Vous l'aurez deviné, le titre est une antiphrase. le petit village proche d'Annecy où il ne se passe jamais rien est secoué par un drame : le corps d'une femme a été retrouvé dans le lac.
Il s'agit de Fanny, la belle caissière du Proxy, qui fait tourner toutes les têtes et surtout celle d'Antoine, le personnage principal, un « bon à rien et un gruge tout » selon les propos paternels, un mec qui à l'âge adulte n'a pas acquis le « sens des responsabilités » et vit encore aux crochets de ses parents, enchaînant les histoires d'amour et les petits boulots, un « loser » au coeur tendre.
Fanny et Antoine, c'est une histoire d'amour en pointillés entre deux êtres cabossés, une complicité et une tendresse nourries par le temps.
Lorsqu'Antoine apprend le décès de son amie, son monde s'effondre. D'autant plus qu'il est le dernier à avoir été vu en sa compagnie, et que plusieurs éléments semblent l'incriminer.
Deux enquêteurs locaux vont interroger tous ceux qui ont côtoyé Fanny. Et dans ce petit microcosme, tous se connaissent, de près ou de loin. En surface, tensions, désaccords, petits arrangements, rumeurs et ragots. Bien enfouis, l'amertume, la rancune, la honte et le chagrin. La vie, quoi. La fuite, ou l'impossibilité de partir.
Dans ce roman choral, chacun fait entendre sa voix. Sa vérité. Au lecteur de reconstituer le puzzle ; c'est l'une des forces du roman. le suspense est prenant, la lecture addictive.
Olivier Adam n'a rien à envier aux auteurs qui ont fait des romans policiers ou des thrillers psychologiques leur spécialité.
L'écriture est comme toujours irréprochable, chaque mot sonne vrai, ce n'est jamais outré ni improbable.
Nous retrouvons bien sûr les thèmes chers à l'auteur : la nature environnante, les relations amoureuses et familiales compliquées, le poids des apparences et du qu'en dira-t-on propre à la vie provinciale, l'intolérance envers la différence, la sphère privée qui parfois déborde sur la voie publique, l'ambition et l'orgueil dévorants.