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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La sorcière est pour beaucoup d'entre nous la méchante des contes de fée, vieille et moche elle symbolise le mal face à la jeune, belle et innocente jeune fille. Pourtant depuis toute petite j'ai toujours eu un faible pour les sorcières qui souvent ont bien plus de personnalité que les héroïnes au coeur tendre qui attendent passivement le prince charmant. Et si comme à l'instar du Loup dans nos contes pour enfants la sorcière était un personnage injustement mal aimé ?

Mona CHOLET décide d'éclairer nos lanternes et de rendre aux Sorcières ce qui est aux Sorcières. Les Sorcières ce sont d'abord et avant tout des femmes qui à l'époque de la Renaissance ont été victimes d'une chasse visant à les exterminer. En d'autres mots un génocide, un pogrom, une extermination de masse. Bref dans l'histoire le fait peut paraître anecdotique mais il n'en est rien, bien au contraire. Cette extermination ne visait pas toutes les femmes ce qui évidemment aurait été suicidaire pour la race humaine. La chasse aux sorcières est beaucoup plus sordide que ce que nous pouvons imaginer. Qui est visé, qui sont les sorcières d'alors ?

Tout a commencé par le démantèlement de l'ordre des Béguines qui permettaient aux femmes seules (souvent veuves) de vivre libres, en communauté sans qu'un homme ne les dirige et sans qu'elles n'aient décidé d'être nonnes. Cette indépendance et cette absence de soumission au patriarcat, que ce soit à un mari ou à dieu, dérangeait beaucoup ces messieurs. Démanteler les Béguines fut donc les prémices de la chasse aux Sorcières. La chasse de ces femmes qui défient les conventions sociales de l'époque en étant indépendantes, célibataires, autonomes, voire tout ça à la fois. Elles exerçaient souvent la médecine, faisant office de sages-femmes mais aussi via une connaissance des plantes et des remèdes pointue et transmise de mère en fille pour soulager les maux. le pire est que beaucoup reconnaissaient leur talent et avaient recours à leur aide. Pourtant cela ne les a pas sauvées. Au contraire. Pas assez dociles, de telles femmes ne peuvent être que sous la coupe du diable (ben oui il faut bien un homme quelque part). Toute femme qui n'est pas soumise à la domination patriarcale est un danger potentiel. le premier chef d'accusation de ces femmes accusées de sorcellerie était d'ailleurs dans la majorité des cas l'arrogance.

En d'autres termes ces femmes ont été jugées et condamnées au bûcher car elles étaient indépendantes et qu'elles avaient du caractère. Indomptables malgré l'ingénuité de l'époque dont ces messieurs faisaient preuve pour les briser. Je vous suggère d'aller voir sur internet ce qu'est une bride de mégère, cela en dit long… La haine des Sorcières alla même jusqu'à condamner des générations de félins, le chat étant le plus fidèle compagnon de la sorcière dans l'imagination commune de l'époque. Quelle hérésie, en l'absence de chats les rats proliférèrent et la peste s'installa. Mais bon on avait sauvé les âmes de ces diablesses de Sorcières et de leurs chats, suppôts de Satan. Ouf on l'a échappé bel !

Une fois exterminées les sois disant Sorcières, la voie était libre pour ces messieurs qui se sont réservés l'exercice de la médecine, pillant sans vergogne les connaissances des Sorcières dont les connaissances étaient basées sur l'expérience et la pratique. Si certains remèdes ne sont pas des plus efficaces il faut quand même rappeler que la plupart des substances utilisées en obstétriques sont des dérivés des plantes utilisées par les Sorcières. Beaucoup des remèdes étaient pour l'époque pertinents et surtout accessibles aux pauvres. Les médecins qui ont alors pris la place des sages-femmes ont déclenché une épidémie de fièvre et un nombre important de femmes sont mortes en couches. Pourquoi ? Tout simplement car ces messieurs qui accusèrent les sages-femmes d'être sales, passaient de la dissection d'un corps à un accouchement sans s'être lavés les mains. Nous avons bien progressé depuis ? Certes mais encore aujourd'hui une femme qui se plaint de douleurs dans la cage thoracique est traitée à cous d'anxiolytiques alors qu'un homme est redirigé vers un cardiologue. Et puis il suffit de voir la prise en charge des femmes atteintes d'endométriose, l'utilisation de la pilule à la liste d‘effets secondaires potentiels impressionnant (personne ne voudrait tenter de la réduire… ?) sans oublier l'époque pas si lointaine des ablations d'ovaires et de clitoris censés résoudre des problèmes qui en fait n'en étaient pas (trop forte libido, tendance à la masturbation… ça c'est de la maladie super grave !).

Cette chasse aux Sorcières, aujourd'hui encore se poursuit, les femmes sont encore bien trop souvent jugées sur leur physique et subissent de plein fouet l'injonction à demeurer jeune, du moins en apparence, le plus longtemps possible.
Messieurs vos rides et vos cheveux blancs vous donnent charme et charisme mais mesdames non ! La moindre des chose serait de vous rendre présentable, allons !
Les cheveux blancs font « négligés », la ménopause est tabou son arrivée sonnant comme une date de péremption, le non désir d'enfants est plus mal perçu chez une femme que chez un homme, de même que sa volonté de faire carrière.
Bref Mona CHOLET balaie tous ces plafonds et ces injustices qui fondent les inégalités entre les 2 sexes encore aujourd'hui car nous sommes encore pétris du modèle de l'autorité patriarcale.

Mais les plus grandes victimes ce sont les femmes qui ont passé la cinquantaine. Prendre de l'âge, arborer des chevaux blancs, ne plus être féconde, ne plus pouvoir enfanter donc ne plus avoir d'utilité pour la société. Plus les femmes vieillissent, plus elles sont renvoyées au stéréotype de la Sorcière. Vous avez déjà vu un vieux monsieur être qualifié de Sorcier vous ? Non. Tandis qu'une femme surtout si elle est un peu revêche…

Un chapitre de ce livre revêt une importance particulière dans le développement de Mona CHOLLET, c'est celui qui nous parle de la pression sociale qui pèse sur les femmes en matière de maternité. Il y a une injonction sociale à être mère qui n'existe pas pour les hommes que l'on incite toujours à l'autonomie et l'indépendance. Dans l'image d'Épinal la femme veut se marier et avoir des enfants et c'est le bonheur suprême, l'homme lui se fait passer la corde au cou et assume les frais liés aux enfants. Son objectif c'est sa carrière.
Je conçois très bien les développements de l'auteur sur ces mères qui se sentent emprisonnées dans la maternité parce qu'elles ont cédé par convention sociale. Je regrette par contre qu'il ne soit pas question de femmes qui n'ont renoncé ni à avoir des enfants ni à avoir une carrière. Pourtant cela existe et toutes les femmes n'ont pas un partenaire qui s'investit moins qu'elles dans l'éducation des enfants.

Alors j'avoue, au vue de tout ce qui est décrit dans ce livre je suis sans conteste une Sorcière parce que je revendique mon indépendance, le droit à mener ma vie, mes relations, ma carrière … comme je l'entends. Et comme les chiens ne font pas des chats une belle lignée de Sorcières est prête à prendre la relève. Mais n'oublions pas qu'il existe quelques Sorciers aussi et qu'ils sont de plus en plus nombreux à se dresser aux côtés des Sorcières.
Un livre intéressant et même s'il est parfois un peu manichéen il est souvent révélateur de ces discriminations tellement ancrées qu'elles en viennent à passer inaperçues. Les relever ne peut être que bénéfique !
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Femmes = Sorcières ! Mona Chollet associe les deux et il est clair qu'au fil des siècles, la sorcière avait souvent un visage féminin, qui plus est vieille, laide, sale etc….. Elle est parée de tous les vices, est ramenée souvent au ras du sol, on lui attribue souvent un manque d'intelligence et traitée comme telle et si c'était tout le contraire : si justement c'était parce qu'elle détenait certaines connaissances, qu'elle parlait vrai, qu'elle faisait peur qu'on lui faisait porter tous les malheurs de la société….

Il faut souvent être femme pour comprendre ces maux mots, ces attitudes dans la vie de tous les jours et pas seulement dans notre entourage mais aussi à tout niveau où, normalement, on pourrait penser que la femme est aussi bien considérer que l'homme, ni supérieure, ni inférieure….. Juste à l'égal de l'homme. Mais vous comme moi nous écoutons les statistiques….. C'est loin d'être gagné.

Grâce à cet essai, Mona Chollet, relève, et parfois de façon très petinente, ironique et très documentée, ces petits affronts qui jalonnent nos vies. Après une longue introduction dans laquelle elle revient sur l'histoire des Sorcières jusqu'aux mouvements féministes actuels avec ses figures de proue, le récit se divise en quatre parties.

Parler des choix de vie, du non-désir de maternité (j'ai trouvé très courageux et lucide le fait d'aborder ce thème),, de la vision des femmes vieillissantes matures et enfin de la relation femme et médecine, Mona Chollet aborde tous ces sujets et à un moment ou à un autre on se retrouve dans ses mots, dans les situations, dans certaines blessures. Je n'aurai pas pensé faire le parallèle entre sorcières et femmes mais finalement quand on analyse son argumentaire le rapprochement est évident.

J'ai lu cet essai presque comme un roman tellement il est finalement le récit de situations que vivent des millions de femmes, en silence parfois souvent, c'est un essai-roman sur les femmes qui assument leurs vies, des femmes fortes….. des Sorcières, qui ne veulent pas plier, qui n'acceptent pas de se taire, des justiciaires dont le combat est sans fin pour être ce qu'elles sont, qui elles sont et qu'on les accepte comme telles.

J'ai aimé qu'elle ne fasse que revendiquer l'égalité entre hommes et femmes, sans chercher la querelle, mais mettre en évidence des faits, constations sur la différence de traitement si l'on est homme ou femme (et particulièrement sur l'homme et la femme avançant en âge).

J'y ai fait des découvertes en particulier sur les mouvements américains comme WITCH et sur les femmes qui ont marqué les mouvements féministes: Gloria Steinem, Susan Sontag etc…. Je ne connaissais pas les prises de position très justes de Martin Winckler par exemple. J'ai retrouvé des situations vécues par moi ou des proches dans lesquelles je n'avais pas compris qu'il s'agissait d'une différence de traitement (comme quoi on apprend à tout âge) entre les sexes en particulier dans le domaine médical.

C'est une lecture dans laquelle je me suis retrouvée, reconnue, qui m'a fait du bien mais qui me dit également que le combat n'est pas fini, mais sera-t-il fini un jour ? Les femmes ne sont pas des sorcières, elles sont femmes.

Mona Chollet parle principalement de la force des femmes, de certaines femmes, mais toutes ne sont pas de cette trempe. J'aurai aimé qu'elle évoque également les femmes qui subissent, qui souffrent oui mais celles-là ne sont pas des Sorcières elles ne sont que les victimes…… C'est un essai qui fait du bien car il permet également de se rendre compte que nous ne sommes pas seules, uniques, que d'autres pensent et vivent les mêmes situations, qu'elles ne sont pas responsables, mais victimes.

C'est un essai que tout le monde devrait lire : hommes, femmes et aussi adolescentes pour ne pas tomber dans certains stéréotypes, pour ne pas laisser la porte ouverte à certaines attitudes, pour apprendre à dire Non ou Stop.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Ai parcouru cet essai sur les femmes dans les Sociétés et celles cataloguées de "sorcières" en particulier.

"La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable".

* Bien sûr, il y a eu celle de Blanche Neige de Walt Disney, avec ses cheveux gris filasse sous sa capuche noire, son nez crochu orné d'une verrue, son rictus imbécile découvrant une dent unique plantée dans sa mâchoire inférieure, ses sourcils épais au-dessus des ses yeux fous qui accentuaient encore son expressions maléfique".

Mais, même les sorcières inquiétantes, celle de Hansel et Gretel ou celle de la Rue Mouffetard, ou la Babayaga des contes russes, tapis dans son isba juchée sur des pattes de poulet, m'ont toujours inspiré plus d'excitation que de répulsion.

En 2016, le Musée Saint-Jean de Bruges a consacré une exposition aux "Sorcières de Bruegel", le maître flamand ayant été le premier peintre à s'emparer de ce thème.

Les grandes chasses aux sorcières furent faites à la Renaissance et non au Moyen Age comme on a tendance à le croire.

Les exécutions des "sorcières" ont été faites dans une grande majorité à la suite de condamnations dans des cours civiles ; et non, lors de l'Inquisition qui n'était préoccupée principalement que des hérétiques.

Bouquin très intéressant où la femme est bien souvent malmenée si elle n'entre pas dans le moule de la Société.

"Mais il peut y avoir une immense volupté - la volupté de l'audace, de l'insolence, de l'affirmation vitale, du défi à l'autorité - à laisser notre pensée et notre imagination suivre les chemins sur lesquels nous entraînent les chuchotements des sorcières.
A tenter de préciser l'image d'un monde qui assurerait le bien-être de l'humanité par un accord avec la nature, et non en remportant sur elle une victoire à la Pyrrhus ; d'un monde où la libre exultation de nos corps et de nos esprits ne serait plus assimilée à un sabbat infernal."

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Non, non, ce livre ne parlera pas des filles qui ont étudié à l'école de magie de Poudlard. Parce qu'elles, ce sont de vraies sorcières

Non, plus terre à terre, Mona Cholet va nous parler de ces femmes accusées d'être des sorcières et qui n'en était pas.

Une vraie sorcière, telle que Minerva McGonagall, ne se serait jamais laissée brûler sur un bûcher ! Elle aurait changé tous ces juges laïcs en lombrics rampants. Na !

Le problème, c'est que les sociétés n'ont jamais aimé que des gens vivent différemment des autres, en marge de leurs règles. Et nous ne parlons pas des sociétés du Moyen-Âge, mais de celles de la Renaissance ! Comme quoi…

Quand des femmes, veuves ou célibataires, indépendantes, avec du savoir médical, avaient décidé de vivre sans être sous la coupe d'un père, d'un mari ou d'un fils, ça faisait grincer des dents et on finissait toujours par crier haro sur le baudet et à intenter des procès à ces pauvres femmes qui avaient voulu, ô les folles, vivre de manière indépendante !

À croire que nous foutons vraiment la trouille aux mecs lorsque nous refusons d'être des petites choses fragiles, des femmes à protéger, que nous parlons d'indépendance, de vivre sans compagnon, de faire des bébés toutes seules (♫) ou pire, quand on se rebelle ou qu'on se dresse devant le mec qui voulait nous agresser, sans peur dans nos yeux, mais avec la flamme qui dit "Viens, approche mon gars et tu vas voir ce que tu vas prendre dans ta gueule"…

Cette étude ne sera pas consacrée qu'aux chasses aux sorcières, aux femmes indépendantes, veuves, impertinentes… Mais l'autrice abordera aussi une bonne partie des problèmes rencontrés par les femmes dans le Monde et au fil du Temps.

Bizarrement, nous sommes souvent réduites à notre utérus et à notre condition de femme. Trump a attaqué Hillary sur sa condition de femme, se gaussant d'elle lorsqu'elle devait aller aux toilettes (Trump ne doit jamais pisser ou chier, lui !)…

Encore de nos jours, certains hommes ont souvent tendance à nous proposer, avec cynisme, de retourner à nos casseroles et à nos gosses. Et surtout, de nous occuper de notre mari ! Oui, la femme n'est bonne qu'au ménage, à s'occuper des autres (et de son mari) et à pondre.

Parce que la femme, pour être épanouie, doit faire des gosses ! Seule la maternité en fera une vraie femme et gare à elle si un jour elle ose dire à voix haute qu'elle regrette d'avoir eu des enfants, que ça lui a gâché sa vie. Tout le monde lui tombera sur le râble.

Idem avec les femmes qui veulent vivre seules, indépendantes, sans homme, sans enfants… Nous sommes en 2021 et c'est toujours mal vu. Il faut s'en justifier sans arrêt et tout le monde vous dira qu'un jour, vous le regretterez de ne pas vous être mariée ou d'avoir refusé d'avoir des enfants.

Moi, je suis pour être une tata, pas une maman. Je suis une super tata (je me jette des fleurs) et j'en ai ma claque aussi de devoir me justifier parce que n'ai rien voulu faire grandir dans mon utérus. M'envoyer en l'air, oui, prendre du plaisir, oui. Pour les gosses, je laisse ça aux autres. Ça en défrise toujours certaines ou certains…

Pour conclure (dans le foin), cette étude qui nous parle de la place des femmes dans la société, du féminisme, de nos droits obtenus de haute lutte (une dure lutte), du fait que certains ne veulent pas partager le pouvoir avec la moitié de l'humanité, que certaines femmes, elles-mêmes, préfèrent rester dans le rang, ne se lit pas d'une seule traite.

Les sujets sont vastes, denses et il vaut mieux être au calme pour en apprécier toutes les informations données. C'est 230 pages d'un condensé qui ne se boit pas d'un coup, tant on a envie aussi de grimper au mur devant toutes les injustices dont nous furent les victimes, nous les femmes. Et dont nous sommes toujours victimes !

Le plafond de verre est toujours sur nos têtes et nos droits, chèrement acquis, peuvent disparaître du jour au lendemain, sans que nous nous en rendions compte.

Gare à nous, les sorcières des temps modernes, qui refusons le maquillage, la teinture pour nos cheveux et qui, lorsque nous vieillissons, ne bénéficions pas de la sagesse que les mecs acquièrent, eux, avec les cheveux gris !

Putain, on s'est quand même bien fait baiser durant tout ce temps ! Parce que même sans être une petite chose fragile, même sans vivre avec un homme castrateur, même en possédant une grande liberté d'action, même en ayant fait mes propres choix, on s'en prendra tout de même plein la gueule du fait de notre sexe féminin.

Une étude sociologique à lire et à faire découvrir.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Mona Chollet prend pour point de départ les chasses aux sorcières qui ont débuté aux Moyen-Âge pour s'interroger sur la condition des femmes du XXIème siècle.

Finalement, que reprochait-on aux sorcières ? Leur liberté sexuelle, leur indépendance, leur vieillesse. Quelles femmes étaient le plus souvent condamnées ? Les femmes célibataires, les femmes sans enfants, les femmes âgées. Et qu'en est-il aujourd'hui ? Fort heureusement, les femmes ne sont plus brûlées vives ni torturées. Mais force est de constater qu'elles doivent toujours lutter pour leur liberté et leur indépendance, pour le respect de leur identité et de leurs choix de vie.

Une femme de mon entourage, qui m'avait conseillé ce livre, m'avait dit qu'il était un peu "fourre-tout" mais passionnant et qu'il était parfait pour une première lecture "féministe". Je suis assez d'accord avec elle.
Mona Chollet nous brosse un portait des figures féminines emblématiques et de l'historie du féminisme. Elle permet surtout à son lecteur de s'interroger lui-même sur les faits et les discours qui nous paraissent naturels et légitimes, alors qu'ils ne le sont nullement.
Et elle le fait avec passion, humour et culture.

"Aujourd'hui, celle qui partage sa vie avec un homme et des enfants doit toujours lutter de toutes ses forces si elle ne veut pas devenir une "femme fondue" ".
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(...) J'avais beaucoup entendu parler de ce livre et il me rendait très curieuse. La seule chose qui m'arrêtait était le sous-titre: La Puissance invaincue des Femmes. J'avais l'impression que j'allais tomber dans un ramassis de considérations pseudo-ésotériques à la noix et ça me rebutait vraiment. Heureusement, ça n'a pas été le cas. D'ailleurs je n'ai toujours pas compris en quoi ce sous-titre pouvait bien correspondre au contenu du livre (je trouve même que ça fait un peu racoleur, pour être franche). Bref, je me suis quand même lancée dans cette lecture, en numérique parce que je ne voulais pas acheter en format papier un livre sur lequel je craignais de m'exaspérer.

Au final, c'est une lecture qui en valait vraiment la peine. J'ai appris énormément de choses sur les chasses aux sorcières et les époques auxquelles elles se sont déroulées, mais également sur les mouvements féministes contemporains, en particulier ceux de la 2e moitié du 20e siècle.

Les analyses de l'autrice étaient très intéressantes. On parle de tous les moyens utilisés par la société au fil des siècles pour contrôler les femmes, de la façon dont, encore aujourd'hui, on essaie de nous imposer de nombreux carcans, de manière plus ou moins insidieuse. Je n'ai pas été d'accord avec tout, que ce soit du point de vue analytique ou des méthodes employées par certains mouvements de droits des femmes, mais j'ai trouvé tous les aspects développés vraiment intéressants, même quand j'étais en désaccord avec les conclusions qui étaient tirées des faits. Il y a énormément de pistes de réflexion et une grande variété de sujets sont abordés.

La plume de l'autrice est agréable, accessible même quand il est question d'aspects historiques ou scientifiques que je ne maîtrisais pas. Elle n'est pas dénuée d'humour, Mona Chollet manie le sarcasme et l'ironie avec subtilité et n'hésite pas à faire preuve d'autodérision.

J'aurais cependant deux reproches à faire à ce livre: d'une part, j'ai eu l'impression que le point de vue était essentiellement occidental, ce qui est un peu dommage; d'autre part, je l'ai trouvé trop court, j'aurais aimé en avoir encore plus. Dans un autre opus, peut-être?

En résumé, une lecture passionnante, qui fait beaucoup réfléchir et s'indigner, mais qui aurait mérité d'être plus développée. Je recommande très vivement!
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Un essai conseillé par des amies qui m'a convaincu.
C'est bien documenté, référencé et quelle bonne idée de relier la chasse aux sorcières au sexisme !

J'ai ainsi appris que les persécutions contre ces prétendues sorcières étaient relativement tardives (renaissance) alors qu'au moyen âge les femmes étaient plutôt bien traitées, que lesdites sorcières étaient parfois des guérisseuses mais pas que…. puisqu'il s'agissait aussi de femmes seules (veuves ou célibataires), parfois âgées donc plus libres. Elles ont été victimes de sévices et tortures graves et cette chasse a marqué un tournant dans l'histoire des femmes. Leurs droits et leur position dans la société n'ont ensuite cessé de régresser jusqu'à l'époque moderne.

Après cette partie plus historique, l'auteure analyse trois tabous concernant les femmes : le désir d'indépendance et de vivre seule, la possibilité de ne pas enfanter et enfin, la femme âgée (Après l'avoir terminé, je m'interroge sur mes cheveux blancs ! Teinture or not teinture  ?).

Le sujet intéresse donc les jeunes et les moins jeunes et nous interroge intelligemment sur les diktats que nous subissons le plus souvent sans même nous en rendre compte et sur ce conditionnement dont les femmes sont victimes depuis des siècles. Ainsi, elles sont parfois les premières à défendre des positions qui sont en réalité totalement contraires à leur libre arbitre et à leur indépendance.

Pour le compléter, je conseille vivement la lecture de King Kong théorie de Despentes : beaucoup plus trash dans le style et les sujets abordés (prostitution, pornographie notamment) mais avec ce même fil conducteur sur la soumission des femmes à des diktats masculins contraires à leurs intérêts.
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Difficile de passer à côté du phénomène Sorcières, on l'a vu partout. Poussée par la curiosité, j'ai enfin mis le nez dedans. Et j'en retire du bon et du mauvais. Certains passages m'ont fait soupirer, lever les yeux au ciel et j'en passe devant tant d'archaïsme, à se demander si l'on est bien au XXIème siècle. J'ai été atterrée face à certains passages concernant des décisions de justice, les violences médicales et le sexisme ordinaire, le rapport à la maternité (partie qui m'a particulièrement parlée). A d'autres moments, j'ai trouvé le propos de Mona Chollet vraiment geignard. le côté, "les femmes c'est des gentilles, tout est de la faute des hommes ouin ouin ouin" est exaspérant. Ce ne sont pas les hommes qu'il faut changer, c'est la société. L'égalité des sexes oui, le féminisme forcené non. Autre point négatif, le raisonnement tiré par les cheveux de certains passages, notamment le fait que le corps des femmes soit nommé par des noms d'hommes pour affirmer leur propriété!!! C'est pousser le raisonnement un peu loin et voir le mal(e) où il n'y a en pas.
Je reproche à Mona Chollet de manquer de clairvoyance et d'objectivité, de ne voir le sujet que par un seul bout de la lorgnette.
Le tout n'est pas inintéressant et chacun y trouvera des sujets qui lui parleront plus que d'autres en fonction de sa sensibilité et de son vécu.
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Bien que je ne pusse décemment plus supporter quiconque se met bille en tête de parler de sorcière (mot de passe de reconnaissance entre cinglées), je m'accordai le courage de lire l'ouvrage de Mona Chollet sur ce thème, par fidélité au bon souvenir de lecture laissé par « Beauté fatale ».


Sorcières : femmes qui ne correspondent pas et qui n'agissent pas selon les préceptes que les hommes (ou la société patriarcale, si elle existait) ont défini pour elles. Pour faire court : ce sont des femmes sans mari, sans enfant, aux moeurs libres. Au Moyen Age, les petites soupçonneries qui s'édifiaient à leur égard se sont cristallisées autour de la figure de la sorcière, créant par là un statut à part, exceptionnel, qui donnait le droit d'être maltraitée et, parfois, de se faire lécher par les flammes du bûcher. Maintenant, ce n'est plus pareil, on a évolué, on ne brûle plus. Les femmes qui vivent n'importe comment ne sont plus lapidées mais elles doivent porter un poids de préjugés fort peu enviable. Il ne fait pas bon vieillir quand on est une femme, nous dit MC, surtout quand on n'a pas de cheum, pas de gone et pas de millions.


C'est très bien observé. La critique de l'écosystème dans lequel surgit cette infâme injustice est également bien menée. Pas un mot plus haut que l'autre (pas hystérique la nana). Bien documenté. Ne divisant pas le lectorat en un illusoire parti du bien vs. parti du mal. Reste cependant que du point de vue logique, une étape semble avoir été survolée. Les sorcières du moyen âge étaient-elles les préfiguratrices des autoproclamées sorcières modernes ? Autrement dit, est-on sorcière pour les mêmes raisons au moyen âge qu'aujourd'hui ?


S'il fallait vraiment du courage (mais il n'en fallait pas car on ne choisissait sans doute pas) pour vivre à la mode sorcière au XVIe siècle, parce que cela impliquait une exclusion radicale du tissu social sans lequel il faut être prête à se démerder dans la plus complète solitude, la sorcière du XXIe siècle n'est-elle pas au contraire la plus soumise des femmelettes ? Ah, ça non ! elle n'est pas soumise au discours patriarcal (ça existe encore ça ?), non ! D'ailleurs, c'est bien le contraire : elle EST le discours patriarcal (ou plutôt, disons les choses clairement : capitaliste) et si complètement qu'elle ne peut même pas s'en douter. La femme se découvre sorcière lorsque, après quelques joyeuses années de jeunesse passées à batifoler, à consommer et à vivre pour soi selon les modèles de la femme libérée, elle découvre qu'elle est has been. Alors, elle s'en prend à la société, méchante société, qui ridiculise les vieilles bonnes femmes et ne leur permet pas de continuer à se sentir belles à travers les téléfilms et les séries. Il faut « briser l'image de la vieille peau », nous dit MC. Mais pour la remplacer par quoi ? Par l'image de la « nature », si subtilement rapprochée des femmes dans le dernier chapitre intitulé « guerre à la nature, guerre aux femmes » (cette nature que Baudelaire réduisait aux « légumes sanctifiés ») ? Pourquoi briser une image qui ne nous plaît pas lorsqu'on pourrait simplement l'ignorer ? Peut-être parce que ça ne permet pas de créer un nouveau marché. Alors qu'au contraire, remplacer l'image de la vieille peau par l'image de la sorcière qui aime à la turlutte, voilà qui permet de mobiliser une foule en folie de consommatrices prêtes à démontrer, une fois de plus, qu'elles ne seront jamais rien d'autre que des images. Ne se sont-elles donc jamais demandées pourquoi ça leur plaisait autant, d'être des images, avant de se révolter contre ceux qui leur en imposent de déplaisantes ?
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Concernant cet essai, j'ai mis du temps à mûrir mon propos et à écrire ma chronique. Je sais que certains attendaient mon avis ;). J'avoue cette rédaction, je la redoutais, j'avais peur de ne pas savoir formuler mes idées ou même de décrire mon écoute avec justesse.
Si vous me suivez depuis un moment, vous devez savoir que je ne m'attaque quasiment jamais à des essais. J'ai peur de ce format, peur que ce soit que des termes techniques, qu'il faille ouvrir le dictionnaire toutes les 2 minutes, peur que ma lecture soit trop dense… Bref, vous l'aurez compris, je suis réticente à ce genre de lecture. Je me suis dit autant l'aborder sous un format qui me fera moins peur. le livre audio ! J'ai procédé à une vérification primordiale avant de consommer un crédit sur Nextory. Je me suis assurée que la voix de la narratrice me plaisait. Eh oui, si je n'adhère pas à la voix, la facilité du format est supprimée. Un essai et une voix monotone, c'est dodo garanti. Heureusement, la voix Aline Afanouekoe est loin d'être monotone. En plus, elle me disait vaguement quelque chose. En rédigeant ma chronique, je me suis rappelé où je l'avais déjà entendue : sur France Inter. Aline Afanouekoe est une journaliste et animatrice. J'ai envie de dire que ça se sent. Sa diction est fluide, elle est passionnée par son texte. Elle marque une pause et souligne le propos. Elle s'approprie ce livre et son propos. En bref, une narratrice à retenir.
Maintenant passons à l'essai, Mona Chollet n'emploie pas heureusement de vocabulaire trop technique où l'on doit mettre sur pause chercher le terme, puis relancer la lecture et rebelote 5 minutes plus tard. Je vous dis ça, car il m'a été donné de lire des essais (Le livre au temps du confinement) où c'était comme cela. On écarte donc une autre de mes craintes concernant le genre.

La thématique de Mona Chollet comme le dit le titre est le féminisme. Les sorcières sont ici un prétexte pour défendre la cause de la femme et taper sur le patriarcat. Les sorcières sont des femmes et des femmes de savoir.
La suite de ma chronique :
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