Citations de William Lafleur (23)
C'est le premier pas dans l'immoralité qui est le plus difficile mais, une fois l'impulsion donnée, on ne peut plus reculer.
Quand j'ai fait les branchements initiaux, j'avais la gorge nouée et le dos trempé. Mais, petit á petit, cette peur s'est muée en frénésie et je ne pouvais plus m'arrêter. Quitte á pénétrer dans l'immortalité, autant le faire jusqu'au bout
Pourtant, il y a une autre issue. Car nous ne sommes pas seuls dans le wagon de notre vie. Certaines observent par la fenêtre, d'autre préférent fermer les yeux, et certains encore regardent autour d'eux, regardent les autres passagers, et parfois rencontrent leur regard. C'est dans le moment là que se situe la clé qui scintille comme une évidence. Ce dont on a besoin, après tout, ce n'est peut-être pas de descendre du train, mais de voir que certaines passagers s'ennuient autant que nous. Et cette clé nous permet de rester dans le wagon tout en vivant autre chose.
Rien n'a changé. Toute la vie, on attend que quelque chose se passe, mais rien n'arrive jamais. On meurt et rien ne survient après non plus. Jamais rien. J'espérais qu'en observant cette vie plutôt qu'en la vivant je parviendrais à en tirer un sens, quel qu'il soit. Ce que je vois m'attriste plus qu'autre chose.
Il se passe rien, parce que c'est au quotidien qu'on stérilise le monde, qu'on castre nos sentiments qu'on fait tout, en faite, pour ne pas vivre.
Ecrire est le l’acte le plus intime qu’il soit, c’est lui qui dévoile le processus de notre réflexion personnelle.
Depuis que je suis loin de toi, je suis comme loin de moi.
Après tout, c’est cela même, la vie, essayer souvent et échouer tout autant de fois.
Peut-être que ç’est ça, ma petit mort à moi : ouvrir les yeux bien grand sur le monde tel qu’il est, et m’en gaver jusqu’à l’overdose. Pas besoin de caméra ou de micro pour savoir ce qu’il se passe. En quatre lettres : rien.
Mais lire un journal, cela n'a pas de sens. Un journal ne vit que par l'écriture, toute lecture en est la destruction. Qui n'a jamais eu honte en relisant ses propres mots ? Surtout ceux emplis d'émotions ? Ils n'ont de sens que sur l'instant.
Et il me semblait que c'était cela, le bonheur:
pouvoir, pendant une courte éternité suspendre le temps, ne plus se soucier de rien, tout simplement laisser voguer son esprit au gré des notes.
Et, à nouveau, une case toute noire: "Toutefois, derrière la porte, le néant était toujours là."
Le fait que certains se fassent exploiter avec le sourire doit apparemment empêcher d'autres de se battre pour améliorer leurs conditions de travail et de vie.
Avec un tel état d'esprit, on ne peut jamais améliorer ses conditions de travail, simplement les voir se dégrader avec le temps. C'est ainsi que l'on observe un véritable nivellement par le bas.
Interrogeons-nous sur le langage comme rempart contre la violence. Les élèves sont violents car ils n'ont pas les moyens d'exprimer leur colère avec des mots. La réduction constante du nombre d'heures de français, notamment, ne leur permet pas de se construire un vocabulaire et une culture pour dire leur mal-être. Le langage représente un rempart contre la violence, et la culture un rempart contre l'extremisme ; j'y crois.
L'objet de cet ouvrage est donc de dresser un état des lieux de l'éducation en France, vu de l'intérieur, par des milliers de paires d'yeux. Oubliez les grands discours des experts en communication qui ne cessent de répéter à l'envie que « tout va bien ». Un livre de ce genre fera, je l'espère, plus de bruit que mes publications en ligne. Il est encore temps de redresser la barre, avant que tout le monde ne quitte le navire. Avant le naufrage de notre système éducatif.
J'ai été inspecté (comme tous les enseignants) pendant mon année de stage, sur une séance de 3e. J'étais plutôt satisfait du cours, les élèves avaient été au top, ça s'était bien déroulé, mais l'inspecteur a passé tout l'entretien à détruire ma séance. En effet, il trouvait que j'étais trop « au centre » de mon cours, que le savoir passait totalement par moi. Il a même été jusqu'à dire qu'il avait l'impression que je tenais les élèves « en laisse », pour la simple et bonne raison que j'étais celui qui distribuait la parole, qui faisait cours. Selon lui, « le cours idéal, c'est un cours où le professeur ne parle pas ».
J'enseigne dans un établissement vétuste infesté d'amiante (sol, mur, plafond). On peut vous refuser d'accrocher un panneau dans votre salle car le mur est en amiante mais par contre ça ne dérange personne que sur ce même mur le portemanteau soit arraché et qu'il y ait un trou (et donc possiblement de la poussière d'amiante).
Aujourd'hui, avec des effectifs surchargés et une volonté de faire des économies, il est très rare que le redoublement soit envisagé. En effet, le coût du redoublement est estimé à environ 2 milliards d'euros par an, et toutes les mesures vont vers sa suppression.
A quoi bon, dès lors, travailler?
[...]
Désormais, on peut faire passer un élève en 3ème avec 5 de moyenne en indiquant pendant le conseil de classe qu'il faut qu'il reprenne les bases et redouble d'efforts pour réussir l'année suivante, mais on sait très bien que ce sera juste une année de souffrance de plus pour lui, à subir les cours sans rien en tirer.
L'école, c'est ce que la société et les personnalités politiques en font, on ne peut pas d'un côté la détruire à coups de coupes budgétaires - non-remplacement des départs, suppressions de postes -, et en même temps demander toujours plus sans compensation financière derrière.
- On nous demande de faire de l'enseignement au numérique sans nous former ou nous donner du matériel.
- On nous demande d'être les gardiens de la laïcité tout en étant lâchés par notre hiérarchie quand des menaces réelles se produisent.
- On nous demande d'inclure tous les élèves, quels que soient leurs besoins, sans avoir les formations, effectifs, structures ou aides qui nous permettraient de bien les accueillir.
- On nous demande de faire passer aux élèves de plus en plus de certifications, d'épreuves en tout genres, sans nous donner les moyens de bien les préparer.
On m'a déjà dit que je prenais tout ça trop à coeur, et je remarque qu'effectivement, ce sont ceux qui prennent leur mission à coeur qui craquent. De toute façon, je ne sais pas faire autrement. Mais que c'est dur, et frustrant, et rageant de voir aussi que l'on est incapable, collectivement, de se révolter.
C'est indéniable, nous faisons face à une contractualisation du métier qui est inquiétante à plus d'un titre: cela témoigne d'une difficulté à recruter sur concours, d'une volonté de faire des économies et d'une mise en concurrence des différents statuts au sein d'un même métier. Les contractuels jalousent les titulaires qui gagnent plus, tandis que les titulaires sont frustrés de voir certains contractuels accéder avant eux à des postes inaccessibles via le système de mutation. Ces différences de salaire et de traitement entre personnes qui pratiquent exactement le même métier mènent à des difficultés pour se comprendre et s'unir pour obtenir de meilleures conditions de travail pour tous. Il est toujours plus facile de jalouser son voisin que de s'associer contre celui qui est responsable de ces différences.
À nouveau je peux me pencher sur ce qui nous intéresse : le néant.
J'aime ma fille, au point de revivre un peu.
Un journal ne vit que par l'écriture, toute lecture en est la destruction
Peut-être que c'est ça, ma petite mort à moi : ouvrir les yeux bien grand sur le monde tel qu'il est, et m'en gaver jusqu'à l'overdose