-MyZélium 6M7J87-
Je me suis retrouvée, heureux hasard d'un jour pas si lointain, happée face à la superbe couverture de “
Ma vie d'après”. Malgré une vague crainte d'aborder un récit de zombie trop sérieux alors que mon esprit réclamait des lectures plus légères, je n'ai pu renoncer à cet appel troublant : les yeux de Gaëlle déjà, m'avaient hypnotisée.
Il faut dire que j'ai un goût fort prononcé pour les mondes horrifiques remplis de morts-vivants. L'hésitation fut donc de courte durée et l'originalité de la narration a rapidement balayé mes préjugés. J'ai décidé de lâcher prise et d'entrer dans la tête de Gaëlle comme l'auteur nous y invite avant même qu'on ouvre son roman.
le choix du format, assimilé à un carnet, instaure une connexion immédiate avec le lecteur. Dès les premières pages, c'est un journal intime, ni plus ni moins, qui nous enlace et nous plonge dans l'intimité de cette jeune ado de seize ans. C'est comme si l'on feuilletait les pages de son âme, ressentant chaque peur, chaque espoir, comme si l'on marchait à ses côtés à travers ce monde hostile…
Et son histoire alors, c'est quoi ? C'est celle d'une jeune fille plongée dans une horreur apocalyptique, où elle et sa famille se retrouvent mis à l'épreuve par une épidémie d'infectés. Une fumée blanchâtre pulvérisée sur les grandes villes du monde entier, voilà tout ce que nous apprenons, et les événements s'enchaînent à une vitesse vertigineuse. L'épidémie devient une menace omniprésente, mais le récit reste concentré sur la survie de Gaëlle. Elle devra passer outre son antipathie pour le genre humain et trouver ses armes. du cran et l'instinct de survie chevillés au corps, elle se lance, plus forte qu'elle ne le pense.
À seize ans, Gaëlle incarne une lycéenne lambda, avec ses défauts, son téléphone comme une extension de son être 😝, sa spontanéité… pas une littéraire en herbe ou une aspirante romancière cherchant à impressionner. Juste une adolescente ordinaire, couchant son histoire sur papier au fur et à mesure qu'elle se déroule, comme un cri d'urgence, un besoin impératif de ne rien oublier.
le journal se construit au fil des jours, au plus près des événements. Dépourvu de structure (apparente), il n'a pas pour but de séduire ou de valoriser l'intelligence de son auteure. Gaëlle s'y exprime de manière claire, convaincante, authentique - pas de faux-semblants, ni de tournures de phrases alambiquées pour plaire à qui que ce soit- Les détails affluent, les descriptions minutieuses s'étendent aux expressions, gestes, mouvements et sensations physiques, si palpables !
Les relations avec les autres personnages ajoutent une profondeur et une complexité intrigantes. Et si jamais ce journal tombait entre les mains d'un de ces “autres”, un inconnu, cela signifierait qu'il qu'il aurait été trouvé… ou volé ! le temps qui s'écoule, le bouleversement brutal de la vie altèrent le souvenir. Perdue dans la confusion des jours qui passent, le seul repère de notre “petiote” est l'âge qu'elle avait au début des événements dramatiques relatés … et son journal est son radeau, son point de repère dans ce foutoir…
le récit oscille entre des moments factuels, parfois froids, pour refléter la fatigue et la peur de l'héroïne, et des visuels saisissants qui renforcent l'aspect post-apocalyptique du monde.
Cyrille maîtrise son sujet, utilisant l'invasion d'infectés pour explorer les angoisses et les fantasmes de notre société contemporaine. le choix du zombie comme menace symbolise la décadence de cette société et la peur de l'autre, tout en offrant une réflexion sur la cruauté humaine et la fragilité de nos valeurs : les zombies sont le cauchemar de notre humanité !
Au centre de ce monde dévasté, la famille, symbolisée par le lien de Gaëlle et son père, devient une bouée d'espoir : dans cette décadence manifeste, la notion de foyer et d'unité persiste. C'est un rappel poignant que, même lorsque tout semble perdu, des étincelles de cette humanité peuvent briller.
La thématique du trajet va donc bien sûr au delà du parcours géographique, car il se double d'un cheminement psychologique, les épreuves vécues le long du périple bouleversant et forgeant le caractère de notre héroïne. Ce chemin, emprunté par Gaëlle, représente l'être qui, en chacun de nous, peut-être, n'oublie pas, qui sent la peur, la tristesse, la compassion, la curiosité, la douceur… tout ce qui permet à l'Homme de ne pas devenir, sous le poids de la nécessité, un moins qu'humain !
Voilà, ne ratez pas cet ouvrage original présentant une figure majeure de notre imaginaire des dernières décennies, le zombie/infecté. Qu'il effraie, qu'il dégoûte, ou qu'il fasse rire, le zombie constitue un objet d'étude bien plus complexe que d'aucuns pourraient le croire. Moi je ne m'en lasse pas, il me fascine♥️.
Les amis, je vous laisse avec une citation :
« Dans le monde des zombies, où chaque pas est une danse macabre et chaque souffle rappelle le spectre de l'apocalypse, la frontière entre la vie et la mort devient une ligne floue, où même les survivants portent les cicatrices de l'humanité perdue. »
-Mina Grant (Feed)
Merci Cyrille pour cette lecture dont j'ai hâte de connaître la suite, pour ta gentillesse et ta disponibilité, et très bonne lecture à tous. 😁🙏