors qu'elle ne le connaît pas encore. L'amour qu'il va garder caché pendant des années jusqu'à ce que le hasard donne un coup de pouce et les fasse se rencontrer de nouveau. Et là, nous assistons aux plus belles scènes d'amour de la littérature, entre un jeune provincial naïf et débutant, et une femme aguerrie face à tous les sentiments, sauf le plus pur. Elle qui déclarait : « Il nous est défendu d'avoir du coeur sous peine d'être huées et de ruiner notre crédit » sera la plus belle des amantes …

Mais La Dame aux Camélias c'est aussi le roman le plus tragique qui soit, celui du sacrifice, au nom de la famille d'Armand, la renonciation, le mensonge pour le bien de l'autre : Comment ne pas pleurer à cette phrase : « Vous aimez Armand, prouvez-le lui par le seul moyen qui vous reste de le lui prouver encore : en faisant à son avenir le sacrifice de votre amour. »

Sur les airs splendides de la Traviata, il faut à tout prix découvrir ce roman qui est d'une justesse, d'une beauté et d'une modernité incroyable.
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Ce roman classique, sensible et passionné, dramatique dans sa construction enchâssée, a été pour moi un véritable coup de coeur.

Il s'agit du récit, presque la confession – mais en quoi y aurait-il péché ? – d'Armand Duval au narrateur, qui était présent à la mise en vente des meubles et affaires personnelles d'une certaine Marguerite Gautier, jeune femme d'une beauté étourdissante, courtisane de profession, récemment défunte. Il se trouve que le seul objet acquis à la vente par le narrateur a été un exemplaire de Manon Lescaut, dédicacé par Armand. On apprendra plus tard, et pour cause ! qu'il a été abondamment lu et relu, baptisé par les larmes de Marguerite. Quand il aura connaissance du lien qui existait entre Armand et Marguerite, le narrateur restituera l'ouvrage au jeune homme, anéanti par la mort de celle qu'il aimait.

Car, bien évidemment, avec une telle entrée en matière, on sait où l'on va tout droit : la mort de Marguerite à 23 ans, de la maladie du siècle, la tuberculose. C'est une issue terrible, et en termes d'amour condamné, en butte à tous les obstacles du destin, Armand et la jeune femme valent bien Tristan et Iseult – du reste, les lecteurs ou spectateurs de l'époque ne s'y sont pas trompés, puisque l'histoire de Marguerite Gautier, la Dame aux camélias, est devenue un mythe à travers le roman, le drame, et l'opéra La Traviatta de Verdi. Or, qui est Marguerite ?

Lorsqu'Armand la rencontre, elle est un peu hautaine et surtout moqueuse (rappelant en ce trait de caractère la Carmen de Mérimée) : il se sent humilié et ne la reverra pas de deux ans. Les rencontres ultérieures se dérouleront mieux, notamment lorsque Marguerite apprend qu'Armand est venu tous les jours prendre de ses nouvelles durant les premières attaques de la maladie, ce dont elle est touchée. Bientôt, elle adopte le jeune homme comme amant de coeur, bien que durant quelques temps elle est obligée de rester entretenue financièrement par deux de ses protecteurs, parce qu'elle croule sous les dettes avec son train de vie somptueux. Elle fait si bien qu'elle parvient à partir à la campagne avec Armand, en s'isolant deux mois tous deux dans une maison tous frais payés. Mais tous les problèmes ne sont pas résolus pour autant, loin s'en faut : une conjonction de circonstances inconnues d'Armand conduira Marguerite, qui pourtant l'aime de tout son coeur, à prendre une décision bien cruelle…

Il est fascinant de constater quelle puissante aura entoure le personnage de Marguerite, qui est bel et bien le centre irradiant du roman, même si c'est le point de vue d'Armand qui est adopté. Elle est d'une beauté presque surréelle, faisant tourner les têtes, au sens propre, lorsque même l'acteur sur la scène du théâtre où elle fait son entrée s'arrête un instant pour voir celle qui détourne toute l'attention des spectateurs. Elle est partie de rien, jeune paysanne normande inculte, pour devenir reine de la vie parisienne. Elle dépense cent mille livres par mois, des hommes se ruinent pour elle, elle mène une vie trépidante, toute de sorties, de fêtes, pour s'étourdir et oublier la mort qui plane. Malgré ce passif, qui rapidement ne les sépare plus tant Armand est épris d'elle, elle a conservé un coeur pur, une faculté d'aimer admirable.

Le ton est parfois un peu trop moraliste, comme si l'amour pour une prostituée ne pouvait passer que par la rédemption ; mais peut-on en vouloir à Alexandre Dumas fils, qui nous livre là une vision empathique de la vie de ces femmes, parfois vendues, toujours abusées, utilisées, pour être ensuite jetées sans ménagement ? C'est véritablement un roman unique, un joyau, sombre et palpitant, porté par une écriture toujours délicate, d'une poétique sensibilité, qui frappe juste – en plein coeur. On ne peut oublier Marguerite, la Dame aux camélias, et je regrette d'avoir attendu aussi longtemps pour lire cette merveille. Je vais lire aussi de ce pas Manon Lescaut d'ailleurs…
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Décidément boulimique du XIXe romantique, connaissant Dumas Père, curieux du fils, j'avais ce roman dans mes priorités absolues... Mais mes attentes ont été trompées, dans le bon sens!

La Dame aux camélias, illustre roman d'Alexandre Dumas Fils, a peu à voir avec les modes littéraires de son époque, et encore moins avec Dumas père! En réalité, il s'agit plus d'une sorte de néo-roman sentimental précieux du XVIIIe à la Marivaux, avec récit enchassé, péripéties permanentes de l'histoire d'amour, larmes, réputations à tenir, apparences... le tout, tout de même, dans le Paris du XIXe siècle. L'histoire m'a un peu rappelé Moulin rouge au début! En parlant du XVIIIe siècle, il y a également une intertextualité récurrente avec Manon Lescaut, qu'il me faudra relire un jour!

Tout commence lorsque le narrateur premier visite l'appartement d'une célèbre Dame aux camélias récemment morte (on dirait presque le début d'un roman policier, s'ouvrant ainsi sur une mort!), appartement vidé par les créanciers. La mémoire de la morte, nommée Marguerite Gautier, n'intéresse que ces vautours. Celle qui fut une courtisane de renom et qui avait épuisé, physiquement comme financièrement, tous les mâles de Paris, se retrouve livrée à l'oubli et au dédain hypocrite une fois partie, constat amer du narrateur, du lecteur, comme du fossoyeur (excellent passage avec ce dernier). Est introduit un certain Armand Duval qui aurait vécu une histoire d'amour passionnée avec Marguerite Gautier, et commence alors le récit de leur feuilleton très XVIIIe.

L'immersion dans ce Paris du XIXe qui se déplace à l'opéra, fréquente les courtisanes, vit dans un luxe de jouissances et d'insouciances (jusqu'à la ruine ou les créanciers!) fut, je dois dire, particulièrement plaisante, et l'on fantasme sur cette époque et ses habitudes en tant que lecteur citoyen frustré d'un XXIe siècle peine à jouir et si terne. J'ai aussi forcément apprécié la période à Bougival. C'est vraiment un roman très appréciable et intéressant, fin, à la fois dans son discours sur les courtisanes, la prostitution, la cupidité, la soif de luxe, d'argent, de sexe, les intérêts financiers de l'époque, le train de vie d'alors, la réputation, la passion, la jalousie... Et pour son histoire d'amour. L'intrigue est très simple, et, comme dit plus haut, elle est ponctuée de rebondissements périodiques entre Armand et Marguerite, un peu comme dans La Vie de Marianne.

L'aspect autobiographique est aussi à scruter. Armand Duval est un double d'Alexandre Dumas fils qui a aussi vécu une histoire d'amour passionnée avec une courtisane qu'il a tenu à immortaliser dans ce roman. le rapport entre fiction et réalité nous fait nous interroger alors sur les relations entre Armand Duval et son père, celui-ci étant une figure essentielle dans le roman : Avons-nous là aussi une transposition romanesque des rapports entre Dumas père et fils?

En somme, j'ai beaucoup apprécié, mais pas pour les raisons que j'attendais, l'oeuvre baignant beaucoup dans le siècle précédent et se retrouvant en décalage avec son temps... On peut dire que Dumas Père et Dumas Fils n'ont pas grand chose à voir l'un avec l'autre sur le plan littéraire, on est à des années-lumière des romans historiques à complots... Et surtout, je ne comprends pas que le style de Dumas Fils ait autant hérissé certains de ses contemporains comme Zola, qui l'avait démoli avec une violence inouie (mais je ne comprendrai de toute façon jamais Zola...).
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La Dame aux camélias est un roman que je voulais lire depuis le visionnage du film Camille (ou le Roman de Marguerite Gautier en VF) avec Greta Garbo et Robert Taylor et sans surprise, ce fût un coup de coeur !
Sans surprise, car j'ai toujours eu un faible pour les histoires se déroulant dans le Paris du XIXème siècle (à l'image de Bel Ami) ; à cela, s'ajoutent une magnifique histoire d'amour ainsi qu'une narration passionnante, ce qui donne une oeuvre grandiose et marquante !

Dans ce roman, nous suivons donc les derniers mois de la vie de Marguerite Gautier, surnommée "La Dame aux camélias" (pour son habitude à porter des camélias lors de ses sorties), fille entretenue qui découvre l'Amour sous les traits d'Armand Duval, jeune homme un peu timide, maladroit, naïf mais sincère, attentionné et loyal. Armand n'est certes pas le héros le plus mémorable de la littérature française, mais sa longue confession au narrateur (et donc à nous, lecteurs) est touchante.
Marguerite, quant à elle, nous est tout d'abord présentée sous un jour peu favorable, puisqu'on raconte qu'elle n'a jamais vraiment aimé et vit de façon superficielle ; néanmoins, sa rencontre avec Armand Duval marquera la naissance d'une nouvelle Marguerite, plus authentique, entièrement dévouée à son amour et qui ira bien loin dans le but de protéger Armand...
En tant que romantique, j'ai bien évidemment adoré le couple formé par Armand et Marguerite, en particulier les passages à la campagne où les amoureux passeront les meilleurs moments de leur vie.

La plume d'Alexandre Dumas fils est envoûtante et m'a emportée aux côtés de son héroïne et son amant au sein du Beau Monde étouffant et peu tolérant du XIXème siècle...

Un beau coup de coeur, donc et un roman comme je les aime !

A lire !!
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Un immense roman. Un très grand auteur. Un coup de coeur littéraire.

La Dame aux Camélias est un roman connu et reconnu en France et en Europe, rentré dans les moeurs tant il a parcouru les années et reste un grand classique de la littérature française.

Je me suis donc lancé dans cette oeuvre, que je ne connaissais que de nom, et qui m'a happé tout du long, tant l'écriture de Dumas Fils et le domaine de l'amour se conjuguent parfaitement.

Le vocabulaire est très abordable (dans les 'nouvelles' éditions) est on se laisse porter par ce récit dans le récit, qui ne laisse pas indifférent et qui tend à laisser une trace dans notre mémoire.

J'ai découvert les personnages fictifs de Marguerite Gautier et d'Armand Duval sous les traits réels de Marie Duplessis et d'Alexandre fils (entre autres). D'abord, indifférente, la courtisane va succomber à cette nouvelle vie que lui offre Armand Duval et se donner complètement : non plus seulement par son corps, mais aussi par son âme.

Bien que d'autres personnages égayent le roman, la relation entre la courtisane et Armand va sonner comme une véritable histoire d'amour bouleversant les catégories sociales, notamment celles de la Bourgeoisie parisienne du milieu du XIXe siècle.

C'est un roman d'amour et une tragédie à la fois.

C'est une histoire impossible et pourtant bien réelle.

Enfin, c'est toute la question de l'Amour avec un grand A et de la condition sociale avec un grand C, qui bien que se côtoyant, ne se mélangent pas (toujours).
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