Citations sur L'Hypothèse K: La science face à la catastrophe écologique (15)
Lire un texte écrit par une intelligence artificielle revient à faire l'amour avec une poupée gonflable. Tout y est... sauf l'amour.
La science n'est pas coupable de tous les malheurs du monde. Loin sans faut. Nul ne conteste le bien-fondé des avancées médicales ou des découvertes mathématiques. Mais il semble difficile de la blanchir tout à fait d'une forme insidieuse de connivence, parfois indirecte, souvent involontaire, avec la catastrophe en cours.
La science est sur la brèche .Elle hésite, elle titube.Elle implore d'être pensée et non plus seulement utilisée. Abandonnée à elle-même ,elle ne peut que se faire ,pour l'essentiel ,outil de corroboration et de déploiement de l'ordre dominant.
Depuis peu, la qualité des intelligences artificielles semble décroître légèrement dans certains domaines, pour une raison particulièrement succulente. Internet étant inondé d’images et de textes générés par des machines, les algorithmes commencent à ne plus « s’entrainer » sur des photographies réelles ou des créations littéraires authentiques mais sur les ersatz générés par ces mêmes codes informatiques ! La boucle absurde de la déréférentialisation s’exhibe dans son absoluité sale.
Assujettir la matière scientifique à l'ossature sociétale qui la produit, ce ne serait pas seulement la négliger, ce serait la dévoyer. L'engluer dans une matrice idéologique qui oublie sa propre réfutabilité.
De l'intelligence artificielle aux nouvelles générations de téléphonie mobile, en passant par les gadgets connectés, l'unique question qui n'est jamais discutée par les experts et les expertes, et qui serait pourtant la seule méritant de l'être véritablement, se résumerait a: " Veut on le faire?" L'hypothèse implicite d'une évidente désirabilité de toute forme d'artificialisation n'est pas seulement fausse, elle est proprement coupable. Nous inventerons quelques contre mesures pour amoindrir tel ou tel effet secondaire délétère mais nous n'envisageons jamais sérieusement la prévention. Quand les machines ou les programmes sont en croissance tumorale, pratiquement plus rien ne peut être entrepris.
Le technosolutionnisme rate si profondément la problématique qu'il contribue activement à l'effondrement qu'il feint de vouloir endiguer.
L'anthropocène est une nécropocène.
Migrer vers moins de messages électroniques et plus de livres doit-il vraiment être reçu comme une régression ? Le remplacement d'une balade réelle dans une forêt dense de fragrances d'humus et de chants d'oiseaux par l'expérience d'une excursion virtuelle dans une sylve numérique relève-t-elle vraiment d'un progrès ? Ce sont les seules questions essentielles et elle ne sont en rien scientifiques.
... indépendamment des conséquences néfastes, un monde de machines et de codes, de béton et d'acier, de virtuel et de programmes est-il enviable ? Peut-être la science montrera-t-elle qu'il existe des failles de sécurité substantielles dans l'application TikTok conduisant au piratage des données. Mais abordera-t-elle ce problème plus grave et plus important : hors de toute brèche informatique, la plateforme ne contribue-t-elle pas à un aboutissement et à un endoctrinement généralisé ? À un étiolement de la pensée et de la beauté ? À une dépoétisation universelle ?