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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une fois n'est pas coutume, suite à quelques critiques élogieuses et parce que l'autrice m'a déjà séduite dans le passé, j'ai jeté mon dévolu sur un livre pour adolescent, déjà, doublé d'une dystopie, encore plus rare pour moi. Celle-ci reste légère, quoique jugez, une femme est présidente... Et elle n'est pas d'extrême droite.

Dans ce futur proche, chaque élève doit avant son entrée au lycée effectuer une année de service civil. Il exprime ses choix et une application (cela rappellera des souvenirs plus ou moins heureux à beaucoup de parents) va l'affecter sur un stage. Pour Valentin, ce sera une unité pour patients atteints de la maladie d'Alzheimer, un centre où les années 60-70 sont recréées de toutes pièces.
Le roman est son rapport de stage.

J'ai été séduite par l'humanité qui se dégage de ce roman. L'autrice, ainsi que rappelé dans la conclusion du rapport, a décidé d'occulter les aspects les plus déplaisants de ce service à des personnes âgées. C'est un parti-pris qui est cohérent avec le ton du livre.

Valentin est un surdoué, capable de mémoriser, lui, énormément d'informations en peu de temps, mais quasiment inapte aux relations sociales. Il est même je dirais psycho-rigide, traumatisé par la séparation de ses parents et en veut terriblement à son père qui a refait sa vie. Cette année sera pour lui l'occasion de grandir, de s'ouvrir aux autres et d'appréhender le monde tel qu'il est, plein de nuances, et non en noir et blanc.
Il est entouré de personnes bienveillantes (peut-etre est-ce un peu trop, cela manque un peu de c..) et notamment sa tutrice, au caractère beaucoup plus fantaisiste, qui va d'abord dérouter Valentin, avant que leur relation ne devienne essentielle pour lui et pour elle. Il saura l'aider à surmonter un épisode douloureux.

Je me suis beaucoup attachée à ces deux personnages, j'ai aimé les voir s'apprivoiser, se dévoiler et évoluer pour finalement être capables l'un et l'autre de reprendre leur vie en main, hors de l'atmosphère rassurante de ce centre.

L'autre atout de ce roman pour moi est la forme, un peu surprenante au premier abord. le rapport de Valentin, ou journal de stage, est ponctué de remarques rétrospectives, souvent pleines d'humour, Valentin auto-analysant l'ado qu'il était et qu'il ne trouve pas très aimable.

Un choix de lecture que je n'ai pas regretté.

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(Lu dans le cadre du Prix Littéraire des Lycées Professionnels)

Un roman jeunesse original, tant par le sujet que sur la forme, que j'ai pris grand plaisir à lire même si j'ai été un peu désarçonnée au départ. En effet, il s'ouvre sur une circulaire du Ministère de l'éducation nationale sur le Service Civique Obligatoire (SCO) des jeunes, qui devra s'effectuer entre la 3ème et la 2nde pendant 10 mois et fera l'objet d'un rapport à son issue. le tout dans le jargon propre à cette institution, jargon qui m'exaspère au quotidien dès que j'ouvre ma messagerie…
Il est bien précisé que le rapport en question ne devra pas dépasser 30 pages.
Celui de Valentin Lemonnier en comptera finalement 378…
Valentin voulait effectuer son année de stage dans le domaine culturel , ou à défaut celui de l'éducation ou du social, et de préférence dans une région pas trop éloignée de sa ville d'Albi. Mais comme trop souvent, ses voeux ne seront pas pris en compte, et il va se retrouver dans les Hauts-de-France, dans le secteur « santé », et plus précisément dans la section B de l'unité mnémosyne de Boulogne-sur-Mer « spécialisée dans la fin de vie des personnes atteintes de démence (et qui) reconstitue de manière minutieuse les environnements de jeunesse des patients ». Et tout au long de cette année particulière, il nous décrira son expérience à travers son Journal de Stage, et nous donnera ses « Impressions Rétrospectives » « de manière à donner à son récit autonarratif une dimension réflexive ». (Vous commencez à comprendre ce que je voulais dire avec le jargon de l'éduc'nat' ?)
Petites précisions contextuelles : la France est dirigée par une présidente au nom exotique et pas d'extrême-droite depuis deux mandats, et le confort de vie des seniors atteints de maladies type Alzheimer semble nettement amélioré par rapport à ce que nous connaissons. Quant à Valentin, c'est un jeune homme qui souffre de la séparation de ses parents et est sujet à des crises d'angoisse, notamment lorsqu'il se trouve dans un environnement inconnu, ou entouré de beaucoup de gens. Il n'a jamais voyagé ni quitté sa mère et ses frère et soeur. Autant vous dire qu'il est ravi d'aller partager le quotidien de personnes séniles dans un village des années 60-70 reconstitué… Et en plus il va vivre en coloc' avec quatre autres jeunes un peu plus branchés que lui dans une maisonnette, sous la tutelle bienveillante de Serge.
Ce qui s'annonçait comme un cauchemar pour lui va prendre une tournure inattendue, et il va très vite et si bien s'acclimater à son environnement de travail qu'il en viendra à redouter les vacances. Il fera de belles rencontres, découvrira la culture des Trente Glorieuses, et notamment Françoise Hardy qui jouera vite un rôle prépondérant dans sa vie. Les personnes qui gravitent autour de lui sont pour la plupart étonnamment bienveillantes, ce qui m'a légèrement agacée par moment, parce que dans la vraie vie, on croise aussi des sales c…s, là j'ai parfois eu l'impression d'être un peu chez les Bisounours. Parmi ces personnes, le docteur Sola Perré, son encadrante, avec laquelle la relation est difficile à établir, d'abord parce qu'elle est absente à son arrivée, puis un peu abrupte lors de leurs premiers contacts. Mais bien sûr ça va vite s'arranger !
Cette lecture m'a plu par de nombreux aspects, et notamment cet ancrage dans un environnement années 60-70, même s'il est artificiel. Ce sont les années de mon enfance et mon adolescence, et l'évocation de certains objets, événements ou artistes m'a souvent fait monter un sourire un peu béat aux lèvres. Alors oui, je n'avais pas les mêmes goûts musicaux que les patients de l'Unité Mnémosyne section B, j'étais plus Pink Floyd que yéyés, mais cela m'a évoqué toute une atmosphère plus spontanée et plus enthousiaste que maintenant.
Et puis je l'ai trouvé bien sympa, ce jeune Valentin, avec ses questionnements et ses difficultés, sa volonté de bien faire et son système de valeurs bien à lui. Il pourra paraître complètement décalé à d'autres ados de son âge, mais j'en ai croisé de ces jeunes un peu « à l'ouest » en apparence parce qu'ils ont d'autres critères que ceux de la majorité.
L'écriture alternant journal de bord, notes rétrospectives et dialogues retranscrits (sans oublier les fameuses « consignes ministérielles ») m'a dans un premier temps un peu agacée, mais je m'y suis rapidement habituée, d'autant plus qu'elle colle bien à la personnalité de Valentin. le bémol s'il y en a un, c'est le décalage entre la situation actuelle dans les unités Alzheimer et le rêve qui nous est vendu là ; mais c'est plutôt que ça m'a un peu fâchée qu'on ne soit pas fichu de donner des moyens pour réaliser des structures convenables et encadrer la fin de vie de nos aînés décemment. Et une autre toute petite critique concerne l'âge des stagiaires qui me semble en décalage avec la maturité moyenne d'un ado en fin de 3ème. Pour moi ils auraient plutôt 16-17 ans, et non 14-15. Mais c'est du détail, dans l'ensemble ce roman m'a conquise, et je vais certainement le proposer à mes lycéens si j'ai encore l'occasion de le faire…

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Si tu crois que tu n'aimes pas Françoise Hardy...Si tu crois ne pas avoir envie de lire un roman d'anticipation qui raconte une année de service civique d'un ado dans un EHPAD un peu particulier des Hauts-de-France...Si tu crois avoir tout lu dans le genre roman ado sur une amitié transgénerationnelle...Si tu crois que tu ne tomberas pas dans le piège de lire ce livre sans t'arrêter...alors lance-toi car c'est un coup de coeur assuré.
Et si... tu crois un jour que tu m'aimes Ne crois pas que tes souvenirs me gênent Et cours, oui cours jusqu'à perdre haleine Viens me retrouver…
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J'ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman. Pas qu'il soit mal écrit (bien au contraire) ou inintéressant, mais j'ai besoin d'entrer au moins un peu en empathie avec les personnages. Et là il m'a fallu du temps pour le faire avec Valentin.
Il y a deux raison à cela. Déjà, l'auteure a choisi de nous livrer cette histoire sous forme d'un rapport de stage qui, au début, est plutôt formel. Ensuite, Valentin est un ado particulier, sûrement une forme d'autisme ou quelque chose de ce genre (ce n'est pas nommé). Et comme c'est lui qui s'exprime, il y a une sorte de distance qui est ressentie. Mais ces deux aspects s'améliorent avec le temps, et ma lecture aussi du coup.
Valentin, donc, vient de finir sa 3e et doit effectuer un an de stage. Ah! c'est autre chose que nos 3 jours d'observation du stage de 3e d'aujourd'hui! Oui, car Clémentine Beauvais nous emmène dans le futur. Alors un futur proche (des personnes nées en 30/40/50 sont encore en vie) mais avec des différences : une femme au nom "exotique" est présidente de la république, des unités gériatriques recréent l'illusion quasi parfaite de certaines décennies, et les ados effectuent des stages d'un an.
Notre Valentin donc effectue son année de stage dans une de ces unités, et ce roman est son rapport de stage. On voit le jeune homme évoluer dans ces rapports aux gens, prendre de l'assurance, réviser ses jugements, créer des liens, se décentrer pour s'intéresser aux sentiments des autres, s'attacher à autrui, renouer avec sa famille. le stage (et sa rédaction) le font grandir sous nos yeux.
Ce sont de beaux portraits humains que nous offrent ici l'autrice, et un joli tableau du Nord-pas-de-Calais.
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De Clémentine Beauvais je ne connaissais que Songe à la douceur, je n'avais pas du tout aimé, je ne suis pas certaine de l'avoir terminé.
Et puis un jour (une année ?) quelqu'un (quelques unes ?) m'avaient conseillé d'autres titres (un seul ?). Bref. C'était très vague et comme on m'avait aussi conseillé Songe etc... je le sentais moyen. Je n'avais jamais eu envie non plus je crois, de retenter l'expérience.

Et puis il y avait Age tendre en tête de gondole des coups de coeur de la bibliothèque. Conseillé par un petit billet aux mots malhabiles et un peu guindés (qui ne faisait pas tellement envie).

Ça a été effectivement, pour moi aussi, un coup de coeur (inattendu). Conté avec les mots maladroits d'un ado de 15 ans habitant une France parallèle. A cet âge, dans cette France là, il faut faire une année de stage dans une autre région que la tienne. Comme c'est l'informatique qui decide pour toi, Valentin se retrouve, tout dépité, lui qui avait choisi dans le logiciel de travailler dans une école ou une bibliothèque, à rejoindre une unité pour personnes atteintes de démence sénile à l'autre bout du pays. Mais l'unité est spéciale et reproduit l'époque où il leur reste encore des souvenirs de jeunesse.

J'ai tout aimé. L'histoire, les personnages (et surtout Valentin), le style de récit. le concept. Je commence toujours un livre par le premier chapitre puis je bifurque sur les remerciements. Il y avait là un lien, que j'ai suivi et dévoré, sur ce qui a inspiré l'autrice, The conforting fictions of Dementia Care de Larissa MacFarquhar paru au New Yorker. Puis j'ai repris ma lecture. A la découverte de Valentin et de son année particulière, frontière, charnière. J'ai dévoré sa pararenthese, son esprit particulier et ses petits vieux. Si lui redoute de reprendre sa vie suite à cette année, moi je suis triste d'avoir tourné la dernière page.
Je ne sais toujours pas si j'ai envie de lire d'autres livres de Clémentine Beauvais, mais je suis très contente d'avoir lu celui ci.
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Un régal, la douceur de mes lectures estivales plutôt sombres. Accrochée dès les premières pages par la forme du récit - un rapport de stage de 3ème dans le cadre d'un service civique – mais aussi par le personnage de Valentin, le narrateur. Adolescent timide, il est totalement inhibé et sujet aux crises d'angoisse. La séparation de ses parents, le départ de son père qui a refait sa vie avec M La Marâtre, la grosse déprime de sa mère l'ont fragilisé. Son service civique doit se dérouler dans un centre mnésique pour patients atteints d'Alzheimer, site qu'il n'a pas choisi et qui le stresse avec anticipation (il avait choisi « culture » et « éducation »). D'autant que Valentin habite Albi, le centre est à Boulogne-sur-Mer, pour un ado anxieux cette distance paraît insurmontable.
Valentin est en colocation avec 4 autres ados, sous la responsabilité de Serge son tuteur. D'abord très en retrait, il va finalement tisser des relations amicales et affectives avec les membres de la petite maisonnée. Mais surtout, il va découvrir au centre mnésique un environnement propice à son environnement. L'institution a pour particularité de recréer le cadre des sixties afin que les patients ne soient pas trop déboussolés : vêtements, meubles, musiques, films, tout est vintage… Les saisons sont recréées artificiellement ainsi que le cycle de la journée, la pluie tombe une fois par mois ! Là, entre la bienveillance du personnel soignant et les personnes âgées, Valentin va pouvoir se construire, grandir, prendre des initiatives et surtout faire la rencontre de Sola, la gériatre du lieu, qui est aussi sa tutrice. Une belle histoire d'amitié va naître entre eux et favoriser, de part et d'autre, le travail de deuil.
Clémentine Beauvais a beaucoup de talent car la syntaxe rend bien compte des conflits adolescents, des inquiétudes et questionnements d'un garçon de 14 ans. Les dialogues sont irrésistibles, notamment ceux qui mettent en scène les patients : si les symptômes de la maladie d'Alzheimer ne prêtent pas à rire, ici on est toujours entre le sourire et l'émotion. La mémoire, et ses différents méandres, est une thématique abordée sous plusieurs angles, à partir de l'expérience de chacun des personnages, traitée de façon originale.
Le journal de bord de Valentin est parsemé de « notes rétrospectives » qui sont soit explicatives, liées par exemple à la pathologie des patients âgés soit réflexives, Valentin y mesure alors le chemin parcouru, la maturité acquise, et donne l'occasion au lecteur de se préparer à la suite.
Pour réaliser son rapport de stage – qui doit faire 30 pages, Valentin en a écrit plus de 300 – l'adolescent s'appuie sur le guide du service civique, petit manuel de survie dans le monde professionnel, truffé de références aux bouquins sur le développement. C'est tendrement critique et ironique, impossible de ne pas sourire aux mille conseils plus débiles les uns que les autres 😊.
Bref, voilà longtemps qu'un roman ne m'avait pas donné autant la pêche ! A découvrir sans faute.
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Encore une couverture super colorée, bien dans le style des années 60-70 qui donnent la toile de fond à ce roman de Clémentine Beauvais (une auteure que décidément, j'adore). Au début il faut s'accrocher car notre héros, Valentin Lemonnier, que l'on peut qualifier d'ado surdoué, angoissé chronique, fils soucieux, garçon hyper-méticuleux, transcrit le mode d'emploi du rapport de Service civique imposé à tous les jeunes de son âge dans une France légèrement futuriste, où on ne roule plus qu'à l'électrique et à qui le nucléaire a redonné une richesse et une influence incroyables. Il faut dire que ce mode d'emploi et les réactions de Valentin face à se stage qui l'angoisse XXXL sont un peu fastidieux. Mais c'est sans doute pour apprécier davantage les aventures du garçon dans cette unité de soins à la pointe de la technologie, qui reconstitue un vrai village des années 60 censé soutenir la mémoire défaillante de ses pensionnaires. Une aventure humaine extraordinaire que Valentin relate minutieusement et sur laquelle, un an après, il jette un regard dans des commentaires qui nous font comprendre à quel point il a évolué.

Roman d'initiation donc, qui renverse les codes, bouscule les stéréotypes et nous fait croiser des personnages émouvants, attachants, comme Valentin bien sûr, Sola Perré, les colocs de notre narrateur et bien sûr, les résidents de l'Unité Mnémosyne. A différents niveaux narratifs, il est surtout question de souvenirs : ceux de l'année passée par Valentin à Boulogne pour son « serci », qu'il retranscrit en détail, ceux des résidents qui sont rongés par la maladie d'Alzheimer, ceux de Sola qu'elle a enfoncés bien loin dans les replis de son coeur, ceux aussi que, de chagrin, de colère, Valentin refuse de se construire avec sa famille recomposée. Il est question aussi d'amitié, de confiance en soi, avec le fabuleux décor vintage des années 60-70 et tous ses détails, et bien sûr de Françoise Hardy, à qui Clémentine Beauvais rend un vibrant hommage.

Ce roman vif, émouvant et plein d'humour (je me souviendrai longtemps de la bougie parfumée au maroilles…) ouvre un autre regard, à la fois lucide et poétique, sur les personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer. Il fallait oser dans un roman destiné aux ados mais tout le monde y prendra plaisir. A lire sans modération !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Mon énorme coup de coeur de l'année !! Difficile d'en parler, tant ça remue de choses.
Des souvenirs, de la réflexion, de la tendresse, un bijou.

Je partais un peu méfiante, d'abord parce que j'ai adoré certains livres de l'autrice (Les petites reines évidemment, et aussi des collectifs) mais beaucoup moins aimé certains autres pourtant de très bons romans.
Mais surtout parce qu'une maison de retraite pour vieux désorientés, c'est quelque chose qui m'est difficile à lire. Les visites à mon entourage dans ce contexte m'ont toujours été extrêmement pénibles, et vu mon âge et ma situation à présent, c'est encore plus dur.
Mais l'autrice a réussi une performance extraordinaire, ne pas éluder les choses sombres tout en nous faisant sourire sans cesse.

Nous sommes dans un futur très proche, juste quelques infimes différences : la France a une Présidente de la République (peut-être Clémentine Beauvais pourrait-elle se présenter ? On y gagnerait certainement) et le service civique, enfin obligatoire, est prévu entre les classes de 3e et de 2e (une pensée pour l'aînée de mes petites-filles qui devrait commencer cette semaine !)
Ce qui n'a pas changé, c'est que l'Éducation Nationale, chargée des affectations, passe outre les voeux et semble choisir ce qui risque d'être le plus catastrophique.

Car pour Valentin, presque aussi inapte à la vie en société que les vieux dont il va s'occuper, être affecté dans un lieu qui génère un maximum d'angoisse pour lui ne semble pas la meilleure solution.
Impression : très négative.
Déjà, rien que la cohabitation avec d'autres jeunes dans la même situation lui pose problème, le second degré et l'humour sont souvent hors de sa portée, il a besoin d'habitudes et de repères pour se rassurer.

Il s'attache rapidement à certains résidents, au point de ne pas pouvoir annoncer que, non, Françoise Hardy ne viendra pas chanter pour eux. Et le voilà embarqué dans un défi qui le dépasse.

Au départ, curieusement, c'est son inaptitude à vivre normalement qui nous fait sourire, avec son classement des choses de positives à très négatives, et sa façon d'aborder tout problème et toute personne. Et peu à peu, la tendresse prend le dessus. On s'attache à Valentin, aussi bien qu'aux personnes autour de lui. Au point que j'ai été constamment inquiète de voir arriver pour lui la fin de cette période hors du commun (oui, l'empathie me perdra ;-) )
Peu à peu, Valentin grandit dans sa tête, même si le seul petit bémol de ma lecture a été qu'il m'a constamment semblé qu'on parlait d'un garçon bien plus âgé qu'un jeune sortant de 3e. Mais peut-être est-ce le fait de son caractère ?

Bien entendu, cette plongée dans les années 60, celles de mon adolescence, m'a particulièrement intéressée, souvent amusée et parfois émue. Et pas uniquement à cause de Françoise Hardy.

Confronter les ressentis de Valentin et de Sola sur les familles recomposées est un moment fort, qui fait réfléchir. Chacun avec son vécu et son caractères, si différents. Difficile d'arriver à un point de vue commun.

Et un joli aperçu de la Côte d'Opale, avec un petit passage par Audresselles même si jamais nommé !

Les bandes-son de tous les Exprim' sont intéressantes, mais forcément, celle-ci me parle particulièrement. (J'avoue que musicalement parlant, je suis un peu restée bloquée à ces années-là !!)
Françoise Hardy, ce sont pas mal de souvenirs de jeunesse pour moi, mais je ne connaissais de la maison où j'ai grandi, que la mélodie, dans ma tête pendant toute cette lecture.
J'ai découvert les paroles, auxquelles je ne m'étais jamais attachée, et vraiment, ça m'a touchée au coeur, je ne peux l'évoquer à présent sans une forte émotion.

Je vous parle de l'histoire, et de mon ressenti, mais j'aurais voulu savoir faire passer combien ce roman est exceptionnel, et va certainement émouvoir et faire sourire chaque lecteur.
D'ailleurs, si mon avis est celui d'un adulte qui a vécu cette époque, vous pourrez voir dans la chronique de l'Ado accro aux livres que ce roman touche au coeur toutes les générations.
Un vrai Prix Chronos en puissance ! (J'espère)
Lien : https://livresjeunessejangel..
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Encore une pépite de Clémentine Beauvais! Une couverture stylée, psychédélique et colorée, et une playlist un peu "vintage" à découvrir pour se plonger dans les années 60. Et nous voilà partis en compagnie de Valentin, jeune garçon tout juste sorti du collège. Sous la forme du rapport de stage qu'il doit faire et rendre à la fin de son année de service civique, Valentin nous explique son quotidien au sein de l'unité Mnémosyne de Boulogne -sur-mer. Complètement paniqué à l'idée de devoir quitter sa famille mais surtout de travailler avec des personnes atteintes d'Alzheimer, Valentin (qui est souvent sujet à des attaques de panique!) va peu à peu se révéler et grandir. Il raconte tous les détails de sa nouvelle vie (colocation forcée, découverte d'un univers médical et de soins) avec beaucoup de naïveté et de premier degré, on sent qu'il n'a pas vraiment intégré les codes sociaux, et c'est justement ce qui va le rendre indispensable et précieux auprès de ses collègues et des personnes âgées qu'il va côtoyer. Au lieu de rendre un dossier de 30 pages, il en fait un roman qui hésite entre journal intime, rapport d'activités et analyse psychologique!
Je pense qu'il faut avoir gardé ses yeux d'enfant pour apprécier ce roman à sa juste valeur car Valentin voit les choses dans leur absurdité (organisation de la société par exemple), et pointe les ambiguïtés dans les rapports relationnels notamment. Il essaie tant bien que mal de se glisser dans un moule social et professionnel souvent compliqué et paradoxal, et il apporte finalement une touche d'humanité et de bienveillance nécessaire.
Ce roman n'est pas réservé à un public jeune à mon avis car il participe à faire le lien entre les générations, et avec beaucoup d'humour et d'amour en prime! le regard de Valentin sur les personnes qui oublient leur présent mais qui sont très précis sur leur passé ne contient aucune moquerie, aucun jugement. Il est toujours disponible pour les écouter, il est sensible à leur bien-être, il est curieux de leur ressenti, et bien entendu: il devient fan de Françoise Hardy!!!
Ce n'est pas mon cas (même si j'écoute avec plaisir beaucoup de chansons estampillées "Salut les copains"), mais quel plaisir de vivre par procuration ces années 60-70, même si elles sont idéalisées! Un coup de coeur étonnant et atypique, comme l'auteure sait si bien nous proposer!
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Valentin Lemonnier avait demandé un stage de service civique obligatoire à la fin du collège dans le domaine de la culture où il se serait senti plus à l'aise et moins angoissé par l'inconnu mais le logiciel de l'éducation nationale l'envoie durant une année à l'unité Mnemosyne des Hauts de France à Boulogne-sur-Mer. Il se retrouve en colocation avec Constance et Bouchra, Victor et Vadim et leur tuteur pendant le service civique, Serge Quehen. L'unité Mnemosyne accueille des personnes âgées dépendantes atteintes de démence, elle reconstitue un environnement des années 1970 correspondant à la jeunesse des personnes âgées hébergées. le jeune Valentin doit tout d'abord aider Suzanne Laurel qui a répondu a un concours du magazine Salut les copains et rêve de voir Françoise Hardy venir chanter à son anniversaire ; Valentin doit rédiger la lettre de Françoise Hardy annonçant à Suzanne Laurel qu'elle a perdu mais il en est incapable, il lui annonce que Françoise Hardy va bien venir ! le médecin de l'unité, le docteur Sola Perre, est tout d'abord furieuse.
Est-il encore besoin de présenter Clémentine Beauvais ? Enseignante-chercheuse en sociologie et philosophie de l'enfance à l'Université d'York, elle publie ses premiers romans adolescents dès 2012 avec La Pouilleuse, déjà chez Sarbacane, elle a alors 23 ans, puis Comme des images chez Sarbacane dans la collection Exprim' en 2014 : elle entre immédiatement dans le roman miroir avec des problématiques ancrées dans le réel – sextos, cyber harcèlement, réputation au lycée – mais c'est évidemment avec Les Petites Reines toujours dans la collection Exprim' que Clémentine Beauvais va être mieux connue et reconnue. Depuis lors, elle enchaîne les succès, elle tient aussi un blog passionnant sur la littérature pour la jeunesse Mais pourquoi tu fais pas de la vraie littérature ? (Clémentinebleue.blogspot.com) et elle intervient sur tous les réseaux liés à la littérature pour la jeunesse avec un regard critique acéré sur les problématiques actuelles. Ses derniers romans sont Songe à la douceur en 2016, Brexit romance en 2018. Elle écrit aussi des romans pour la jeunesse aussi bien des premières lectures que des romans pour les 9-11 ans ; enfin, elle a aussi une grande activité de traductrice de romans anglo-saxons pour la jeunesse.
Retrouver Clémentine Beauvais, c'est la certitude de passer un grand moment de bonheur de lecture. Nous pensons chaque fois ne pas lire trop vite pour savourer chaque instant et nous commençons la lecture et nous dévorons le roman. Avec Age tendre, Clémentine Beauvais ravit à nouveau par son intelligence, sa délicate compréhension de l'âme humaine, son humour extraordinaire et sa capacité incroyable à créer l'illusion romanesque dans toutes les situations. Elle joue avec la mise en abyme du roman et de la narration sous une fausse candeur et une apparente facilite. Nous lisons cette fois un rapport de stage d'un jeune collégien anxieux, timide et bloqué dans son développement par son histoire familiale : le rapport caricature le jargon de l'éducation nationale avec beaucoup de drôlerie mais aussi le langage du management contemporain. Peu à peu, le rapport de stage se transforme en journal intime et en récit romanesque avec l'autonomisation de Valentin, son changement de regard sur son histoire familiale et surtout la magnifique histoire de sa directrice de stage, le docteur Sola Perré. La scène du slow est un grand moment ! Au-delà, Clémentine Beauvais nous emmène d'abord dans une résidence de personnes âgées dépendantes, c'est peu courant en littérature pour la jeunesse et elle parvient à décrire ce monde avec tendresse sans pathos appuyé. Et évidemment, quel talent pour éveiller la curiosité au monde des années 1970, la période de l'invention sociale de l'adolescence mondialisée à des jeunes aujourd'hui qui y liront la jeunesse de leurs grands-parents ! Enfin, la play-list habituelle dans la collection Exprim' a ici un sens particulier et nous n'écouterons plus jamais Françoise Hardy de la même façon ! Ce nouveau roman de Clémentine Beauvais est un absolu
Coup de coeur.
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