Zones [corriger]

Depuis quelques visites en librairie, ce livre me faisait de l'oeil d'abord avec sa couverture rose qui attire les regards mais aussi avec son titre : Sorcière, La puissance invaincue des femmes. Alors, quand je suis tombée dessus sur les rayonnages de la bibliothèque, je n'ai pas hésité à l'emprunter bien que j'aie commencé déjà quelques autres livres en parallèle. De la magie et du féminisme, un bon mélange à mon avis. Je ne regrette pas du tout !



Dans cet essai Mona Chollet choisit de s'intéresser à la figure de la sorcière et la chasse aux sorcières. Elle analyse comment notre société hérite ses pratiques misogynes d'un génocide sexiste si peu traité (pour ne pas dire pas traité) par les historiens voire simplement conventionnée mais aussi comment la figure de la sorcière inspire les féministes et s'incarne dans des femmes modernes. Elle choisit de traiter le sujet sous trois angles : l'indépendance, le pouvoir et la fertilité.

Le point fort de cet essai est un style incisif qui renforce le propos. Mona Chollet utilise le "je" et l'on a l'impression de prendre par à une discussion de femme à femme. De plus, elle utilise un humour plein d'ironie pour répondre aux commentaires misogynes et c'est un vrai régal. J'étouffais mes fou rire pendant ma lecture au travail et, surprenant le regard curieux de mes collègues masculins, je m'en donnais à cœur joie en leur expliquant le sujet du chapitre que je lisais.

Le livre est très bien documenté et nous donne beaucoup de piste de lecture pour approfondir les sujets qui nous intéressent. Chollet utilise des exemples récents qui nous parlent et pas des références universitaires inatteignables en utilisant aussi bien la publicité, le cinéma, le roman, les magazines que la politique ou des interview télévisées. Et en effet pourquoi se priver de diversifier les exemples quand il suffit de tourner la tête pour voir quelque chose de misogyne ?

J'ai été particulièrement touchée par certains chapitres comme celui sur le désir de non-maternité qui m'a conforté dans mon idée et m'a offert la première validation "officielle" (je vois dans l'objet livre une sorte d'institution) dans ma conviction. Bien que je ne me sentais pas particulièrement "monstrifiée", j'ai eu l'impression d'être libérée d'un poids en lisant les paroles de femmes à ce sujet, parce qu'à à peine 20 ans (et c'est vraiment triste à dire) mais je ne saurais même pas dater la première fois où l'on m'a parlé de faire des enfants (une chose est sûre je n'étais pas encore adulte et je savais déjà que je n'en voulais pas et OUI malgré les "tu changeras d'avis"...). Bref je ne m'étais jamais vraiment sentie écoutée ou comprise sur le sujet (à part par quelques amies).

Voilà pourquoi j'ai tant aimé ce livre, je pouvais m'identifier aux propos. On y raconte des expériences, des schémas et des situations inconscientes qui régissent actuellement la vie des femmes en société. Et c'est alarmant qu'on offre un traitement si honteux à la moitié de la population sans réagir (mais si déjà en voyant des vidéos d'enfants massacré en direct les gouvernements restent les bras croisés alors que dire de réagir à la violence banalisée depuis des siècles...).

Cependant je pense que ce livre (pardonnez ce jugement sexiste) n'aura pas le même écho pour un lecteur (homme cis) parce qu'il pourrait ressentir cette indignation mais pas comprendre à sa juste valeur la portée de certaines violences symboliques. Je ne le déconseille pas mais je ne m'attends pas à ce que le lecteur soit aussi impliqué dans la lecture (et croyez-moi j'aurais aussi préféré que nous ne soyions pas si bouleversée de l'éclairage sur nos vie qu'apporte cet essai).

En bref, un essai sur l'héritage culturel de la chasse aux sorcières qui profite à une société misogyne qui, si elle ne chasse plus les "sorcières", continue d'écraser et terroriser les femmes par d'autres moyens.

Un essai féministe compilant un grand nombre de sources, de témoignages, de thématiques. L'autrice nous offre une autre réflexion sur le genre, le patriarcat, la société, le pouvoir et ses "douces" répressions.

Une bonne entrée en matière, le style est fluide et agréable à lire.

Dans « Eloge du bug », Marcello Vitali-Rosati fait du dysfonctionnement informatique une occasion de nous libérer? et il invoque Socrate.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..