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Trois contes : Un coeur simple - La légende d..

Bon soyons clairs, je ne pouvais pas rester sur les Trois contes de Flaubert (1877) en n'ayant lu que la Légende de Saint Julien l"Hospitalier que j'avais adoré, je me disais que j'y reviendrai bien un jour sans trop tarder. Eh ben je vais éventer un secret (mal gardé j'en conviens), @mh17 adore Flaubert et les russes, j'ai l'impression au passage qu'elle garde sa modestie pour les japonais dont elle est aujourd'hui sur babelio le première lectrice avec quantité de billets admirables et dûment bordés que seule mon ignorance ne me permet pas d'en dire davantage. Il me semble qu'elle m'a repris en me confiant que Flaubert et les russes, sa préférence valait pour les classiques.



Une coîncidence a voulu que dans la foulée je tombe en librairie sur l'édition isolée d'un Coeur simple chez Folio classique, (*) emprunté aux Trois contes dudit grand classique français. Eh hop c'est dans le sac .. C'est mon clin d'oeil du jour pour Marie-Hélène qui vaut bien une messe ! en japonais peut-être !..



(*) Ben oui, pour 2 euros, on ne peut pas avoir les 3 d'un coup !
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Trois contes : Un coeur simple - La légende d..

Hérodias/Gustave Flaubert

Repris par son rêve d’Orient, comme dans Salammbô, Flaubert découvre sur une sculpture du tympan de la cathédrale de Rouen, Salomé, princesse juive, fille d’Hérodiade, dansant de façon lascive devant Hérode Antipas probablement son vrai père, tandis que non loin de là le bourreau est sur le point de décapiter le Baptiste dont la tête a été demandée par Salomé pour faire plaisir à sa mère. Cette scène l’inspire profondément et après des recherches historiques et bibliographiques intenses, il écrit ce récit qui sera publié en 1877.

Férocité et luxure sont au menu de ce conte dont l’action se déroule sur les rives de la Mer Morte, et auquel participent Juifs, Romains et Arabes. En quelques pages, Flaubert nous restitue une ambiance et une histoire en un condensé au style flamboyant notamment dans la scène du festin offert par Antipas au cours duquel est évoqué pour la première fois le nom de Jésus.

« Les panneaux de la tribune d’or se déployèrent tout à coup ; et la splendeur des cierges, entre les esclaves et les festons d’anémone, Hérodias apparut, coiffée d’une mitre assyrienne qu’une mentonnière attachait à son front ; ses cheveux en spirales s’épandaient sur un péplos d’écarlate, fendu dans la longueur des manches. Deux monstres en pierre, pareils à ceux du trésor des Atrides, se dressant contre la porte, elle ressemblait à Cybèle accotée des ses lions ; et du haut de la balustrade qui dominait Antipas, avec une patère à la main, elle cria :Longue vie à César ! »

L’arrivée de Salomé dans la salle du festin est aussi un moment d’anthologie :

« Sous un voile bleuâtre lui cachant la poitrine et la tête, on distinguait les arcs de ses yeux, les calcédoines de ses oreilles, la blancheur de sa peau. Un carré de soie gorge-de-pigeon, en couvrant ses épaules, tenait aux reins par une ceinture d’orfèvrerie. Ses caleçons noirs étaient semés de mandragores, et d’une manière indolente elle faisait claquer de petites pantoufles en duvet de colibri…Puis elle se mit à danser…Ses attitudes exprimaient des soupirs, et toute sa personne une telle langueur qu’on ne savait pas si elle pleurait un dieu, ou se mourait dans sa caresse. Les paupières entrecloses, elle se tortillait la taille, balançait son ventre avec des ondulations de houle, faisait trembler ses deux seins, et son visage demeurait immobile…Puis ce fut l’emportement de l’amour qui veut être assouvi… »

C’est là que charmé, Antipas lui dit qu’il est prêt à lui offrir tout ce qu’elle veut. Elle répond en souriant et d’une petite voie enjôleuse : « la tête de Iokanaan ! »

Un chef d’œuvre de concision et de style.

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Trois contes : Un coeur simple - La légende d..

J'ai donné mon avis sur un coeur simple sur la fiche de l'édition ne comportant que ce "conte", donc je n'y reviens pas, sauf pour dire que des 3, c'est, pour le sujet, mon préféré.

St Julien est un texte étonnant, puissant, fantastique (le genre littéraire, pas l'adjectif), mystique, mythique (= qui a un rapport aux mythes), qui m'a fait songer aussi bien à Alexandre le Grand qu'à Oedipe et dont la fin n'a rien à envier à un film d'horreur contemporain.. le personnage principal est détestable mais l'intérêt est encore cette fois pas dans le fond mais dans la forme, pas le sujet mais la manière. Je dirais la même chose pour Hérodias, dont le sujet m'a encore moins intéressé, aussi compliqué à suivre qu'un péplum ampoulé d'Hollywood, nécessitant des connaissances historico-politiques pointues pour s'y repérer (Flaubert a puisé dans 3 volumes d'Ernest Renan pour cela). Dans les 2 cas (les 2 "contes") mon impression est confirmée par les essais des spécialistes de Flaubert : il a écrit cela pour le plaisir d'avoir, une fois fini, un texte aussi beau et aussi complexe, chatoyant, riche etc qu'un tableau orientaliste de Delacroix ou d'un autre et pour utiliser tous les mots qui relèvent de la culture moyen-orientale (ou de celles des "vies de Saints" au Moyen-âge) et qui lui remémorent et donnent une forme à ses impressions et pensées lors de son voyage en Egypte, entre autres (exemple, la danse de Salomé).

Flaubert écrivait en partant d'un plan général dont il travaillait ensuite les sous-parties, qu'il enrichissait de nouveau, comme un sculpteur de bas-relief qui commence par les grands ensembles avant de détailler les traits dans chacun d'eux, on un peintre de grands tableaux à multiples personnages qui débute par des grandes zones colorées qu'il remplit ensuite de plus en plus de détails. A la fin, a-t-il écrit un jour, il faut que son texte tiennent debout comme une muraille.

C'était un sacré bosseur exigeant avec lui-même mais, pour ces 2 "contes" là, ses sujets ne m'ont pas intéressé.

Je sais c'est un peu court (jeune homme) et j'aurais peut-être dû détailler davantage la beauté du style mais j'ai voulu faire davantage une critique (disons plutôt un ressenti) au format "conte" qu'au format "essai".. ;)
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