Quel bonheur de se plonger dans cette autobiographie. Construite tel un roman, aucun ennui, et tellement vivant. Tous les sens sont en alerte, quel régal de partager par exemple la première fournée de pain de son futur père en tant qu'ouvrier boulanger, c'est un bonheur. Une petite merveille à lire, on sent toutes ces odeurs de bon pain qui sort du fournil, les sons du pain qui craque. Cela me rappelle le poème de
Rimbaud "les effarés" ces enfants accroupis à un soupirail qui se délectaient en regardant le boulanger oeuvrer. Et bien pour si peu, nous sommes lecteurs un peu comme ces effarés sans la misère à nos trousses, mais la misère de ne jamais vivre cette époque.
Et puis, on ne peut parler de la Provence sans les cigales, ce chant strident si particulier, parfois agaçant quand on tente de sommeiller à l'ombre des marronniers.
Nyons, j'ai eu l'occasion de découvrir par deux fois, une belle petite bourgade, et en lisant l'oeuvre de
Barjavel, je retrouve bien cette ambiance, certes à une autre époque mais malgré tout, oui, ces petites ruelles, la place, cette chaleur accablante en plein été.
J'aime découvrir la vie des auteurs par leur plume, cela permet de lire autrement leurs romans. Etre plus proche de l'auteur en quelque sorte.
Une bien belle autobiographie pleine de poésie, parfois d'humour, qui se lit facilement et agréablement. Sans oublier les petites recettes que René nous a partagées. C'est une plongée dans le passé au coeur de la Provence, un moment aussi d'insouciance, malgré les drames qui jalonnent ce récit. Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille, il faudrait être aveugle pour croire que tout est rose. Chacun dans sa famille porte une pierre sombre et même si au coeur se cache un diamant, il faut pourtant faire avec cette noirceur pour mieux apprécier l'éclat du trésor enfoui quelque part en soi.
J'ai beaucoup aimé, et je lirai
Barjavel avec en mémoire ce petit René qui aimait lire à tout va et qui a vécu somme toute une enfance plutôt paisible.
A lire sans contexte.