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EAN : 9782073044822
Gallimard (01/02/2024)
4.33/5   30 notes
Résumé :
« Nous nous battons toujours à fond, complètement, jusqu’à la dernière goutte du sang des autres. À la fin il n’y a ni gagnants ni perdants. La guerre n’est qu’un long serpent. La tête est un président fou et la queue est ce jeune homme, perdu devant l’entrée du métro Ribaucourt à Bruxelles. »

Enrôlé à vingt-huit ans dans l’armée croato-bosniaque lors de l’agression de la Bosnie par l’armée fédérale ex-yougoslave, Velibor Colic a connu l’épouvante où ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Petite virée en guerre civile, avec ce livre relativement bref qui narre l'absurdité qui anime de manière périodique l'humanité.
En deux temps. En commençant par la fin, celle de sa maladie, qui, du fait de la narration, semble la conséquence du récit qui va suivre. Une maladie auto-immune comme la maladie qui incite des peuples à s'auto-détruire.
Bien assis derrière leurs écrans, certains penseurs de canapé vitupèrent contre tout ce qui est différent, contre toutes les menaces qui risquent de les priver de leurs certitudes forgées par des années de pratiques. Alors se lèvent quelques démagogues qui sauront exploiter ce travers humain et cela recommencera. On le voit aujourd'hui au moyen-orient. Personne n'est au dessus de cette tentation, pas d'échappatoire à cette maladie qui ronge toutes les sociétés de l'intérieur. L'appartenance à un groupe, le sentiment national ne se définissent que par opposition à d'autres. Pas d'états-nations sans ennemis à combattre. Pas de peuple élu sans peuples à dominer...
Là, c'est l'ex Yougoslavie... Sans creuser la bio de l'auteur, on ne peut pas savoir à quel "camp" il appartient (le notre, celui des gentils? ou celui des autres, les méchants?).
C'est justement ce qui rend pertinent ce roman : la médiocrité, la bêtise, la souffrance sont sans frontières, sans nationalités. Bien sûr, dans son canap' on est sûr d'appartenir au camp du bien. Mais à l'épreuve de de la guerre, l'auteur nous montre la stupidité de cette posture.
Ce qu'il vit est aussi vécu par les autres en face. C'est moche, c'est cru, presque vulgaire par instants.
Mais justement, c'est ça la réalité de la guerre, quand on la fait réellement, c'est à dire au corps à corps, contre un ennemi équivalent. Loin des guerres asymétriques menées avec des drones et des bombardiers et des missiles guidés par satellites (un must), de loin, ici on suit les mouvements sans buts précis des simples exécutants, ceux qu'on a enrôlés ou qui se sont mobilisés pour la bonne cause (peu importe laquelle) et qui en tuant finalement assez peu, contribuent à la propagation de cette maladie auto-immune de l'humanité appelée guerre. Maladie qui profite essentiellement aux pires parasites qui s'en nourrissent mais qui ne la font pas, bien sûr.
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.Dans les livres que j'aime ,il y a deux catégories :ceux qui me donnent envie de lire et ceux qui me donnent envie d'écrire .Celui de Velibor Colic appartient à la seconde catégorie . Roman très autobiographique , il comprend trois épisodes .Dans le premier , à Bruxelles ,il raconte ses jours de malade , d'une maladie rare , avec acuité et humour ( sortant moi-même d'un parcours hospitalier , j'en garantis la pertinence).Les longues heures d'attente ou de traitement vont l'amener à se plonger dans ses souvenirs du conflit en ex-Yougoslavie vu du côté bosniaque. Dans cette deuxième partie , le ton d'une franchise brutale éclairée par de rares fulgurances poétiques met à nu la réalité obscène de la guerre .Enfin , dans un troisième temps, il évoque sa désertion entre soulagement et découverte de la condition d'exilé. C'est un livre fort dont je recommanderai la lecture au moment où nos ondes résonnent de bruits de bottes et de tambours , où paradent sur les écrans les chantres du réarmement et les galonnés de tout poil.
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Ayant une grande sensibilité pour la plume de Velibor Colic, je me suis procurée sa dernière oeuvre « Guerre et Pluie » et je n'ai pas été déçue.

C'est un livre extrêmement documenté, qui raconte la vie d'un soldat dans la guerre de Bosnie en 1992. Ce soldat en question est l'auteur lui-même.

Il y a une sacrée péripétie tout au long de ce roman à laquelle s'ajoute une ambiance très particulière dès la deuxième partie de cette lecture.
En continuant cette histoire, j'ai noté l'impact émotionnel et visuel de certaines images dérangeante que l'écrivain décrit.

Velibor nous plonge dans ses souvenirs et la lutte effroyable de survie de tous les jours. Les civils, les soldats et les animaux font ce qu'ils peuvent pour se sortir de cette situation pitoyable. A plusieurs reprises, l'auteur parle de la souffrance animale. Par exemple, le chien. Cet animal dépend entièrement de son maître pour être nourri sinon il erre dans le désarroi. le chat par contre devient sauvage et a une meilleure opportunité de survie. Personne ne parle de la souffrance animale en tant de guerre dans d'autres ouvrages littéraires.

Quant à l'écriture, celle-ci est très profonde et troublante avec un mélange de mélancolie et quelques fois d'humour. C'est très fluide et facile à lire mais quelques passages peuvent heurter. Je recommande vivement ce livre !
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J ai découvert cet auteur grâce à la présentatrice Elisabeth quin
Et puis le nom Velibor Colic!! C est marrant et pas banal !
un réfugié yougoslave qui écrit à merveille en français alors qu il n'a commencé à apprendre notre douce langue qu à 28 ans en arrivant en France,il en a 60 aujourd'hui

En gros , enrôlé contre son gré si j au bien compris ,dans l armée yougoslave puis dans les forces croates , il déserte à la fin de la guerre après s être fait arrêter comme traître ou déserteur et molester par des gardiens croates .(par les siens donc )

Ce roman autobiographique est fait de petites vignettes ou impressions , de petites touches aquarellées formant un doux tableau un peu délavé

Le style est concis , le mot juste , pas de longueurs ni fioritures , la beauté de la nature est omniprésente et contraste avec les horreurs de cette guerre de yougoslavie qui s est déroulée à qq centaines de kilomètres de chez nous
Je trouve ce roman plus abouti et plus poétique(oui ,malgré le sujet ) que « manuel d exil « qui a été publié antérieurement bien que que concernant la période d après guerre ,quand il devient réfugié
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L'humanité, une cruauté des dieux ?
"L'écume de mer est un chien qui aboie aux étoiles."

Si vivre paisiblement aujourd'hui en temps de « paix » est quasiment une utopie que dire de ceux qui ont réchappé des guerres et de l'exil ?

Un livre poignant à lire où les prairies verdoyantes et les ciels lumineux côtoient posément, poétiquement, la boue des tranchées « de la terre jaune, collante. Dans un monde glissant et savonneux. » qui jaillit de la fumée d'un noir multicolore des souvenirs de l'auteur, en désordre malgré un ordre apparent 1. la maladie, qui « ressort » la guerre trente ans plus tard. 2. le soldat. 3. le déserteur. « Car la mémoire parle une langue étrangère. »

Lire Sunset Park de Paul Auster me sera sans doute plus difficile. Je l'entrevois ainsi. Entre Velibor Čolić et moi, il y a l'écran du non-vécu qui protège les générations ayant pu vivre jusqu'à présent quasi « paisiblement ». L'empathie est présente à la manière dont on peut lire encore les ouvrages contant la misère et la dureté du 19e siècle, Hugo, Dickens, Balzac, Dostoïevski, etc., puis Faulkner pour le 20e… Avec Auster, c'est une tout autre guerre. D'une ampleur inconnue, globalisée contre l'humanité toute entière. Qui se déroule au temps présent et dont nous sommes perfidement, directement et indifféremment, la cible. Peur et puanteur suintent au quotidien.

« Je commence à comprendre que l'écriture est une représentation graphique de ma mémoire. Ce qui m'est arrivé peut-être important pour les autres. On peut guérir l'oubli par l'écriture. Cette merveilleuse architecture qui relie le présent et le passé dans une relation stable. La mémoire se perd, mais l'écriture demeure. L'imbécile se souvient et l'homme sage note. C'est le rôle de la littérature. Pas de réponses, mais de vraies questions. Pour que tout ait l'air aussi "sérieux" que possible, j'écris mes questions au stylo noir et en majuscules. Comme si je voulais crier plus fort que ma solitude. Et que la peur. »

« La littérature est la dernière alliée de la mémoire. La dernière ligne de l'humanité. le papier de tournesol avec lequel nous testons l'acidité du monde. »

« À mesure que la guerre progresse, j'ai le sentiment de devenir un chien. Je commence à sentir de vrais bouquets de nouvelles odeurs. Les fruits avariés et la chair pourrie. L'odeur d'une maison cramée. La puanteur sucrée de la viande trouvée dans le réfrigérateur d'une maison abandonnée. La putréfaction douce d'une vache morte, la puanteur légèrement plus vive d'un cadavre humain. L'odeur savoureuse de l'herbe fraîche alors que je m'allonge face contre terre. Les effluves des feuilles mouillées scintillant sous la pluie du printemps. le parfum sucré des cerisiers en fleur. Un tout nouveau monde s'offre à moi. La puanteur. »


Lien : https://zoegilles.net/guerre..
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critiques presse (3)
LeMonde
18 mars 2024
Enrôlé à 27 ans dans l'armée croate de Bosnie, l'écrivain déserte rapidement. Dans « Guerre et pluie », il raconte la guerre d'un homme sans expérience militaire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
13 février 2024
Velibor Colic publie chez Gallimard son dernier livre, Guerre et Pluie , dans lequel il nous parle autobiographiquement d'un homme en proie aux doutes sur sa vie. Il y relate ses élucubrations et digression sur son passé et son présent, sur la guerre et la maladie.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
02 février 2024
Un admirable roman autobiographique dans lequel l'écrivain évoque une nouvelle fois la guerre de 1992 dans l'ex-Yougoslavie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La maladie ressemble à la guerre, c'est une violence brutale et injuste. Au moment où elle nous arrive, curieusement, le monde qui nous entoure devient plus clair. Le mal nous décentralise et nous place au bon endroit dans le monde. 
La maladie est une leçon parfaite. 
Personne ne peut l'éviter. Elle arrive tôt ou tard, pour tout le monde. 
Plusieurs études montrent que la mortalité des vivants s'élève à 100 %.
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Je l'ai rencontré le jour où il a posé une mine antipersonnel sur le dos d'un soldat serbe mort, dans une clairière.
-Quand ses amis le verront, dit-il, ils le prendront. Et quand ils le déplaceront, boum, il les tuera tous !
Il erre et il vole sans repos. Il cache son trésor volé dans une maison abandonnée. Une collection enviable de téléviseurs, magnétoscopes, chaînes hi-fi, fours à micro-ondes...
- Après la guerre, répète Mato, il y aura une grande fête. Et je serai là pour leur proposer de la musique.
Un jour, je vois un équipement hospitalier dans cette maison. Une machine compliquée qui est en réalité un poumon artificiel.
-Dans une maison, me dit Mato, je suis tombé sur un vieillard qui était connecté à cette machine. Comme il était déjà âgé et à moitié mort, je l'ai prise. On ne sait jamais.
- Et le vieil homme ? je demande avec étonnement, qu'est-ce que le vieil homme a dit?
- Grh krhhh, me répond en souriant Mato Trabant.
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Ouelles sont les vraies frontières de nos voyages ?
Le fleuve sait-il tout ou rien ?
À qui appartiennent réellement l'arbre, la terre ou I'herbe ?
À la fin de notre voyage, il n'y a pas de nouveaux paysages, de nouveau climat ou de mer mais tout simplement des douaniers.
Nos paysages sont devenus des territoires. Et nos territoires par la même logique nos Etats. Avec des frontières qui se chevauchent souvent. Malheureusement. Alors, par une simple addition, nos paysages, territoires et Etats sont devenus nos guerres. Ceux qui déclenchent des guerres considèrent les paysages comme leur patrie. Pour laquelle ils sont prêts à se battre jusqu'à la dernière goute du sang des autres.
La guerre est toujours conçue par les personnes âgées pour tuer les jeunes. IIs sont prêts à tout sacrifier pour le peuple. Y compris le peuple lui-même.
On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels, a sagement conclu Anatole France.
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« La littérature est la dernière alliée de la mémoire. La dernière ligne de l’humanité. Le papier de tournesol avec lequel nous testons l’acidité du monde. »
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A la guerre, la mort vit avec nous.
Pendant ma guerre, j'ai appris que tout meurt à la guerre : les armoires, les gens, les maisons, les animaux, les arbres, les rues, les voitures... Une fois, pendant un bombardement, j'ai cru entendre le gémissement d'une maison blessée. C'était terrifiant. Comme si j'entendais le cri des générations qui avaient passé leur vie parmi ces briques écrasées.
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