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EAN : 9782072710001
512 pages
Gallimard (06/04/2023)
4.07/5   87 notes
Résumé :
Rome. XVe siècle, au cœur de la Renaissance italienne. Alessandro Farnese, jeune aristocrate provincial promis à une carrière ecclésiastique, met son ambition au service d’une seule religion : sa famille.
Projeté dans les jeux de pouvoir entre Florence et Rome, soutenu par Laurent de Médicis, il compte sur l’influence de sa sœur, la sensuelle Giulia, maîtresse du pape Rodrigo Borgia, pour devenir cardinal. Usant de l’audace, de l’opportunisme et de l’élan amo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Chroniqueuse et romancière historique, Amélie de Bourbon Parme entame, avec L'ambition, une trilogie romanesque consacrée à son ancêtre Alessandro Farnèse. Ce premier tome nous plonge en pleine Renaissance italienne, au XVe siècle, et retrace la jeunesse de celui qui deviendra le pape Paul III, sauveur d'une Eglise catholique ébranlée par la Réforme protestante et seul prélat fondateur d'une dynastie – qui le relie à l'auteur.


Lorsque s'ouvre le récit, l'homme qui, au soir de sa vie, déclare « Je n'ai renoncé à rien. Ni au pouvoir, ni à la richesse, ni au savoir, ni à la beauté. Ni à l'amour, ni à ma charge. J'ai laissé à d'autres le soin d'être irréprochables et la folie des regrets », se souvient n'avoir été « qu'un jeune ambitieux, nourri de convictions et d'espoirs, aussi obstiné que malléable, aussi indomptable que perméable aux événements, rêvant de gloire et d'aventure. »


Né au sein d'une famille de l'aristocratie militaire provinciale et doté très jeune d'une éducation humaniste, il vient à peine de pénétrer la Curie romaine comme écrivain apostolique, que le pape Innocent VIII, en guerre contre le roi de Naples et tous ces condottieri qui se disputent les mille morceaux du territoire de la péninsule italienne, le fait emprisonner au château-Saint-Ange. A tout juste dix-huit ans, le jeune homme réussit une évasion spectaculaire et se réfugie à la Cour de Laurent le Magnifique, à Florence, alors haut lieu des arts et de la connaissance. Il y parfait son éducation au contact des intellectuels les plus prestigieux de l'époque, synthétisant les principales doctrines philosophiques et religieuses alors connues auprès de Pic de la Mirandole, ou se nourrissant des théories politiques de Machiavel.


C'est que cet ambitieux, bien décidé à jouer toutes les cartes possibles pour réintégrer les rangs de l'Église et en gravir les échelons, compte autant sur le savoir que sur les grandes manoeuvres permises en ces temps d'effervescence. Pas une famille qui n'échappe au jeu des rivalités et des guerres, les états pontificaux intriguant comme les autres pour tenter d'asseoir un pouvoir disputé. Complots, trahisons, luxure et collusions d'intérêts : le pape Borgia et ses enfants inspireront autant Machiavel qu'ils s'attirent déjà les foudres de Savonarole. En attendant, ils offrent à Alessandro une opportunité en or au travers de sa soeur, favorite du pape, et donc marche-pied idéal vers le cardinalat qu'il désire tant, sans pour autant envisager de renoncer aux femmes et au désir de descendance puisqu'une passion amoureuse le lie déjà à la future mère de ses enfants : l'aristocrate Silvia Ruffini.


Documentée et fidèle à l'Histoire mais aussi grande romancière, Amélie de Bourbon Parme anime son récit d'un puissant souffle romanesque : composition, finesse des personnages et précision du cadre, enfin situations romancées, tout concourt à rendre aussi vivant que passionnant ce portrait d'un homme qui sut tirer parti du grand trouble de son époque, particulièrement violente et instable politiquement, pour paver la route de son ambition. Pas spécialement religieux, avant tout motivé par la volonté d'asseoir sa famille, on le voit ici construire ses larges capacités intellectuelles tout en se rapprochant des puissants et influents de son temps, jouant avec sagacité de toutes les opportunités pour faire son chemin sans renoncer à rien, à commencer par sa vie d'homme marquée par les femmes. Fait cardinal en même temps que César Borgia, les deux hommes pris dans les mêmes remous contextuels connaîtront des destins opposés. L'un, sombre et brutal, verra sa violence se retourner contre lui. L'autre, intelligent et talentueux tout en conservant sa part de coeur, saura rester du côté de la lumière malgré le jeu pervers des manipulations politiques.


Un très bon roman historique donc, aussi documenté que vivant, pour réfléchir, au travers d'une poignée de grandes figures de la Renaissance italienne et comme Stendhal qui en a tiré le Rouge et le Noir, à ce thème si ambivalent de l'ambition.


Encore merci, Denis3, pour la teneur de nos discussions autour de ce livre.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Quand un hypocrite ambitieux
fait figure d'honnête homme…

Jeune homme plein de fougue et d'ambition, Alessandro Farnese aimerait être Condottiere, seigneur de la guerre, dans cette Italie de la fin du XVème siècle où la Renaissance est déjà bien présente. Morcelée en une mosaïque de comtés, duchés, marches et principautés, sans compter les états du pape, L'Italie offre de splendides perspectives de gloire militaire, mais pas aux fils cadets de l'aristocratie: Alessandro est destiné à une carrière ecclésiastique. Il s'agit bien de carrière, non de vocation, car dans la monstruosité qu'est devenue l'église en cette fin de Moyen-Age, les charges d'abbé, les mitres d'évêque et les chapeaux de cardinal se vendent au plus offrant. Trop discipliné pour se cabrer et trop intelligent pour ne pas voir les possibilités qu'offre cette juteuse carrière, Alessandro décide de la faire sienne. Simple “écrivain apostolique”, il ne tarde pas à être happé par des jeux de pouvoir et d'amour qui, pour le dépasser, ne le détruisent pas, mais l'instruisent du fonctionnement de ce monde d'où la corruption, la débauche et l'hypocrisie la plus complète semblent avoir refoulé la grâce de Dieu.

Tome I d'un triptyque contant la vie d'Alessandro Farnese, futur pape Paul III, L'Ambition est un roman historique qui peut se lire au premier degré.
A ce titre, on y verra une vaste fresque de la Rome des Borgia et de la Florence des Médicis à leur apogée : familles nobles, haut clergé, artistes et philosophes
s'y mélangent pour former ce tourbillon combinant le pire et le meilleur que fut l'âge. Au second degré, les aventures d'Alessandro montrent la construction d'une personnalité moderne au XVème siècle : l'homme est inséré dans un cadre social et culturel contraignant, certes, mais il se détermine lui-même à l'intérieur de celui-ci. La robe de cardinal ne sera qu'un déguisement pour celui qui se veut, avant tout, conquérant, amoureux et chef de famille. Certains, enfin, verront se profiler un troisième degré dans le titre du triptyque : Les Trafiquants d'Éternité. Quand l'homme se laisse approcher par la transcendance,
pour s'en servir au lieu de se mettre à son service, il la ravale au rang de marchandise et met en marche tout un processus dont les effets pathogènes donnent matière tant au roman qu'à L Histoire.

J'ai apprécié le sérieux avec lequel l'auteure, historienne, a su rendre l'époque, ses tensions et sa dynamique. Aussi le réalisme psychologique des personnages. J'ai trouvé pénible d'être immergé dans un milieu corrompu à ce point-là. Mais surtout, je ne suis pas arrivé à mes fins : comprendre l'ambition extrême d'Alessandro et, surtout, des Borgia. J'essaye habituellement de revêtir les personnages principaux d'un roman pour les comprendre. Ici, c'a été impossible. Même pas par dégoût, mais simplement parce qu'il n'y a pas correspondance. Là où chez eux il y a une passion terrible, un feu dévorant, il n'y a, chez moi, que le calme. Non pas que , jeune, je n'ai pas eu d'ambition. Mais parce qu'il n'y a rien de comparable entre vouloir un bon niveau de vie matérielle, une certaine reconnaissance sociale, une famille heureuse et ... ca. Je ne comprendrai sans doute jamais l'ambition extrême, tout simplement parce que je ne l'ai pas. C'est tout.

Merci à Cannetille de m'avoir proposé ce livre, et d'avoir bien voulu participer aux discussions qui ont accompagné sa lecture.



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J'ai lu l'ambition, les trafiquant d'éternité avec un intérêt croissant et qui n'a jamais faibli au cours des 500 pages.
C'est un tableau vivant, une fresque brillante qui s'ouvre au temps de la Renaissance Italienne marquée par le faste de la Cour de Laurent de Médicis et le règne licencieux du Pape Rodrigo Borgia.

Dans une Italie non unifiée qui se fait la guerre selon les cartes battues par l'Eglise, nous suivons le parcours haut en couleur de l'aristocrate désargenté Alessandro Farnese jusqu'aux arcanes du pouvoir suprême.

Ce roman historique et hautement romanesque est de l'art pur écrit par la main de maître de l'autrice Amélie de Bourbon Parme.
Il m'a captivée et j'en garde un souvenir éblouissant. Il est érudit sans excès et ostentation, d'une plume élégante et avec un rythme soutenu qui donne envie de connaître la suite. Gare aux nuits blanches !
L'amitié, l'amour, la famille sont aussi au coeur de ce roman palpitant qui me fait dire… vivement la parution du prochain tome.
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Proust écrivit : “L'ambition enivre plus que la gloire.” ou encore “On dédaigne volontiers un but qu'on n'a pas réussi à atteindre, ou qu'on a atteint définitivement. "
Voilà qui pourrait venir compléter les diverses citations qui ouvrent chacun des des 4 parties de ce magnifique roman historique. Citations que je ne résiste pas à reprendre dans ma critique tant elles sont indissociables des pages qu'elles introduisent.

Bandeau de couverture Portrait du cardinal Alessandro Farnese, peint par Raphaël aux alentours de 1510 et exposé au Musée de Capodimonte de Naples ;
Même musée, mais autre peintre Titien qui en 1543 peint le "Portrait de Paul III", le même avant de peindre 3 ans plus tard le "Portrait de Paul III avec ses petits-fils".
Revenons au tableau de Titien ou pose seul le pape Paul III où le vieux pontife pose revêtu de son camail rouge, sans son camauro sur la tête, la barbe blanche non taillée, le regard incroyablement pénétrant, et semblant porter tous les péchés du monde. Ce portrait fascinant laisse penser que cet homme-là était un sacré personnage.
Et c'est bien, la vie de ce personnage que nous livre Amelie de Bourbon Parme au fil des pages de ce premier volet de son triptyque, le bien-nommé l'Ambition...
Car les premières pages s'ouvrent sur un monologue, en forme de confession, de Paul III, que nous suivrons de 1486 à 1503 sous le nom d'Alessandro Farnese alors que sa destinée oscille entre le Rouge et le Noir...

Les événements relatés dans ce livre se déroulent de la deuxième moitié du XVe siècle jusqu'au milieu du XVIe siècle. Après le schisme d'Avignon, et l'exil d'une papauté hors de Rome, le pape Martin V revient en 1420 dans la capitale de la chrétienté. Il y entreprend la reconquête de sa ville et de ses États livrés à la convoitise des seigneurs locaux.

Le reste de l'Italie n'est qu'un vaste terrain de jeu où se mesure l'ambition des princes. Cinq États se livrent une guerre incessante pour agrandir leurs territoires, étendre leur influence, conforter leur légitimité au sein de leur propre clan : le royaume de Naples, le duché de Milan, la République de Venise, la République de Florence et les États de l'Église. Les frontières sont encore mouvantes : tout est possible à celui qui a du talent et du courage.

Les États de l'Église sont l'un des territoires les plus fragiles politiquement car la stabilité du pouvoir y est encore plus menacée qu'ailleurs. Pratiquement à chaque décennie, l'élection d'un nouveau pape bouleverse les équilibres, redistribue les rôles au sein du gouvernement de l'Église, renverse les clans.

Pendant cette période qui précède la Réforme protestante, les évêques de Rome n'ont de cesse de restaurer et consolider leur pouvoir sur leurs États ainsi que leur prestige universel, en s'appuyant sur leurs familles et leurs alliés, souvent aux dépens de leur autorité spirituelle. La vie religieuse n'imposant pas le célibat avant de recevoir les ordres sacrés, la plupart des pontifes ont eu des enfants lorsqu'ils n'étaient que diacres ou débutants au sein des institutions de l'Église. Parfois à la tête d'une famille, ils se comportent comme des souverains et cherchent à donner à leur descendance ou à leurs parents proches un statut digne de leur fonction. À l'image des monarques, la frontière entre leur vie privée et leur vie publique est inexistante.
Alors certes, au début du XVIe siècle, la papauté se trouve en face d'un monde nouveau : dans le contexte de la Renaissance, elle assiste impuissante à la fin d'un monde et abandonne ses prétentions et ses concepts universalistes. Mais elle ne délaisse pas pour autant ce qui a pu la gangrèner : simonie, népotisme, achat d'indulgence, jubilés, pèlerinages, impôts,....

Tout commence au Château Saint-Ange  / « Il n'est point de vent favorable pour celui qui ne sait où il va. »  Sénèque. Où Alessandro se retrouve prisonnier, mais pour combien de temps et déjà se mettront en place les rouages d'un microcosmes, d'une société au sein de la société, qu'il ne tardera pas à découvrir mais aussi à intégrer dans son "parcours" de vie.

L'intrigue se poursuit à Florence / « Tel un statutaire qui reçoit la charge et l'honneur de sculpter ta propre personne, tu te donnes, toi-même, la forme que tu auras préférée. » (Jean Pic de la Mirandole). Car il ira se réfugier dans la ville de Laurent le Magnifique, et côtoiera Michel-Ange, Pic de la Mirandole, Machiavel.
Ce protecteur des Arts, vouant créer "une Olympe peuplée d'érudits, d'hommes de lettres et autres philosophes. Il avait retenu ses paroles : « À Rome, nous sommes environnés de ruines ; à Florence, l'Antiquité est vivante : des hommes mettent en pratique ses concepts philosophiques et leur donnent de nouveaux développements. » Même son maître Pomponio Leto, pourtant ardent défenseur de la suprématie romaine, avait concédé son admiration pour Marsile Ficin, qui avait fondé grâce au grand-père de Laurent cette Académie platonicienne devenue célèbre dans toute l'Italie."

Puis le règne de Rodrigo Borgia nous est décrit par le prisme de Giulia Farnese « Je juge qu'il peut être vrai que la fortune soit l'arbitre de la moitié de nos actions, mais aussi qu'elle nous en laisse, à nous, gouverner l'autre moitié, ou à peu près. » Machiavel. Cette Giulia, soeur d'Alessandro sera la maîtresse d'Alexandre VI Borgia... Dans cette partie point de "débordements" comme on peut en lire tant dès qu'il s'agit des Borgia. "Elle se tenait si parfaitement en équilibre entre les reproches et la reconnaissance, la méfiance et la crédulité, la fraîcheur et la sensualité, comme un roseau souple et fort en même temps, qu'il était émerveillé de son savoir-faire instinctif. Un talent inné dont il brûlait de la récompenser tout le temps."

Et enfin Alessandro clôture ce premier volet en laissant la place à Silvia Ruffini / « Un cardinal en cour de Rome se doit d'agir avec froideur et lucidité. »  Paolo Cortesi
Alessandro écrit d'elle : " Ces quelques heures passées avec Silvia me donnèrent pour la première fois l'illusion que j'étais éternel.
Ma foi s'en trouva ravivée. Mon désir d'être à la hauteur de la dignité qu'on m'avait confiée en fut renforcé.
Ces heures me confirmaient ce que j'avais entrevu dans la prison du château Saint-Ange. Mais surtout elles me faisaient comprendre que les circonstances de notre rencontre n'étaient pour rien dans mon amour pour elle. Ce sentiment était d'une autre nature que ma reconnaissance, et bien davantage encore que ce frisson de désir ressenti entre les pierres. Il abolissait aussi la prudence dont je m'étais juré de faire preuve.
Je pressentais que Silvia me donnerait l'occasion de démontrer que je n'étais pas seulement un ambitieux au service des intérêts d'une famille, d'une lignée dont je voulais servir le nom.
Mais un homme qui ne voulait renoncer à aucun de ses désirs en dépit des règles auxquelles il devait se soumettre.
J'étais pris de vertige en pensant à la singularité de notre future trajectoire, en sentant que nous ne marcherions dans les pas d'aucun des êtres que nous connaissions – qu'aucune route ne pouvait me servir d'exemple."

L'écriture est aussi fluide que le Tibre traversant la Rome de cette époque, les portraits dressés n'ont pas l'ostentation des Palais Romains ou Florentins, l'auteure nous livre des personnages vrais, complexes, ambivalents.
Des personnages aussi fragiles que peuvent l'être les ruines antiques mises au jour à cette époque.
Des apparences qui peuvent avoir la blancheur du marbre et la noirceur des desseins de la réalité.
On alterne entre l'ambiance lumineuse des paysages toscans et l'austérité des palais où se nouent les destins
Amelie de Bourbon Parme réussit ce tour de force que nous plonger dans une Rome que l'on croit connaître...

Et cette idée d'alterner avec ces "confessions-réflexions" d'Alessandro Farnese est absolument ingénieuse. Car ces passages viennent ponctuer le récit par un éclairage très personnel du futur Paul III.

Et pour terminer comme un hommage à ces exergues si bien choisies, le mot de la fin doit-il revenir à
- Quintillien rheteur latin : “L'ambition est un vice qui peut engendrer la vertu.” ou à
- Pierre l'ArétinL'ambition est le fumier de la gloire.”
À moins que ce ne soit un poète grec, Pindare, qui ait raison
“Sachons donc borner notre ambition : c'est un funeste délire que de soupirer après ce qu'on ne peut atteindre.”

Les tomes suivants nous donneront certainement la réponse...
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J'ai lu ce livre à la demande de mon libraire qui était très intrigué par celui-ci. Un roman historique dense, premier tome d'une trilogie. Une fois l'accoutumance faite avec cette époque, le style de l'auteur et le genre littéraire, ce livre est plaisant à lire avec un rythme soutenu qui donne envie de connaître la suite. Exigeant par la densité et le propos, je dois reconnaître que je me suis perdue dans les personnages secondaires nombreux , ce qui ne gêne pas la compréhension globale.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai renoncé à rien. Ni au pouvoir ni à la richesse, ni au savoir, ni à la beauté. Ni à l'amour, ni à ma charge. J'ai laissé à d'autres le soin d'être irréprochables et la folie des regrets.

(p.13) ( Alessandro, au soir de sa vie)


"Il n'est point de vent favorable pour celui qui ne sait où il va..." poursuivit Adriano di Castello.

(p.246)


Le cardinal Sforza est d'une vénalité sans limites: il évalue la moindre conversation en écus. Combien pèse celui à qui je m'adresse? Il n'a qu'une idée en tête: satisfaire sa vanité et faire valoir les intérêts de sa famille...Un vrai sacerdoce !

(p.248)



Avant qu'il ne put répondre, César ( Borgia) se tourna vers Giovanni :
- Le cardinal Alessandro Farnese doit être considéré comme l'un des membres de notre famille. Donnez-lui toutes les faciltés dont il aura besoin. Il est l'un des cardinaux les plus prometteurs de notre Sacré Collège. Vous ne regretterez pas de l'avoir aidé car les premiers temps sont difficiles...

(P.263)

Je ne voulais pas me résoudre à être un cardinal pauvre et éffacé comme l'était le Français Raymond Peyraud, un homme brillant et d'origine modeste qui n'eut de cesse de lancer une nouvelle croisade. Car le Sacré Collège n'était pas composé que d'hommes avides et ambitieux.

(p.295)

Alessandro se leva pour servir un nouveau verre de vin mélangé. Le terrain des femmes était le plus scabreux de tous ceux que pratiquait César (Borgia), on ne s'y aventurait qu'à ses dépens.
- Tout le monde n'est pas obligé d'aimer les courtisanes...
- Je ne les aime pas, justement, je les baise ! hurla César en se redressant brusquement, posant ses deux mains sur ses genoux, les yeux écarquillés où flottait une lumière démoniaque. Et elles aiment ca, je crois être le meilleur amant de cette ville (Rome). Sais-tu que j'ai eu jusqu'à huit femmes différentes en une seule nuit ?

(p.368)

Contrairement à ce qu'Alessandro espérait, le décès de Giovanni Batista Crispo ne passait pas inaperçu. Le caractère naturel de cette mort surprit le pape et quelques cardinaux habitués à ce que personne ne trépasse sans y avoir été aidé. Elle attira la curiosité, intrigua jusqu'au cérémoniare du pontife qui la mentionna dans son journal.

(p.433)

Jean ne put s'empêcher de glousser :
- Tu sais ce que dit le cardinal Carafa: " le pape prend un espagnol pour confesser ses péchés pour être sûr que Dieu, qui parle italien, ne le comprenne pas."

(p.488)

Le corps du pape Alexandre VI ( Borgia, dont César était le fils ainé ) était si corrompu que le poison lui-même eut du mal à en venir à bout.

(p.491)
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Alors que commence ce récit, je ne suis qu'un jeune ambitieux, nourri de convictions et d'espoirs, aussi obstiné que malléable, aussi indomptable que perméable aux événements, rêvant de gloire et d'aventure.

(p.14)

Le désir de revoir la belle Isabelle (d'Estrée) autant que celui de rencontrer cette figure militaire avaient emporté ses réticences.
- Je ne manquerai cette invitation pour rien au monde !
- Si tu veux t'amuser, lorsque tu seras là-bas, pour te changer des discussions bucoliques, continua Jean, tu pourras aller écouter les prêches de Jérôme Savonarole...
- Qui est-ce ?
- Un moine qui nous a prédit la fin du monde et que l'on a fait éloigner de Florence. Il a repris ses études à Ferrare et y enseigne à nouveau.

(p.150)

Le duc de Ferrare fit un petit discours pour célébrer le départ en Hongrie de son fils de sept ans, Hippolyte, dont le destin ecclésiastique avait pris un tour exceptionnel. Grâce à sa tante, qui avait épousé le roi de Hongrie, il venait d'être nommé administrateur de l'archevêché d'Esztergom, principal archevêché de l'église de Hongrie.

(p.152)

Celui que l'on appelait messire Jean avait recu la tonsure à l'age de sept ans.
(...) Il courrait encore derrière les ânes et les animaux de la ferme près de la villa de Poggio a Caiano lorsqu'il était devenu chanoine de la cathédrale de Florence et de Fisole, archevêque d'Aix - en Provence, Il se contentait de verser les importants revenus attachés à ces charges dans sa cassette personnelle : elle lui servait à assurer son train de vie et à entretenir sa suite déjà nombreuse.

(p.153)

Laurent( de Medicis) souriait avec toute la douceur dont il était capable lorsqu'il s'apprétait à faire plier son adversaire.

(p.207)

César (Borgia) était sûr de son statut et de sa prééminence. Son impulsivité et son intelligence se mélangeaient à parts égales. (...) Il ne croyait qu'à la stratégie et à la froideur des calculs pour arriver à ses fins. Le compromis était pour lui un aveu d'échec. (...) pour César, tout ce qui n'était pas immédiat était capitulation.

(p.240)

César n'était pas du genre à se laisser faire par la providence. Mais les bénéfices et les titres qu'il avait déjà reçus auraient contenté les plus exigeants. On évaluait à 16000 ducats les revenus attachés à ses charges.
- N'as-tu pas déjà pu en mesurer l'intérêt ?
César sourit d'un air désabusé.
- Pour le moment, peut-être, mais je n'aspire ni à être riche, ni à être craint .
Je souhaite avant tout laisser une trace. Et pour cela, je dois pouvoir exprimer mes talents qui ne sont pas ceux de la pensée ni ceux de la diplomatie, et encore moins ceux de la foi !

(p.258)

Ce sentiment ne reflétait pas la moindre culpabilité, mais plutôt une sorte d'embarras ou de gêne. La vérité était plus crue, moins belle qu'elle n'en avait l'air. Ce vêtement ( de cardinal) était trop grand pour moi (Alessandro Farnese). Mes geste s'y perdaient, mes pensées y étaient mal ajustées, mon âme n'avait rien à y faire.

(p.265)

Comme toutes celles à qui on a tout donné et tout refusé en même temps, Lucrèce (Borgia) était capricieuse.

(300)

Depuis Florence, Savonarole fulminait (...) Ses sermons redoublaient de violence contre l'Eglise "débauchée", " la curie, putain fière et menteuse".. Il n'en finissait pas d'insulter le pape (...) L'accusant d'être un simoniaque, athée et pécheur public.

(p. 342)

Bien que sa figure ait changé, le regard de César était toujours le même. Il était habité par ce mélange d'ardeur et de folie, cette conviction que personne ne pouvait lui résister.

(p.366)
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Personne, et surtout pas les membres du Sacré Collège, n’ignorait cette règle non écrite et à peine formulée qui voulait qu’aucune femme ne s’installe sous le toit d’un cardinal. Pour un prélat non consacré, une vie maritale était plus compromettante qu’une vie licencieuse.
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Les grilles de la forteresse se refermèrent sur un bruit interminable. Construit sur la rive droite du Tibre, ce gigantesque chaudron de murs circulaires enfermait les hommes et leurs questions dans un exil sphérique. En période troublée, les papes s'y réfugiaient pour se protéger des armées étrangères, mais surtout des ennemis de l'intérieur, ces forces hostiles qui contestaient leur pouvoir à l'intérieur des murailles. En pénétrant dans la galerie qui menait au premier étage, Alessandro sentit le poids du temps s'abattre presque physiquement sur ses épaules, le mur en brique suintait l'humidité. Dans l'air, une odeur de poussière, de suie et de passé. Au coeur de ce cylindre de pierre, il y avait un tombeau construit treize siècles plus tôt pour recueillir l'urne funéraire de l'empereur Hadrien. Ce mausolée était devenu une prison et les cellules funéraires avaient été converties en geôles.
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Novembre 1549

La nuit enveloppe le palais du Vatican. J'ai ordonné aux camériers de plonger ma chambre dans l'obscurité totale. Je ne supporte plus ces lumières permanentes, ces torches qui brûlent la nuit, ces cierges qui traversent les âmes. C'est une des choses queje n'ai jamais aimée depuis mon arrivée au palais pontifical : la lumière perpétuelle, le jour ininterrompu, la nuit impossible. On voudrait m'environner de ces lampions jusqu'à la mort. Je les soupçonne de vouloir empêcher que le pape s'éclipse dans l'ombre, qu'il se mette à l'abri, de peur qu'il redevienne un homme, livré aux doutes et à la crainte. A défaut de pouvoir fuir vers les rives du lac Bolsena ou d'être veillé ici par Silvia, j'aspire seulement à la pénombre d'un confessionnal, à la simplicité d'une absolution, au dénuement d'une prière.

Je n'ai renoncé à rien. Ni au pouvoir, ni à la richesse, ni au savoir, ni à la beauté. Ni à l'amour, ni à ma charge. J'ai laissé à d'autres le soin d'étre irréprochables et la folie des regrets.

(INCIPIT)
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Vidéo de Amélie de Bourbon Parme
Alors que la papauté monnaye ses grâces pour affermir sa puissance politique, Amélie de Bourbon-Parme dresse le portrait romanesque et intime d'un homme d'Église au destin éblouissant, qui inspira à Stendhal « La Chartreuse de Parme ».
Quelques mots sur « L'ambition » :
Rome. XVe siècle, au coeur de la Renaissance italienne. Alessandro Farnese, jeune aristocrate provincial promis à une carrière ecclésiastique, met son ambition au service d'une seule religion : sa famille.
Projeté dans les jeux de pouvoir entre Florence et Rome, soutenu par Laurent de Médicis, il compte sur l'influence de sa soeur, la sensuelle Giulia, maîtresse du pape Rodrigo Borgia, pour devenir cardinal. Usant de l'audace, de l'opportunisme et de l'élan amoureux, Alessandro s'impose au sein d'une papauté corrompue et licencieuse sans se compromettre.
Il profite de l'extraordinaire effervescence humaniste, artistique et politique qui règne dans la péninsule italienne pour poser les fondations d'une aventure humaine et familiale qui le conduira au sommet de l'Église et de l'Europe.
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